Martelly va trancher. La crise constitutionnelle et celle née de la contestation des résultats de trois des dix-huit circonscriptions électorales communiqués par un BCEN spécial trouveront des solutions qui ne feront peut-être pas l'unanimité, prévient le chef de l'Etat qui rappelle que son « rôle est de prendre de grandes décisions ».
Haïti: En enfilant l'écharpe présidentielle, Michel Joseph Martelly a hérité de deux crises: l'une constitutionnelle et l'autre électorale. Une nouvelle, politique celle-là, risque de s'ajouter au lot si les négociations pour obtenir la ratification du choix de Daniel Rouzier débouchent sur un mur, l'intransigeance jusque-là affichée par des parlementaires du groupe majoritaire (GPR), accrochés au principe d'un partage de responsabilité, de portefeuilles ministériels.
Contraint de ronger ses freins et peut-être de jouer à l'usure avec ses adversaires, le fougueux président, très présent dans la presse, friand d'inauguration de petits projets, pourfendeur de l'immobilisme, a reconnu avoir les poings liés sans gouvernement, le mercredi 1er juin 2011. « Mes deux bras sont liés tant que je n'ai pas un gouvernement », a-t-il dit, décidé toutefois à renverser la vapeur, à « trancher ».
« Les trois crises seront résolues sou peu. Je ne peux pas révéler ma décision ici parce que je ne l'ai pas encore annoncés aux parlementaires », a confié le président, le ton posé et visiblement soucieux de ne pas froisser, avant d'ajouter cependant, aussi tranchant qu'un couperet, que « le président, à un certain moment, sera dans l'obligation de trancher ». « Des gens seront d'accord, d'autres pas », a prévenu Michel Joseph Martelly, qui a rappelé que « c'est le rôle du président de prendre les grandes décisions ».
Conscient que la ratification du choix de M. Rouzier et de la politique générale dépend aussi de la clarification de « l'imbroglio constitutionnel », Martelly a révélé qu'il « va prendre la meilleure décision pour le pays et pour ceux qui sont concernés par les articles amendés ». « Si je tranche ce soir, les parlementaires devront se tenir prêts à recevoir dès le lendemain matin le Premier ministre désigné », a souhaité le président de la République, appelant les parlementaires à tout faire pour que les discussions sur la ratification de M. Rouzier ne débouchent sur une impasse, sur une crise.
« Sur la question des élections, nous allons trancher. Je tiendrai une dernière réunion cet après-midi ou ce soir avec les différents concernés, et, passé minuit, le président tranchera », a-t-il promi, concédant son embarras face au CEP qui lui a envoyé pour publication dans Le Moniteur des « listes de parlementaires censés être élus avec des signatures scannées ». Le président, qui dit prendre ce dossier avec des pincettes, a indiqué qu'il ne veut pas publier ces listes avec des signatures dont l'authenticité pourrait être contestée par les signataires.
La publication dans Le Moniteur de l'amendement de la Constitution de 1987 avec des « erreurs matérielles » et la contestation des résultats de trois des dix-huit circonscriptions électorales communiqués par un BCEN spécial ont plombé les premiers jours de l'administration Martelly. Mais, comme un couperet, il va trancher, bref, gouverner. Et faire l'addition de ses réussites et de ses échecs, a souligné un observateur du fait politique.
Roberson Alphonse
ralphonse@lenouvelliste.com
Commentaire
Un président qui veut vraiment gouverner, peut le faire même sans la collaboration de certains parlementaires. D'abord plusieurs d'entre eux, pas tous, sont des vendeurs de patrie qui ne seront jamais d'accord avec une mesure qui n'implique pas pour eux, personnellement, un bénéfice immédiat. (Nombre d'entre eux réclament déjà un poste ministériel avant de ratifier quoi que ce soit)Ensuite, un président qui s'est donné au préalable une base morale indubitable, trouvera toujours l'appui de la majorité. Le pays a hâte de sortir du marasme. Mais il faut que cette solidité morale préalable soit réelle, non un écran de fumée. Si l'on ne peut pas demander a Michel Martelly de ne pas avoir été Sweet Micky, il peut imprimer un nouveau cours à sa propre présidence. Le pays est fatigué des mascarades. Il est des moments où il faut savoir agir, mais agir vraiment et non en donner la simple impression. Cela ne suffira jamais.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire