Haïti: La sortie du chef de l'Etat Michel Martelly, sur la scène où se sont produits des groupes musicaux haïtiens dans le cadre du festival de compas baptisé Kreol fest, à Brooklyn, dans l'Etat de New York, le week end écoulé, suscite des remous.
En effet, après avoir sollicité la participation de la diaspora haïtienne au développement du pays et expliqué le bien-fondé des « taxes » prélevées sur les transferts d'argent et les appels téléphoniques en provenance des Etats-Unis, le président de la République en a profité pour amuser le public en interprétant plusieurs extraits de ses anciennes compositions. Fringant dans son costume, le chef de l'Etat a aussi donné libre cours à sa spontanéité en effectuant quelques pirouettes sous les applaudissements du public qui criait « Micky Micky... », son nom d'artiste. Micro en main, l'ancien chanteur a dansé allégrement. Une attitude qui gêne le premier sénateur de l'Ouest, Steven Benoit, intervenant ce mardi à « Panel Magik », le magazine matinal de Radio Magik 9.
Tout cela n'était pas nécessaire, rechigne le parlementaire. Michel Martelly aurait pu préenregistrer l'essentiel de son message dans lequel il préciserait qu'il est occupé à faire avancer des dossiers très importants en Haïti et le faire tourner au moment de la prestation des formations musicales, a poursuivi Steven Benoit. Le sénateur se dit davantage humilié par le comportement du premier citoyen de la nation quand, raconte-t-il, un policier étranger qui était sur place s'est montré surpris et a dévisagé le président avec dédain.
Loin de vouloir s'en prendre au chef de l'Etat le parlementaire explique qu'il entend par ses propos aider ce dernier à éviter tout comportement qui peut, dit-il, ternir davantage l'image du pays. et compromettre son avenir. Il en a profité pour attirer l'attention du président de la République sur le caractère extravagant de son cortège constitué de près d'une vingtaine de véhicules.
Ce n'est pas nécessaire d'avoir un cortège aussi long, dit le sénateur de l'Ouest. Plus c'est long, plus le VIP s'expose au danger, explique le parlementaire faisant aussi référence au manque d'infrastructures routières dans le pays. Le senateur de l'Alternative propose au chef de l'Etat de réduire son cortège à environ six véhicules.
Quant aux motards, précise-t-il, ils peuvent être utilisés dans les grandes occasions, c'est-à-dire lors des sorties officielles, les jours de fêtes nationales et au moment des voyages dans les villes de provinces.
Steven Benoit pense que le chef de l'Etat devrait trouver une entente avec les victimes qui occupent la cour de la primature depuis le tremblement de terre pour les déloger et y aménager son bureau il ne faudra à ce moment au chef de l'Etat que quelques minutes pour gagner son bureau s'il décide d'habiter la résidence officielle achetée pour loger le Président René Préval à Musseau . Ce qui lui permettrait d'économiser le temps perdu généralement dans le trafic, explique le sénateur, ajoutant que deux heures perdues dans les allers et retours au bureau représentent beaucoup de choses pour un chef d'Etat qui a tant de dossiers à traiter.
« Je ne souhaite que la réussite de Michel Martelly, affirme Steven Benoit. La réussite du chef de l'Etat est la condition sine qua non du décollage du pays ».
S'agissant du choix du prochain Premier ministre haïtien, le sénateur Benoit suggère au président d'y mettre un peu plus de coeur. Michel Martelly devrait surseoir pour un bout de temps à ses voyages à l'étranger et entamer les discussions en vue d'éviter la répétition de l'échec de Daniel Gérard Rouzier.
Selon le parlementaire, les négociations doivent être menées d'abord avec les responsables des partis politiques. Stratégie qui, selon lui, devrait augmenter la possibilité pour Michel Martelly d'obtenir la majorité au Parlement haïtien. « Avec les députés et les sénateurs, les discussions viendront après ».
Danio Darius
daniodarius001@yahoo.com
Commentaire
Ces remarques justifiées de M.Steven Benoit, nous les avons faites aussi hier en signalant la nouvelle de l'intervention du président de la république. Elles trouveront certainement beaucoup d'approbation au sein d'une population qui a beaucoup plus de choses sérieuses et urgentes à faire. Les dirigeants haïtiens actuels ont en leur faveur qu'ils n'ont pas eu de bons exemples à suivre. Le problème, c'est qu'en plus de bons conseillers à sa portée (dont il n'utilise évidemment pas les services), le président de la république, un député, un sénateur, même un ministre trouvera avec facilité tout ce auquel il pourrait avoir pensé pour bien faire son travail sur Internet, entre autres. La communication a atteint un niveau de développement trop avancé pour que nous ayons des excuses en communiquant de la pire façon possible. "...un homme qui souffre n'est pas un ours qui danse" (Aimé Césaire)
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DECKY LAKYEL a ajouté un nouveau commentaire sur votre message "Steven Benoit conseille le président" :
Cependant nous autres les haïtiens nous semblons être plus que tout autre citoyen de ce monde des partisans d'un pseudo eugénisme politique qui fait du chef d'état un "sur-homme". Steven Benoit et ceux qui critiquent l'attitude de Michel Martelly savent-ils que le président comme tout être humain, mange, rote, chie et pète?. Bill Clinton à l'habitude de s'exercer au saxophone dans certaines de ses apparitions. Si on avait vu Michel Martelly entrain de "louer l'éternel" pendant une de ces sessions de "veille de prière" ou durant une neuvaine de l'église catholique, les opinions auraient été différentes.
Certaines postures du chef d'Etat doivent être prises dans leur contexte sans se lancer dans des conjectures politico-politiciennes oiseuses. Il faut surtout s'accrocher à l'essentiel de sa politique et pouvoir discuter et débattre sur des problèmes de fonds.
Par exemple il serait beaucoup plus utile et judicieux de se poser des questions sur l'aspect fonctionnel et "exécutoire" de ce fameux fonds pour l'éducation; plus utile et plus judicieux de se demander par quelle magie, Michel Martelly va-t-il créer d'ici septembre des structures capables d'accueillir et d'injecter sur le marché de l'éducation déjà moribond, plus de 100.000 petits haïtiens.
La démocratie regorge de ces aspects vertueux qui nous permettent de critiquer tout et n'importe quoi. La démocratie utile nous recommande certes une certaine rigueur dans l'élaboration de la pensée mais aussi aussi une vision pratico-pragmatique de notre réalité!
Jonas Jolivert
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Renos Dossous a ajouté un nouveau commentaire
Je comprends mal qu'un citoyen haïtien ne puisse pas critiquer Michel Martelly, surtout s'il s'agit d,un autre politicien, comme on critique beaucoup d'autres politiciens professionnels ou improvisés. Si la noblesse la plus élémentaire nous impose le respect, particulièrement envers quelqu'un qui occupe la présidence de ce pays, pourquoi ne peut-il être critiqué pour ses actions. Et même, pour aller plus loin, les critiques et les apologistes ne devraient d'ailleurs pas se trouver dans l’extrême de s'entre-déchirer sur des idées. Les idées sont ce qu'elles sont et ce n'est pas en évitant d'y avoir recours, sans passion, que nous résolvons quoi que ce soit. Au contraire! J'oserais même avancer qu'Haiti, où les gens n'ont pas dans leur grande majorité le privilège de faire des études, ils ont compris cette situation. En tout cas, ils sont sur la bonne voie. Car la diminution des persécutions politiques ne fait que démontrer ce progrès. Heureusement! Finalement, quel que soit le chef d’état d'un pays, un citoyen de ce pays - et pas seulement lui - a toujours le droit de critiquer surtout si sa critique se justifie par des faits qu'il n'a pas inventés. Et si cette critique ne se justifie pas, tant mieux pour l'innocente victime, sa réussite même servira de leçon a un critique peu averti et injuste. Tout le monde a le droit d’éprouver de la sympathie envers un homme politique ou tout autre que lui, mais cela n'est pas un empêchement pour que les autres perdent automatiquement la faculté de déceler des erreurs de ce politicien. Quand ce qui est pour certains une erreur représente une vertu pour d'autres, cela aussi est légitime. Car dans les jugements politiques, on ne peut nier la présence de passion et ce, de part et d'autre. Mais cela est-il un crime? C'est précisément cette relativité dans le jugement qui fait la force des grandes démocraties du monde! Le danger, c'est de croire que la raison ne peut se trouver que d'un côté.
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