Le chef de l’Etat, qui se dit "neutre" dans la course électorale, a pris l’initiative de rencontrer pour la première fois l’ex-Président Leslie Manigat et son épouse Mirlande Manigat, candidate à la présidence, "officiellement" en vue de présenter la situation du pays avant les élections
samedi 28 août 2010,
Radio Kiskeya
Le Président René Préval a eu vendredi soir des discussions sur la situation du pays et le processus électoral avec la candidate à la présidence du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (RDNP), Mirlande Hyppolite Manigat, et son époux, l’ancien Président Leslie Manigat (fév-juin 1988), lors d’une visite en leur résidence.
Les problèmes liés aux prochaines élections et les grands dossiers de l’Etat étaient au menu de cette réunion à trois longue de trois heures, a fait savoir Madame Manigat à Radio Kiskeya dans ses considérations sur cette initiative du Président qui visait à exposer l’Etat de la nation à celle qui fait partie de ses successeurs potentiels.
Elle précise que face à sa décision de décliner une invitation à aller au Palais National (siège de la Présidence), le chef de l’Etat a utilisé les bons offices d’un "ami commun" pour se rendre chez elle en Plaine (nord de Port-au-Prince).
"Il s’agissait d’une rencontre politique, très cordiale, chaleureuse à un certain moment, sérieuse, avec des discussions franches qui se sont déroulées dans le respect mutuel", s’est bornée à dire la secrétaire générale du RDNP qui a refusé de réveler dans les détails le contenu de la conversation.
Mettant l’accent sur le fait que pour son premier tête-à-tête avec le professeur Leslie Manigat, son prédécesseur et rival direct aux présidentielles de 2006, M. Préval était visiblement "content", Mirlande Manigat note que le dialogue s’est situé à un "certain niveau" où chacun a pu soutenir son point de vue.
La dirigeante démocrate-chrétienne souligne avoir fait part au chef de l’Etat de ses critiques, déjà exprimées publiquement, sur la dépendance présumée du Conseil électoral provisoire vis-à-vis du pouvoir et sa décision de valider, en violation de la constitution, la candidature d’anciens hauts responsables de l’Etat n’ayant pas reçu décharge de leur gestion.
René Préval a quant à lui revendiqué la neutralité de l’Exécutif dans le processus électoral, se défendant notamment d’avoir été à l’origine du communiqué #16 du CEP qui a consacré la mise en veilleuse de l’article 233 de la loi mère relative à la décharge.
La professeure Manigat croit que sa rencontre avec le chef de l’Exécutif n’avait pas les "mêmes objectifs" que celle que René Préval avait eue, il y a une semaine, avec Wyclef Jean tout juste avant l’exclusion de ce dernier de la course électorale pour déficit de résidence.
Passé depuis à l’opposition, le célèbre musicien de hip-hop a, dans une chanson polémique mise en circulation, contre-attaqué en dénonçant "l’hypocrisie" de Préval qui aurait dicté sa mise à l’écart à des conseillers électoraux soumis bons pour être "emprisonnés".
Par ailleurs, le leader du RDNP n’était pas en mesure de confirmer l’intention de son interlocuteur -chef suprême de la plateforme INITE- de s’entretenir de la situation post-séisme du pays avec les autres candidats à la présidence.
En visite à Port-au-Prince, le Secrétaire général de l’OEA, José Miguel Insulza, avait confié vendredi que le chef de l’Etat prévoyait de faire le point sur l’état d’avancement du processus de reconstruction avec les 19 personnalités en lice pour les élections du 28 novembre sur lesquelles continuent de planer plusieurs inconnues.
Constitutionnaliste, vice-rectrice de l’université privée Quisqueya et ancienne Sénatrice en 1988, Mirlande Manigat s’était retirée des sénatoriales de 2006 à la suite de la défaite aux présidentielles de son mari que celui-ci avait vivement contestée tout en réclamant son droit à un "second tour pédagogique" contre Préval alors déclaré vainqueur au premier tour sans avoir franchi la barre de 50% des voix. spp/Radio Kiskeya
http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article6987
Commentaire
Voila René Préval qui essaie tant bien que mal de faire de la politique! C'est l'un des rares signes positifs de son gouvernement. Que ce geste s'inscrive dans un ensemble de consultations nécessaires pour donner aux différents membres de l'opposition cette responsabilité de prendre part, ne serait-ce qu'indirectement a cette reconstruction qui doit être d'abord, de mentalité, d'attitude. La construction des infrastructures n'est qu'une conséquence. Autrement, c'est un inutile gaspillage d'énergie. D'ailleurs, on ne peut pas se le cacher, qu'on le veuille ou non, Leslie Manigat est le plus brillant politologue haïtien de l'heure.
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