5 août 2010 16h45 | Par Alexandra Tauziac
Selon le Daily News, Ce jeudi, l'ancien chanteur des Fugees Wyclef Jean, doit officialiser lors de l'émission Larry King Live, sa candidature aux présidentielles en Haïti, qui auront lieu le 28 novembre. Cela fait des semaines que la rumeur court sur Internet, braquant à nouveau les projecteurs sur le pays. Mais la communauté haïtienne de Bordeaux est loin de s'enthousiasmer pour la nouvelle. Une situation finalement assez représentative du sentiment en Haïti.
Karl Yvens Belmont, président de Lakay, une association à travers laquelle les haïtiens de Bordeaux se mobilisent pour venir en aide au pays, estime pour sa part que "c'est une très mauvaise idée". Selon lui, Wyclef Jean mène "des actions très positives pour Haïti depuis des années, notamment via son ONG Yélé Haïti, et il devrait continuer à s'investir de cette manière plutôt que de se perdre de la sorte".
"Une sorte de messie"
Un sentiment partagé par le consul général honoraire d'Haïti à Bordeaux et président de l'association Amitié France-Haïti, Guillaume Hyppolyte. Ce dernier se permet même de juger l'annonce "ridicule", espérant que "ses chances de passer soient faibles". Reste que, fataliste, il estime qu'Haïti n'en est plus à une invraisemblance près et que l'élection de Wyclef Jean n'est pas chose impossible.
Karl Yvens Belmont est du même avis mais pense que ses chances résident plus dans le fait qu'une partie de la population le voit comme "une sorte de messie". Après toutes les difficultés subies par le pays, il ne souhaite pourtant pas que le peuple haïtien se retrouve "dans la même situation qu'avec Aristide, à attendre un messie qui ne tient pas ses promesses".
De l'avis des deux hommes, il existe des personnes bien plus compétentes pour prendre la tête d'un pays dans une situation aussi critique. Si Wyclef Jean souhaitait s'engager politiquement, "il était plus judicieux de soutenir un candidat proche de ses convictions. Ça aurait donné le même coup de projecteur sur le pays".
Une élection "people"
Le même coup de projecteur ? Pas exactement. Car si la candidature de l'ancien Fugees fait effectivement couler de l'encre depuis plusieurs semaines, c'est un peu au détriment des programmes des candidats. Et pourtant, Haïti n'est pas seulement le théâtre d'une élection présidentielle "people", mais un pays dévasté par le tremblement de terre du 12 janvier dernier.
Pour le président de l'association Lakay, cette candidature n'est que le point d'orgue d'un "début de campagne présidentielle très décevant", où l'info "people" fait oublier aux gens que "la politique est quelque chose de sérieux et que le peuple haïtien vit sur le fil du rasoir chaque jour". S'il "apprécie Wyclef Jean, l'homme et l'artiste, il préfèrerait qu'il continue à faire son métier d'artiste, qu'il fait très bien".
De son avis, trois candidats ont nettement plus l'étoffe d'un président et les compétences pour aider le pays à se relever : Charles-Henri Baker, un industriel ; l'ancien Premier ministre destitué Jacques-Edouard Alexis, soutenu par le parti du président René Préval, Unité ; et Mirlande Manigat, ancienne Sénatrice et Première dame, membre de la Plateforme des Patriotes Haïtiens (PLAPH).
http://www.caraibesfm.com/index.php?id=6704
Commentaire:
Ces personnes semblent mieux imbues de ce qui se passe en Haïti et des vrais enjeux pour l'avenir que beaucoup de ces politiciens mal informés et mal formés qui pullulent dans le pays. Dites-moi, quel pays dont les politiciens sont mûrs et sérieux renferment plus d’une centaine de partis politiques et mouvement avec vocation de gouverner ?
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