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jeudi 17 novembre 2011

EDITO : Quelles seront les retombées de la visite de Cuba ?

Haïti: En prenant l'initiative de condamner, mardi, l'embargo des Etats-Unis contre Cuba, le président Michel Joseph Martelly s'affirme comme président d'un pays souverain. Le chef de l'Etat, qui effectue sa première visite officielle à Cuba, a pris la défense du peuple cubain pour que soit levé le blocus américain contre le pays de Jose Marti. Aucun des deux chefs d'Etat haïtiens avant lui, Jean-Bertrand Aristide et René Préval, qui avaient développé d'excellents rapports avec la Havane, n'avait cru nécessaire de dénoncer aussi publiquement les Etats-Unis dans le cadre de ce dossier.
Dans les grands rendez-vous internationaux, régionaux ou sous-régionaux, les autorités cubaines ne cessent de chercher l'appui des pays amis pour dénoncer l'embargo américain contre l'île castriste. Rares sont les pays qui acceptent de marcher dans cette voie. Cette décision de Michel Martelly vient à point nommé, car Raul Castro a besoin de plus en plus d'alliés pour le conforter dans sa lutte. En dépit de la libéralisation du marché du logement, rentrée en vigueur le 10 novembre en cours, qui permet aux acheteurs et vendeurs de biens immobiliers de fixer librement les prix, Cuba reste très attaché au socialisme démocratique. Ces initiatives des autorités cubaines, les unes plus rapprochées que les autres à l'économie de marché, permettent à l'Oncle Sam d'espérer, dans un avenir proche, un éventuel effondrement du régime castriste.
Dans un sens comme dans l'autre, l'action de Martelly ne provoquera aucune réaction du côté de la Maison-Blanche, comme ce fut le cas après le rétablissement des relations diplomatiques avec Cuba le 6 février 1996 par le président Jean-Bertrand Aristide. En 2004, lors de la grave crise politique qui a valu à Haïti une nouvelle occupation étrangère, les Américains avaient appuyé en armes et munitions les insurgés conduits par Guy Philippe. Jean-Bertrand Aristide a été contraint de prendre le chemin de l'exil. Pendant le second mandat de René Préval, la coopération haïtiano-cubaine s'est intensifiée et les relations cordiales entre Haïti et le Venezuela ont retenu l'attention. Avec beaucoup d'élégance, la Maison-Blanche n'a jamais exprimé le moindre signe de mécontentement par rapport à ce gouvernement qui était très dépendant des Etats-Unis. Un communiqué de presse de l'ambassade américaine, le 7 décembre 2010, désapprouvant les résultats partiels publiés par le Conseil électoral provisoire, a provoqué la mise à l'écart du dauphin de René Préval, le candidat à la présidence, Jude Célestin.
Les retombées de la décision de Martelly de condamner l'embargo américain contre Cuba ne seront pas connues dans les jours ni dans les mois qui suivent. Au moment opportun, l'Oncle Sam donnera peut-être à l'actuelle administration haïtienne la monnaie de sa pièce.
Michel Martelly avait-il discuté de l'objet de sa visite à Cuba avec le ministre des Affaires étrangères et ses conseillers en relations internationales ?
Quelle est l'opportunité d'une telle initiative si l'on doit tenir compte de la coopération haïtiano-américaine dans le contexte de la reconstruction du pays, de l'investissement éventuel des hommes d'affaires américains, etc.

Lemoine Bonneau
lbonneau@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=99377&PubDate=2011-11-16

Commentaire
Bravo, Monsieur Bonneau! Voilà ce qu'on pourrait appeler une question pertinente! C'est le genre de question à se poser quand on a affaire à des chefs d’état improvisateurs. Mauvais improvisateurs, s'entend. Il arrive qu'ils fassent mouche. C'est comme l'autre qui faisait de la prose sans le savoir. Mais un pays peut-il, au XXIe siècle axer sa politique étrangère sur les décisions inspirées sur de simples coups de tête? La réponse n'a même pas à être énoncée. Or c'est ce qui a toujours guidé nos hommes politiques haitiens depuis 1986. Et je dis bien depuis, car avant, Duvalier a beau avoir eu tous les défauts du monde, il était un planificateur. Ce geste de M. Martelly dont on ignore s'il en a discuté avec le ministre des affaires étrangères ou ses conseillers, même les plus proches, a des antécédents. Ne se souvient-on pas de la première visite de Léonel Fernandez au président Préval? La rencontre entre les deux hommes au début du premier mandat de ce dernier à la présidence d'Haiti. Tandis que le Dr Fernandez prononçait son discours, brusquement, sans aucun type d'avertissement, sans motif, l'imprévisible Préval se met debout (était-il sobre?), interrompant pratiquement le discours, se dirigea vers M.Fernandez et le serra très fort entre ses bras. A-t-on jamais vu pareil manque de gêne? (Peut-être y-a-t'il aussi là un manque dans les gènes?) Que fait-on du protocole? Et plus encore, y-a-t'il un chef du protocole? Il y en avait du temps de Duvalier. Et s'il y en a un maintenant, il aurait certainement intérêt à se cacher car le doute nous rend presque sans voix. Bref, nous naviguons sur un volcan en pleine éruption avec ces chefs d’état improvisés, rebelles à tout ce qui a trait à l'apprentissage, à tout conseil et disposés à tout pour faire accroire qu'ils ont le contrôle sur tout. Pauvre de ceux qui pensent qu'ils sont nés pour briller comme des étoiles même sans rien avoir appris et sans vouloir apprendre! C'est malheureux qu'on croie vraiment, à l’ère de la navigation spatiale, que l’école, l'université, une spécialisation dans quelque domaine que ce soit, sont inutiles puisqu'on en n'a pas besoin pour gouverner! L'autre avait raison de dire que "la logique est l'apanage des petits esprits!"* Sauf que cet autre s'appelait HITLER.

Je tiens la citation de notre grand journaliste (dévoré par la cruauté grotesque de ses adversaires) Jean Léopold Dominique.

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