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mercredi 6 juillet 2011

Les Moulins d'Haïti ou la renaissance d'un géant

Les Moulins d'Haïti ont investi 56 millions de dollars américains dans des travaux de reconstruction de leurs infrastructures effondrées en janvier 2010. Bâtiments, équipements, moulins et vies humaines ont été frappés par les secousses sismiques qui, dirait-on, ont su exciter l'esprit d'entreprise des actionnaires, qui ont tout refait de cette usine donnée aujourd'hui pour la plus moderne et la plus performante de la Caraïbe.
Haïti: Aux Moulins d'Haïti on frappe, on cloue, on soude, on traîne, on drille, on peigne... Les va-et-vient de techniciens haïtiens et étrangers ainsi que les les ronronnements des moteurs donnent la certitude que cette usine ravagée par le séisme du 12 janvier 2010 est sur le point d'être réparée. Remise à neuf Pourtant, même des mois après cette catastrophe qui a coûté la vie à 13 employés de cette entreprise, les circonstances n'ont pas permis aux habitants de Lafiteau de s'attendre à une reprise de ses activités. « Dieu seul sait si l'usine, notre principale source de revenus, va pouvoir fonctionner à plein rendement », s'inquiète Joëlle Léon, habitant au voisinage de Les Moulins d'Haïti (LMH).
Mme Léon tient un petit restaurant qui marchait à merveille à l'entrée de la seule minoterie du pays. Mais avec l'arrêt des activités, tout repart à la baisse en raison de la fragilité de la clientèle locale. « Ça ne marche presque plus. Nous sommes tombés dans le qui-vive », concède-t-elle.
Peu à peu, l'espoir revient à Lafiteau. Des techniciens, en majorité des étrangers du consortium Iberson/Butler, travaillent à la reconstruction du bâtiment, à l'installation des machines flambant neuves, achetées un peu partout sur le marché international, et à la réhabilitation du wharf sérieusement endommagé. « Dès octobre ou novembre, nous relancerons notre production », promet Christian Fucina, directeur général de LMH. Un bâtiment en métal de cinq étages remplace celui de sept étages construit en béton et qui hébergeait les multiples moulins et accessoires.
« Tout de suite après le tremblement de terre, les actionnaires des Moulins d'Haïti, ayant perdu la totalité de sa capacité de production, ont entrepris d'identifier et de calculer les pertes », explique M. Fucina. Ils ont conclu de doter le pays d'une usine moderne et performante. « C'est le plus grand et plus moderne moulin de la Caraïbe, et nous sommes parmi les plus performants de l'Amérique », déclare Christian Fucina, au faîte de la gloire.
56 millions de dollars ont été injectés dans ces travaux échelonnés sur quelque 12 mois. Pour relancer ses activités, l'usine achète des machines plus adaptées. C'est grâce à ce choix que les responsables ont pu réduire la taille du bâtiment neuf de deux des sept étages que comprenait l'ancien. « Le nouveau bâtiment est divinement adapté au fonctionnement de la nouvelle usine destinée à produire quotidiennement 1 200 tonnes de froment et 100 tonnes de farine de maïs », prévoit M. Fucina, qui se dit déjà prêt à affronter le marché de la farine de blé, malgré la contrebande.
La farine d'Haïti, moins chère après celle du Mexique
« Même avant le séisme, la farine d'Haïti, reconnue pour sa qualité, était donnée pour moins chère sur le marché latino-américain, après celle du Mexique, pays producteur de blé », se félicite Christian Fucina. Aujourd'hui, le directeur général de LMH mise déjà sur la capacité d'écoulement de sa production. « La vente n'a jamais été une préoccupation pour nous, puisque nous avons l'habitude du marché, en y imposant la qualité et le prix », se félicite-t-il.
M. Fucina, qui se concentre déjà sur l'exportation, regrette qu'il n'existe sur le marché local que de la farine importée, ce qui ne garantit aucune qualité. « Le contrôle de la qualité ne peut être totalement assuré lorsqu'il existe une infinité de marques du produit qui arrive sur le marché », s'inquiète-t-il, reconnaissant que le stock de sa compagnie n'était pas arrivé à alimenter le marché pour beaucoup de temps après le tremblement de terre.
« Pour garder une partie de sa clientèle servie et maintenir le prix, LMH a entrepris d'importer de la farine dont la qualité a été éprouvée », selon son directeur général. Les 10% de sa production se sont vus importés et Dieu merci, dit-il, qu'il n'y avait pas de pénurie, que le marché s'est vite relevé et que le prix s'est relativement maintenu.
Avec l'amélioration de la capacité de production de LMH, les Haïtiens peuvent se voir offrir le froment à un coût encore plus intéressant. « Nous travaillons pour baisser nos prix et non pour les élever, soutient Christian Fucina. Plus nous sommes performants, plus nous pourrons offrir de meilleurs prix. »
Le niveau de la contrebande n'inquiète plus le directeur de LMH, pour qui l'intégration du code ISPS dans les ports haïtiens a eu des effets non négligeables.
Des séparateurs-épureurs-trieurs combinés, des transporteurs à chaîne, des moulins, des appareils à cylindres, des tamis, des carrousels... attendent d'être connectés aux six mégawatts qui alimentent cette usine dont la nouvelle inauguration est attendue pour le 15 décembre, date à laquelle les opérations ont été lancées sur le label de Les Moulins d'Haïti, connu avant sous le nom de Minoterie d'Haïti.

Lima Soirélus
lsoirelus@lenouvelliste.com

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=94565&PubDate=2011-07-05

Commentaire
Au milieu de l'immense cimetière de Port-au-Prince, c'est une oasis. Si plusieurs investisseurs pouvaient suivre le même exemple et aider la population à reprendre espoir, ce ne serait pas une mauvaise chose. Ce serait le contraire! Plus d'un investisseur guettent légitimement le marché haïtien mais très peu l'étudient , identifient ses besoins, ses problèmes, ses avantages et procèdent en conséquence. Ce n'est malgré tout pas le pire des scénarios pour eux. La preuve c'est le travail immense réalisé dans ce contexte par la compagnie belge de téléphone cellulaire Digicel. Conscient des bénéfices obtenus sur le marché jusqu'à ce jour, de ses potentiels, de la justice de retourner une partie de ses gains aux consommateurs, a pris sous sa responsabilité la reconstruction de l'immense marché en fer, de Port-au-Prince. Le marché appelé aussi marché Florvil Hippolyte, construit en 1889 par le président du même nom, a desservi plusieurs générations. En 2008, un incendie-criminel selon certain-l'a considérablement endommagé. Le tremblement de terre de 2010 en a sonné le glas. Mais le cauchemar est terminé. Ce n'est pas l'aspect d'un marché rénové, mais celui d'un local flambant neuf que nous offre l'immense construction métallique qui se dresse sur le boulevard Jean Jacques Dessalines, à Port-au-Prince. Le coût? Douze millions de dollars sortis des poches de Denis et Catherine O'Brien. Ce dernier est le propriétaire du groupe Digicel. On peut dire que dans le processus de reconstruction, c'est le premier grand projet qui a été réalisé. Pas moins de 900 commerçants pourront faire usage de ce site afin de gagner leur vie et la subsistance de leur famille. La minoterie d'Haiti semble se diriger sur la même voie. Cela aussi est à encourager.

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