A l'occasion des 150 ans de la fondation des Archives nationales d'Haïti, les responsables ambitionnent de moderniser cette institution et d'en faire un véritable lieu culturel de stockage des mémoires de la République et de la nation. Un ensemble d'activités socioculturelles et l'élaboration d'un ensemble de projets doivent marquer ce tri-cinquantenaire de l'institution culturelle, la plus ancienne du pays.
Haïti: De nombreux projets visant à faire des Archives nationales une véritable institution culturelle, un lieu de stockage des mémoires de la République et de la nation ont été annoncés par son directeur général, Wilfrid Bertrand. Au nombre de ces projets figure la construction de la cité des Archives, à Bon-Repos, sur une surface s'étendant sur 6 hectares. Ce vaste complexe culturel et administratif, dont la maquette remontant à 1997 a été présentée par le conférencier, comprendra les archives historiques, un musée, des salles de spectacle (théâtre, musique). Cette cité se veut, selon Wilfrid Bertrand, « un espace culturel s'inscrivant dans un entrepreneuriat culturel ». Le budget de construction de ce complexe pourra être de l'ordre de 38 millions de dollars. La réalisation de ce projet fera l'objet d'un concours d'architecture et le montage financier visant à déterminer les bailleurs de fonds. En partenariat avec le rectorat de l'Université d'État d'Haïti et l'Université Toulouse-Le-Mirail, la direction générale des Archives nationales projette également de mettre en place un programme de formation en archivistique.
Ces projets ont été annoncés ce vendredi 20 août qui ramène le tri-cinquantenaire de la fondation, sous le gouvernement de Fabre Nicolas Geffrard, des Archives nationales d'Haïti. Dans le cadre de cette commémoration, une conférence de presse a été donnée le jeudi 19 août, au centre de presse du ministère de la Culture et de la Communication avec pour intervenants : le directeur général de l'institution, Wilfrid Bertrand ; l'historien Pierre Buteau ; l'inspecteur général des Archives, Jean Kern Bélizaire ; le directeur exécutif de la Commission présidentielle des commémorations, Henry Robert Jolibois et la directrice exécutive d'Ideo (institution chargée des activités commémoratives du tri-cinquantenaire), Yanick Louis.
Pour un modèle de service public
Conscient des difficultés pour les contribuables d'obtenir un extrait d'archives et de l'existence d'un vaste réseau de faussaires, le directeur général Wilfrid Bertrand a renouvelé son engagement à moderniser et à rénover les Archives nationales, en améliorant la qualité du service tant au profit du public qu'à celui des chercheurs et étudiants. Il compte introduire une « approche archivistique intégrée, dont le rôle est de « suivre le fonctionnement et l'évolution des archives des institutions publiques ». Le projet de
mise en place d'un système national d'archives et de création des archives départementales est à l'étude, a souligné le directeur général. Il a également annoncé l'élaboration d'un avant-projet de loi qui sera soumis à la prochaine législature pour approbation.
Pour sa part, l'inspecteur général des Archives nationales, Jean Kern Bélizaire, a annoncé la mise en oeuvre d'un Programme de gestion des documents administratifs (PGDA) dans les institutions publiques. Ce projet intervient suite aux pertes et dommages enregistrés dans les archives des instances étatiques lors du séisme dévastateur du 12 janvier. Un inventaire de ces fonds documentaires sera bientôt réalisé, a indiqué Jean Kern Bélizaire. Continuer >
La direction générale des Archives nationales se donne pour objectif d'en faire un « modèle de service public ». Ainsi, dans le cadre de l'amélioration du service de livraison des extraits d'archives, le directeur général dit travailler à la mise en place durant les prochaines années d'un projet de livraison à la minute des extraits d'archives. Ce, grâce à la numérisation de leurs bases de données manuscrites. Fruit du projet de modernisation des Archives, un site Internet vient d'être créé, disposant d'un ensemble d'informations sur les services de l'institution et son histoire.
Les archives, une grande contribution à l'assiette fiscale
Les Archives nationales sont l'une des institutions du pays qui contribuent à l'augmentation des recettes fiscales. Selon Wilfrid Bertrand, les contributions de l'institution servent, entre autres, au paiement des salaires de son personnel et à la réalisation des projets de modernisation de l'institution et d'amélioration de ses services.
Les activités commémoratives
Retardées par le séisme du 12 janvier, les activités commémoratives du tri-cinquantenaire des Archives nationales d'Haïti, qui devaient débuter au début de l'année, seront organisées durant tout le reste de l'année 2010 et s'étendront jusqu'en janvier 2011, a souligné Yanick Louis. Une série de conférences-débats sur l'enseignement de l'histoire et ses rapports avec les archives seront réalisées. Au nombre de ces activités, on retrouve la réalisation par la Banque de la République d'Haïti d'une médaille commémorative et l'émission d'un timbre postal. Ce vendredi, une messe d'action de grâces sera célébrée en l'église Notre-Dame du Perpétuel Secours (à Delmas 75), laquelle messe sera suivie dans l'après-midi d'une cérémonie officielle célébrée au complexe Excelsior.
Fondées en 1860 sous le gouvernement de Geffrard, les Archives nationales d'Haïti - institution autonome placée sous la tutelle du ministère de la Culture - sont l'institution culturelle la plus ancienne. Son premier directeur, Jean Joseph, un spécialiste du droit d'alors, a imprimé au fonctionnement de cette institution toute sa vision qui s'articulait autour du respect des fonds documentaires, du principe du tri, de l'identification de l'origine des fonds, de la description des dépôts, de la mise en application des normes de sauvegarde et l'exigence des meilleures conditions de travail des archivistes. Pour Wilfrid Bertrand, la fondation des Archives nationales a fait d'Haïti à l'époque un pays d'avant-garde, en ce qu'il était l'un des États à se doter d'une structure de sauvegarde des mémoires de l'administration publique.
En tant que stockage du patrimoine culturel, historique et identitaire, les archives entretiennent de grands rapports avec l'histoire, selon l'historien Pierre Buteau. « Les archives jouent un rôle important - mais non indispensable - dans le travail de recherche de l'historien, reconnaît M. Buteau. Les archives permettent de comprendre « l'évolution de nos sociétés, fournissant ainsi un appui indiscutable à la démocratisation de nos structures ». Elles servent de preuve dans les procès et les questions identitaires, a ajouté l'historien.
Chenald Augustin
kabbaledessonges@yahoo.fr
Commentaire
Le fait qu'un pays n'ait pas des archives correctement organisées comme c'est le cas en Haïti est une preuve de la rébellion de cette nation-indépendamment des responsables-à entrer dans l'ère moderne. Car est-ce un secret pour ceux qui veulent voir qu'en Haïti le mot "document" est presqu'une obscénité? Combien de personnes ont une carte d'identité, une licence pour conduire une voiture, combien rédigent un contrat pour le loyer d'une maison? Nous n'avons pas parlé de ceux qui sont nés et mourront sans avoir jamais eu un acte de naissance.
Quelqu’un a placé un numéro à l’entrée de sa propriété pour identifier sa maison ? Disons 25 entre 130 et 134 ? Demandez-lui pourquoi il l’a fait, à quoi correspond 25, entre 130 et 134, il vous répondra tout naturellement qu’il est le propriétaire de sa maison donc qu’il a le droit d’y faire ce qu’il veut. Voilà la conscience sociale d’un peuple. Et cela n’est pas une invention. Ainsi aurions-nous un signe indiscutable de la volonté à entrer dans le XXIe siècle de la nation si ce qui est prevu ici se fait. Souhaitons-le de tout coeur pour le bien du pays!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire