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vendredi 11 novembre 2011

EDITO : Une pétition suivie de plainte contre la Minustah

Haïti: La pétition adressée la semaine dernière à l'Organisation des Nations unies et à la Mission des Nations unies pour la Stabilisation en Haïti (Minustah), accompagnée d'une plainte des parents des victimes du choléra peut être considérée comme une étape importante pour l'obtention de dédommagements en faveur des parents des victimes et des personnes qui ont été infectées. 6 595 personnes sont mortes du choléra pendant douze mois de propagation de la maladie en Haïti. 469 967 cas ont été diagnostiqués et 249 819 personnes hospitalisées.
Cette démarche, qui constitue une première depuis les études réalisées par plusieurs groupes d'experts confirmant la souche népalaise de l'épidémie en Haïti, devrait favoriser la sensibilisation de toutes les couches de la population pour forcer l'organisation mondiale à assumer ses responsabilités. Les résultats de l'enquête menée par plusieurs experts désignés par le secrétaire général de l'ONU pour faire la lumière sur l'origine de l'épidémie laissaient déjà prévoir une véritable crainte de l'organisation par rapport à ce dossier lourd de conséquences.
Si toutes les enquêtes de terrain confirment que l'épidémie s'est déclarée dans l'environnement où est basé le contingent népalais de la Minustah à Mirebalais, il s'avèrerait difficile pour les experts de l'ONU de donner une version contraire s'ils devaient tenir compte de toutes les données scientifiques pour réaliser ce travail. En dehors de Garaudy Laguerre, candidat malheureux à l'élection présidentielle de décembre 2010, qui avait introduit une action en justice devant les tribunaux haïtiens contre la Minustah, aucune autre action n'a été portée contre l'organisation mondiale sur cette épidémie qu'un contingent de la mission a introduite dans le pays.
Depuis René Préval jusqu'à Michel Martelly, les autorités haïtiennes n'ont pris la moindre initiative devant culpabiliser la Minustah dans le cadre de ce dossier. Elles ont préfèré garder un profil bas dans une éventuelle action contre l'Organisation des Nations unies pour dédommager les victimes de cette épidémie. Vingt-quatre heures après que les parents des victimes eurent adressé la pétition à l'ONU, le directeur général du ministère de la Santé publique et de la Population, le Dr Gabriel Timothée, s'est empressé d'informer que la plainte déposée contre la Minustah et l'ONU n'est pas l'oeuvre de l'Etat haïtien. Il s'agit là d'une démarcation des autorités de Port-au-Prince face à cette initiative de parents haïtiens victimes du choléra et encadrés par des avocats internationaux. Aucune organisation haïtienne de défense des droits de l'homme n'a non plus engagé une action quelconque contre la Minustah.
Peut-on vraiment parler de souveraineté d'Haïti avec la présence de la Minustah ?

Lemoine Bonneau
bonneau@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=99172&PubDate=2011-11-10


Commentaire
Qu'un ministre haïtien, de nationalité haïtienne, payé par les contribuables haïtiens, n'hésite pas à se désolidariser de la plainte des victimes de choléra face à leur drame, cela n'étonnera personne. Les experts du monde entier, français et (même) américains en tête, sauf ceux de l'ONU, reconnaissent que le choléra a été introduit (on n'a pas démontré que c'était volontairement) en Haïti par les contingents népalais de cette organisation. Des recherches, des contre-expertises, tout démontre que le vecteur du mal vient de là. Si ce ministre voyageait, s'il apprenait de la façon de faire des pays qui se respectent, il comprendrait que sa conduite est critiquable. Imaginez un seul instant le même phénomène en République Dominicaine d'à côté, à Cuba, ou dans n'importe lequel de ces pays où les citoyens sont respectés par ceux qu’ils payent. Le ministre en question serait renvoyé ipso facto pour manque de compétence. Car si des organismes qualifiés, haïtiens et étrangers, se sont prononcés, ses concitoyens sont en danger de mort, (plusieurs sont déjà décédés, plus précisément 6995 jusqu'au vendredi 11 novembre?) et près de 300 000 courent le même risque, ce personnage devrait être répudié par toute la population. L'irresponsabilité, la complicité, l’incompétence, le crime, c'est de faire semblant de servir une population que l'on utilise dans son intérêt personnel. Vous n’êtes pas sérieux, M. le ministre! Cessez donc d'instrumentaliser une population qui périt sous vos yeux et à cause de votre unique souci de conserver votre poste! Quand même votre supérieur hiérarchique vous l'aurait demandé, votre honneur et votre dignité devraient s’interposer et vous commander le silence sinon la démission pure et simple. "Devenez quelqu'un pour faire quelque chose", exhortait Raoul Follereau à ses contemporains. Cela pourrait être aussi valide pour vous, M. le ministre et pour ceux qui agissent comme vous dans ce pays.

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