Vendredi 17 juin 2011
Edito
Renos Dossous
Une certaine interprétation du droit admet que chaque personne peut avoir les enfants qu’elle désire. De prime abord, cela semble une simple application d’un principe démocratique. Mais dans une société où priment la rationalité, la logique, dans la satisfaction de leurs besoins, les citoyens vont au delà d’un raisonnement aussi simpliste. Certaines considérations d’ordre public, même sans être explicitement prescrites, ne manqueront pas d’entrer en jeu. Surtout quand l’action dont il est question n’affecte pas exclusivement celui ou celle qui décide. Nul ne peut ainsi, à la légère, adopter des décisions dont les retombées vont au delà de son petit monde. La natalité qui n’est pas un phénomène isolé, fait partie de ces sujets de réflexion nécessaires, surtout dans un monde où les ressources sont loin d’augmenter à un rythme correspondant à celui des naissances.
M. Alain de Benoist, philosophe français qui ne cache pas son inclination aux idées de droite, nous dit ceci : « l’une des lois les plus constamment observées des systèmes vivants est celle qui ramène régulièrement vers l’équilibre toute croissance exponentielle dont les conséquences deviennent destructrice pour le sujet de la croissance »1. En d’autres termes, puisqu’il débattait de la croissance économique, on n’a pas à se préoccuper des résultats d’une crise quelle qu’elle soit, car chaque crise suscite sa propre solution. C’est ainsi que pour illustrer sa thèse, il nous cite en exemple le nataliste Pierre Longone : « La prolifération urbaine aux États-Unis conduit à l’asphyxie du centre des villes, donc à l’arrêt de la croissance et à la diminution de la population des grandes villes »2.
Cette proposition qui, si on ne prend pas le temps d’y réfléchir, pourrait sembler logique, ne fait en réalité que traduire la myopie de certains penseurs qui prennent les réalités de leur microcosme, de leur environnement forcément limité même s’il s’agit d’un pays industrialisé, pour des phénomènes universels.
Un citoyen d’une société économiquement développée dispose de mille et un mécanisme pour savoir qu’un enfant ne peut venir au monde dans n’importe quelle condition. Même dans les pays sous-développés, ceux qui proviennent des classes les plus aisées obéissent à ce même mode de pensée caractéristique des pays riches. Ils restreignent volontairement le nombre d’enfants pour être en mesure de s’occuper efficacement des rares petits qu’ils finissent par accepter de mettre au monde. Mais qu’en est-ils de ceux qui sont privés de cette éducation, ceux qui se condamnent et condamnent, sans s’en rendre compte, des milliers, voire des millions d’innocents à végéter dans la misère, la prostitution, la drogue, le suicide, la délinquance et le crime? Ils sont majoritaires dans les pays sous-développés et ces derniers eux-mêmes étant majoritaires dans le monde, nous avons en face des milliards d’individus dont le seul avenir possible est la misère.
C’est vrai que le contrôle délibéré des naissances n’a pas toujours fait l’unanimité au sein des différentes tendances politiques. Certains communistes croyaient y voir un élément de plus de « l’arsenal idéologique de la bourgeoisie »3. Mais depuis les antiquités égyptienne et grecque, son utilisation en tant que moyen efficace pour diminuer la famine quand elle a lieu, ou encore mieux, pour la prévenir, était connue. Seules les méthodes ont varié selon les moments et les circonstances. Ce n’est donc pas un hasard si c’est au cœur de ces civilisations-là que la contraception a vu le jour. Par ailleurs, la Chine actuelle considère ce contrôle des naissances comme un aspect fondamental de sa politique. Ainsi rares sont ceux qui refusent de reconnaitre le rôle du contrôle de la natalité dans la résolution des problèmes les plus criants de l’humanité d’aujourd’hui. La bidonvilisation, la faim, les guerres, la délinquance, les crimes au plan national aussi bien qu’international, sont quelques-uns seulement de ces plaies qui rongent la civilisation dont nous sommes si fiers.
Le rythme de la croissance de la population d’un pays et même d’un continent, est inversement proportionnel à son niveau d’éducation. Plus on est éduqué, moins on a d’enfants. Que nous montrent certains indices démographiques à propos des problèmes liés à la croissance inégale de la population mondiale d’ici 2050?
Nous nous sommes contentés de comparer des données de 1996 et des prévisions relatives à 2050. Et nous avons observé ceci :
D’une part le continent européen qui comptait 748 millions d’habitants en 1996/4 en comptera 702 millions en 2050/5. Soit une diminution de la population de 46 millions. C’est vrai qu’une réduction de la population russe due à l’alcool et aux mauvaises conditions de santé y est pour beaucoup.
D’autre part, la Chine qui comptait 1.178.5000.000 de personnes en 1996 en comptera 1, 43 milliards en 2050. Une augmentation légère à cause des contrôles drastiques exercés sur les naissances.
L’Inde qui avait 897. 400. 000 d’habitants en 1996 aura plus que doublé sa population (1, 74 milliards) en 2050, le contrôle y étant moins stricte qu’en Chine.
Le plus surprenant par rapport à tous les cas considérés jusqu’ici, c’est que le continent africain dont les habitants survivent à peine aujourd’hui, aura triplé sa population en 2050. Car si elle comportait 677. 000. 000 d’habitants en 1996, elle atteindra le chiffre de 2 milliards en 2050.
Conclusion
Pratique normale, naturelle dans les pays les plus avancés, la planification familiale, n’est donc plus un choix dans les pays sous-développés. C’est une urgence. Les autorités veulent vraiment attaquer de front les problèmes qui freinent leur développement? Voilà une manière intelligente de commencer. Des pays comme la chine, l’inde, le Brésil pour ne citer que les plus en vue, semblent tirer grand profit du rythme de leur natalité. Mais ce n’est certainement pas en offrant une meilleure qualité de vie à leurs enfants des classes défavorisées. Ces derniers, au même titre que leurs parents, ont cessé d’être traités comme des humains, pour se convertir littéralement en combustible destiné à multiplier la productivité des industries. Ils se font broyer sans concession par des machines de plus en plus perfectionnées. Le philosophe Alain de Benoist a en horreur la démocratie qui, selon lui, n’est rien moins qu’un effort inutile et infructueux qui prône le nivellement par le bas. Mais il se contredit quand il prétend que les crises, notamment les crises démographiques, provoquent leur propre solution. A moins évidemment qu’il ne fasse allusion aux guerres, aux génocides et aux incessants flots migratoires qui sillonnent la planète, les seules solutions visibles pour la surpopulation de la majorité des pays du globe, quel que soit le masque utilisé pour le camoufler, demeure le contrôle des naissances. En Haïti, en République dominicaine, mais aussi en Inde, en Chine, au Brésil, il existe des milliers, voire des millions d’enfants qu’une éducation minimale des parents aurait empêché de venir au monde. Quel père, quelle mère muni d’un brin de lucidité, n’aurait pas évité d’avoir un enfant, ne serait-ce qu’un seul, s’ils avaient suffisamment conscience de l’échec annoncé auquel ils le condamnent. Ces victimes pour lesquelles on a choisi sans leur demander leurs opinions, hormis d’extrêmement rares exceptions, n’ont qu’un destin : la misère, la délinquance, le crime et être trafiqués à travers les frontières. Comme c’est le cas entre la République dominicaine et Haïti. Dans ce dernier pays, l’on observe, en outre, une adaptation épique du roman de Garcia Marquez « L’amour aux temps du choléra ». En effet, ses mineurs se font prostituer en masse par les soldats, en provenance de différents pays, de l’ONU ou tombent victimes du choléra. Les politiciens de ce pays tout comme la majorité de ses religieux, sans se soucier de l’avenir de millions de victimes potentielles d’un système corrompu, prêchent la vertu d’avoir « les enfants que Dieu nous donne ». Dans de telles conditions, ils nous dévoilent ainsi malgré eux, leur complicité dans l’instrumentation de l’être humain comme forme moderne et subtile d’esclavage. En effet, pour étrange que cela puisse paraitre, cette armée d’enfants en guenilles, de mendiants et de futurs délinquants, est indispensable pour alimenter les poches des uns et les sébiles des autres. Ce sont des parasites, parmi lesquels il se trouve beaucoup d’intellectuels, dont la vie ne peut se construire que sur les dépouilles de celle de ces misérables. André Malraux avait raison : « Il n’y a pas de héros sans auditoire ».
1. Vu de droite anthologie critique des idées contemporaines, Alain de Benoist, Copernic, 1977, p. 332
2. Idem
3. Idem, p. 340
4. Le petit Larousse, 1997
5. http://www.demographie-responsable.org/surpopulation/demographie/milliards-de-terriens.html
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