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samedi 4 décembre 2010

Le CEP prêt à déballer la vérité

Des cas d'irrégularités, il y en avait certainement lors du scrutin de dimanche dernier. Pour preuve, le Conseil électoral provisoire en assume sa part de responsabilité au point qu'il envisage des solutions pour éviter que les mêmes problèmes ne se reproduisent lors du second tour, le 16 janvier 2011. Ce qui n'empêche pas, cependant, que son directeur général Pierre-Louis Opont, invite ses détracteurs à déballer toute la vérité à ce sujet.
Haïti: Le restaurant Le Villate à Pétion-Ville a été le théâtre ce vendredi 3 décembre d'un évènement important, déterminant pour l'avenir du pays qui devra éviter un chaos électoral. Il s'agit d'une rencontre entre les conseillers électoraux et les candidats à la présidence portant sur le bilan de la journée électorale du 28 novembre et les mesures de redressement à adopter au cours des prochaines étapes de ce processus électoral controversé. Jude Célestin (INITE), Jean-Hector Anacacis (MODEJAH) et Yvon Neptune (« Ayisyen pou Ayiti ») sont les trois seuls candidats à la présidence qui ont fait acte de présence. Cependant, Michel Martelly (« Repons Peyizan ») et Mirlande Manigat (RDNP), deux candidats favorables à un second tour, y ont été représentés respectivement par le bâtonnier de l'ordre des avocats de Port-au-Prince, Me Gervais Charles, et l'ex-ambassadeur Edwige Lalane. Tandis que Mes Camille Leblanc et Carlos Hercule ont représenté à cette rencontre les dix candidats qui maintiennent l'appel à l'annulation du scrutin de dimanche dernier.
Le point sur la question des irrégularités
Les failles d'organisation qui caractérisent jusqu'ici le processus électoral ont été au centre des débats. Reproches et accusations fusaient de toutes parts à propos des « irrégularités » et des « fraudes massives » constatées lors du scrutin du 28 novembre dernier. S'il y a un fait que les membres du Conseil électoral provisoire n'ont pas ignoré, c'est que ce scrutin a été entaché effectivement d'irrégularités. Mais ils n'acceptent pas qu'on les prenne pour les seuls responsables de cette situation. Ferme à ce sujet, Pierre-Louis Opont, directeur général du CEP, renvoie la balle dans le camp des partis politiques, s'appuyant sur le fait qu'il y avait eu une « lutte hégémonique entre groupes politiques .»
M. Opont, qui a rappelé que les centres de vote sont contrôlés par les mandataires choisis par les dirigeants des partis politiques, a implicitement fait remarquer que ces partis sont aussi responsables de ce qui s'est passé dimanche dernier, où 66 centres de vote ont été saccagés, a-t-il informé, estimant qu'il y avait en dépit de tout une « majorié écrasante de votants » dans les centres de vote où il n'y avait pas d'incidents.
« Déballons la vérité ! », a lancé M. Opont pour prendre le contre-pied de Mes Camille Leblanc et Carlos Hercule, qui prennent le CEP pour seul responsable. A ceux qui sollicitent une enquête sur les incidents du 28 novembre, le directeur général s'est interrogé en ces termes : « (...) Les partis politiques dont les mandataires sont impliqués dans certains cas de fraudes, seront-ils prêts à assumer leurs responsabilités ? »
« Le processus électoral a été raté »
De toute façon, « (...) il faut reconnaître que le processus électoral a été raté », a estimé M. Leblanc, réitérant l'appel à l'annulation du scrutin. L'homme de loi a indiqué avoir la preuve que la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) est impliquée dans certains cas de fraudes électorales (manipulation, trafic de bulletins, etc.). Il a annoncé qu'une lettre annexée à un support vidéo est adressée aux responsables du CEP à ce sujet pour les suites nécessaires.
Et à son collègue Hercule d'ajouter : « C'est la remise en question de tout le système [électoral] qu'il faut faire ». « C'est plutôt la remise en question de l'Etat, » a répliqué ironiquement Ginette Chérubin, l'un des huit conseillers électoraux présents - ils auraient été neuf si Jean Enel Désir n'avait pas démissionné après avoir été accusé de corruption.
Y aura-t-il un compromis ?
Si certains candidats ou leurs représentants optent pour l'annulation du scrutin, d'autres sont plutôt favorables à un compromis. C'est le cas, entre autres, du candidat Jean-Hector Anacacis (MODEJAH), Yvon Neptune (« Ayisyen pou Ayiti ») et l'ambassadeur Edwige Lalanne. Ce dernier, qui représente Mirlande Manigat, a déclaré : « Il faut trouver un compromis pour sauver Haïti. »
A l'instar du diplomate, Me Gervais Charles représentant Michel Martelly, a exhorté le CEP à éviter ce qu'il a appelé « le scandale électoral ». En appelant l'institution électorale à respecter le vote populaire. « Si vous vous apprêtez à nous faire avaler quoique ce soit, je pense que le moment est mal choisi », a-t-il dit, martelant que Michel Martelly ira au second tour avec Mirlande Manigat.
Le second tour se tiendra le 16 janvier
Le Conseil électoral provisoire a avoué ses faiblesses mais ne s'arrêtera pas en chemin. « Si les résultats préliminaires sont acheminés au CEP le 6 décembre, ils seront publiés à cette date. Chose certaine, ils seront publiés au plus tard le 7 décembre », a promis Pierre-Louis Opont qui a annoncé la publication définitive de ces résultats pour le 20 décembre, et précisé que le second tour se déroulera le 16 janvier 2011.
« Le CEP ne subit aucune pression de la part d'aucun secteur. Qu'il s'agisse du côté du gouvernement ou du côté de la communauté internationale », a déclaré Gaillot Dorsinvil à l'issue de la rencontre à laquelle a pris part Colin Granderson de l'OEA/CARICOM. Ce dernier, selon Edwige Lalanne, serait prêt à sacrifier l'OEA et la CARICOM pour aider les Nations unies à sauver la face.
Entre la menace de l'Organisation des Nations unies de quitter Haïti si "le vote populaire n'est pas respecté" et l'appel des dix candidats à la présidence concernant l'annulation du scrutin de dimanche dernier, les conseillers électoraux entendent faire la résistance. En dépit des faiblesses avouées, ils se préparent donc à un second tour qui se tiendra coûte que coûte le 16 janvier 2011. A cet effet, des dispositions sont envisagées pour apporter des corrections nécessaires, à savoir publier de nouvelles listes électorales, rendre disponibles lesCartes d'identification nationale (CIN), développer un système de numérotation des centres de vote et de bureaux de vote, reprendre les séances de formation des agents électoraux, augmenter le personnel électoral, renforcer la sécurité, améliorer les centres d'appel, renforcer la campagne de sensibilisation, etc...

Victor Jean Junior
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=86399&PubDate=2010-12-03

Commentaire
Le CEP avait-il besoin d'être coincé pour menacer de déballer la vérité? N'est-il pas payé par les plus pauvres de ce pays pauvre pour faire un travail? A qui doit-il demander la permission pour savoir s'il faut accomplir la tache pour laquelle il est payé sinon à sa propre conscience? A-t-on jamais vu pareille irresponsabilité? Pourquoi ces gens qui n'ont rien à perdre (Car tous leurs biens sont gardés à l'extérieur) exposent-ils constamment et inutilement le pays aux plus graves des dangers?

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