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samedi 30 juillet 2011

Des parlementaires-consultants au ministère de l'Intérieur?

Onze députés, un sénateur en fonction et 10 anciens députés de la 48e législature sont engagés comme consultants au ministère de l'Intérieur et des Collectivités territoriales depuis octobre 2010. Le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) qui a fait la révélation à la presse crie au scandale et appelle à la fin du gaspillage et du copinage au sein de l'administration publique.
Haïti: Les parlementaires en fonction ainsi que les anciens députés indexés par le RNDDH sont tous d'anciens membres de la Concertation des parlementaires progressistes (CPP) qui se donnait pour mission de lutter contre la corruption à travers le pays. « Ils reçoivent tous des émoluments mensuels estimés à cent mille (100 000) gourdes, à l'exception du député Richard Paul OLIVAR qui reçoit un salaire de quarante mille deux cent cinquante (40 250) gourdes », a affirmé le RNDDH appelant à la fin du gaspillage dans l'administration publique. Tout le groupe s'est présenté aux récentes élections sous la bannière de la plateforme Inite de l'ancien président René Préval et du sénateur Joseph Lambert. Douze d'entre eux ont été réélus.
« Le fait par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités territoriales de mettre sous payroll des anciens députés au moment de leur campagne électorale s'apparente à une forme de détournement de fonds publics à des fins électoralistes en vue de fournir à ces derniers des moyens financiers dans le but évident d'acheter les urnes, a commenté le RNDDH. Ces candidats, ayant été engagés au moment où ils étaient tous en pleine campagne électorale, ne pouvaient avoir le temps de fournir au ministère un quelconque travail. » Et dire que leurs émoluments dépassent largement le salaire des cadres réguliers de l'administration publique comme les directeurs généraux, les membres du cabinet particulier du ministre concerné, à l'exception du directeur du cabinet et de trois (3) autres membres dudit cabinet.
Ces 22 consultants, a encore informé le RNDDH, ont tous été engagés par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités territoriales le 1er octobre 2010 pour un contrat expirant au départ du ministre Paul Antoine BIEN-AIME. En dépit du fait qu'ils soient aujourd'hui en fonction, a dénoncé le RNDDH, les parlementaires continuent à émarger au budget du ministère de l'Intérieur et des Collectivités territoriales. Il s'agit de 11 députés et d'un sénateur, tous membres de la plateforme Inite. Pourtant, l'Etat haïtien accuse des arriérés de salaire de plusieurs années à des instituteurs, des professeurs, des membres du personnel de santé et des employés des collectivités territoriales.
« L'administration publique ne doit en aucune façon être mise au service d'amis, de copains, de clans, de partis ou de regroupements de partis politiques », a averti le RNDDH dans son nouveau rapport intitulé HAITI CORRUPTION: Le RNDDH appelle à la fin du gaspillage et du copinage au sein de l'administration publique.
Le Parlement, a rappelé le RNDDH, est investi d'un pouvoir de contrôle sur l'action gouvernementale. Et plusieurs commissions ont été créées pour travailler sur des thématiques différentes, dont la corruption. « Quelle est la fiabilité des travaux réalisés par ces commissions, particulièrement par la commission anticorruption, lorsque même le président de la cambre des députés - qui se devait d'être un modèle - figure lui aussi sur la liste des fonctionnaires émargeant au budget du ministère de l'Intérieur et des Collectivités territoriales? », s'est interrogé l'organisme de défense des droits humains.
S'appuyant sur les Conventions interaméricaine et onusienne sur la corruption auxquelles Haïti a adhéré, le RNDDH assimile la gestion faite par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités territoriales, Paul Antoine BIEN-AIME, à un acte de corruption. De plus, poursuivit le rapport du RNDDH, la Constitution que ces Parlementaires ont juré de respecter dispose en son article 129.1 que : « La fonction de membre du corps législatif est incompatible avec toute fonction rétribuée par l'Etat, sauf celle d'enseignant. »
Face à une telle situation, le RNDDH appelle les autorités compétentes à mobiliser les institutions haïtiennes spécialisées dans les enquêtes financières, telles que l'Unité de lutte contre la corruption (ULCC), l'Unité Centrale de Renseignements Financiers (UCREF), la Cour supérieur des Comptes et du Contentieux administratif (CSC/CA) et l'Inspection générale des Finances, en vue de mener les investigations relatives à ces cas de corruption.
A côté des parlementaires et anciens parlementaires, le ministère de l'Intérieur et des Collectivités territoriales compte, jusqu'au mois de mai 2011, quatre autres consultants. Ce qui porte le nombre de consultants du ministère à 26. Selon le RNDDH, le ministère dispose de 1 009 employés réguliers ainsi répartis : 355 affectés au bureau central, 283 à la Direction de l'Immigration et de l'Émigration et 371 travaillant dans les délégations et vice-délégations. De plus, le ministère compte 105 contractuels et 24 conseillers.
Les parlementaires et anciens parlementaires indexés par le RNDDH

1-A. Rodon Bien-Aimé ; INITE ; Cerca Cavajal / quartier de Los Palis

2-Jean Roland Boisrond ; candidat malheureux INITE; Saint-Jean-du-Sud / Arniquet

3-Laurore Edouard ; candidat INITE ; Petite-Rivière-des-Nippes

4-Desmarattes Jean Camille ; INITE ; Thiotte Grand-Gosier

5-Lareche Ronald ; INITE ; Mont-Organisé

6-Georges Guy Gérard; INITE; Torbeck / Chantal

7-Faustin Pauly ; INITE ; Miragoâne

8-Dénius Francenet ; INITE ; L'Asile

9-Marcadieu Lutherking ; candidat INITE ; Belladère

10-François Malherbe ; INITE ; Bainet

11-Valciné Pierre Gérôme ; candidat malheureux INITE ; Cabaret

12-Destiné Pierre Jude ; candidat malheureux INITE ; Ganthier / Fond-Verrettes

13-Denaud Charlemagne ; Candidat malheureux INITE ; Lascahobas

14-Sissoir Benner ; candidat Malheureux INITE ; Saint-Raphaël

15-Jacinthe Saurel ; INITE ; Moron / Chambellan

16-Richard Paul Olivar ; INITE ; Roche-à-Bateau

17-Appolon Enel ; candidat malheureux INITE ; Thomonde

18-Sainvil François Lucas ; INITE ; Port-de-Paix (sénateur)

19-Alcide Audné ; candidat malheureux INITE ; Plaisance/Pilate

20-Bastien Jean Berthold ; candidat INITE ; Vallières

21-Lainé Julner ; INITE ; Port à Piment

22-Domond Patrick ; Candidat INITE ; Jacmel

Jean Pharès Jérôme
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=95458&PubDate=2011-07-29

Commentaire
Les gens ont peur du sida, de la lèpre, du cancer, de la famine et les fuient comme des malédictions. Mais savent-ils que la pire des malédictions, c'est la corruption qui non seulement facilite l'expansion de ces maux quand ils attaquent une collectivité, en crée aussi beaucoup d'autres. Chaque fois que le mot "corruption" est mentionné, il doit y avoir des consciences en quantité colossale qui se trouvent ébranlées. Ce n'est pas toujours simple de mettre la main sur les ressources destinées à nourrir les pauvres et de se faire passer pour un père de famille, un mari, un voisin, un citoyen recommandables. L'on comprend de mieux en mieux pourquoi, la majorité de ces députés et sénateurs, une fois leur mandat terminé, s'ils ne sont pas réélus pour continuer à s'enrichir illicitement aux dépens de la majorité, s'ils ne sont pas sûrs d'avoir un "back up" au sein de la nouvelle administration (pour leur garantir un niveau d'impunité considérable), ils laissent le pays. Mais ils ont une autre garantie plus sûr que ça. C'est quand au sein de la nouvelle administration, ils en connaissent d'autres qui n'ont pas causé moins de tort qu'eux et qui y occupent encore des postes importants. C'est le cas actuellement. Et le jeu continue. Et le boucle est bouclée...ad vitam aeternam! Dans ce cas-là, quelqu'un ose-t-il prétendre que nous sortirons jamais du cercle infernal de la corruption? Le nouveau gouvernement a donc une occasion de prendre les choses très au sérieux pour le bien du pays et pour son propre avenir.

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