Nombre total de pages vues

vendredi 1 juillet 2011

Les dessous des relations entre Haïti et les États-Unis selon Wikileaks

mercredi 29 juin 2011
P-au-P, 28 juin 2011 [AlterPresse] --- Des révélations se multiplient depuis plusieurs semaines sur les relations entre les États-Unis et Haiti avec la publication par l’hebdomadaire Haiti-Liberté des câbles diplomatiques américains interceptés par Wikileaks.
Les câbles révèlent que le gouvernement des Etats-Unis joue un rôle de premier plan dans la politique haïtienne, dirigeant le pays indépendant depuis plus de 200 ans à coup de manipulations et de pressions.
La dernière parution en date révèle que la police s’est transformée (en 2004) en « milice privée de la bourgeoisie haïtienne ». Le journal affirme en se basant sur des câbles diplomatiques américains que plusieurs propriétaires ont donné des armes et des munitions à la police. Il mentionne le nom d’un industriel et homme d’affaires, qui a « distribué des armes à la police et encouragé d’autres à faire de même afin d’occulter ses propres actions ».
Le document contient les propos de l’ex-ambassadeur américain en Haïti, James Foley, et renvoie à la période suivant le départ d’Aristide en 2004. La source de Foley, n’est autre qu’un membre de l’une des familles les plus riches du pays, qui parle de l’existence d’une mafia incluant entre autres des entrepreneurs, des anciens militaires et des avocats, impliquée dans les meurtres, la drogue et les enlèvements.
A l’époque, les quartiers de Cité Soleil et de Bel Air, favorables à l’ancien président Jean Bertrand Aristide, préoccupent grandement les propriétaires. Inquiets de voir la situation leur échapper, les Etats-Unis font pression sur la MINUSTAH pour qu’elle prenne les choses en main. En 2005, la mission intervient brutalement à Cité Soleil, tuant entre autres des femmes et des enfants, selon le journal.
Epopée d’une domination impitoyable
Le journal Haïti-Liberté dispose de près de deux mille câbles, et entend publier des articles relatifs à leur contenu chaque semaine pendant les 6 prochains mois, indique Yves Pierre Louis, représentant du journal en Haïti.
« Il s’agit de rétablir la vérité sur certains pays qu’on dit ‘’amis d’Haïti’’. Mais pour l’instant nous disposons uniquement des câbles des Etats-Unis… nous allons continuer à les traiter et montrer son rôle véritable dans la politique en Haïti », explique Pierre Louis, « pour que le peuple haïtien comprenne qu’ils n’agissent pas dans son intérêt mais dans celui de leur puissance ».
Selon le journal du 1er juin, citant les câbles de Wikileaks, Washington s’est opposé à l’accord Petrocaribe entre Haïti et le Venezuela. Cet accord permet au pays d’acheter du pétrole vénézuélien à un prix préférentiel et remboursable…
L’idée d’un tel accord est d’abord apparue sous le gouvernement de transition (2004-2006). Mais l’ambassade américaine a vite fait de taper sur les doigts du ministre des finances de l’époque, Henri Bazin, pour qu’il repousse l’offre.
Selon Haïti-Liberté, l’entêtement de René Préval à faire aboutir le processus et son « accommodement » avec Chavez, auront miné ses relations avec le grand voisin d’Haïti. Mécontents, les Etats-Unis ont réagi en ruinant les chances de son dauphin, Jude Célestin à lui succéder au pouvoir.
« Washington est agressivement intervenu, écartant du scrutin de ballotage Jude Célestin, le candidat du parti de Préval, Inite (Unité), pour le remplacer par Martelly, un chanteur de konpa néoduvaliériste qui soutint haut et fort les coups d’État de 1991 et 2004 contre l’ancien président Jean-Bertrand Aristide », souligne l’hebdomadaire.
Les Etats Unis, ainsi que la classe bourgeoise ont également influencé le vote du salaire minimum de 200 gourdes. Les propriétaires d’usines ont à plusieurs reprises rencontré le président Préval et fait pression sur les parlementaires.
Les tractations sur le salaire minimum, qui ont aussi poussé le premier ministre de l’époque, Michel Duvivier Pierre Louis, à se retirer, ont été habilement conduites par les américains, selon ce qui ressort des câbles. En outre, les Etats-Unis ont instauré un étroite « surveillance » des manifestations.
« L’ambassade des États-Unis… s’est ouvertement inquiétée de l’impact politique de la bataille pour le salaire minimum. Les troupes de l’ONU ont été appelées pour réprimer les manifestations étudiantes », souligne Haïti-Liberté.
La hantise d’un peuple peu « civilisé » ?
Les câbles mettent en lumière une image très négative que Washington possède de la République caribéenne et de son peuple. Après le séisme, les Etats-Unis se sont montrés très préoccupés par les risques de violences et de pillages, des scènes qui ne se sont jamais produites, rappelle le journal.
Cependant plus de 22 mille soldats américains ont débarqué dans le pays. L’image d’un hélicoptère des forces américaines atterrissant sur la pelouse du palais national en ruine a fait le tour du monde. Selon Haïti-Liberté, les troupes ont commencé à arriver autour du 14 janvier 2010, alors que le président de la République d’alors, René Préval, ne les avait pas sollicitées.
Pour le peuple haïtien et même ses dirigeants, après la catastrophe, la sécurité n’était pas une priorité. Washington et le secteur des affaires en Haïti voyaient pour leur part les choses différemment, dévoilent les câbles. Résultats : militarisation de l’aide, occupation de l’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti(HUEH).
Haïti-Liberté, rapportant les propos d’un anthropologue ayant travaillé pour l’Agence internationale d’aide des États-Unis (USAID), Timothy Schawtz, écrit :
« C’est : ‘Probablement la peur qui pousse les soldats à établir leur camp avec tout ce matériel militaire derrière une clôture de dix pieds. Ce doit être la peur qui les motive à se promener dans la chaleur étouffante avec près de 8 livres de matériel sur eux, mitraillettes à l’épaule’ ».
Par ailleurs, l’ambassade des Etats-Unis a eu vent d’un ordre verbal donné aux policiers haïtiens d’exécuter sur le champ les évadés du Pénitencier national qu’ils auront attrapés. Les câbles n’indiquent pas si les américains ont tenté d’empêcher ces violations de droits humains, souligne Haïti-Liberté.[kft gp apr 29/06/2011 07 :00]

http://www.ambafrance-ht.org/spip.php?article309

Commentaire
Cette nouvelle n'ayant pas été démentie, il ne nous reste qu'à la publier. Puisqu'apparemment rien de ce qui est affirmé ici n'est faux, crions:Vive l’indépendance! Vive la démocratie! Vive la souveraineté du peuple haïtien! Pourvu qu'on ne nous confonde pas avec la dynastie des magouilleurs qui récite ces mêmes leçons depuis 200 ans, à chaque fois que leurs intérêts personnels sont menacés.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire