Des bâtiments symboliques de l'Etat au niveau de la rue du Champ de Mars seront les premiers à être reconstruits « bientôt » au centre-ville de Port-au-Prince. Contrairement à ce que pense plus d'un, il n'y aura pas de chasse aux sorcières contre les propriétaires. « Il faut définitivement quitter la logique de l'urgence et tourner le pays vers l'avenir, vers la reconstruction », a lancé le président Michel Martelly ce lundi, avertissant par ailleurs qu'il n'y aura pas de « don de logement ».
Haïti: Après sept mois de travail sur le plan directeur de la reconstruction du centre-ville de Port-au-Prince, la maquette, avec des rues bien tracées et des bâtiments publics modernes, a été présentée ce lundi 18 juillet 2011 à la BRH, au cours de la « Semaine de la Reconstruction » lancée par le président Michel Martelly, en difficulté pour monter un gouvernement après plus de deux mois au pouvoir. Cette cérémonie s'est déroulée en présence des membres du gouvernement démissionnaire, de parlementaires, de diplomates étrangers et de membres des secteurs privé et bancaire.
« Il faut définitivement quitter la logique de l'urgence et tourner le pays vers l'avenir, vers la reconstruction », a fulminé le chef de l'Etat, reconnaissant que le problème de logement est insurmontable pour la plupart des Haïtiens.
Les tentes absorbent des ressources financières précieuses
« Les tentes représentent un risque sanitaire élevé, absorbent des ressources financières précieuses et n'apportent aucune dignité à ceux qui y vivent. Le gouvernement s'engage à accompagner respectueusement les déplacés pour lancer la reconstruction dans le respect de la propriété », a ajouté le président.
Face à la question d'utilité publique d'une grande partie du centre-ville, le chef de l'Etat a montré certaines réserves. « J'insiste sur le fait que les bâtiments publics qui seront construits le seront en toute légalité, en tenant compte des droits des propriétaires et des prescrits de la loi en matière d'utilité publique. La question d'utilité publique dans le centre-ville et au nord de Port-au-Prince est déjà l'objet de toute mon attention », a fait savoir le chef de l'Etat. Une sorte d'assurance pour le président de la Chambre de Commerce et d'Industrie d'Haïti, Hervé Denis, qui s'est montré inquiet à ce sujet.
Au chapitre a logement, le président, qui a promis durant sa campagne 100 000 logements par année, a encore assuré que des réponses courageuses seront apportées en ce sens. « Trois axes majeurs, a-t-il souligné, seront retenus : le développement de nouveaux quartiers dans la périphérie de Port-au-Prince, la restructuration et l'urbanisation des quartiers existants et la densification des quartiers urbains par la construction en hauteur. »
« De concert avec mon gouvernement, nous veillerons à ce que tout ceci s'intègre dans un cadre global d'aménagement du territoire et dans une politique financière qui donnera accès à un crédit immobilier aux petites bourses. Il est entendu qu'il n'y aura pas de don de logement », a confié le locataire du palais national, soulignant que le projet « Kay Pam » initié par Guiteau Toussaint, assassiné en juin dernier, sera lancé officiellement ce mardi 19 juillet.
Les disponibilités financières existantes, a poursuivi le président, nous permettent aujourd'hui de commencer la construction des ministères et autres bâtiments symboliques de l'Etat, de mettre à la disposition des employés du secteur public comme de ceux du secteur privé un programme spécial de prêts immobiliers à des conditions préférentielles à travers la BNC et la BPH.
Le jeu politique sera assaini
En ce qui a trait à la reconstruction de Port-au-Prince, le président, empêtré dans le jeu politique, en a profité pour prôner le changement dans la mentalité. « Il s'agira à la fois de reconstruire l'homme haïtien, de reconstruire l'espace physique de l'homme haïtien. La reconstruction d'Haïti n'aurait pas de sens si elle ne s'accompagnait pas d'une réforme de notre mode de fonctionnement politique, institutionnel et administratif », a avancé le président.
« Le jeu politique sera assaini. Les institutions joueront leur rôle au profit des citoyens. Cet effort de dépassement de soi, cette responsabilité, mon gouvernement l'assumera », a soutenu Michel Martelly. Il estime également que la reconstruction ne devra pas profiter qu'à Port-au-Prince. « Elle signifiera également de notre pôle de développement, des opportunités économiques certaines et un code de construction définitif. Mon gouvernement qui sera installé sera instruit de l'appliquer et de le faire appliquer », a-t-il dit.
Par ailleurs, à écouter les différents intervenants au cours de la cérémonie, le centre-ville de Port-au-Prince sera flambant neuf durant les prochaines années. Si ce n'est pas un rêve comme on l'écoutait à travers une chanson ayant pour refrain : « Nous rêvons d'un autre Port-au-Prince », jouée dans la salle. Des bâtiments publics avec leur propre système de drainage, des rues bien tracées, des espaces verts, le renforcement des infrastructures mécaniques...Les responsables soutiennent que le centre commercial ne peut pas être déplacé et doit être la vitrine touristique de Port-au-Prince.
« Les constructions publiques conjuguées à une meilleure couverture policière joueront un rôle catalyseur de l'investissement privé au bas de la ville (...) et contribueront ainsi à la quête des objectifs de croissance, de réduction de la pauvreté et de la création d'emplois », a indiqué, de son côté, le gouverneur de la BRH, Charles Castel.
Valéry DAUDIER
vdaudier@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=95039&PubDate=2011-07-18
Commentaire
Rêver fait certainement partie des droits de l'homme. Alors que personne n'accuse personne de trop en profiter. Cependant il serait bon que certains rêves soient réalistes et s'accompagnent de mesures qui les concrétisent ou, tout au moins, qui montrent la volonté de le faire. C'est vrai que rendre Martelly responsable de la paralysie actuelle du pays tiendrait de la mauvaise foi, mais une solution devra être trouvée bientôt, si tous ces rêves veulent avoir la chance de se métamorphoser en réalités. Il faut reconnaître, malgré tout, que Martelly a un point d'avance sur ses antagonistes du parlement car il comprend que les tentes sont un superbe gaspillage de millions tandis que les instruments pour monter un véritable chantier et reconstruire sont là et risquent même de s'oxyder faute d'utilisation. Des parlementaires intelligents, sous d'autres latitudes, prendraient au mot le président en lui fournissant l'occasion d'avoir un premier ministre et des ministres qui assumeraient un gouvernement fonctionnel dont ils auraient à répondre à tout moment. Mais l'intelligence, au même titre que la tolérance, le respect et l'optimisme n'est pas l'apanage des rétrogrades.
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