Une affaire vieille de 12 ans fait des gorges chaudes dans les hautes sphères. Entre suspicions,insinuations, doutes, dénonciations..., elle jete une lumière crue sur un pan de l'histoire de la PNH et sur la faiblesse de la justice qui n'a jamais pû établir qui est blanc ou noir, qui a une "moralité douteuse" ou pas.
Haïti: Le porte-parole de l'ambassade des Etats-Unis en Haïti, Jon E. Piechowsky est clair comme de l'eau de roche : « Nous ne faisons pas le vêting. C'est au gouvernement haïtien de déterminer ceux qui peuvent travailler pour la police et la justice », a-t-il confié au journal, quelques jours après que le président Michel Joseph Martelly eut révélé, le 15 juin 2011, avoir contacté la DEA, la CIA et des ambassades dans le cadre de sa propre enquête afin de savoir s'il pouvait ou non s'attacher les services d'ex-policiers indexés par le RNDDH pour « moralité douteuse », bien avant la réception de la lettre de l'organisation de défense des droits de la personne.
Rien pipé
Selon Jon E. Piechowsky, « les informations au sujet des investigations de la DEA sur le trafic de stupéfiants ne peuvent pas être partagées en dehors des conditions établies par la loi américaine ». « Il y a beaucoup de restrictions sur les sujets que nous pouvons discuter. Les questions d'immigration et d'investigation, par exemple », a-t-il ajouté. « Je ne vais pas parler de tous les contacts que nous avons avec le gouvernement haïtien. Je ne vais pas rentrer dans les détails», a-t-il dit, suite à une question sur la rencontre que le président Martelly dit avoir eue avec la DEA, la CIA et l'ambassade en vue de collecter des informations et non des on-dit sur des ex-policiers attachés à sa garde rapprochée.
La DEA n'est pas instrumentalisée
« Nous avons une coopération très active dans le domaine de la sécurité et de la justice. Nous allons la poursuivre pour aider au développement des institutions haïtiennes », a par ailleurs indiqué Jon E. Piechowsky qui a précisé que la DEA est « invitée » par le gouvernement haïtien. « Nous sommes les invités du gouvernement. Nous avons une coopération étroite avec la PNH », a-t-il dit, rejetant les allégations d'instrumentalisation de la DEA à des fins politiques, comme le prétend l'ex-commissaire de police Guy Phillipe.
Selon une lettre du RNDDH au président Martelly citant l'IGPNH,une réunion préparatoire à laquelle prirent part des ex-policiers attachés à la sécurité du chef d'Etat avait été organisée le 8 septembre 1999 à la résidence de Guy PHILIPPE, située à Pèlerin 6, aux fins de préparer l'atterrissage d'un petit avion en provenance de la Colombie avec à son bord une cargaison de 450 kilogrammes de cocaïne.
Guy Philippe est recherché et il le sait.
Guy Philippe, promu commissaire principal et transféré au Cap-Haïtien après cette affaire de 450 kilos de cocaïne, a confié dans la presse avoir été lui et ses amis « persécutés » politiquement. Il n'y pas de dossier à l'Inspection générale de la PNH pour étayer les accusations, avait expliqué Guy Philippe.
« La DEA n'effectue pas d'opérations et d'arrestations en Haïti. Ses agents assistent aux opérations du BLTS », a confié, laconique, un haut responsable de la DCPJ sous le couvert de l'anonymat. « Guy Philippe est recherché pour son implication présumée dans le trafic de stupéfiants. Il le sait », a ajouté ce responsable qui a réagi après des interviews à la radio de Guy Phillipe qui clame son innocence et dénonce un complot politique ourdi contre lui et contre les ex-commissaires de police indexés par le RNDHH.
Le dossier est là.
« Contrairement à ce que croit Guy Philippe, le dossier de l'enquête menée par l'IGPNH existe. En dépit du vol de dossiers et de la mise à sac de l'IGPNH après le départ de Jean-Bertrand Aristide le 29 février 2004 », ont révélé des sources concordantes. « Des organisations de défense des droits de l'homme travaillaient en étroite collaboration avec l'IGPNH et elles ont la copie du « dossier des 450 kilos de cocaïne », a précisé une source gouvernementale, au courant de la gestion faite de ce dossier à l'époque.
Le dossier de l'enquête a été remis au ministre de la Justice de l'époque, Me Camille Leblanc, au Premier ministre Jacques-Edouard Alexis et au président René Préval. Aucune suite n'a été donnée et l'inspecteur général Luc Eucher Joseph avait été contraint de laisser le pays en avril 2000 pour un poste diplomatique en Europe. Les policiers trouvés à l'hôtel « Le Voyageur » le 9 septembre 1999 lors d'une perquisition, dont Didier SEIDE, commissaire municipal, alors responsable de l'Unité de sécurité générale du palais national (USGPN); Godwork NOEL, commissaire municipal, responsable alors du commissariat de l'Arcahaie ; Lewis BOURGOUIN, Commissaire Commissariat de Pétion-Ville; Dragon GILBERT, commissaire municipal, responsable du commissariat de la Croix-des-Bouquets; Patrick DORMEVIL, commissaire municipal, responsable du commissariat de l'Aéroport de Port-au-Prince; Jean Frislet François, inspecteur municipal, affecté au Commissariat de l'Aéroport de Port-au-Prince... avec Roger Momprevil et des trafiquants de drogue avaient organisé une fronde contre Eucher», a révélé cette source gouvernementale.
« Le CSPN n'avait pas donné de suite à ce dossier. C'était dans une période de transition politique entre Préval et Aristide, et personne n'avait levé le petit doigt », a ajouté cette source.
Officiellement et contrairement à la lettre du RNDDH, Guy Philippe, Jacky Nau, Gilbert Dragon ont été révoqués de la police pour abandon de poste, selon notre source. On n'avait pas fait le suivi de l'enquête de l'IGPNH. Cependant, Patrick Dormevil et Noël Goodwork ont été renvoyés de la PNH pour affaire de stupéfiants, a confié cette source, préoccupée aujourd'hui face aux prémices d'une politisation de la PNH comme c'était le cas sous Jean-Bertrand Aristide.
Inquiétudes quant à la politisation de la PNH
"L'insistance du président Martelly à s'entourer de ses amis indexés, le transfert sans avis du CSPN du responsable de la DCPJ, Frantz Thermilus inquiètent. Ce tranfert serait lié à des arrestations de personnes aux bras longs effectuées récemment par la police judicaire", croit notre source.
Quelque peu préoccupés, des coopérants étrangers, sous le couvert de l'anonymat, ont appelé au respect du "principe d'indépendance" de la PNH et de la reprise du vêting.
Le président Michel Joseph Martelly s'est-il trompé d'adresse en recherchant des informations de la DEA, de la CIA et dans les ambassades dans le cadre, selon lui, de sa propre enquête avant de savoir s'il pouvait ou non s'attacher les services d'ex-policiers indexés par le RNDDH d'avoir « une moralité douteuse » ?
La question est brûlante d'actualité autant que la nécessité de sérénité au sein de la police, croient ces coopérants qui sont pour la conservation des acquis des dernières années en termes de respect des droits de la personne et de lutte contre le trafic de stupéfiants.
Roberson Alphonse
ralphonse@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=94320&PubDate=2011-06-28
Commentaire
Un dossier très chaud en effet. Le président Martelly, par prudence et respect des lois haïtiennes, ne devrait-il pas, ne serait-ce que momentanément, écarter les personnages incriminés afin que la justice, sans pression, suive son cours? C'est du moins ce que la logique semble suggérer. Car comment prétendre qu'une justice soit objective si ceux qui font l'objet de doutes, d’enquêtes, de poursuites, sont haut placés dans le gouvernement même qui opère ces recherches? Une comédie de plus? Une tentative réelle d'instrumentaliser la DEA ou même l'ambassade américaine? Ce serait le comble dans une démocratie qui commence à peine ses premiers balbutiements! Car tout le monde sait que l'ambassade, pour protéger ses installations et ses fonctionnaires, ne dirait rien qui puisse déplaire à des individus dont elle sait qu'ils ont malgré leur niveau d'implication présumée dans toute sorte de crimes, un immense pouvoir de nuisance. Que le président donc parle publiquement de sa conversation avec l'ambassade, c'est clairement du chantage (à l’encontre de l'ambassade) et de la manipulation (aux dépens de la population). A moins que ses conseillers aient oublié de lui dire qu'il y a une manière diplomatique, protocolaire de traiter les questions délicates et fragiles entre institutions.
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