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vendredi 15 juillet 2011

Quand l'agriculture a soif d'investissements

Les entreprises haïtiennes sont recherchées au Latin American Caribbean Flavors (LAC Flavors 2011), à Boca Chica, pour la qualité biologique de leurs produits. Cependant, la production, freinée par un manque évident d'investissements dans le secteur agricole, empêche les entrepreneurs de se tourner vers de plus grands marchés.
Haïti: Fini le temps des vaches maigres, Haïti ne fait plus figure d'outsider. Les entreprises qui ont joué la carte du marketing ont eu pour leur argent. Les demandes ne manquaient pas pour l'agriculture biologique, pratiquée dans le pays. Le hic : un déficit certain relatif aux investissements dans le secteur agricole. Les entrepreneurs haïtiens, qui défilent de rendez-vous en rendez-vous au LAC Flavors 2011, sont unanimes à le reconnaître. Pas de banque de crédit agricole, pas de soutien de l'État face à des concurrents étrangers qui n'hésitent pas à pratiquer le dumping. L'agriculture haïtienne doit relever des défis majeurs pour se mesurer aux géants de la zone Amérique latine et Caraïbe.
Les entreprises haïtiennes, à la troisième édition du Latin American Caribbean Flavors (LAC Flavors 2011), à Boca Chica (République dominicaine), les 14 et 15 juillet, affichent une certaine inquiétude face aux acheteurs potentiels qu'elles risquent de ne pas pouvoir satisfaire en quantité suffisante. Les 10 entreprises de l'agroalimentaire, qui ont fait le déplacement, sont confrontés au même problème devant la demande sans cesse croissante de leurs partenaires, rien qu'au niveau régional.
La Fédération cacaoyère du Nord (Feccano) exporte du cacao fermenté (ndlr : très recherché pour ses propriétés à produire du bon chocolat) depuis 2003 vers les Pays-Bas, la France et le Canada. Mais la fédération n'arrive pas à satisfaire ses clients convenablement. « Devant une potentialité de 400 tonnes par an, nous n'arrivons à produire que 25 tonnes », a confié Guito Gilot, responsable de contrôle de qualité et gérant de la Feccano. Selon lui, les faiblesses des infrastructures sont un obstacle à surmonter, ainsi que les coûts élevés pour l'exportation. Gilot, qui revient d'une rencontre avec un entrepreneur de la Corée du Sud, voit d'intéressantes perspectives pour ses produits. Le cacao produit par la Feccano, dit-il, est certifié Fair Trade et Bio. Il est vendu sur le marché équitable.
Comme le cacao, la mangue haïtienne n'arrive pas à satisfaire la demande des clients dans le monde. La courbe de la demande dépasse de loin celle de l'offre, c'est-à-dire de la production. Carifresh exporte ce fruit vers les Etats-Unis et le Canada non sans difficulté. « Les coûts élevés d'exploitation face à des clients de plus en plus exigeants sont des défis de taille à relever pour avoir un avenir certain dans le secteur », a souligné la vice-présidente de Carifresh, Cassandra Reimers. Pour elle, la participation à la foire de rendez-vous d'affaires du LAC Flavors 2011 est une expérience enrichissante qui fera tache d'huile.
Optimiste et certaine de l'énorme potentialité que recèle Haïti, Nancy Fombrun, vice- présidente d'Agropak qui vend des giraumons, des mangues, des piments sur le marché américain, réclame des garanties et des protections par rapport à certains concurrents. « Nous aimerions avoir le climat favorable pour travailler, faire la promotion de l'agriculture haïtienne qui, certes, fait face à de nombreux problèmes », a souhaité Nancy Fombrun, qui apprécie l'opportunité offerte par le Centre de facilitation des investissements (CFI) et ses partenaires.
Chaque pays tente de vendre le meilleur de ses produits. Le marketing des Dominicains, des Costa ricains et l'agressivité des Colombiens étaient remarquables. La Colombie exporte vers 28 îles de la Caraïbe quelque 610 millions de dollars américains de produits de toutes sortes. Ses responsables, à l'instar d'Alberto Lora Aguancha, directeur de commerce à ProExport (l'équivalent dans ce pays du CFI), se sont montrés conquérants. Haïti (56 millions) est le troisième importateur de la Colombie dans la région, après la République dominicaine (195 millions) et Porto Rico (128 millions). Les stands rivalisent de beauté et d'attraction. Haïti exploite son espace au détriment d'autres délégations timides dans la représentation, comme le Honduras, le Belize, le Guatemala ou le Salvador...
Le LAC Flavors est un espace de rendez-vous d'affaires, créé en un seul lieu pour faciliter les échanges entres les entreprises de la région Méso-Amérique. Pour des raisons diverses, Haïti est pour la deuxième année consécutive l'invitée spéciale de cette foire. Dix entreprises d'Haïti y prennent part, les 14 et 15 juillet, à Boca Chica. La délégation, conduite par le directeur général du CFI, Guy Lamothe, est dominée par des exportateurs de mangues. LAC Flavors est patronnée par la Banque interaméricaine de développement.


Dieudonné Joachim
djoachim@lenouvelliste.com
Boca Chica

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=94909&PubDate=2011-07-14

Commentaire
Aberrations sur aberrations! Pourquoi les investisseurs haïtiens, s'ils ne trouvent pas d'investissement en Haïti parce qu'il n'y a pas de banques agricoles dignes de ce nom, parce qu'il n'y a pas encore un gouvernement capable ou désireux d'aider, ne s'adressent-ils pas à des investisseurs étrangers? Le marché est là, la demande ne se fait pas attendre, y a-t-il donc une autre raison? Sachez, au moins, chers amis, défendre vos intérêts! Ce n'est pas une mauvaise façon de commenter à travailler pour le pays, et c'est légitime. Cesser de vous confiner dans un coin alors que le monde avance à grands pas vers toute sorte d'innovations!

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