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mardi 1 novembre 2011

L'édito des autres

Garry Conille marque des points à la faveur des événements
Haïti: Le Premier ministre Garry Conille sort de l'ombre. Les derniers événements ont permis au nouveau chef du gouvernement, publiquement marginalisé dans la formation du cabinet ministériel où il ne compte aucun allié direct, de poser quelques actes au bon moment et qui peuvent lui mériter la sympathie pour commencer du Parlement.
Le premier ministre a été pratiquement le seul à gérer le scandaleux et gênant cafouillage qui a résulté de l'arrestation du député Arnel Bélizaire, sans aucune considération pour son immunité parlementaire, et (ce n'est un secret pour personne) afin de plaire au président Michel Martelly qui avait eu une violente altercation avec le député peu auparavant.
Le premier ministre est non seulement arrivé à calmer la situation, en tout cas au niveau de la rue où un vent de protestation commençait à se lever, mais aussi à désamorcer une crise qui impliquait déjà le secteur international (en effet la mission onusienne de maintien de la paix - Minustah - a manifesté son inquiétude, appelant le gouvernement haïtien à clarifier sa position devant un événement peu habituel qui pouvait déboucher rapidement sur un plus grave confit menaçant la stabilité générale).
Pendant ce temps les vrais responsables de cette énorme gaffe (autrement dit les super-ministres) avaient tous disparu de la circulation. Quand ils ne prétextaient de leur innocence. Ni vu, ni connu.
Par contre le premier ministre était tout de suite sur place au Pénitencier national pour ordonner que le député Bélizaire - qui venait d'y être conduit dans la soirée du jeudi 27 octobre après avoir été cueilli au pied de la passerelle du vol d'Air Caraïbes venant de France - soit traité avec tous les égards qui lui sont dus.
Toujours pour essayer de se rattraper sur l'outrage à l'immunité qui avait déclenché comme on comprend une tempête au Parlement, le député Bélizaire ne passera pas plus d'une nuit au Pénitencier, pour être conduit triomphalement le lendemain à la Chambre des députés afin de laisser ses collègues décider eux-mêmes de l'issue de l'événement.
Bien entendu, sénateurs et députés ne s'en déchainèrent pas moins contre l'arbitraire et contre ce jour 'J 1' de la 'dictature martellienne'. Mais la crise n'en est pas moins désamorcée puisque, si l'on peut dire, le corps du délit n'existe plus.
Le député Arnel Bélizaire rentrait chez lui sous haute protection de la même police qui avait été envoyée l'arrêter.
Un coup de chapeau !
Quelques paragraphes d'un communiqué de presse de la Primature : 'Fortement préoccupé par l'emprisonnement d'un Député en fonction, le Premier ministre, responsable de l'exécution des lois de la République, a convoqué en urgence le Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN) en vue de recueillir toutes les informations utiles au traitement de ce dossier et s'est entretenu, dans le même sens, avec les présidents du Sénat et de la Chambres des Députés.
'Le Premier ministre continue à explorer toutes les voies et procédures pouvant faciliter une issue conforme aux prescrits constitutionnels à cette crise. Il plaide au respect absolu des prérogatives et privilèges constitutionnels des responsables de l'Etat en invitant, par ailleurs, tous les acteurs sociaux et politiques à la sérénité et au dialogue.'
Notez bien les expressions : 'Responsables de l'Etat' et aussi 'Prérogatives et privilèges constitutionnels' mentionnées dans le communiqué du bureau du Premier ministre Garry Conille.
Les parlementaires semblent avoir bien reçu le message. Dans leurs discours même les plus enflammés appelant tantôt au départ de tout le cabinet ministériel, tantôt exigeant la tête des ministres et autres fonctionnaires qui ont été directement impliqués, à aucun moment aucun d'eux n'a mis en cause le chef du gouvernement, considéré comme ayant agi justement de manière 'responsable'. Pour l'observateur, cette crise semble diviser l'exécutif en deux branches : une Primature plus mature et professionnelle, et la présidence sous l'empire d'un pouvoir dont elle n'arrive pas encore à délimiter les contours. Comme un chien dans un magasin de faïence ...
Pendant ce temps-là, le président Michel Martelly est aux Etats-Unis pour dix jours afin de subir une opération chirurgicale à l'épaule.
Et les ministres les plus 'au pouvoir' soudainement aux abonnés absents !
On ne nait pas responsable comme une sorte d'héritage de père en fils (de Papa en Baby !), on le devient.
Cependant la Minustah a doublé le nombre de ses blindés dans les rues de la capitale. Qui garde la Nation ? Comprenne qui voudra.


Marcus Garcia
Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=98875&PubDate=2011-10-31

Commentaire
Eh bien, Garry Conille peut prendre la relève de ceux qui l'ont précédé sans rien laisser de recommandable. Au contraire, que de traces indésirables! Mais que ce comportement du premier ministre s'érige en norme. Que ce ne soit point une réaction isolée, pure réflexe conditionné, inspirée par un moment de folie du chef de l'Etat ou par ses trop zélés collaborateurs. C'est bon signe d'autant que la tendance naturelle de son supérieur hiérarchique à improviser nous condamne à plus d'une imprudence dans le même sens. Oui, il a marqué des points et c'est exactement la façon de commencer s'il veut que son passage soit mémorable et exemplaire. Encourageons-le à poursuivre dans cette même voie. L'avenir du pays et son image à l'extérieur en dépendent.

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