Haïti-Police-Droits Humains
Dénonçant la mort de Serge Demosthène en présence du responsable du commissariat et du chef du parquet de Port-au-Prince et la disparition d’un deuxième prévenu, Kestène ainsi connu, Marie Yolène Gilles de l’organisme des droits humains réclame l’arrestation des coupables et évoque des scandales similaires dans d’autres commissariats de police
Publié le samedi 18 juin 2011
Une des responsables du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), Marie Yolène Gilles, a dénoncé samedi le décès suite à des sévices corporels d’un prévenu au commissariat de police de Pétion-Ville (banlieue est de Port-au-Prince), en présence notamment du commissaire Vanel Lacroix et du chef du parquet de la capitale, Me Harrycidas Auguste.
Arrêté en compagnie d’un autre individu dans le cadre d’un conflit terrien les ayant opposés à un policier, Serge Demosthène n’a pas survécu à l’interrogatoire extrêmement musclé auquel il a été soumis, précise l’assistante au programme de l’organisation de défense des droits humains.
Ce très grave incident, qui s’est produit mercredi dernier (15 juin), ne représente, selon le RNDDH, que la pointe de l’iceberg tant les violences physiques exercées sur les prisonniers sont des pratiques courantes dans les commissariats.
Par ailleurs, Marie Yolène Gilles s’est inquiétée au micro de Radio Kiskeya du sort du second prévenu, Kestène ainsi connu. Deux visites de l’organisation au commissariat de Pétion-Ville n’ont, en effet, pas permis de vérifier sa présence à la garde à vue.
La défenseure des droits humains exige des autorités policières et judiciaires des explications sur la mort violente de Serge Demosthène et la disparition présumée de son camarade d’infortune.
Elle souligne que, depuis un certain temps, des cas de torture, d’exécution sommaire et de disparition de détenus sont signalés particulièrement à Cité Soleil (banlieue nord de Port-au-Prince), Grand Ravine (sud de la capitale) et Jacmel (sud-est).
Le RNDDH exhorte l’inspection générale de la PNH à diligenter des enquêtes sur ces différents incidents en vue d’identifier les policiers fautifs et de les livrer à la justice.
Le commissaire du gouvernement, Harrycidas Auguste, et la Police Nationale n’avaient pas encore réagi officiellement samedi à ces accusations explosives.
Au coeur de l’actualité depuis quelques jours, le Réseau national de défense des droits humains persiste et signe, par ailleurs, dans ses révélations sur l’implication présumée dans le narcotrafic et de graves violations des droits humains de cinq actuels et ex-officiers de police faisant partie du service de sécurité du Président Michel Martelly.
Dans une réaction polémique mettant en doute ces allégations concernant Carel Alexandre, Goodwork Noël, Jacky Nau, Gilbert Dragon et Will Dimanche, le chef de l’Etat a demandé au RNDDH d’aministrer des "preuves" et confié n’avoir reçu à l’encontre des intéressés aucun dossier auprès de services de renseignement étrangers. La CIA a été nommément citée. spp/Radio Kiskeya
http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article7831
Commentaire
Le Réseau National de Défense des Droits Humains qui, nous l'avons déjà remarquer, accomplit un excellent travail en Haiti, doit être pris très au sérieux dans ses accusations. Grace à eux plusieurs disparitions ont pu être éclaircies même quand la justice haïtienne tarde à suivre. Plus d'une fois, on n'a réalisé la véracité d'une incrimination de cet organisme que quand la DEA, aux Etats-Unis juge et condamne des individus trop incrustés dans le gouvernement de tour pour être jugés comme tout le monde. Espérons que nous ne sommes pas en train d'assister une fois de plus à un retour en arrière, à l'instauration lente d'une pratique similaire à celles auxquelles nous avaient habitués les politiciens haïtiens depuis le long règne des Duvalier. Une légère diminution de ces cas de disparitions mystérieuses sous Préval ne devrait pas nous faire oublier que certaines pratiques ne disparaissent pas automatiquement dans un système chaotique.
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