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samedi 4 décembre 2010

Entre la raison et le droit, Mirlande Manigat choisit la raison

Contrairement à son redoutable adversaire électoral, Jude Célestin, Mirlande Manigat a exhorté la justice à ne pas appliquer l'article 122-2 de la loi électorale contre les candidats à la présidence qui ont gagné les rues le jour du vote. « Si on mettrait cet article en application, sur le plan juridique ce serait correct, mais sur le plan politique ce serait désastreux pour le pays », a-t-elle declaré dans une interview accordée ce vendredi 3 décembre au Nouvelliste dans laquelle elle fait le point sur les dernières déclaration de Edmond Mullet et les corrections à apporter au processus électoral pour le second tour.
Haïti: « Je sais qu'il y a une tentation à demander au CEP d'appliquer l'article 122-2 contre certains candidats, comme le veut la loi électorale. Ma position est la suivante: je suis légaliste et constitutionnaliste. La loi est la loi. Si on l'appliquerait, sur le plan juridique on aurait raison. Mais, je demande de ne pas l'appliquer pour différentes raisons. D'abord, je ne crois pas que ceux qui ont manifesté le jour du vote avaient en tête cet article de la loi électorale. Deuxièmement, pour ne pas faire d'eux des martyrs et troisièmement, cela aggraverait la situation », a fait remarquer la candidate à la présidence, Mirlande Manigat.
« Je répète, a-t-elle insisté, que si on mettait cet article en application, sur le plan juridique ce serait correct, mais sur le plan politique ce serait désastreux pour le pays. Quel candidat exclurait-on dans ce cas, Michel Martelly, Charles-Henri Baker, puisque les deux étaient dans la manifestation ? Non. Entre le droit et la raison, moi je pense que parfois, il faut que la raison l'emporte sur le droit. »
La leader du RDNP a exhorté tous ses partisans à cesser les manifestations des rues visant à réclamer le respect de leur vote. « Attendons donc dans le calme les résultats du CEP. Du calme dans les esprits, du calme dans les rues », a-t-elle dit.
Par ailleurs, interrogé sur les recentes déclarations du patron de la MINUSTAH, la secrétaire générale du RDNP a estimé que les déclarations du représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en Haïti, Edmond Mullet, sont intempestives. « Je n'ai pas entendu ces déclarations, mais je les ai lu sur l' internet. Si le verdict populaire est respecté, le prochain gouvernement aura le support de l'internationale, si le verdict populaire n'est pas respecté, l'ONU et la communauté internationale s'en n'iront. Elles nous laisseront cuire dans nos jus...Je pense que c'est une déclaration intempestive », a-t-elle martelé.
« La question que je me pose c'est sachant que M. Mullet est un diplomate intelligent qui connaît le sens et le poids des mots qu'est-ce qu'il entend par verdict populaire ? A qui a-t-il adressé ce message, cette menace (ce ''pinga'', dit-on dans notre langue vernaculaire) ? Je n'ai pas la réponse à ces questions », a-t-elle renchéri d'un air ironique.
Pour Mirlande Manigat, Edmond Mullet joue sa crédibilité et celle de l'ONU. « Vous ne pouvez pas être à la tête d'une mission de stabilisation et oublier qu'un élément de stabilisation c'est bien les élections. La MINUSTAH a été impliquée jusqu'au coup dans le processus électoral. Je ne sais pas ce que son grand patron lui dit...Comment se fait-il que la situation lui échappe tellement? L'ONU est impliquée directement dans le processus », a-t-elle fait remarquer.
La candidate du RDNP se prépare déjà pour le second tour. Toutefois, elle a demandé au CEP d'apporter des correctifs au processus. « Je souhaiterais que ce qui s'est passé le 28 novembre ne se répète plus jamais. Je souhaiterais que le CEP ait du temps afin d'apporter des corrections dans les bureaux de vote...», a fermement réclamé Mme Manigat.
En outre, elle a également demandé à l'Office d'identification nationale (ONI) de continuer la distribution des cartes d'identification nationale (CIN), afin que plus de gens aient la possibilité de voter au second tour.
D'un autre côté, comme les candidats Jude Célestin et Michel Martelly, Mirlande Manigat se dit confortable dans la position qu'elle occupe après le décompte des procès-verbaux en sa possession. Elle a écarté toute possibilité d'un second tour à trois têtes, elle et ses deux de ses adversaires. « En France c'est possible, mais pas en Haïti. Je ne sais pas... Est-ce que c'est envisageable ? », s'est-elle questionné tout en promettant d'approfondir ses réflexions.
Mais ce qui est fort probable pour elle, c'est qu'elle sera au second tour. « Etant donné que nous sommes sûre d'aller au second tour, on aura une stratégie adaptée en fonction du candidat qui sera en face de nous », a-t-elle avancé en souriant.
Son retrait et/ou revirement du groupe des 12 candidats contestataires des élections signifie, selon ses propres explications, qu'elle a eu beaucoup d'informations sur la réalité du vote. « Il y a eu peut-être de l'intoxication avec les nouvelles, a reconnu Mirlande Manigat. C'est moi qui étais présente au Karibe, j'assume. Si c'était une erreur, une imprudence, une mauvaise interprétation des événements, j'assume. »
Elle a aussi soutenu qu'elle n'a jamais fait partie d'un quelconque groupe de 12 candidats, tout en reconnaissant par contre avoir effectivement demandé l'annulation des élections. Une demande qui ne fait plus partie de son agenda.


Robenson Geffrard et Roberson Alphonse

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=86376&PubDate=2010-12-03

Commentaire
Que le gouvernement de Préval avec l'appui de M. Mulet n'essaye pas de déjouer la volonté populaire! M. Mulet rendrait un si grand service à la communauté internationale et à Haïti (qu’il dit vouloir aider) s'il éclaircissait sa déclaration qui pourrait fort bien être assimilée à un chantage. Car s'il parle de non respect de la volonté populaire, le diplomate expérimenté qu’il est ne peut pas oublier que pour le moment ce n'est pas Préval qui incarne cette volonté populaire après les gouvernements désastreux qu'il a "conduits", si le mot n'est pas trop fort. Mal gouverner, ce n'est pas représenter le peuple. Est-ce que la démocratie n'aurait de sens que dans le pays de M. Mulet?

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