Nombre total de pages vues

samedi 5 novembre 2011

Conille, de l'ombre à la lumière

Garry Conille serait sur le point de sortir de l'ombre de Michel Joseph Martelly et d'avoir « une emprise réelle sur le gouvernement ». L'ex-fonctionnaire onusien aurait, selon des sources gouvernementales, bénéficié de supports, décidé à mettre un terme à la récréation émaillée « d'erreurs » de Martelly.
Haïti: Garry Conille va sortir de l'ombre. Le président Michel Joseph Martelly l'a annoncé benoîtement au retour de son voyage de santé, le jeudi 3 novembre 2011. « Comme je l'ai fait pour l'éducation et promis pendant la campagne électorale, je vais retirer les projecteurs sur moi pour laisser le Premier ministre gouverner », a dit le chef de l'Etat.
«La reprise en main n'est pas du fait de Martelly. Elle est en passe de s'effectuer avec le support du « Blanc », préoccupé par l'inexpérience et l'obstination à la controverse du chef de l'Etat et de certains de ses proches », a confié au journal une source gouvernementale.
Le Premier ministre, entre-temps, a rappelé dans des circulaires aux ministres et directeurs généraux que les nominations de cadres doivent se faire après notification à la Primature, a indiqué cette source, révélant que deux « super ministres », sous les yeux du président Martelly au Conseil des ministres du 25 octobre, ont refusé de respecter cette disposition prévue par la loi.
Garry Conille a aussi ordonné l'usage d'un seul compte courant dans les ministères, directions déconcentrées et exigé de la BRH un rapport quotidien de l'utilisation de ces comptes, a poursuivi cette source, ajoutant que « c'est le PM que l'on critiquera s'il y a des gabegies ».
Ces circulaires visent aussi à dissuader les velléités de ceux qui veulent lancer des chantiers sans aucune coordination. Et s'agissant de coordination, une retraite de deux jours se tiendra bientôt avec les ministres, secrétaires d'Etat, directeurs généraux et chefs de cabinet des ministres afin d'avoir « une meilleure cohésion dans l'action gouvernementale », a révélé un haut cadre de l'administration publique.
L'annonce de la « prise en main réelle » du gouvernement par Garry Conille intervient sur fond de menace de renvoi des titulaires des portefeuilles de la Justice, Me Josué Pierre-Louis, et de l'Intérieur et de la Défense nationale, Me Thierry Mayard Paul-proches du chef de l'Etat- à cause de l'arrestation du député Arnel Bélizaire, le 27 octobre.
Sur la gestion de ce dossier, les divergences et conflits d'autorité ont été étalés sur la place publique. « Le Premier ministre Garry Conille était contre l'arrestation du député afin d'éviter un bras de fer préjudiciable pour le gouvernement et pour le pays. Au lendemain de l'arrestation, le vendredi 28 octobre, le ministre de la Justice n'avait pas participé à une réunion d'urgence du CSPN, en dépit d'une convocation du Premier ministre », a indiqué une autre source gouvernementale. « La visite rendue, au pénitencier national, au député Arnel Bélizaire était un geste du Premier ministre pour manifester son désaccord », a-t-elle expliquée.
Le président Michel Joseph Martelly, lors de la rentrée gouvernementale, le 20 octobre dernier, avait volé la vedette au Premier ministre Garry Conille en procédant lui-même à l'installation de près d'une dizaine de ministres. Et, une semaine auparavant, Martelly avait indiqué que « Garry Conille est son Premier ministre », démentant une quelconque pression de l'international dans la désignation de l'ex-fonctionnaire onusien.
Garry Conille, à qui Michel Joseph Martelly a arraché de justesse le poste de ministre de la Planification et de la Coopération externe, est arrivé au gouvernement quelque peu dénudé, sans proches au gouvernement.
Conille saura-t-il faire des « miracles? » Seul le temps le dira. Mais, selon Martelly, il passera de l'ombre à la lumière. « Gare aux rayons ultraviolets », plaisante un observateur, qui, comme le sénateur Anacacis Jean-Hector, a prédit que le mariage Conille/Martelly n'aura d'autre issue qu'un divorce fracassant. « Touchons du bois », a-t-il ajouté.

Roberson Alphonse
ralphonse@lenouvelliste.com

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=98957&PubDate=2011-11-04

Commentaire
Haiti a rarement été traité comme un pays par certains de ses dirigeants qui ignorent tout simplement ce que c'est qu'un pays. Incapables de se gouverner eux-mêmes, ils conçoivent difficilement qu'on puisse leur confier le destin de tant d'hommes et de femmes parmi lesquels il y a pourtant des gens très intelligents. Mais maintenant, ce territoire se transforme carrément en un jeu d'enfant, la risée de ceux qui nous observent à distance. Chacun essaie de marquer des points aux dépens de l'autre. On se demande si c'est la folie qui sert de boussole à ces politiciens ou si au contraire ils feignent la folie pour réaliser leur propre programme, donner suite à leur propre agenda. En tout cas, si Garry Conille prend les rennes, ce ne serait pas une mauvaise chose pourvu qu'il fasse la différence en étant à l'écoute de son entourage. D'abord de ses conseillers. C'est généralement le problème des dirigeants haïtiens. Chacun se croyant omnipotent, de connaissances vastes et multidisciplinaires, ils veulent être tout et partout à la fois; intervenir sur tout. Et c'est précisément là que commence l’échec. Si cet échec se limitait au seul personnage, ce serait un moindre mal. Mais il entraîne tout le monde après lui. Et la plupart du temps, volontairement. Les fameux crabes dans le même panier. C'est inspiré de ce même esprit, de ce même machiavélisme maladroit et irresponsable, que l'autre fulminait présomptueusement "après moi le déluge!" Souhaitons que M. Conille fera preuve de plus de retenu et que la nation pourra en tirer le maximum de bénéfice!
Cependant ce ne serait pas inutile de rappeler qu'un minimum de délicatesse de part et d'autre rendrait la politique plus conviviale dans ce pays. Si le président ne mâche pas ses expressions en s'adressant aux autres, qu'on n'aille pas donner dans l'hypocrisie de croire qu'il est le seul. Bon nombre de sénateurs, de députés, de personnages haut placés et d'autres moins haut placés que cela, croient de leur dignité et de leur devoir de s'adresser aux autres, et pas toujours à leurs adversaires, comme s'ils étaient les coqs d'une même basse-court. C'est lamentable comme les bonnes manières tardent à s'imposer dans la classe politique d'un pays presque tricentenaire. Ils devraient avoir honte, ceux qui donnent ainsi de mauvais exemples aux enfants qui grandissent et les observent!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire