Artiste pour artiste
Haïti: A Livres en folie jeudi dernier, Franketienne réclamait, en présence du président de la République, l'émergence d'une République des artistes. Le père de Pèlin tèt a été entendu. Ce week-end, on a cru retrouver, sous le costume du président Martelly, un peu et même beaucoup de notre Sweet Micky national, lors du passage de la délégation présidentielle, dimanche, au Kreyol Fest, cette kermesse qui depuis 13 ans fait le bonheur de la communauté haïtienne de New York.
La veille, le président avait visité la foire Femmes en production au Miami Beach Convention Center de la ville balnéaire de Floride. Son passage a apporté un réconfort supplémentaire aux nombreux artisans et distributeurs qui tenaient salon à l'étranger, une grande première après le succès de cette foire en Haïti.
Certains disent que le président Michel Martelly, déjà à Livres en folie, avait réussi un numéro d'artiste pour le plus grand plaisir de la foule du Parc Historique de la Canne à Sucre. Il faut dire qu'il a son rôle d'amuseur dans le sang, le Président! On ne fait pas l'artiste pendant 22 ans pour tout oublier parce qu'on tient un nouveau rôle. D'autant que cela ne doit pas être rose tous les jours d'être président, responsable de tout après avoir été porté aux nues.
Le ratage avec Daniel Rouzier, son Premier ministre rejeté, la découverte des pouvoirs de la majorité parlementaire, la controverse avec le RNDDH sur les membres de sa sécurité rapprochée, la réception amusée du bilan de son premier mois, le retour à la case Bellerive, la mort de Guiteau Toussaint pendant que le président chantait sur scène en même temps que le chef de la police au gala d'anniversaire de la PNH, tout cela et quelques autres petits hics, méritent bien une salve d'applaudissements pour guérir les bleus à l'âme.
Hier, chanter était si simple et si naturel. La politique, aujourd'hui, si compliquée.
Le président Martelly, combatif comme lui seul, montre son sourire et joue le fier et fort indifférent au temps qui passe, alors que l'on sent qu'il bout de ne pas pouvoir bousculer la réalité comme il le souhaite et comme il l'a promis.
Comment lui faire admettre que la politique a ses raisons que même la raison ignore? Surtout la raison.
Dans les jours qui viennent, le président prévoit de prendre l'avion : privé (cela fera jaser) ou les lignes commerciales (pour faire comme tout le monde dans un pays pauvre), pour un long séjour en terre étrangère. Certains de ses alliés trouvent le voyage déplacé alors qu'il peine à nommer un Premier ministre et ne pourra donc pas se faire accompagner d'une équipe pour assurer les suivis des retombées de son périple. D'autres pensent que mieux vaut qu'il soit loin du terrain des négociations pour donner une marge de manoeuvre à son équipe de quatre mousquetaires chargée des tractations.
Si tout va vite, le président partira auréolé d'une victoire. Si tout va bien, il récoltera les fruits à son retour. Si les pourparlers achoppent, il reviendra en sauveur obligé.
Un seul petit conseil au parlement : le président élu est bien celui qui l'a été pour conduire les destinées du pays. Personne par son appétit ne doit feindre de l'oublier au risque de manger l'amer pain blanc des déceptions.
Les maladresses et tâtonnements de Martelly n'entament pas son crédit. Ils ne lui permettent que de rejoindre la longue liste de nos chefs d'Etat. En fait, il est bien comme les autres avant lui.
Artiste pour artiste, allez savoir qui fera chanter l'autre dans la nouvelle ronde de négociations qui s'ouvre pour trouver un successeur à Jean-Max Bellerive, celui que les mauvaises langues présentent comme le meilleur candidat à sa propre succession.
Frantz duval
duval@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=94290&PubDate=2011-06-27
Commentaire
Un chef d’état encensé, cela s'est déjà vu! Qu'il le soit dans la situation précise que vit le pays, plongé dans une crise dont on ne voit pas clairement l'issue, cela révolte. Comme chacun est maître de ses opinions, peut-être le journaliste, que nous ne connaissons pas, a-t-il ses raisons. Le problème, c'est que nous les ignorons. Nous serons donc conséquent en admettant que, de notre point de vue, il est trop tôt pour laisser sa verve prendre son envol avec autant de chaleur alors que rien de sérieux ne semble le justifier. A moins que l'auteur n'ait écrit en état d'ivresse.
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