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vendredi 13 août 2010

Bonne nouvelle pour le crédit, la construction et le logement

EDITO

Haïti: Dans une note circulaire datée du 30 juillet et rendue publique cette semaine, la Banque de la République d'Haïti a annoncé de nouvelles dispositions pour favoriser le crédit dans le secteur du logement sur les prêts en gourdes. Nous publions ci-après cette note dans son intégralité tant elle nous paraît importante.
Cette note, signée du Gouverneur Charles Castel, est la première étape concrète de ce qui pourrait être un plan d'incitation à la reconstruction, une incitation à l'investissement, un moteur formidable pour créer des emplois.
La note suscite cependant des interrogations majeures : pourquoi une telle mesure se prend dans un tel silence ?
Trop sérieux pour intéresser la grande foule ? Sans doute. Ils ne sont que quelques milliers à bénéficier de prêts du secteur bancaire formel pour construire ou acheter une maison.
Les banques vont-elles agressivement se mettre à rechercher des clients ou tout faire pour éviter qu'un trop grand nombre de demandeurs ne bénéficie des avantages de la mesure ? Pourquoi crouler sous les dossiers que risque d'entraîner la baisse des taux comme l'induit la décision de la BRH ?
Le pays n'est-il pas prêt pour une ruée vers le crédit ? Pas sûr. Mais à qui revient-il de le décider. Personne ne sait...
En fait, les liquidités dans le système bancaire abondent, les réserves de la Banque centrale n'ont jamais été aussi importantes - bientôt un milliard de dollars - et le pays plus demandeur de fonds frais que jamais.
Pour les banques commerciales on peut, sans crainte d'être démenti, parler de secteur le plus indolent qui soit. Assises sur une rente de situation, les banques commerciales ne se foulent pas la rate pour trouver des clients, relancer le marché et faire bouger l'économie.
« C'est au nom de la prudence », « L'argent qui est dans nos coffres appartient à nos déposants », « Ce n'est pas notre rôle de faire ou de promouvoir le développement en Haïti ». Ces trois formules sont comme un mantra. La prière quotidienne de tout banquier haïtien contient ces versets sacrés. Continuer >





Oui, il faut être prudent. Mais à quoi cela sert d'être une banque en Haïti si c'est pour garder simplement l'argent des clients et le placer à l'étranger à des taux dérisoires quand on a un pays en ruines, demandeur d'investissements dans tous les secteurs.
Si nous avons réussi avec les gouvernements Lavalas d'Aristide et de Préval à nous doter d'un système bancaire commercial solide et qui a su résister à toutes les crises nationales et internationales, nous devons nous en féliciter et dire bravo aux pionniers qui ont su passer à travers les épreuves. Mais il convient aussi de leur dire, ici comme ailleurs, que le temps est venu de passer à un autre type de banque, à une autre philosophie bancaire. Ils doivent refonder le secteur pour continuer à prospérer et en le faisant avec des clients qui alimentent la croissance, pas la misère ambiante.
Sur ce chemin, il faut que la Banque centrale soit plus active. S'impose comme principal indicateur de la voie que nous voulons que notre économie emprunte. Il faut un régulateur qui soit aussi un guide. Il faut que le ministère de l'Economie et des Finances sorte de son rôle de simple guichetier encaisseur-payeur de l'Etat haïtien.
Dans tous les pays du monde, la décision rendue publique par la BRH aurait été l'objet d'une mise en scène et d'un plan de communication extraordinaire. Ici, rien. C'est dommage, mais pas trop tard.
Il n'est pas trop tard non plus pour que les autres mesures d'accompagnement soient mises en place pour que les leviers que sont la construction, le bâtiment, le logement, l'immobilier jouent leur rôle à plein. Il y a des lois sur les hypothèques à dépoussiérer, la loi sur la copropriété à simplifier, celles sur les lotissements, sur l'impôt locatif à revoir, etc., etc. il faudrait enlever toutes les barrières qui découragent l'investissement dans l'immobilier pour les locaux, mais aussi pour les résidents de la diaspora.
Nous sommes sur la bonne voie ; ne nous arrêtons pas en si bon chemin. Pour une fois, une série d'initiatives, sans démagogie - en l'absence des Chambres - peuvent être prises pour dynamiser un pôle créateur d'emplois et de richesse pour tous.
Allons-y, Monsieur le président, messieurs les ministres, chers banquiers !
Le peuple des sans abri attend, les investisseurs attendent !


http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=82415&PubDate=2010-08-12

Commentaire

C'est un fait connu en Haïti que la possibilité de prêt a toujours été un secret partagé entre les membres d'une classe sociale déterminée, les nantis, qui ont presque - je dis bien presque - tous profité au maximum des coffres de l'état sans que le reste de la population bénéficie des mêmes avantages. C'était une façon de s'assurer que l'égalité ne viendrait pas frapper à leurs portes et troubler leur privilège arrogant face à la majorité des habitants et contribuables d'un pays pauvre.

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