lundi 2 août 2010
Débat
par Leslie Péan (2 août 2010)
Lors de la rencontre des patriotes et démocrates haïtiens de Santo Domingo le 29 août 2009, j’ai eu à dire :
« Les candidats à la présidence d’Haïti, pour la prochaine présidentielle de novembre 2010, devraient apprendre de l’expérience des nationalistes haïtiens de 1930, qui se mirent ensemble pour former un cartel électoral qui put vaincre le président Louis Borno et conduire à la désoccupation d’Haïti en 1934. C’est la voie à prendre, tout en évitant de se jeter dans les bras d’un quelconque nouveau Sténio Vincent, qui fut la cheville ouvrière du courant qui aboutira au duvaliérisme sanguinaire, totalitaire et mystificateur. La désoccupation d’Haïti des forces militaires étrangères deviendrait alors la ligne de partage entre patriotes et collabos ».
La conjoncture actuelle, à quatre mois de cette échéance électorale, ne nous fait pas changer d’avis.
Les patriotes et démocrates peuvent encore battre le parti INITE et son candidat aux prochaines élections.
C’est pour avoir pris conscience de cette mouvance que le président René Préval, se voyant privé d’une porte d’entrée sûre, veut passer, sans drame, ni état d’âme, par la fenêtre. C’est pour avoir pris conscience de sa déconfiture qu’il s’appuie sur le Conseil électoral provisoire (Cep) pour offrir un calendrier électoral au dosage médiocre, mettant la charrue avant les bœufs et demandant aux candidats de se présenter, avant que les électeurs ne soient recensés et que la machine électorale ne soit mise au point.
Mais qu’on se rassure. Le Cep constitue une impasse et est inacceptable.
Si le président Préval refuse de le changer, alors il risque de partir, de gré ou de force, avec lui.
Aussi l’opposition doit-elle concentrer ses énergies sur les manifestations de rue et sur la mobilisation populaire pour faire entendre les voix des profondeurs.
Les provocations des agents du gouvernement, qui veulent désespérément infiltrer les manifestations, ne pourront pas arrêter la roue de l’histoire.
Cette roue va tourner encore plus vite au fil des prochains jours. Les candidats, qui apparaissent a contrario du mouvement de protestation, demandant le départ de l’actuel gouvernement, sont aussi du même combat qui appelle au changement.
Ils sont dans le flou, c’est vrai, mais ils veulent faire entendre la même musique sur un autre rythme. Ce sont des passagers qui sauteront dans le train en marche, un train parti de très loin, soit de l’époque coloniale, et dont la destination est connue des partisans de la liberté.
D’agréables déceptions
L’orchestre du renouveau est prêt.
Il y a de la méringue, du compas, du rap, de la musique rasin, mais aussi du hip hop et de la pop. Il y a de bons musiciens au piano, à la flûte, au trombone, à la contrebasse.
Les amateurs de bonne musique anticipent leur plaisir à l’écoute des cuivres, du tambour et d’un ténor, pour, ensemble, produire un happy day pour Haïti. Sans oublier les guitares et les amplis de bonne qualité, qui vont électrifier, sinon électriser un public qui attend le changement.
Tous les arrangements sont possibles et il y a des orfèvres qui y travaillent. Le travail d’harmonisation des programmes, plans et projets des différents candidats, reste à faire dans le cadre de l’organisation d’états généraux de l’opposition dans un avenir proche.
À ce stade, il ne faut pas trop prêter attention aux effets de choristes un peu désuets, ni aux dérives « hollywoodiennes ». Ils décevront agréablement en se joignant à l’ensemble du cartel électoral le plus abouti, que ce pays doit produire pour éviter la catastrophe. À l’instar du cartel des nationalistes des Léon Nau, David Jeannot, Fouchard Martineau, Sténio Vincent, Seymour Pradel, Jean Price-Mars, Justin Latortue, etc., qui, en 1930, assura la victoire du camp patriotique contre l’occupation américaine.
...
http://www.alterpresse.org/spip.php?article9778
Commentaire
Texte extrêmement intéressant de Leslie Péan dont nous vous offrons un fragment. Il peut être lu intégralement grâce au lien qui vous est indiqué plus haut. Ce que nous en pensons ?
Un document qui renforce l’idée que cet intellectuel haïtien déteste l’improvisation. Il ente dans l’histoire du pays comme on entre chez des connaissances pour y puiser l’inspiration nécessaire à ses chevauchées dans la politique haïtienne d’aujourd’hui si le mot politique n’est pas un excès. La médiocrité de ceux qui nous gouvernent - pardon qui nous font reculer dans l’histoire - l’indigne. C’est pour à la fois traduire cette indignation et nous inviter à nous révolter contre l’immobilisme qu’il nous parle ici.
Cependant, depuis quelques temps, les gens qui sont affamés et attirés par les discours bien formulés de ce genre ont en fait tourner le dos à l'action politique efficace.
RépondreSupprimerPuisque nous avons choisi le fameux suffrage universel pour elire nos dirigeants, l'élite intellectuelle devrait, à defaut de discours pompeux, bourré de citattions savantes que l'on lit pour parfaire notre culture générale, revenir vers le basique pour formuler un "mode d'emploi" à ce suffrage qui nous a valu la présence de pseudo énergumènes dans la gestion des affaires de notre pays.
Je crains de me voir obliger de répéter que l'auteur à bien parlé mais il n'a rien dit en substance car nous sommes sur le point de nous voir entrain de choisir entre le HIP HOP ET LE KOMPA lors de nos prochaines élections. Un peu plus d'action dans l'engagement