LEMONDE.FR avec AFP | 29.11.10 | 09h26
Selon des responsables haïtiens, les premiers cas sont apparus mi-octobre sur les bords d’un affluent du fleuve Artibonite, à proximité de la base des casques bleus de la Mission de l'ONU en Haïti.AP/Guillermo Arias
L'épidémie de choléra en Haïti a été importée, la souche ne pouvant provenir ni de l'environnement ni des camps de sinistrés du séisme du 12 janvier, a déclaré à l'AFP le professeur français Renaud Piarroux, épidémiologiste de retour d'une mission pour le gouvernement haïtien.
Le professeur Piarroux, spécialiste du choléra revenu dimanche d'une mission de trois semaines en Haïti à la demande du ministère de la santé haïtien et de l'ambassade de France, est formel : l'épidémie "n'est pas liée au séisme, elle ne provient pas non plus d'une souche environnementale". "Cela a commencé dans le centre du pays. Pas au bord de la mer ni dans les camps de sinistrés [où vivent 1,3 million de personnes]. L'épidémie ne peut donc être d'origine locale. C'est-à-dire que c'est importé", explique-t-il.
Selon des responsables haïtiens, les premiers cas sont apparus mi-octobre sur les bords d'un affluent du fleuve Artibonite, à proximité de la base des casques bleus népalais de la Mission de l'ONU en Haïti (Minustah) à Mirebalais, dans le centre du pays. Ces derniers ont été accusés par une partie de la population d'avoir importé la maladie, qui a fait plus de 1 640 morts. Le médecin français Gérard Chevallier, qui a travaillé avec le professeur Piarroux, estime que "la probabilité épidémiologique est élevée". Des accusations démenties par la Minustah, qui a indiqué que les tests réalisés dans les latrines et eaux du camp népalais étaient "négatifs".
A ce stade, "à peu près la moitié des communes du pays sont touchées plus ou moins fortement", selon les constatations faites par le professeur sur le terrain. "On en est à plus de 70 000 cas, dit-il, on peut facilement imaginer qu'on atteigne les 200 000. Mais il n'y aura pas des dizaines de milliers de morts ni de pic majeur."
Le docteur français Gérard Chevallier, qui travaille avec les autorités haïtiennes pour lutter contre le choléra, jugeait, la semaine dernière, que l'épidémie est "inhabituelle et sévère" et que la question de savoir si les soldats népalais l'ont introduite en Haïti n'aidera pas à régler le problème. "La mécanique épidémique est inhabituelle, rapide et sévère", estimait pour sa part Gérard Chevallier. "Tout le pays n'est pas touché mais l'épidémie va se répandre", disait-il le 20 novembre.
Commentaire
Que les Népalais ou n'importe quel autre ressortissant de n'importe quel autre pays contamine les rivières par la manière d'évacuer leurs déchets dans les eaux utilisées par la population est déjà un fait assez grave. Pourquoi tous ces détours inutiles et hypocrites quand nous savons tous que les gens n'ont personne pour les défendre dans ce pays? Pourquoi ne pas mettre l’accent plutôt sur la compagnie qui s’est chargée de réaliser cette tache criminelle ? Les responsables sont-ils trop puissants pour être poursuivis par les tribunaux ?
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