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mardi 26 juillet 2011

EDITO

Le peuple en renfort
Haïti: Depuis quelques semaines, chaque week-end, le président Michel Martelly chausse ses bottes de mille lieues, bat villes et bourgades, refait campagne. Sanglé dans ses jeans délavés, chic dans sa chemise rose fraîchement repassé, armée de sa gouaille et de ses petits pas de danse, Tet Kale charme entre promesses fortes et menaces soft.
L'enjeu n'est plus de remporter les élections. C'est fait, Martelly est président depuis le 14 mai 2011. Ce n'est pas non plus de charmer les esprits. Ceux qui sont acquis à sa cause sont fidèles et resteront attachés à leur investissement émotionnel des années. Le but que poursuit le président est de capter des appuis, s'armer en prévision de sa bataille contre le Parlement.
Car Martelly a décidé de se battre. De ne pas négocier en position de faiblesse avec les députés et sénateurs qui entravent sa route. Son boulevard vers l'exercice du pouvoir.
On a comme l'impression que le marathon de la semaine dernière avec le groupe des 16 sénateurs anti-Gousse, l'empressement de trouver une entente avant le lever du soleil, vendredi dernier, n'avait que pour but de permettre au président d'arriver à la réunion de la CIRH de vendredi avec un semblant d'accord. Une parade pour plaire à la communauté internationale. L'entente cordiale au bout de la nuit était une nouvelle à consommation instantanée.
Sinon comment comprendre que Gousse revienne avec autant de force dans la course, lui qui paraissait hors circuit. Sa sortie négociée comme une sortie de crise était donc une échappatoire. Un trompe-l'oeil.
En fait, Martelly semble préférer ne rien avoir s'il ne peut pas tout contrôler. Alors le temps qui passe ne lui coûte pas. L'excuse est déjà trouvée : s'il ne gouverne pas c'est la faute aux élus, aux hommes du Parlement.
Les parlementaires sont tout aussi obstinés dans leur entêtement à ne pas céder, obnubilés par leur droit de gouverner par ministres, directeurs généraux, délégués et autres chefs interposés. Nommés par leur soin, grâce à leurs gracieux appuis. S'ils ne peuvent pas tout avoir que personne n'ait plus qu'eux, semble être leur mot d'ordre.
La tournée présidentielle dans le Nord et le retour par la route ce lundi avec des arrêts meeting dans les principales villes de l'Artibonite augure d'une posture de bras de fer.
Les déclarations incendiaires de nombreux sénateurs du groupe des 16 dans les medias électroniques vont aussi dans le sens d'un gonfle bibit avan yon troke kòn.
Rien de bon pour le pays. Rien de bon pour les jours qui viennent. Tous les élus mettent leur mandat en jeu. Quelle façon originale de faire de la politique ! D'escarmouches en embuscades, savent-ils, nos élus, qu'un jour ils tireront trop fort sur la corde de notre patience?

Frantz Duval
duval@lenouvelliste.com

Commentaire
Comme quoi, il y a en Haiti des gens qui comprennent! Tout le monde n'assiste pas tranquillement à cette mascarade que certains prennent pour de la politique. Le problème, comment faire comprendre à ce peuple que c'est lui qui détient la source du pouvoir et qu'on a toujours des comptes à lui rendre? Il serait plus exigent et les politiciens moins manipulateurs et plus prudents.

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