Débat
par Leslie Péan *
Soumis à AlterPresse le 3 décembre 2010
La bêtise ne saurait en aucun cas décourager l’analyse. Surtout à un moment où le président Préval fait répéter à la communauté internationale que 1+1 = 3. Dans une conjoncture où la résistance demandant l’annulation du scrutin fait tâche d’huile. Les manifestations publiques à la capitale et dans les provinces en témoignent. La tendance inquiétante dénoncée par nombre de démocrates de l’incapacité du Conseil Électoral Provisoire (CEP) de Gaillot Dorsainvil à organiser les élections honnêtes et fiables s’est confirmée par les fraudes massives orchestrées le 28 novembre 2010. Les signes avant-coureurs de cette tendance inquiétante s’étaient fait jour à travers la loi électorale injuste faisant du CEP juge et partie tout en le plaçant au-dessus des lois. Dommage que les dénonciations de la société civile et des partis politiques de cette aberration n’aient pas été entendues et soutenues par la communauté internationale.
De plus, la structure du CEP est telle qu’elle lui permet d’accepter et de refuser des candidatures arbitrairement. On se dirigeait donc vers ce que Jean-Paul Sartre a appelé des « élections-pièges à cons », une mascarade dénoncée par des stratèges qui ont appelé au boycott, mais que des tacticiens ont investi pour en dénoncer la fausseté et la mystification. Dans la conjoncture, il ne s’agissait pas d’être rôti ou bouilli mais de ne pas être mangé par les cannibales. Les forces du statu quo n’on rien négligé y compris la manipulation de l’opinion à travers des sondages dont les échantillons sont peu représentatifs. La perspective d’un scrutin désorganisé et du bourrage des urnes par le parti INITÉ paraissait certaine. Le crime électoral était annoncé dans la logique du discours du gouvernement Préval et du CEP qu’il a mis en place pour se perpétuer au pouvoir.
Après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, les conditions matérielles n’étaient pas réunies pour l’organisation d’élections. Les priorités étaient à la mise en œuvre des moyens pour faire sortir le million de personnes sous les tentes et pour organiser les soins de santé afin d’éviter la propagation d’épidémies. Le président Préval n’a pas pris la voie de la mise en place des bases solides pour assurer les services à la population sinistrée par le séisme. Il a préféré équiper les tentes de téléviseurs pour endormir la population durant toute la période de la coupe du monde de football. La voie qu’il aurait du suivre normalement ne le rassurait nullement puisqu’elle impliquait la possibilité d’un gouvernement provisoire qui organiserait des élections dont il ne pourrait pas déterminer d’avance les résultats. Devant les réserves de Washington sur la possibilité d’organiser des élections au cours de l’année 2010, le président Préval a fait pression sur la CARICOM et l’OEA pour l’organisation de ces élections afin d’assurer la continuation de son régime en installant son propre successeur.
Le temps d’une lutte de guérilla à tous les niveaux
La mystification est de parler d’irrégularités aujourd’hui là où il s’agit purement et simplement de sabotages multiples et de destructions délibérées de la volonté populaire. Comme l’explique le candidat Leslie Voltaire, « ces élections sont comme le tremblement de terre et elles vont encore plus diviser le pays que l’unir [1] ». Les magistrats, les vice-délégués et les dirigeants des CASECs ont réactivé toutes les fraudes connues pour combattre les candidats et les électeurs qui ne sont pas favorables à INITÉ. Les superviseurs d’INITÉ ont été les seuls admis dans les bureaux de vote et les mandataires des candidats autres que Jude Célestin n’ont pas pu pénétrer dans les bureaux de votes pour suivre le déroulement du scrutin. Nombre de bureaux de vote étaient encore fermés à neuf heures du matin. D’autres avaient fermé leurs portes déjà à dix heures du matin car les urnes avaient déjà été remplies par les partisans d’INITÉ. Des faux procès-verbaux ont été fabriqués tant pour favoriser Jude Célestin que pour mettre en valeur d’autres candidats quand la fraude massive a été découverte et dénoncée par le groupe des douze candidats à partir de midi.
La mascarade a atteint un tel niveau que nombre d’émissions de radios reprennent sans aucune vergogne qu’il existerait un pseudo-principe « qui finance ordonne » pour tenter de justifier la nécessité d’accepter le verdict frauduleux du CEP sous prétexte que ce serait la volonté de la communauté internationale qui a financé les élections. La corruption du savoir est érigée en principe par l’OEA, l’ONU, la Caricom et les autres entités de la communauté internationale. Les propos qui tentent de gommer le foisonnement de ces fraudes sont dangereux, mutilants et contradictoires en refusant de reconnaître le verrouillage du CEP pour les candidats INITÉ et leur confiscation du processus électoral. Le dialogue pour sortir de l’impasse doit commencer par la reconnaissance de la fraude orchestrée par le CEP à la solde du candidat Préval-INITÉ. C’est en sanctionnant les responsables de cette fraude qu’on sort de la confusion.
Nous devons sortir de la pensée magique consistant à donner au CEP-bidon le pouvoir surnaturel de confectionner des procès-verbaux électoraux et d’avoir une autorité transcendantale sur un processus électoral contesté par plus de douze candidats représentant 80% des intentions de vote. Là est le débat de fond. Il ne s’agit pas d’occulter les divergences avec le courant Manigat-Martelly qui a été le premier à demander l’annulation du scrutin du 28 novembre 2010 avant de se rétracter sous les pressions occultes. Ces divergences, toutes réelles qu’elles soient, demeurent secondaires et ne sauraient prendre le dessus sur la forme caractéristique de la crise actuelle dont l’origine est l’inféodation du CEP au parti au pouvoir. Il importe donc de faire sauter la pesanteur du courant INITÉ sur le processus électoral. Telle est la sommation historique de notre temps. En ce sens, la demande d’annulation du scrutin présentée par les douze candidats au Karibe Convention Center est autre chose que la somme des partis qui en ont fait la proposition. C’est la cristallisation d’une multiplicité de réseaux qui, par cette intervention ponctuelle, annoncent une explosion révolutionnaire trop longtemps différée mais inévitable. En dépit des querelles factionnelles et de la bousculade des aspirations rivales à la prise du pouvoir.
Les démocrates ne doivent pas baisser les bras devant les représentants de la communauté internationale qui agissent à partir de leurs intérêts mesquins. Tout en méprisant le président Préval qu’ils considèrent comme un caméléon, ces représentants de la communauté internationale en Haïti sont motivés par la nécessité de poursuivre leur carrière diplomatique et de réussir dans leur manière de protéger le statu quo des personnages infects qui dirigent Haiti. C’est exactement ce que font les Edmond Mulet, Albert Ramdim, Colin Granderson et leurs collègues américains et européens. Pour eux, les Haïtiens doivent avaler la souillure de la continuité prévalienne en acceptant celui sur lequel le président a jeté son dévolu. Dans l’entendement de ces diplomates, il ne faut pas de violence pour faire le changement social. Ils viennent avec les forces armées de la MINUSTAH pour protéger les forces réactionnaires haïtiennes et ils propagent les idées que les pauvres et démunis ne doivent pas se révolter contre ceux qui les maintiennent dans leurs conditions misérables. Cette façon de voir est fausse et illusoire. Elle veut continuer à maintenir les rapports de force asymétriques qui maintiennent la plus grande majorité de la population dans une situation de défaite. Les Haïtiens d’aujourd’hui se doivent de prendre comme référence leurs aïeux qui ont fait 1804 avec la lutte de guérilla qu’ils ont conduite pour vaincre les forces armées françaises. Il n’y a pas d’autres solutions. L’exemplarité de 1804 est la seule solution rassurante pour faire tomber les murs de l’iniquité. Les demandes de la foule à la conférence de presse du 28 novembre au Karibe Convention Center sont on ne peut plus clairs : « ARRÉTEZ PRÉVAL », « NOU BOUKÉ », « LIBÈTE OU LA MORT ».
Enlever les chaînes dans les têtes
Le courant Préval-INITÉ a inventé la fable que la communauté internationale veut la continuité et lui a demandé d’aller de l’avant sans trop se préoccuper des critiques formulées par l’opposition démocratique. Ceci est faux. La communauté internationale s’accommode ainsi de l’incompétence de Préval pour rafler la mise et empêcher aux Haïtiens de trouver les solutions aux maux qui les assaillent. Mais en tirant trop sur la corde, le président Préval se trompe de croire qu’il a encastré la communauté internationale. Cette dernière a plusieurs niveaux de parole et tous ses discours et énoncés n’ont pas le même poids. Les diplomates Colin Granderson et Albert Ramdim n’ont pas le même poids dans la balance que les sénateurs Richard Lugar et Christopher Dodd ou encore des 45 membres du Congrès américain qui ont écrit une lettre en date du 7 octobre 2010 au secrétaire d’État Hillary Clinton pour demander l’organisation d’élections inclusives et honnêtes en Haïti. Le président Préval fait une mauvaise utilisation du président Bill Clinton en prétendant que celui-ci voudrait du business as usual et qu’il aimerait travailler avec la même équipe qui lui a livré les clefs du pays en créant illégalement la Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti (CIRH).
Dans une tournée internationale effectuée récemment, le bâtonnier de l’ordre des avocats de la capitale Maitre Gervais Charles a exposé clairement toutes les manœuvres opérées par le président Préval pour conserver illégalement le pouvoir. En un premier temps, il a paralysé la Cour de cassation en refusant de remplacer les juges partis à la retraite ainsi que le président de cette Cour, réduisant le nombre de juges à sept tandis que le quorum est de neuf juges. En outre, il n’a rien fait pour renouveler les Chambres législatives comme prévu de sorte que les Chambres étaient frappés de caducité au moment du séisme du 12 janvier. Il a alors convoqué par arrêté extraordinaire les deux Chambres pour obtenir une prolongation illégale de son mandat jusqu’en mai 2011 et approuvé la création de la CIRH. Ces deux mesures ont été dénoncées par le barreau de Port-au-Prince et la société civile.
En effet, le président Préval a montré un acharnement exceptionnel à ne pas faire les élections législatives qui auraient pu renouveler la 48e Législature dont le mandat a pris fin le 11 janvier 2010. De ce fait, il n’y avait plus de Chambre de Députés à partir du deuxième lundi du mois de janvier 2010. La 49e Législature n’a pas pu renter en fonction et ainsi il n’existait plus de Parlement car selon la Constitution de 1987, les deux chambres doivent exister pour avoir le Parlement. La nation haïtienne était donc plongée dans un abime politique par l’incompétence du président Préval qui n’avait pas respecté le calendrier électoral. Telle était la situation vingt-quatre heures avant la foudre du tremblement de terre du 12 janvier 2010 qui a détruit l’univers physique avec les milliers de mort et de désolation que l’on connaît. De plus, l’état d’urgence déclaré par Préval est anti-constitutionnel et le pouvoir législatif n’a aucune compétence pour établir une institution comme la CIRH ou toute autre entité similaire.
On comprend que le goût de la servitude volontaire envers son seigneur soit très ancré chez le président Préval. Mais il ne saurait vouloir que tout le monde le suive et accepte son invention qui participe des chaînes qu’il a dans sa tête. De sa trahison sans remords de la nation haïtienne. Le financement extérieur est une contrainte que les Haïtiens doivent gérer correctement c’est-à-dire avec rationalité et cohérence dans la transparence. L’opposition démocratique n’a aucun problème pour mettre en place un solide partenariat public/privé avec le président Clinton qui donne une place importante aux investisseurs privés internationaux dans la reconstruction d’Haïti.
Le plus grand destructeur de capital social
Mais un tel partenariat exige des Haïtiens un capital social [2] que ne favorise pas l’équipe actuelle qui dirige le pays. Le capital social ou encore les relations qu’entretiennent les individus entre eux sont importants pour atteindre les objectifs qu’ils se fixent. Or tout indique que le président Préval est le plus grand destructeur de capital social en Haïti. L’échec de la soi-disant réforme agraire dans la vallée de l’Artibonite est éloquent de la diminution du capital social en milieu rural. Les formes d’insécurité introduites par l’Institut National de la Réforme Agraire (INARA) depuis 1997 sont multiples. Comme le révèle Mickael Levy, « les critères d’attribution des parcelles ne sont pas respectés. Les paysans accusent les membres des comités d’appui d’inscrire sur les listes de bénéficiaires leurs proches ou leurs amis, de vendre les parcelles, d’exercer du chantage sur les paysans (parcelles contre femmes)…. Les membres du comité de suivi, très proches du Président Préval, sont l’objet des critiques les plus vives : corruption sur les contrats d’entretien du réseau d’irrigation, attribution de ces contrats aux organisations paysannes qu’ils dirigent personnellement, ventes d’engrais subventionnés.…La corruption, le clientélisme, ce qu’en Haïti on appelle le système « moun pam » [3]], se sont insinués dans les structures de la réforme agraire et ont fait naître une défiance croissante des paysans vis-à-vis de l’ensemble du processus. » [4] D’autres exemples sont les menées de Charles Siffra, dirigeant de Koze Pèp et représentant du gouvernement dans la vallée de l’Artibonite. De 2007 à nos jours, dans le domaine de la distribution des engrais les pratiques clientélistes continuent en milieu paysan et contribuent à tuer la formation du capital social dans les communautés rurales [5].
L’érosion de leadership du gouvernement Préval
Le président Préval s’est évertué à casser les institutions parlementaire et judiciaire ainsi que les partis politiques et les liens entre ces institutions. Personne ne fait confiance au gouvernement INITÉ qui est décrié à travers le pays. Pour avoir systématiquement organisé des élections frauduleuses, pour avoir détruit les réseaux des rapports avec les partis politiques, pour avoir trahi tous ses propres collaborateurs sans état d’âme, de Jacques Édouard Alexis à Michèle Pierre-Louis, le président Préval n’inspire aucune confiance. Le dernier clou dans le cercueil de la suspicion généralisée du président Préval est le sort que son CEP a réservé aux candidats de la diaspora pour les élections programmées pour le 28 novembre 2010. L’élimination de tous les candidats de la diaspora, y compris de l’ambassadeur haïtien à Washington, montre à quel point les processus de mobilisation et de production de capital social sont combattus par le courant INITÉ. Or la diaspora haïtienne contribue près de 30% du PIB.
L’érosion de leadership du gouvernement Préval est une vérité élémentaire reconnue par la communauté nationale et internationale. Cette érosion se donne à voir dans le million de personnes sous les tentes à travers la capitale et la réponse tardive du gouvernement Préval au tremblement de terre du 12 janvier 2010. Pour réussir la reconstruction d’Haïti, il faut qu’il y ait d’abord au niveau haïtien des valeurs reconnues capables d’élaborer des programmes qui font consensus autour de la question sociale. Et pour cela, le président Clinton sera le premier à admettre qu’aucune transformation n’est possible dans un espace donné sans une politique d’intégration sociale faisant participer les gens ordinaires comme les élites. Sans cette corrélation entre transformation spatiale et intégration sociale, la société est bloquée.
Le crime électoral était annoncé
Le moment n’est donc pas à la culpabilisation des Haïtiens comme des incapables toutes classes confondues. Les responsables de la gabegie sont la coalition des assoiffés de pouvoir soutenus par les puissances internationales qui monopolisent les centres de décision et qui pratiquent une politique d’exclusion contre tous ceux qui ne partagent pas leur option de dilapidation des ressources nationales. La bande à Préval représente le crime, la concussion et les kidnappings érigés en politique d’État. Dans le meilleur des cas, le courant Préval-INITÉ symbolise la méfiance totale à partir de laquelle aucun développement n’est possible. La crise actuelle était prévisible. Le crime électoral était annoncé. Aucune solution ne peut être trouvée en mettant un cautère sur une jambe de bois. Les responsables de l’échec du 28 novembre 2010 doivent se retirer. Leur reddition sans condition n’est pas négociable. Tout compromis avec la saleté est mauvais. Rien ne pourra réussir dans la confusion. Ils doivent partir. Nous avons la certitude que les Haïtiens peuvent prendre leur sort en main.
La bêtise ne saurait en aucun cas décourager l’analyse. L’échec électoral du 28 novembre est la concrétisation du vide du courant Préval-INITÉ. Un vide physique déjà évident depuis l’inaction signalée de ce gouvernement après le séisme du 12 janvier, mais surtout un vide mental. La participation du peuple haïtien aux élections du 28 novembre exprimant sa volonté d’exercer ses droits les plus légitimes de vote a contribué à exposer au grand jour la médiocrité arrogante du pouvoir. En outre, cette participation des Haïtiens a contribué à montrer le cynisme d’un certain nombre de fonctionnaires d’une certaine communauté internationale plus préoccupés à justifier leur salaires et avantages sociaux qu’à aider le peuple haïtien à sortir de son gouffre. Les hommes politiques sans vision qui nous dirigent ont été obligés de montrer ce qu’ils cachaient : des horreurs qui s’entassaient et que le monde entier a pu regarder. Enfin ! Les chancelleries occidentales ont pu donc contempler et méditer. Seront-elles en mesure d’empêcher le génocide que prépare INITÉ pour garder le pouvoir ? Reprendront-elles à leur compte le mot prononcé par le président socialiste François Mitterrand, au sujet du génocide orchestré par son ami président au Rwanda en 1994 « Dans ces pays-là, un génocide, ce n’est pas trop important » [6] ? Après le séisme du 12 janvier 2010, les chancelleries ont raté une occasion en or d’appeler au dialogue toutes les catégories sociales pour trouver une réponse au drame national. Au fait, elles n’ont pas trouvé la bonne réponse car elles n’ont pas posé la bonne question. Aujourd’hui, les chancelleries ont vu des riens exécuter ce qu’ils savent faire de mieux : l’appauvrissement. Des riens qui veulent être éternels. Le moment est peut-être venu de leur tourner le dos !
…………….
* Économiste, écrivain
[1] Damien Cave and Randall C. Archibold, « Haitian candidates call to void election », New York Times, November 28, 2010.
[2] Le capital social s’entend aussi bien dans le sens que Putnam dans Bowling Alone le présente que dans celui plus minimaliste que lui donne Pierre Bourdieu. Voir Robert Putnam, « Bowling Alone : America’s Declining Social Capital », Journal of Democracy, vol. 6, no 1, 1995 et Pierre Bourdieu, La distinction. Critique sociale du jugement, Paris, Minuit, 1979 ; voir aussi du même auteur « Le capital social. Notes provisoires », Actes de la recherche en sciences sociales, no 31, 1980.
[3] « Moun pam » signifie en créole haïtien, mes gens, mes proches. Favoriser les siens, ses proches.
[4] [ Michael Levy, « La réforme agraire en Haïti », Nouvelles Images d’Haïti, Paris, France, avril 2003, p. 2. Lire du même auteur, « Conflits Terriens et Réforme Agraire dans la plaine de l’Artibonite », Cahier des Anneaux de la Mémoire, numéro 6, Nantes, 2004.
[5] Michaelle Auguste Saint-Natus et Alain Gilles, Le capital social dans les communautés rurales en Haïti, une étude exploratoire, CEPALC, 2005.
[6] Patrick de Saint-Exupéry dans « France-Rwanda : un génocide sans importance », Le Figaro, Paris, 12 janvier 1998. Voir aussi Patrick de Saint Exupéry, L’Inavouable, Paris, éd. Les Arènes, 2004.
Commentaire
Le cas d’Haïti, comparable évidemment avec celui de nombreux pays africain dont le dernier en date, la Côte d’Ivoire ne peut que nous porter à réfléchir. Cette question « Est-ce une fatalité génétique ? » a déjà reçu mille réponses de l’anthropologie. Depuis Antênor Firmin jusqu’aux nombreux anthropologues qui ont suivi ses pas, même sans le mentionner. C’est l’être qui agit qu’il faut voir, c’est l’individu ou les individus qui posent les actes. Car on a trop fait porter à des collectivités des fardeaux, des crimes individuels. En Haïti comme ailleurs, cette modalité est regrettable. C’est donc avec raison que Leslie Péan pointe du doigt des personnages précis car chacun doit assumer ses propres responsabilités. Ce pays a vu trop souvent ses dirigeants se cacher derrière le peuple soit pour commettre des atrocités, soit pour s’enrichir illégalement, soit pour défier la communauté internationale. Cette instrumentalisation a des limites. On ne peut pas impunément se moquer de tout le monde tout le temps sans que personne ne réagisse. Parfois on se demande même comment font ces personnages, ces manipulateurs professionnels, pour s’asseoir à table et manger tranquillement avec les membres de leur famille sachant qu’il ne le font qu’au nom d’un salaire maculé du sang des innocents qu’ils tuent par la faim, le cholera, l’analphabétisme, le manque de logement, l’obligation de cohabiter avec les détritus, le fatalisme qui dérive du manque d’éducation (…). Tout cela serait suffisant pour qu’il y ait crime, mais le comble, c’est qu’on trafique aussi avec chacun des ces problèmes sur le dos du peuple. Jusqu’où iront-ils ?
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