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vendredi 31 décembre 2010

Des intellectuels dénoncent le pouvoir en place

Haïti: Une trentaine d'écrivains, créateurs et chercheurs ont dénoncé dans une pétition "des attaques à la vie, des atteintes au droit et d'autres actes répréhensibles favorisés ou encouragés par le pouvoir actuel pour imposer un choix politique que la population massivement rejette".
Dans cette pétition, les écrivains citent des cas de persécution de membres de partis politiques opposés au groupe allié au pouvoir dans les provinces.
Les signataires accusent l'OEA et le CEP d'être responsable du scandale électoral du 28 novembre 2010.
"De nombreux citoyens haïtiens avaient exprimé leurs réserves relatives à l'impartialité du Conseil électoral provisoire. Une partie des représentants de la communauté internationale, en particulier l'OEA, dans le mépris de ces voix haïtiennes, s'est embarquée sans discernement avec le pouvoir et ses alliés dont un Conseil électoral décrié. Ils sont tous responsables de ce naufrage annoncé".
"Toutes manoeuvres techniques ou compromis boiteux visant à faire passer le candidat du pouvoir au second tour aux présidentielles et l'ensemble des candidats de la plateforme, nécessiteraient de leur part des pratiques répressives qui entraineraient en retour diverses formes de résistance dans la population".
Cette pétition appelle les responsables du gouvernement "à se ressaisir et à prendre le chemin du dialogue avec tous les secteurs, du respect de nos voix et de nos choix, s'ils veulent sauvegarder la paix sociale déjà si fragilisée".
Parmi les 34 signataires de cette pétition figurent les écrivains, créateurs et chercheurs : Louis Phillipe Dalembert, Laennec Hurbon, Kettly Mars, Leslie Péan, Dr. Jean André, Claude C. Pierre, Evelyne Trouillot, Lionel Trouillot et Gary Victor

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=87317&PubDate=2010-12-30


Commentaire
Il fut un temps où les intellectuels organisaient des coups d'état. Maintenant ils dénoncent. C'est un signe de progrès indiscutable. Mais les gouvernements progressent-ils aussi? La réponse est évidemment non. Quel président honorable ne renoncerait pas, au moins, si son nom devient synonyme d'inaptitude et de médiocrité? Et surtout si son manque de jugement tue des millions d'êtres humains.

L'Edito

Nous pouvons faire mieux
Haïti: L'année 2010 s'achève. Heureusement. Qu'elle meure, cette année horrible! Rarement tout un pays peut aussi bien identifier l'avant et l'après d'une tragédie. Ce 2010 est un 1804 de la déchéance comme celui du début du 19e siècle était celle de l'Indépendance. Le 12 janvier 2010 nous marquera à jamais.
Depuis, chacun dans sa sphère sait ce qui s'est passé. On ne peut pas dire que l'histoire s'est arrêtée. Non. Elle a poursuivi imperturbable sa course. Le premier moment d'égarement passé, nous nous sommes mis à nous relever. Pour secourir. Déconstruire. Reconstruire. Espérer.
La première erreur de ce 2010 de malheur a été de compter sur l'aide extérieure avant tout. Nous en payons encore le prix, et cela ne finira pas. Nous avons oublié que les grandes catastrophes sont comme les linges très sales. Il faut avant de les apporter au pressing faire la première lessive entre soi.
Si la catastrophe a mis à nu nos faiblesses en terme de capacité à porter secours, elle a aussi souligné la pauvreté du reste du pays en tout. La région métropolitaine et quelques villes ont été frappées et le pays s'est effondré.
Aucune autre ville n'a pu envoyer du secours aux sinistrés, et quand la peur et le dénuement ont conduit les victimes vers des villes de province, ils ont vite compris qu'il n'y avait ni eau potable, ni médecins, ni abris, ni écoles pour les accueillir. Rien. Sinon une misère plus grande que leur détresse.
La catastrophe du 12 janvier a aussi souligné le vide idéologique dans lequel nous évoluons. Si le président René Préval a caricaturé à l'extrême notre écroulement en se taisant dans les premiers jours qui ont suivi le séisme, les autres acteurs n'ont pas fait mieux depuis. Aucun leader d'opinion n'a émergé pour nous guider de sa parole, aucun intellectuel ne s'est levé pour nous galvaniser autour d'un objectif fort, pour nous proposer une idée comme ligne directrice. Les chanteurs comme les poètes sont restés sans mots et sans voix et les écrivains ont été plus présents ailleurs en représentation qu'ici à raviver la petite flamme qui brûle encore en nous. Même notre goût pour la révolte est en berne.
L'échec est collectif et ce ne sont pas les politiciens qui rêvent d'une élection à 18 tours avec un gagnant différent à chaque scrutin qui diront le contraire.
Les élections de 2010 étaient un échec avant, pendant et après leur tenue. Le vrai drame du 28 novembre est là.
L'engouement pour Wyclef Jean ou Michel Martelly s'explique par l'effondrement de la société civile organisée, par l'inefficience du secteur privé, vrai moteur en panne d'un introuvable mieux-être, et par celui de la classe politique vieillissante et sclérosée.
"Wyclef ou Martelly ne changerons rien à mon sort. Au moins ils me feront danser", cette phrase sortie de la bouche d'un potentiel électeur dit tout. La continuité, que René Préval ne symbolise pas seul, ne propose rien au pays et c'est la bonne santé mentale de la population qui la pousse à chercher ailleurs ses nouveaux maîtres et leaders. On ne doit pas s'y tromper, et si il n'y a pas de débat réel sur les fraudes au niveau des législatives, c'est bien parce que tout le monde sait d'expérience que dans ce pays il y a deux chefs : les Blancs qui se croient maîtres de notre destin et le président de la République.
Notre dernière plaie, le choléra, s'inscrit dans la même lignée de l'effondrement de notre pays. La maladie de la pauvreté et de la malpropreté a mis du temps à nous placer sur la carte de sa géographie mortelle. Ce retard est la seule chose qui soit insolite devant la flambée qui s'est abattue sur nous depuis mi-octobre.
Haïti est sans doute le seul pays au monde où les plus riches qui habitent des maisons à plus d'un million de dollars vivent dans la même précarité que le plus pauvre des pauvres. Aucun des deux ne peut, chez lui, ouvrir un robinet qui lui donnera accès à de l'eau potable ou bénéficier des facilités de l'évacuation de ses eaux usées par le système des égouts de ville. Que dire d'autre ?
L'Etat, les pouvoirs publics, nos taxes et l'aide internationale par milliards déversée sur Haïti ne sont au service ni des riches ni des pauvres. Tout, dans tous les domaines se fait sans plan directeur, ni objectifs.
La CIRH est le dernier des monstres qui, avec les ONG, nous aident à mourir en gardant intact la bonne conscience mondiale et celle des élites locales.
La caricature annuelle, cette année encore oeuvre de Teddy Kesser Mombrun, qui illustre ce numéro de fin d'année que vous avez en main est sans doute morbide, mais elle ne reflète que trop bien la mort qui a plané autour de nous cette année. Mort qui plane encore par-dessus nos têtes.
Et c'est parce que nous sommes convaincus que les pays, comme les sociétés, organismes vivants, meurent comme les autres, que nous vous demandons en 2011 de faire autrement mal à ce bout de terre que nous ont légué nos ancêtres.
Nous pouvons faire mieux. Nous devons faire mieux.
Pour une année 2011 meilleure, Le Nouvelliste formule ses voeux de santé et de courage à tous ses lecteurs, abonnés, commanditaires et collaborateurs. Forgeons-nous ensemble un avenir plus digne de nos espérances.


Frantz Duval
duvalf@hotmail.com


http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=87309&PubDate=2010-12-30


Commentaire
Cette année aura été l'année du paroxysme du délire, de l’abjection et de l'inutilité du gouvernement dans un pays comme Haïti. Honte à ceux qui disent gouverner et empêchent le pays d'avancer!

jeudi 30 décembre 2010

Derrière l’épidémie de choléra

Haiti-Choléra/Recontruction : La question de l’eau

Enquête

Dans le cadre du partenariat médiatique « Ayiti Kale Je »*, dont AlterPresse fait partie
P-au-P., 29 déc. 2010 [Ayiti Kale Je / AlterPresse] --- Haïti est « riche » en eau, selon une étude réalisée par l’armée américaine en 1999.
Selon les américains cette étude a eu pour but de « donner à Haïti et aux militaires américains les informations nécessaires pour planifier différents exercices militaires et humanitaires en Haïti ».
C’est possible, mais c’est peut-être aussi dans le but de permettre au voisin d’Haïti de savoir la quantité d’eau que le pays possède et/ou parce que suivant plusieurs rapports, bientôt les Etats-Unis auront à faire face a une grande crise de l’eau. L’américain est de tous les citoyens sur terre le plus grand consommateur d’eau. Chaque personne utilise à peu près 150 gallons par jour, soit 567 litres d’eau. En Angleterre chaque habitant utilise environ 40 gallons par jour. Dans les pays pauvres comme le Kenya ou Haïti, chaque personne utilise moins de 13 gallons, ce qui représente le minimum nécessaire pour l’entretien de la santé. Aux Etats-Unis, 36 des 50 Etats auront une grande crise d’eau durant les 3 prochaines années.
Haïti ne connait pas de crise d’eau, mais cette ressource est en danger à cause de la dégradation de l’environnement, du manque de contrôle dans les zones abritant des sources, de la contamination par les usines, l’agriculture, les déchets animaux et humains. Et aussi à cause du fait que le pays a une mauvaise gestion et distribution de l’eau.
De plus, tout le monde n’a pas un accès égal.
Bien que les estimations varient, environ 40 à 49 pour cent des Haïtiens sont censés avoir accès à de l’eau « améliorée », même si une étude réalisée en 2005 par FOKAL a montré que 65 pour cent des Haïtiens rurales utilisent l’eau des rivières.
Aujourd’hui, selon la DINEPA, qui est une nouvelle agence gouvernementale responsable de l’eau et de l’assainissement, 70% de la capitale a une couverture en eau via des branchements privés ou des fontaines publiques.
L’approvisionnement des habitants de Port-au-Prince en eau remonte à bientôt 200 ans, en 1841, avec une série de robinets collectifs, qu’on appelle des « standpipe » en anglais. A partir de 1878, les résidences des mieux nantis étaient équipées de robinets et de lavabos. Le reste de la population s’approvisionnait dans les robinets collectifs ou en achetant de l’eau par sceau auprès des vendeuses ambulantes. En 1916, durant l’occupation américaine, le système d’adduction d’eau de la capitale rivalisait avec celui de n’importe quel pays sur terre, selon l’écrivain Simon Fass.
Dans le livre « The political Economy of Haiti » (L’Economie Politique d’Haïti), Fass indique que : « 3 500 familles, soit un tiers de la population, avaient un branchement direct au système de distribution »
Que s’est-il passé ?
En fait, le système de distribution d’eau du gouvernement n’a pas évolué en fonction de la croissance de la capitale. Il n’a pas freiné les branchements illégaux. Il n’a pas géré une privatisation qui a été réalisée par quelques riches au détriment des plus démunis.
Fass rapporte, entre autres, le phénomène de « riches consommateurs » qui dans les années 1970 « ont établi des branchements illégaux a partir des conduites principales partout ou cela était possible », provoquant ainsi le « délabrement du système ».
Bon nombre de ces consommateurs avaient- et ont encore aujourd’hui- des pompes chez eux. Durant les jours ou la CAMEP délivre l’eau dans le système, ces consommateurs aspirent le maximum d’eau avec les pompes et la stockent dans leurs réservoirs. Aussi, les autres abonnés et ceux qui vont à la fontaine publique ne reçoivent pas ce qu’ils devraient.
Une étude de l’ONU réalisée en 1976, et dans laquelle Fass a participé, a montré que la CAMEP produisait environ 64 millions de litres par jour, mais a perdu près de la moitié - 30 millions de litres – à cause des vols, les fuites et du gaspillage.
L’étude a également montré que « l’industrie de l’eau » dans la capitale était une grande entreprise. Les Tontons Macoutes et leurs sbires contrôlaient l’accès aux fontaines et bornes-fontaines, de manière à contrôler et faire monter les prix. Les entreprises de transport de l’eau - non réglementée par l’Etat – ont également fait de jolis profits.
« Selon nous, [au Centre des Nations Unies pour l’habitat, le bâtiment et la planification (UNCHBP)], la distribution d’eau n’était pas un service public au sens étroit du terme, mais plutôt une importante industrie privée produisant 3,78 millions de dollars en valeur ajoutée. Environ 26 pour cent de cette somme allaient à 25 camionneurs, 32 pour cent à 2.000 foyers connectés, 25 pour cent à 14.000 porteurs et 17 pour cent à la CAMEP »
En ce qui concerne Port-au-Prince, Fass écrit que « relativement peu de fournisseurs qui contrôlaient la technologie et qui avaient un accès privilégie ... ont amassé les recettes au détriment de la majorité qui n’a pas d’accès, » ce qui signifie qu’il y a eu « un transfert annuel de 1,22 million de dollars américains de 295.000 personnes à faible revenu » à « des ménages de la classe politique ayant un revenu supérieur. »
Le prix de l’eau dans la capitale à cette époque était « peut-être l’un des plus élevés en milieu urbain dans le monde, » note Fass.
Dans les années 1980, une série de ministères, organismes et comités dans les villes et la campagne - MTPTC, CAMEP, SNEP, POCHEP, CAEP, URSEP - avait apporté quelques améliorations en termes de distribution et de prix, mais très peu. Le vol, le mauvais entretien, la corruption et le manque d’investissement, combinés au manque d’assainissement, ont tous contribué à la dégradation des systèmes et à la vulnérabilité d’Haïti vis-à-vis du choléra.
Selon des chiffres récents, il y a environ 57.000 ménages dans la capitale qui sont connectés au réseau d’eau. 33.000 sont « actifs » ou paient leur facture. Comme dans les siècles précédents, la distribution de l’eau se fait suivant la classe économique - les riches ont des branchements directs ou achètent des camions-citernes remplis d’eau, les pauvres vont aux fontaines (gratuitement ou moyennant des frais) ou l’achètent auprès de vendeuses ambulantes.
Dans les petites villes, en 2005, le SNEP (Service National d’Eau Potable, qui fait maintenant partie de DINEPA) a fait la gestion, ou une mauvaise gestion, de 28 systèmes. Dans d’autres villes et hameaux, divers comités ont géré pompes, fontaines et citernes construites par les communautés, les organisations non gouvernementales et des particuliers. Que l’eau soit gratuite ou à vendre, le prix peut varier d’un endroit à l’autre, mais ce qui est certain c’est que presque partout, les pauvres paient plus que les riches, car ils achètent souvent par sceau. Il n’y a aucun contrôle sur le prix.
Personne ne contrôle la qualité de l’eau fournie par le secteur privé non plus.
Il y a plus de 20 entreprises de transport de l’eau qui fournissent de l’eau à des camps, des cliniques, des entreprises et des maisons privées dans la région métropolitaine.
Ce n’est que la semaine dernière que la DINEPA a publié une « directive » pour informer toutes ces entreprises qu’elles doivent chlorer leur eau.
Le secteur privé de distribution d’eau est éclipsé par un autre acteur dont la présence a explosé depuis le 12 Janvier - les ONG. Bien avant le tremblement de terre, des dizaines d’ONG - grandes et petites - ont été impliquées dans le "secteur de l’eau" dans la capitale et dans tout le pays. Beaucoup ont construit des puits et des systèmes qui sont encore en usage aujourd’hui.
Mais d’autres ont mis en place des systèmes qui sont tombés en ruine dans les deux ou trois ans parce qu’ils étaient inappropriés ou parce que la population locale n’a pas été formée à l’entretien, selon une étude de FOKAL.
FOKAL a également ajouté :
Alors se pose la question à savoir : qui est propriétaire du réseau ? Qui en est responsable ? Le plus souvent la réponse théorique est que le système appartient à « la communauté » alors que cette notion de communauté n’est pas définie, de même que celles de responsabilité et d’appropriation. Un proverbe haïtien traduit bien cet état de fait : Bèf ki gen anpil mèt mouri nan poto - La vache dont les propriétaires sont nombreux meurt au poteau.
« Il y a tellement d’ONG dans le pays », a expliqué le Dr Maxi Raymondville de Zanmi Lasanté / Partners in Health, qui travaille au centre de traitement de choléra de Mirebalais (Est). « Mes collègues appellent certaines de leurs interventions « folkloriques ».
Partout dans le pays, les communautés, les villes et les régions sont impliquées dans les accords bilatéraux avec des ONG étrangères – ou « projets » - qui pourraient fournir un soulagement à court et même à moyen terme à la pénurie d’eau ou d’autres questions, mais le travail est souvent non coordonné avec l’Etat ou même entre elles.
"Nous avons besoin d’un Etat fort, et même un code de déontologie de l’État, de les orienter (les ONG) afin qu’elles coordonnent leur travail," déclare Raymondville à « Ayiti Kale Je ».
La question des ONG est liée à une autre raison qui va au delà du système d’eau médiocre d’Haïti : les gouvernements successifs ont été de plus en plus tributaires de l’aide étrangère - les prêts et subventions - ce qui signifie qu’ils sont également soumis aux caprices des « donateurs ».
Par exemple, un accord de 54 millions de dollars de prêts avec la Banque interaméricaine de développement (BID), signé en 1998, n’est pas entré en action jusqu’en 2009 parce que Washington et d’autres donateurs ont décidé de "ralentir" l’ensemble des aides du gouvernement pour faire pression sur le gouvernement de Jean- Bertrand Aristide. Le prêt aurait réhabilité et agrandi les systèmes d’eau dans deux des plus grandes villes d’Haïti.
Un rapport de 2005, « Woch Nan Solèy », a montré clairement comment les intérêts politiques de Washington ont foulé au pied tout souci pour la santé publique dans le pays.
Le Dr. Paul Farmer, qui a collaboré à ce rapport, écrit – avec des collègues – sur le sujet dans la revue The Lancet, paru plus tôt ce mois-ci :
« Certains ont soutenu que ces politiques punitives sont l’apanage des pays donateurs, mais bloquer l’accès au crédit de la plus grande banque de développement de la région, un bailleur de fonds qui soutien des travaux publics dans toute l’Amérique latine, ne devrait pas être l’apanage des Etats-Unis ni de n’importe quel autre gouvernement ».
Ainsi, les origines de la problématique de l’eau en Haïti sont nombreuses :
les gouvernements ont favorisé les riches,
l’eau était considérée comme une « industrie » plutôt qu’un « service public ou un « bien public »,
le pays a eu des gouvernements inaptes ou irresponsables,
ces gouvernements ont été dépendants de l’aide étrangère. [akj apr 29/12/2010 20:00]

………………

* « Ayiti Kale Je » (http://www.ayitikaleje.org/) est une initiative de partenariat médiatique en vue d’assurer des investigations journalistiques sur la reconstruction d’Haïti suite au séisme dévastateur qui a frappé le pays et fait 300.000 morts et autant de blessés.

Le Groupe Médialternatif est un des partenaires de cette initiative, à travers son agence multimédia AlterPresse (http://www.alterpresse.org/), avec la Société pour l’Animation de la Communication Sociale (SAKS - http://www.saks-haiti.org/). Deux réseaux participent également : le Réseau des Femmes Animatrices des Radios Communautaires Haïtiennes (REFRAKA) et l’Association des Médias Communautaires Haïtiens (AMEKA), qui est composé de stations de radios communautaires à travers le pays.



Commentaire
Des gouvernements inaptes et irresponsables, cela tout le monde le sait. Que faire maintenant? C'est la que l'intervention des spécialistes se révèle déterminante.

lundi 27 décembre 2010

Des organisations de la diaspora créent un instant de fête pour des enfants

Des leaders de la communauté haïtienne aux Etats-Unis affichent leur détermination à contribuer à la reconstruction du pays dévasté par un violent séisme. Au cours de ces derniers mois les membres de la diaspora haïtienne ont été très actifs dans le domaine humanitaire et les investissements.
Plusieurs représentants de la communauté haïtienne se sont impliqués dans les programmes de fête de fin d'année. Des journalistes et artistes de radio Vérité et Foyer Juliette Fleury ont réalisé plusieurs programmes de distribution de jouets aux enfants vulnérables.
Plusieurs centaines d'enfants à Delmas, Carrefour et Léogane ont reçu des cadeaux et des plats chauds par le biais de l'équipe dirigée par Hugues Sanon et Claudy Jean Jacques. Les cadeaux ont été acquis grâce aux contributions des membres des communautés haïtiennes de Connecticut, New York et New Jersey, explique M. Jean Jacques directeur des Nouvelles de radio Vérité.
Un moment de joie pour les enfants qui ont beaucoup souffert cette année tel est l'objectif du programme de ces organisations haïtiennes de la diaspora. Des artistes tels Boulo et Steeve Valcourt ont participé aux différents programmes coordonnés par des organisations haïtiennes dont Fondation Boulo Valcourt et Groupe Chrétien pour l'Information sur la Population et l'Environnement (Grocipe).
Plus que des moments de joie, M. Jean Jacques indique que le foyer Juliette Fleuri préconise une révolution sociale. La reconstruction du pays ne pourra être effective sans cette révolution sociale insiste t-il.
Les enfants sont les principaux bénéficiaires du programme visant à changer l'homme haïtien. M. Jean Jacques attire l'attention sur la nécessité de changer en priorité la mentalité du citoyen haïtien comme préalable au progrès économique et au développement social.

LLM / radio Métropole Haïti

http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=18605

Commentaire
Bien fait pour venir en aide aux enfants de ce pays. Victimes innocentes du manque de conscience des adultes notamment des politiciens criminels qui pillent la nation.

L'OEA attend les termes de sa mission pour commencer le recomptage

Haïti: La mission de l'Organisation des Etats américains (OEA) chargée de superviser le recomptage des votes de la présidentielle haïtienne attend que les autorités précisent les termes de cette mission avant d'entamer son travail, a indiqué l'OEA dimanche.
"Le libellé" de la mission "n'a pas encore été déterminé pour l'instant", a indiqué le secrétaire général adjoint de l'OEA Albert Ramdin. "Tant qu'on ne s'est pas mis d'accord sur les termes de cette mission, nous n'enverrons pas nos experts", a-t-il indiqué à la veille du début théorique de la mission.
"J'espère que cette mission pourra commencer aussi vite que possible. Je pense que ça devrait être le cas cette semaine, le temps passe", a-t-il avancé.
Le secrétaire général adjoint de l'OEA avait indiqué il y a une semaine que la mission devait se rendre ce dimanche à Port-au-Prince pour commencer son travail lundi 27 décembre.
"L'équipe de l'OEA va devoir vérifier le recomptage des procès-verbaux opéré par le CEP (Conseil électoral haïtien, ndlr). En dehors de cela, des recommandations seront faites que les résultats reflètent ou non le comptage" qui aura été fait, a précisé M. Ramdin.
L'OEA a constitué une équipe internationale de six personnes (deux experts juridiques, deux experts électoraux, un statisticien et un spécialiste des technologies de l'information) prêtes à partir pour Port-au-Prince. Albert Ramdin a précisé que l'envergure de cette mission pourraient changer en fonction de son cahier des charges mais qu'il y aurait au "minimum" ces six experts.
La publication des résultats définitifs du premier tour de la présidentielle haïtienne, prévue le 20 décembre, a été reportée pour permettre aux experts de l'OEA de vérifier la validité d'un scrutin dont les premiers résultats ont plongé le pays dans une crise politique et provoqué des violences.
Le chef de l'état sortant René Préval avait demandé à l'OEA de dépêcher une mission en Haïti afin d'aider les autorités électorales dans la vérification des procès verbaux et la phase de contentieux électoral.
En retour, l'organisation avait demandé un report de la date de publication des résultats contestés par la majorité des candidats dont le chanteur populaire Michel Martelly arrivé en troisième position et non qualifié pour un second tour qui doit avoir lieu le 16 janvier.

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=87161&PubDate=2010-12-26

Commentaire
L'OEA ne s'est-elle pas automatiquement exclue d'un processus recommandable de validation du comptage en s'alignant sur la position du gouvernement? Quel est la raison de cette visible opposition entre l'ONU et L'OEA dans ce sens?

Des dizaines de poissons morts dans le lac Azuei, les autorités alertées

Haïti: Les autorités haïtiennes s'apprêtaient dimanche à interdire la consommation de poissons dans plusieurs localités proches d'un lac où des dizaines de poissons ont été retrouvés morts ces derniers jours.
"Une quantité anormale de poissons, plusieurs dizaines, ont été retrouvés morts à la surface de l'eau et sur les rives du lac Azuei qui coule dans la localité de Malpasse à la frontière avec la République dominicaine", a indiqué le secrétaire d'état haïtien à la production animale Michel Chancy.
Les responsables de la Protection civile haïtienne et des ministères de l'environnement et de l'agriculture ont été alertés par les riverains qui ont découvert les poissons aux abords du lac au cours des trois derniers jours.
"Il pourrait s'agir d'une intoxication, mais il y a plusieurs autres hypothèses", a déclaré M. Chancy qui a indiqué que des techniciens envoyés sur place avaient prélevé des échantillons de l'eau et des poissons pour les faire analyser dans des laboratoires en Haïti et à l'étranger.
"Nous attendons les résultats avant de nous prononcer", a poursuivi M. Chancy.
Dans l'attente des résultats des analyses, les autorités haïtiennes ont invité les villageois à ne pas consommer et à ne pas commercialiser les poissons et autres produits en provenance du lac Azuei.

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=87165&PubDate=2010-12-27

Commentaire
Il ne nous manquait que cela en Haiti. Le pire, c'est que dans la plupart des cas, les responsables de son malheur, contemplent dans le calme ce qui s'y passe! Que pourraient-ils se reprocher. A qui rendre compte de quoi que ce soit?

vendredi 24 décembre 2010

Ricardo Seitenfus met à nu l'ONU

Dans une interview accordée au journal suisse « le Temps » le représentant spécial du Secrétaire général de l'OEA, Ricardo Seintenfus s'est montré très critique vis –a vis de l'Organisation des Nations Unies
Le Temps : Dix mille Casques bleus en Haïti. A votre sens, une présence contre-productive...
- Ricardo Seitenfus: Le système de prévention des litiges dans le cadre du système onusien n'est pas adapté au contexte haïtien. Haïti n'est pas une menace internationale. Nous ne sommes pas en situation de guerre civile. Haïti n'est ni l'Irak ni l'Afghanistan. Et pourtant le Conseil de sécurité, puisqu'il manque d'alternative, a imposé des Casques bleus depuis 2004, après le départ du président Aristide. Depuis 1990, nous en sommes ici à notre huitième mission onusienne. Haïti vit depuis 1986 et le départ de Jean-Claude Duvalier ce que j'appelle un conflit de basse intensité. Nous sommes confrontés à des luttes pour le pouvoir entre des acteurs politiques qui ne respectent pas le jeu démocratique. Mais il me semble qu'Haïti, sur la scène internationale, paie essentiellement sa grande proximité avec les Etats-Unis. Haïti a été l'objet d'une attention négative de la part du système international. Il s'agissait pour l'ONU de geler le pouvoir et de transformer les Haïtiens en prisonniers de leur propre île. L'angoisse des boat people explique pour beaucoup les décisions de l'international vis-à-vis d'Haïti. On veut à tout prix qu'ils restent chez eux.
- Qu'est-ce qui empêche la normalisation du cas haïtien?
- Pendant deux cents ans, la présence de troupes étrangères a alterné avec celle de dictateurs. C'est la force qui définit les relations internationales avec Haïti et jamais le dialogue. Le péché originel d'Haïti, sur la scène mondiale, c'est sa libération. Les Haïtiens commettent l'inacceptable en 1804: un crime de lèse-majesté pour un monde inquiet. L'Occident est alors un monde colonialiste, esclavagiste et raciste qui base sa richesse sur l'exploitation des terres conquises. Donc, le modèle révolutionnaire haïtien fait peur aux grandes puissances. Les Etats-Unis ne reconnaissent l'indépendance d'Haïti qu'en 1865. Et la France exige le paiement d'une rançon pour accepter cette libération. Dès le départ, l'indépendance est compromise et le développement du pays entravé. Le monde n'a jamais su comment traiter Haïti, alors il a fini par l'ignorer. Ont commencé deux cents ans de solitude sur la scène internationale. Aujourd'hui, l'ONU applique aveuglément le chapitre 7 de sa charte, elle déploie ses troupes pour imposer son opération de paix. On ne résout rien, on empire. On veut faire d'Haïti un pays capitaliste, une plate-forme d'exportation pour le marché américain, c'est absurde. Haïti doit revenir à ce qu'il est, c'est-à-dire un pays essentiellement agricole encore fondamentalement imprégné de droit coutumier. Le pays est sans cesse décrit sous l'angle de sa violence. Mais, sans Etat, le niveau de violence n'atteint pourtant qu'une fraction de celle des pays d'Amérique latine. Il existe des éléments dans cette société qui ont pu empêcher que la violence se répande sans mesure.
- N'est-ce pas une démission de voir en Haïti une nation inassimilable, dont le seul horizon est le retour à des valeurs traditionnelles?
- Il existe une partie d'Haïti qui est moderne, urbaine et tournée vers l'étranger. On estime à 4 millions le nombre de Haïtiens qui vivent en dehors de leurs frontières. C'est un pays ouvert au monde. Je ne rêve pas d'un retour au XVIe siècle, à une société agraire. Mais Haïti vit sous l'influence de l'international, des ONG, de la charité universelle. Plus de 90% du système éducatif et de la santé sont en mains privées. Le pays ne dispose pas de ressources publiques pour pouvoir faire fonctionner d'une manière minimale un système étatique. L'ONU échoue à tenir compte des traits culturels. Résumer Haïti à une opération de paix, c'est faire l'économie des véritables défis qui se présentent au pays. Le problème est socio-économique. Quand le taux de chômage atteint 80%, il est insupportable de déployer une mission de stabilisation. Il n'y a rien à stabiliser et tout à bâtir.
- Haïti est un des pays les plus aidés du monde et pourtant la situation n'a fait que se détériorer depuis vingt-cinq ans. Pourquoi?
- L'aide d'urgence est efficace. Mais lorsqu'elle devient structurelle, lorsqu'elle se substitue à l'Etat dans toutes ses missions, on aboutit à une déresponsabilisation collective. S'il existe une preuve de l'échec

de l'aide internationale, c'est Haïti. Le pays en est devenu la Mecque. Le séisme du 12 janvier, puis l'épidémie de choléra ne font qu'accentuer ce phénomène. La communauté internationale a le sentiment de devoir refaire chaque jour ce qu'elle a terminé la veille. La fatigue d'Haïti commence à poindre. Cette petite nation doit surprendre la conscience universelle avec des catastrophes de plus en plus énormes. J'avais l'espoir que, dans la détresse du 12 janvier, le monde allait comprendre qu'il avait fait fausse route avec Haïti. Malheureusement, on a renforcé la même politique. Au lieu de faire un bilan, on a envoyé davantage de soldats. Il faut construire des routes, élever des barrages, participer à l'organisation de l'Etat, au système judiciaire. L'ONU dit qu'elle n'a pas de mandat pour cela. Son mandat en Haïti, c'est de maintenir la paix du cimetière.
- Quel rôle jouent les ONG dans cette faillite?
- A partir du séisme, Haïti est devenu un carrefour incontournable. Pour les ONG transnationales, Haïti s'est transformé en un lieu de passage forcé. Je dirais même pire que cela: de formation professionnelle. L'âge des coopérants qui sont arrivés après le séisme est très bas; ils débarquent en Haïti sans aucune expérience. Et Haïti, je peux vous le dire, ne convient pas aux amateurs. Après le 12 janvier, à cause du recrutement massif, la qualité professionnelle a beaucoup baissé. Il existe une relation maléfique ou perverse entre la force des ONG et la faiblesse de l'Etat haïtien. Certaines ONG n'existent qu'à cause du malheur haïtien.
- Quelles erreurs ont été commises après le séisme?
- Face à l'importation massive de biens de consommation pour nourrir les sans-abri, la situation de l'agriculture haïtienne s'est encore péjorée. Le pays offre un champ libre à toutes les expériences humanitaires. Il est inacceptable du point de vue moral de considérer Haïti comme un laboratoire. La reconstruction d'Haïti et la promesse que nous faisons miroiter de 11 milliards de dollars attisent les convoitises. Il semble qu'une foule de gens viennent en Haïti, non pas pour Haïti, mais pour faire des affaires. Pour moi qui suis Américain, c'est une honte, une offense à notre conscience. Un exemple: celui des médecins haïtiens que Cuba forme. Plus de 500 ont été instruits à La Havane. Près de la moitié d'entre eux, alors qu'ils devraient être en Haïti, travaillent aujourd'hui aux Etats-Unis, au Canada ou en France. La révolution cubaine est en train de financer la formation de ressources humaines pour ses voisins capitalistes...
- On décrit sans cesse Haïti comme la marge du monde, vous ressentez plutôt le pays comme un concentré de notre monde contemporain...
- C'est le concentré de nos drames et des échecs de la solidarité internationale. Nous ne sommes pas à la hauteur du défi. La presse mondiale vient en Haïti et décrit le chaos. La réaction de l'opinion publique ne se fait pas attendre. Pour elle, Haïti est un des pires pays du monde. Il faut aller vers la culture haïtienne, il faut aller vers le terroir. Je crois qu'il y a trop de médecins au chevet du malade et la majorité de ces médecins sont des économistes. Or, en Haïti, il faut des anthropologues, des sociologues, des historiens, des politologues et même des théologiens. Haïti est trop complexe pour des gens qui sont pressés; les coopérants sont pressés. Personne ne prend le temps ni n'a le goût de tenter de comprendre ce que je pourrais appeler l'âme haïtienne. Les Haïtiens l'ont bien saisi, qui nous considèrent, nous la communauté internationale, comme une vache à traire. Ils veulent tirer profit de cette présence et ils le font avec une maestria extraordinaire. Si les Haïtiens nous considèrent seulement par l'argent que nous apportons, c'est parce que nous nous sommes présentés comme cela.

- Au-delà du constat d'échec, quelles solutions proposez-vous?

- Dans deux mois, j'aurai terminé une mission de deux ans en Haïti. Pour rester ici, et ne pas être terrassé par ce que je vois, j'ai dû me créer un certain nombre de défenses psychologiques. Je voulais rester une voix indépendante malgré le poids de l'organisation que je représente. J'ai tenu parce que je voulais exprimer mes doutes profonds et dire au monde que cela suffit. Cela suffit de jouer avec Haïti. Le 12 janvier m'a appris qu'il existe un potentiel de solidarité extraordinaire dans le monde. Même s'il ne faut pas oublier que, dans les premiers jours, ce sont les Haïtiens tout seuls, les mains nues, qui ont tenté de sauver leurs proches. La compassion a été très importante dans l'urgence. Mais la charité ne peut pas être le moteur des relations internationales. Ce sont l'autonomie, la souveraineté, le commerce équitable, le respect d'autrui qui devraient l'être. Nous devons penser simultanément à offrir des opportunités d'exportation pour Haïti

http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=18593

Commentaire
Peu de fonctionnaires internationaux disent en si peu de temps autant de verites. Felicitations! Vous etes digne de notre respect!

René Préval :" Il n'y a aucune solution possible en dehors de la loi et de la Constitution"

René Préval ne noie pas le poisson. Il préfère rester au pouvoir jusqu'au 14 mai 2011 afin de passer le maillet à un président élu. Il se fait le pourfendeur des gouvernements provisoires et révèle que la Cour de cassation n'a qu'un seul « juge constitutionnel ». Le chef d'Etat sortant qui se croit quelque peu incontournable renvoie les candidats, les partis politiques et l'internationale à la loi électorale pour poursuivre le processus électoral, deux jours avant les fêtes de Noël " les plus difficiles qu'Haïti ait jamais vécu".
Haïti: Palais national. Jour j- 2 avant les fêtes de noël. Les standardistes du * 300 sont débordés. Scotchés aux téléphones, ils refilent infos, conseils et consignes au public et aux parents de malades du choléra depuis un hall préfabriqué, traversé furtivement par le président René Préval en direction d'une salle de conférence un peu avant 11 heures du matin le jeudi 23 décembre 2010. Sobre, barbe poivre et sel, visage reposé, le chef de l'Etat finit de griller une cigarette avant de se placer dans le champ des caméras. « C'est la fin d'année la plus difficile qu'Haïti ait jamais vécu. Mon coeur ne me permet pas de dire joyeux noël à cause de la douleur des sinistrés dans les camps, des malades du choléra », affirme sèchement René Préval.
Le Marmeladais, le ton un cran au dessus de son débit d'entame invite la population à « s'accrocher ». « Nous faisons tous ce qui est en notre pouvoir pour faire face à trois crises majeures auxquelles le pays est confronté à savoir la reconstruction après le tremblement de terre du 12 janvier, le choléra et les élections », promet le chef de l'Etat.
Sur la crise électorale provoquée par la contestation des résultats préliminaires des joutes du 28 novembre, René Préval ne bronche pas. Il faut produire des contestations conformément à la loi sous l'égide de laquelle vous avez été aux élections, lâche-t-il à l'intention des candidats et des partis politiques. « La loi fixe les règles et les règles ne demandent pas à un candidat ce qu'il pense du recomptage, du contentieux. La loi stipule aussi que le candidat a accès au centre de tabulation. C'est pareil pour le contentieux», explique-t-il en rajoutant une couche : « Une fois les règles du jeu établies par une loi votée par le Parlement, on ne peut pas les modifiées. On avance, clame René Préval, en fonction de la loi ».
Cependant, le président reconnait qu'il y a eu des « problèmes » le jour du scrutin. Des problèmes indiquant que toutes les conditions n'étaient pas réunies pour la tenue de ces consultations. La communauté internationale avait conditionné le financement de ces compétitions à la publication de la date des élections, indique Préval qui rappelle n'avoir pas fait l'économie de ses réserves face aux risques et autres problèmes susceptibles de surgir tout au long du processus.
Le chef de l'Etat, optimiste, confie attendre le diagnostic de la commission d'experts de l'OEA devant procéder au recomptage des procès-verbaux afin d'être clairement fixé. A ce moment là, certains accepteront, d'autres pas, analyse René Préval. « On ne peut pas imposer une transfusion sanguine à un témoin de Jéhovah », ajoute-t-il, métaphorique en soulignant que le processus se poursuivra avec ceux qui le voudront. On a le choix de suivre ou non les recommandations du médecin, à ses risques et périls, soutient l'élu du 7 février 2006.

Le temps ?

Refusant de considérer la révision de la loi électorale de 2008 lui accordant une « rallonge » jusqu'au 14 mai 2010 comme une « carte » maîtresse, un joker tiré de ses manches de stratège politique, René Préval explique : « Il y a 90 jours entre le 7 février et le 14 mai. C'est le temps imparti par la Constitution à un gouvernement provisoire pour réaliser des élections. Mais vous savez que les gouvernements provisoires ne font jamais les élections en 90 jours », selon René Préval qui souhaite passer le gouvernail à un président élu, n'importe lequel des candidats en lice. « J'avais dit que si l'on accuse du retard dans le processus électoral, pourquoi ne pas arriver jusqu'au 14 mai pour qu'un président élu transmette le pouvoir à un président élu », insiste-t-il en précisant qu'il s'est ravisé de laisser le pouvoir le 7 février après le séisme.
Le président René Préval qui dit croire qu'il est raisonnable que l'on fasse tout pour respecter le 7 février, sort une petite bombe sur la Cour de cassation où, en cas de vacance présidentielle, doit provenir le nouveau président.
La Cour de Cassation et ses juges inconstitutionnels
« A la Cour de cassation il y a un seul juge nommé selon les prescrits de la Constitution par le président Jean Bertrand Aristide », confie le chef de l'Etat, en évoquant le renvoi de certains juges de la Cour et leur remplacement par d'autres de manière inconstitutionnelle par le président provisoire Boniface Alexandre suite à une décision controversée « des juges des juges » dans l'affaire Dumarsais Siméus, un Américain d'origine haitienne exclut de la course électorale à la présidence par le CEP en 2005.
Pourquoi n'avoir pas nommé les juges de manières constitutionnelle ?
« J'aurai pu le faire. Mais il y avait d'autres priorités dont l'insécurité qu'il fallait ramener à un seuil vivable et un gouvernement de consensus à faire. J'ai pensé que j'aurai eu le temps mais malheureusement je n'ai pas pu le faire », s'est mollement excusé le président, qui ne s'est pas prononcé sur la nullité constitutionnelle ou non des arrêts de cette Cour depuis 2005.
A l'appel de certaines capitales occidentales et du patron de l'ONU au « dialogue politique » pour résoudre la crise électorale, M. Préval nuance. « On fera tous les dialogues nécessaires en respectant la Constitution et la loi », soutient-t-il.
« Il n'y a aucune solution possible en dehors de la loi et de la Constitution. Et s'il y a une solution que l'on trouverait sans moi elle est vouée à l'échec. Faites-moi confiance, les chemins de travers ne mènent nulle part sinon que dans des fossés », prévient le président, qui dénonce le cannibalisme politique et le sort fait à nombre de présidents après leur mandat.
« Ce n'est pas normal qu'un président finisse soit en exil, soit en prison. Il y a un président qui a passé la nuit en prison après avoir participé à la cérémonie de passation de pouvoir», fulmine-t-il, sans citer le nom de Mme Hertha Pascal Trouillot le 7 février 1991.
« Evidemment, il y a des gens qui ont dit qu'ils feront tout pour m'emprisonner. Sans dossier,cela ne peut pas se faire. Il y a aussi des dossiers politiques », explique M. Préval en concédant ne pas accorder d'importance à tout cela.
René Préval ayant revendiqué la détente politique, le respect des libertés durant son quinquennat joue son va tout dans les semaines à venir.
A-t-il une le sentiment d'être incontournable alors que nombre de ses opposants misent déjà sur un gouvernement provisoire ?

Réputé « maître du temps », ce stratège politique paraît avoir tout prévu. Sauf l'imprévu !

Roberson Alphonse
ralphonse@lenouvelliste.com

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=87141&PubDate=2010-12-23

Commentaire
Qui a dit qu'un président qui n'assume pas son rôle, qui fuit, mérite le respect de son peuple? N'est-ce pas la première application d'une constitution que chaque autorité élue fasse ce pour quoi il l'a été? A défaut de respect de la constitution - entendez : fraude, intimidations, chantages...quelque chose doit être fait. Notamment si la vie de plus d'un est en danger. Dura lex sed lex.

jeudi 23 décembre 2010

Au moins 45 lynchages à mort depuis le début du choléra

Haïti: Au moins 45 personnes ont été lynchées à mort en Haïti depuis le début de l'épidémie de choléra à la mi-octobre par des groupes les accusant de pratiquer la sorcellerie pour propager la maladie, a indiqué mercredi le ministère haïtien de la Communication et de la Culture.
Ce nouveau bilan complète celui donné par les autorités haïtiennes début décembre qui faisait état d'au moins 14 morts dans des incidents similaires survenus dans le département de la Grand'Anse, dans le sud-ouest d'Haïti.
"Nous avons dénombré 40 morts dans le seul département de la Grand'Anse où les gens s'attaquent à des guérisseurs accusés de sorcellerie liée au choléra", a déclaré Moïse Fritz Evens, un responsable du ministère de la Communication.
Dans d'autre régions d'Haïti, cinq personnes ont été tuées dans les mêmes circonstances, selon la même source.
"Les victimes, la plupart des prêtres vaudou, la religion populaire d'Haïti, sont battues à coups de machette et de pierre avant d'être brûlées dans la rue", a ajouté Moïse Fritz Evens, qui présentait une enquête réalisée du 4 au 7 décembre dans la Grand'Anse.
Les personnes pratiquant le vaudou "n'ont rien à voir avec l'épidémie de choléra", a rappelé la ministre de la Communication, Marie-Laurence Lassègue, ajoutant que pour combattre cette rumeur, il était nécessaire de "renforcer la sensibilisation sur la maladie".
Au total, 2.591 personnes sont mortes depuis le début de l'épidémie et 121.518 personnes ont été traitées, selon un bilan arrêté au 17 décembre.
Le choléra suscite de fortes inquiétudes auprès de la population et des heurts entre des groupes d'Haïtiens et les forces de l'ONU, accusées par une partie de la population d'avoir importé la maladie, ont fait plusieurs morts.
Plusieurs études ont affirmé que le choléra a vraisemblablement été importé par une source humaine extérieure à la région et une thèse formulée récemment par un épidémiologiste français impute la responsabilité aux Casques bleus népalais de la Mission de l'ONU en Haïti (Minustah).

L'armée népalaise a fermement rejeté cette hypothèse.

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=87096&PubDate=2010-12-22

Commentaire
L'obscurantisme des différents dirigeants haïtiens, avec d’extrêmement rares exceptions, est directement responsable de ce désastre. Le refus de l'éducation au peuple, le vol de ses ressources, l'utilisation de sa situation pour obtenir de l'aide et la gérer selon leurs propres intérêts quand ils ne se l'approprient pas tout bonnement, n'ayant de compte à rendre à personne (ou plutôt qu’aux banques étrangères). Voilà la source de la perpétuation d'un mal surmonté depuis longtemps par des peuples qui, hier encore, regardaient HAITI comme un exemple.

mardi 21 décembre 2010

Des migrants honorés pour leur attachement à Haïti

Pour marquer la Journée internationale des Migrants et des Réfugiés célébrée, le 18 décembre, le ministère des Haïtiens vivant à l'étranger (MHAVE) a délivré un certificat officiel "Honneur et Mérite" à six immigrants vivant en Haïti pour la plupart depuis plus de 40 ans y compris deux Dominicains, pour leur contribution à la société haïtienne.
Haïti: Le prestigieux médecin allemand, Gerhard Helmcke né en Haïti ; le Belge Jean Sprumont arrivé en Haïti en 1966 qui oeuvre dans l'éducation professionnelle à Camp Perrin ; le Canadien Maureen Fuekell qui a passé une bonne partie de sa vie dans le pays, 47 ans ; l'Américaine Joan Martineau, mariée à un haïtien et qui compte 41 ans au service du peuple haïtien, enfin la République Dominicaine représentée par Juan Martinez Ventura et Margarita Martinez qui ont passé respectivement 11 et 18 ans en Haïti, ont tous été honorés par le MHAVE à l'occasion de la Journée internationale des Migrants et des Réfugiés.
La cérémonie a été retransmise en direct sur la Télévision nationale d'Haïti (TNH) et dans le reste du monde à travers des installations satellitaires et pour la diaspora via le système HLN. Une occasion pour le titulaire du MHAVE, Edwin Paraison, l'Ambassadeur de la République dominicaine à Port-au-Prince, Ruben Silié, l'ancien ambassadeur d'Haïti en République voisine, Guy Alexandre qui représente l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et Jean-Marie Theodat, professeur à l'Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), de faire un état des lieux de la migration sur la planète, de la contribution de la migration haïtienne en République dominicaine, entre autres.
M. Paraison, qui a présidé la cérémonie, a déclaré que le pays a toujours été une terre d'accueil. Il a regretté que certains dirigeants haïtiens ont mis de côté cette hospitalité historique en prenant des mesures politiques défavorables à l'intégration des immigrants. «Je déplore entre autres, les actions perpétrées contre les Allemands et les Arabes le siècle passé », a-t-il dit. Je prends sur moi la responsabilité de demander des excuses publiques pour ces agissements. »
Pour sa part, l'ambassadeur dominicain à Port au Prince, Ruben Silié, a reconnu « l'importante contribution » de la migration haïtienne dans son pays, tout en soulignant que la production de sucre dans les bateys et la main d'oeuvre haïtienne jouent actuellement un rôle vital dans le développement urbain des villes comme Santo Domingo, Santiago, Puerto Plata et San Pedro de Macoris. Le diplomate a également indiqué que la facilité avec laquelle les Haïtiens parlent des langues étrangères a facilité l'utilisation des nationaux haïtiens en République voisine dans le tourisme, l'hôtellerie...
M. Silie a fait savoir qu'il n'y a pas de conflits interethniques entre les travailleurs migrants haïtiens et dominicains, arguant que les situations de violences enregistrées au cours de ces dernières années n'ont jamais eu lieu dans les centres de travail. Il a pointé du doigt des individus qui vont à l'encontre de la volonté du peuple dominicain.
Les six immigrants honorés par le gouvernement haïtien à l'occasion de journée des Migrants et des Réfugiés n'ont pas caché leur amour pour le pays de Toussaint Louverture. Ils ont réaffirmé leur volonté de continuer à travailler aux côtés du peuple haïtien pendant longtemps encore.
Plus de 200 millions de personnes vivent actuellement en dehors de leur territoire. L'Organisation mondiale de la migration (OIM) estime qu'avec le rythme actuel de croissance, il pourrait y avoir environ 405 millions de migrants éparpillés à travers le monde d'ici à 2050. Haïti, en ce qui la concerne, compte environ 4 millions de ses fils et filles en terre étrangère.

R.G.

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=86946&PubDate=2010-12-20

Commentaire
Que cet événement ouvre les yeux à ceux qui croient que ce phénomène est une malédiction et qu'il faut l'anathématiser. Voir l'étranger comme un ennemi n'est peut être pas une invention récente, mais après tant de siècles de civilisation devrait-il y avoir encore de place pour cette méfiance morbide qui nous aveugle souvent sur les véritables apports des nouveaux venus?

Evelyne Trouillot prix Carbet 2010

Haïti: Le 21e prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde a été remis, vendredi 17 décembre, en Guadeloupe, à l'écrivaine haïtienne Evelyne Trouillot, pour "La Mémoire aux abois". Ce roman a paru en mai dernier aux éditions Hoëbeke, à Paris, dans la collection Etonnants voyageurs, dirigée par le fondateur du festival de même nom, Michel Le Bris.
Le jury du prix Carbet, présidé par le théoricien littéraire et universitaire trinidadien Michael Dash, déclare décerner le prix à Evelyne Trouillot pour « l'originalité avec laquelle sont convoqués les tremblements de l'Histoire et des histoires dont les soubresauts n'ont pas fini de secouer nos imaginaires caribéens [...] ». Selon le jury, La Mémoire aux abois est « un roman vivant qui libère une esthétique fragmentée et indirecte, à la limite de l'inextricable ». Ce roman, poursuit le jury, a été retenu pour « la tendresse, les silences, les souffles, qui sont dévoilés tout en intérieur et qui révèlent les énigmes des destins ». Dans ce roman, l'auteur fait parler des voix « qui assiègent, qui résonnent et qui ne proposent pas de solutions établies, et qui simplement invitent le lecteur à vivre avec les malédictions de nos passés ».
En effet, dans La Mémoire aux abois, Evelyne Trouillot plonge les lecteurs dans une sorte de traversée de la dictature duvaliériste. Une mise à nu de cette terrible période à travers les voix entrecroisées voire parallèles de deux personnages féminins : la veuve du dictateur et la jeune femme, fille d'une femme victime de la dictature qu'elle a vécue à l'intérieur du pays. Ainsi, Evelyne Trouillot campe deux destins opposés de deux personnages qui se remémorent ce douloureux passé dont les blessures sont loin de se cicatriser.
Le jury du prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde a, en outre, accordé la mention spéciale « aux publications des écrivains haïtiens qui témoignent de la vivacité de ce peuple face à l'inimaginable qui a eu lieu le 12 janvier 2010 ». Il s'agit de Haïti kembé la ! (Rodney Saint-Eloi), de Tout bouge autour de moi (Dany Laferrière), de Failles (Yanick Lahens) et de Create dangerously (Edwige Danticat). Ce sont, écrit le jury, des « livres animés par l'urgence [qui] nous parlent du séisme qui a ravagé leur pays et des autres séismes politiques, sociaux et économiques qui ont eu des conséquences cauchemardesques pour Haïti ». La cérémonie de remise du prix Carbet de la Caraïbe
(symbolisé par un trophée, une création du très renommé plasticien et céramiste martiniquais Victor Anicet) a eu lieu à la Résidence départementale du Gosier Hôtel du Département Bas du Fort, en Guadeloupe, en présence de diverses personnalités littéraires, dont le président du jury Michael Dash, la poétesse cubaine Nancy Morejon et l'écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau.
Evelyne Trouillot figurait parmi cinq autres écrivains haïtiens en lice pour l'obtention du 21e prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde 2010. Il s'agit de Gary Victor (Le Sang et la Mer, roman, Vents d'ailleurs), Kettly Mars (Saisons sauvages, roman, Mercure), Rodney Saint-Eloi (Haïti Kembé la ! 35 secondes et mon pays à reconstruire, récit, Michel Laffont), Robert Berrouët-Oriol (Poème du décours, poésie, Triptyque) et James Noël (Des poings chauffés à blanc, poésie, éditions Bruno Doucey).
Evelyne Trouillot est la huitième écrivaine haïtienne à remporter le prix Carbet de la Caraïbe. Dany Laferrière est le premier à le décrocher en 1991, soit un an après sa création, avec son roman L'Odeur du café. Le prix allait être par la suite décerné à Émile Ollivier pour Les urnes scellées (1995) ; Félix Morriseau-Leroy pour l'ensemble de son oeuvre (1996): René Depestre pour l'ensemble de son oeuvre (1998) ; Édwige Danticat pour La Récolte douce des larmes (1999) ; Frankétienne pour H'Eros-Chimères (2002) et à Georges Castera pour Le Trou du souffleur (2006).

Chenald Augustin

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=86897&PubDate=2010-12-20


Commentaire
Félicitations à madame Trouillot pour ce prix prestigieux!

L'OEA va commencer à recompter les votes dans une semaine

Haïti: La mission technique de l'Organisation des Etats américains (OEA) chargée de superviser le recomptage des votes de l'élection présidentielle haïtienne va commencer sa mission lundi prochain, a indiqué ce lundi son secrétaire général adjoint Albert Ramdin.
"L'équipe d'experts va voyager dimanche pour commencer sa mission lundi", a-t-il annoncé à l'AFP.
Reste à savoir quels seront les contours exacts de la mission de l'OEA. "Il faut d'abord qu'on examine quelle sera la portée de la mission, ce que les experts vont faire et jusqu'où va aller le processus de vérification" des résultats du premier tour de la présidentielle du 28 novembre, a déclaré M. Ramdin.
La publication des résultats définitifs du premier tour de la présidentielle haïtienne, prévue lundi, a été reportée pour permettre aux experts de l'OEA de vérifier la validité d'un scrutin dont les premiers résultats ont plongé le pays dans une crise politique et provoqué des violences.
Dans un communiqué, le CEP a avancé "l'arrivée et l'accomplissement des travaux d'une mission d'experts" de l'Organisation des Etats américains (OEA) sollicitée par le président René Préval pour expliquer sa décision.
Le chef de l'état sortant avait demandé à l'OEA de dépêcher une mission en Haïti afin d'assister les autorités électorales dans la vérification des procès verbaux et la phase de contentieux électoral.
En retour, l'organisation avait demandé un report de la date de publication des résultats contestés par la majorité des candidats dont le chanteur populaire Michel Martelly arrivé en troisième position et non qualifié pour un second tour qui doit avoir lieu le 16 janvier.
En fin de semaine dernière, le secrétaire général adjoint de l'Organisation, Albert Ramdin, avait indiqué que l'OEA préparait une mission de recomptage des voix. Ses équipes pourraient se rendre à Port-au-Prince au début de la semaine.
Les résultats préliminaires avaient placé en première position la candidate Mirlande Manigat avec 31% des suffrages devant le candidat du pouvoir Jude Célestin, 22%.
La publication de ces résultats avait provoqué de violentes manifestations au cours desquelles plusieurs personnes avaient trouvé la mort.
Déjà meurtri par le séisme du 12 janvier qui avait fait plus de 250.000 morts, Haïti se débat depuis la mi-octobre avec une épidémie de choléra.
Dimanche, le ministère de la Santé publique indiquait que la maladie avait tué 2.535 personnes. Lundi, ce bilan a été revu à la baisse.
Sur son site internet, le ministère avance le chiffre de 2.481 décès dus au choléra, dont 239 à Port-au-Prince, selon un bilan arrêté au 15 décembre.
Quelque 117.580 Haïtiens ont en outre été touchés par la maladie.
Dans le même temps, deux avions ont été affrétés par la France pour transférer de Haïti des enfants en cours d'adoption par des familles françaises.
Selon un communiqué de la ministre française des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie, les appareils "quitteront Paris pour Port-au-Prince les 21 et 23 décembre".
Au total, 318 enfants, dépourvus de passeport mais bénéficiant d'un laisser-passer consulaire exceptionnel, devraient être concernés par cette venue en France. Ce laisser-passer a été rendu possible par un échange de lettres gouvernementales entre la France et Haïti.

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=86972&PubDate=2010-12-20


Commentaire
A quel jeu l'OEA joue-t-elle? Elle a cautionné sans analyse, sans nuance, les élections frauduleuses de Préval, elle a annoncé avant tout le monde que ce dernier avait, malgré quelques irrégularités, gagné correctement sa place pour un deuxième tour quand tout le monde y compris l'ONU niait la vérité d'une telle prise de position. Que lui reste-t-il encore à faire pour nous obliger à avaler la pilule de la fraude?

lundi 20 décembre 2010

Haïti-Politique-Justice : La candidate Myrlande Manigat dénonce un « complot »

• P-au-P, 20 déc. 2010 [AlterPresse] --- La candidate à la présidence, Myrlande Manigat, dénonce un « complot » qui serait ourdi contre son parti, le Rassemblement des Démocrates Nationaux Progressistes (RDNP), dont le responsable de communication, Patrice Dumont, a été interpellé la semaine dernière par la justice.
Le chroniqueur sportif bien connu Patrice Dumont a comparu le 16 décembre au parquet de Port-au-Prince pour répondre aux questions de la justice à propos d’un éventuel attentat qui se préparerait en vue d’incendier la Télévision Nationale d’Haiti.
« Ce n’est pas seulement Patrice qui a été visé dans cette affaire mais également le RDNP », a déclaré Myrlande Manigat, arrivée en tête des résultats préliminaires des présidentielles avec 31,37% des voix.
« Parlez de mes idées de mon programme, de ce que je veux faire, mais manigancez pas de complot précaire, prématuré », a avancé la candidate qui voit en cette interpellation une tentative d’intimidation contre son parti.
A l’issue de son audition, le chroniqueur sportif et analyste politique qui a bénéficié de la solidarité de bon nombre de personnalités, a été invité à rester disponible pour la Justice.
« La manière d’interpeller Patrice n’était pas bonne », a dit Myrlande Manigat. « Ce qui est arrivé montre qu’on a un système judiciaire qui n’est pas indépendant du pouvoir politique », soutient Myrlande Manigat qui croit en la nécessité d’une reforme de la justice en Haïti, ce qu’elle promet de faire une fois accédée au pouvoir.
« La justice doit signifier quelque chose en Haïti », souligne-t-elle.
La candidate invite le commissaire du gouvernement Harrycidas Auguste et les juges à être au service de la République et non du ministre de la justice (Paul Denis), en dépit leur dépendance du ministère de la justice. [rh gp apr 20/12/2010 00:30]

http://www.caraibesfm.com/index.php?id=7271

Commentaire
Des juges corrompus? Les exemples sont légions. Sauf que dans l'état actuel d'Haïti, cela prend la dimension d'un crime plus que d'un simple délit. Ce sont des gens qui meurent, c'est un pays qui est paralysé, ce sont des investissements qui ne se feront pas ...bref, c'est une mort lente infligée à tout une nation.

TICKET : Ricky Juste Indestructible

Voici un homme qui a presque tout perdu le 12 janvier: sa femme, son entreprise, sa maison et ... sa jambe. Voici un homme qui s'est vu ballotté de lit d'hôpital en lit d'hôpital et qui a gardé malgré tout une foi inébranlable en Dieu, une insatiable envie de vivre, de se relever et de continuer à regarder de l'avant. Il s'appelle Ricky Juste. Il est musicien, publiciste.
Haïti: Tu es sorti veuf et amputé d'une jambe du séisme. Dans les premiers moments, comment as-tu vécu ces changements dans ta vie ?
R. Au début, sans te mentir, c'était extrêmement difficile. Je ne m'y attendais pas du tout. Je n'étais pas habitué à rester cloué sur une chaise roulante toute la journée et à me faire servir par d'autres. Normalement je suis une personne très dynamique et très indépendante. Pis encore, j'avais aussi perdu ma tendre moitié (long soupir). Ma femme et moi étions très soudés, et accepter qu'elle ne vivait plus m'était presque impossible. C'est pourquoi, durant les deux premiers mois, tous ces changements m'ont pris de court et m'ont démoralisé. Mais par rapport à ma personnalité, mon tempérament et ma foi, je suis parvenu à surmonter ces mauvais débuts avec patience et courage; surtout après avoir reçu ma prothèse et recommencé à marcher, j'avais complètement repris espoir.
Tu es seul avec tes deux filles maintenant, comment fais-tu?
R. Je rectifie (rires). Je n'ai pas seulement deux filles, j'ai aussi un garçon de 15 ans d'une autre mère. Mes enfants sont des perles, ils ont vite compris ma situation et se sont facilement adaptés. A part la petite dernière de 2 ans, Djalisha, qui est l'enfant terrible de la famille (rires), tout va très bien. On s'entend à merveille, il n'y a pas de tristesse à la maison. A Miami, je leur faisais du spaghetti (rires) quand j'étais d'humeur à cuisiner. Je les surveillais, j'avais du temps libre pour m'occuper d'eux et ça leur faisait du bien. Je suis maintenant de retour en Haïti, ils sont restés aux Etats-Unis avec ma mère. Dieu m'a guidé et j'ai conscem-ment fait ce choix.
Comment tes enfants vivent-ils le drame?
R. (Long soupir) Je ne veux pas remonter à cette partie très triste de l'histoire. Tout ce que je peux t'affirmer, c'est que c'était plus que difficile. Il a fallu beaucoup de temps, de mots et d'amour pour apaiser cette douleur chez eux. Mais on y est arrivé grâce à Dieu, et aujourd'hui ils ont retrouvé leur joie innocente et tout va pour le mieux.
Si tu as une leçon à tirer du 12 janvier, quelle est-elle?
R. Premièrement rien n'est éternel. Je l'ai appris à mes dépens. Pour moi, la vie ne vaut pas la peine d'être vécue, si on ne prend pas le temps de jouir intensément chaque petit instant que Dieu nous donne la chance de voir et de le remercier chaque jour de cette bénédiction. Deuxièmement j'ai compris qu'en dépit de tout, les Haïtiens sont très solidaires. Le 12 janvier, après Dieu, si je n'avais pas trouvé des gens comme Weaver Destin, par exemple, qui avaient risqué leur vie pour m'aider, je ne serais peut-être pas en train de faire cette interview aujourd'hui. Bien que certains Haïtiens aient pillé et volé les maisons et les business, notamment RealBiz mon studio qui a été pillé le même instant, d'autres ont abandonné leurs familles et leurs amis pour sauver de parfaits inconnus. C'était incroyable. Pourtant j'ai quand même un seul grand regret : je n'ai pas eu le temps d'embrasser ma femme. Certes, j'avais prié pour son âme, j'avais prié pour qu'elle repose en paix et pour que Dieu continue de veiller sur elle. Mais je ne lui ai pas donné un baiser d'adieu, et à chaque fois, en y repensant, j'ai un goût amer dans la bouche.

Côté travail, ton studio d'enregistrement Realbiz s'est effondré le 12 janvier. Comment te reprends-tu?
R. Jusqu'à présent je ne peux pas me plaindre. J'étais resté en contact avec les messieurs de Bongu (Patrick Dumornay, Reynold et Eddy Deeb), qui, en plus de m'avoir donné un grand support moral, m'ont aidé financièrement. Je dois te dire que j'avais perdu le studio au complet. Je n'ai sauvé que la génératrice. Mais j'étais déterminé à recommencer. A Miami où j'étais, j'allais chez mon cousin qui a des équipements d'enregistrement. Quand j'avais besoin de me récréer, je composais des mélodies et je faisais de la publicité pour des clients qui m'appelaient. De là-bas étant, j'avais commencé à rassembler mon matériel afin de remettre RealBiz sur pied. J'ai trouvé un local à Pétion-Ville, au numéro 5 de la rue Goulard, tout près de la maternité de Pétion-ville. Le studio est presque fini; je pense que d'ici janvier il sera totalement prêt. Il est beaucoup plus grand que l'ancien local et beaucoup plus sophistiqué aussi, il sera réputé « high-definition ». Ça n'a pas été facile, mais je ne me suis pas découragé. J'ai toujours confiance en Dieu, Il n'abandonne jamais ses enfants. J'en suis la preuve vivante.
L'affluence des clients est-elle la même qu'avant le 12 janvier?
R. Oh oui ! Grâce à Dieu. Elle a même augmenté. Je fais de la publicité pour de nouveaux clients et les anciens me sont restés fidèles. Mes clients me soutiennent énormément. On peut contacter Realbiz Studio au 3730-5911.
Peux-tu continuer à jouer de la batterie malgré ton handicap?
R. Lors du tournage de la vidéo de la publicité de Bongu pour le mondial, j'étais dans le studio de T-Ansyto. Je me suis assis derrière la batterie et j'ai commencé à jouer, sans aucune difficulté. C'est comme du vélo, ça revient automatiquement (rires); bien entendu, avec moins d'agilité qu'avant. Avec ma nouvelle prothèse, c'est beaucoup plus simple. Elle est plus sophistiquée, plus souple et plus chère aussi (25 000 dollars en passant) que celle que j'avais à Miami. Je marche, je cours, je conduis et je joue de la batterie sans le moindre souci. D'ailleurs j'ai repris avec K-Dans, pas vraiment comme batteur mais surtout comme membre du staff de management. Des fois, je chante devant le groupe avec Jude Jean. Mais c'est plus par solidarité et pour prouver aux fans que K-Dans est à nouveau au complet que je suis là.
Tu résides actuellement en Haïti et tes enfants sont à l'étranger. Comment vis-tu cette situation?
R. C'est extrêmement difficile pour moi. Je n'ai pas l'habitude d'être séparé si longtemps de mes enfants. Mais j'adore Haïti, et pour subvenir aux besoins de ma famille, j'étais obligé d'y revenir. La situation actuelle ne me permet pas de faire revenir mes enfants. Je pense qu'ils sont mieux là où ils sont, surtout que c'est Weaver Destin qui me loge actuellement. Je sentais avoir laissé une tâche inachevée derrière moi. C'est pourquoi je suis revenu. Après le tremblement de terre, beaucoup de gens se sont empressés d'abandonner le pays. Je ne les juge pas, loin de là, je les comprends. Mais si tous ceux qui avaient la possibilité de partir faisaient pareil, si tous les gens qui avaient les moyens de créer des emplois partaient, qui est-ce qui resterait pour reconstruire Haïti? Moi, je crois que chaque personne indistinctement a sa pierre à poser. Je suis revenu, je vais reconstruire ma maison, et aider mon pays à se relever en jouant ma partition. C'est comme ça que je vois les choses, et je sais que Dieu m'accompagnera dans toutes mes démarches jusqu'à ma mort.
Sur tes photos sur Facebook, on remarque cette même joie de vivre qu'avant dans tes yeux. D'où puises-tu cette force?
R. Tu peux remarquer que depuis le commencement de cette interview je n'arrête pas de parler de Dieu. Je sais que personne sur cette terre ne peut accomplir quoi que ce soit sans la foi en Dieu. Personne. J'étais couché sous une dalle de béton d'environ 6 à 7 cm d'épaisseur, ma femme morte sur les jambes, avec tout un étage écroulé sur mon studio et je suis sorti vivant de cet immeuble de Delmas 40B. Alors oui, c'est Dieu qui me donne cette force et cette joie de vivre. C'est Lui qui me relève quand je tombe et c'est encore Lui qui me guide quand je me perds. J'en profite pour envoyer ce message à tous ceux qui m'aiment, à tous mes confrères musiciens, à mes amis, à ma famille et à tous ceux qui étaient venus m'aider ce 12 janvier et après. Où que vous soyez et quoi que vous fassiez, présentez-le d'abord à Dieu, et soyez assurés de sa réussite.
Qu'est-ce qui te motive à garder le moral ?
R. Tu connais mon tempérament. Je suis très jovial de nature, et ça me permet d'accepter n'importe quelle situation. J'étais bien avec ma femme et mes enfants, quand ce malheur s'est produit; je ne me plains pas, je l'accepte et je me force à avancer. Mes enfants, ma femme, ma famille, voilà mes motivations. C'est pour eux que je dois continuer à me battre, à regarder de l'avant et à garder le moral au beau fixe. Si je fléchis, mes enfants fléchiront avec moi, et je ne veux surtout pas les voir manquer de bonheur.
Tu as l'habitude de chanter, tu as d'ailleurs déjà sorti un album solo. Prévois-tu une chanson témoignage?
R. Oui. Justement, je viens de finir une qui s'appelle « 12 janvier ». T-Joe, Mika et moi-même chantons dessus. Elle sortira le 12 janvier prochain, 1 an après, jour pour jour. J'ai aussi l'intention d'organiser ce jour-là un grand concert dont les fonds recueillis iront directement à une institution en Haïti qui s'occupe des enfants orphelins. C'est encore au stade de projet, mais je vais travailler très fort afin de trouver des fonds pour réaliser cette bonne action.
Sens-tu que tu as une mission à accomplir? Un combat à mener?
R. Pour moi, toute la vie est un grand combat. Si tu as accepté d'être là, tu dois aussi accepter qu'un jour tu partiras. Vivre rime avec souffrir. La route est longue, des fois elle est douce et d'autres fois elle est chargée d'embûches. Tu dois t'armer pour les deux cas. Je suis quelqu'un de très optimiste, je ne perds jamais espoir. Si je suis là, c'est que j'ai une mission à terminer, une bataille à gagner. Et si je meurs demain, je resterai comme un exemple de courage pour mes enfants.
As-tu une nouvelle devise?
R. (Rires) Vivre, rire et aimer à chaque souffle.
Comment ton entourage (amis et famille) vit-il ta nouvelle situation physique?
R. 80% de mes amis, quand ils me rendent visite, ont une tête de mort-vivant (rires), c'est moi qui leur remonte le moral (rires). Le plus souvent je leur demande de ne pas afficher ces visages tristes parce que ça ne m'aide pas. Je veux sentir de la joie, de l'animation et de l'encouragement autour de moi; je veux respirer le futur. Je sais que perdre sa femme ou ses enfants, c'est tragique. Mais je crois que m'enfermer dans l'amertume et dans la tristesse équivaut à tuer ma femme une seconde fois. Je persiste à croire que lorsqu'on perd un être cher, il faut continuer à faire ce que la personne adorait. Une façon de ne pas l'oublier et de la chérir éternellement. Moi, je promets à ma femme de toujours veiller sur nos filles afin qu'elles deviennent de belles jeunes demoiselles et que mon garçon devienne un grand jeune homme respectueux comme elle l'a toujours voulu.
Comment tes amis musiciens t'ont-ils porté solidarité depuis le 12 janvier?
R. Il y a Tico Pasquet, Dadou Pasquet et Richie qui avaient organisé une soirée durant laquelle ils m'avaient rendu un grand hommage. Je n'y étais pas, mais j'ai entendu du bien de cette soirée et je leur dis merci. T-Joe Zenny, Mika Benjamin, Alex Thébaud qui est comme un frère pour moi, et Grégory Chéry qui est le parrain de mon mariage et le parrain de ma plus grande fille, et dont je suis le parrain du fils [se on konkou parenn nou tap fè], (rires) m'ont énormément supporté. Frantz Duval, Christine Coupet, je ne peux malheureusement pas citer tout le monde, mais sans Dieu et sans ces gens, je n'aurais pas eu la force de me battre. Beaucoup, beaucoup, beaucoup de personnes m'ont apporté leur aide, leur sourire, leur accolade lors de mes moments difficiles, et je les en remercie du fond du coeur.
Un message à ceux qui ont perdu des proches ou un membre lors de cette tragique journée du 12 janvier ?
R. Courage. Du courage pour tout surmonter. Du courage pour vous lancer dans ce que vous voulez. Ne perdez plus votre temps parce que demain est incertain. Je l'ai déjà dit tantôt, on ne peut rien faire sans la foi en Dieu; remettez tout en lui et il vous protègera. A tous ceux qui ont perdu un proche ou un membre, ne le considérez pas comme une perte mais plutôt comme une victoire face à la mort, parce que vous respirez encore. Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir. Merci Ticket.
Remerciement spécial
R. « Je voudrais remercier spécialement, à la fin de cette interview, la presse en général, Canal 11 et Ticket Magazine surtout, qui m'ont beaucoup supporté. A Weaver Destin, mon ami, mon frère, je n'ai pas de mots pour t'exprimer ma gratitude. Merci du plus profond de mon coeur. »


Le mardi 12 janvier, comme la plupart des gens, il vaquait à ses occupations habituelles sans aucun souci.
Avec sa bonhomie et sa jovialité naturelle, il recevait, dans son studio au 2e étage du building de la National Dry Cleaning à Delmas 40B, le groupe RFI de Jacmel qui enregistrait sa méringue carnavalesque 2010.
A 4 h 52, ce mardi-là, alors que sa femme et lui raccompagnaient les musiciens à la sortie, l'immeuble a tangué, basculé et s'est effondré. En 35 secondes, tandis qu'il ne comprenait même pas ce qui arrivait, il se retrouvait emprisonné sous des tonnes de béton, blessé à la tête, sa femme en agonie en travers de ses jambes, dans les vapes.
A son réveil, il réalise que son Elisabeth chérie, celle avec qui il avait choisi de s'unir pour la vie, la mère de ses deux filles, trépassait sur ses genoux, sans qu'il ne puisse rien faire pour l'aider. Rien, à part prier pour son âme et serrer très fort sa main dans la sienne... Ricky passe 12 heures sous les décombres. Plus tard, il est sauvé par Weaver Destin, son voisin, aidé de simples passants. Ensuite, c'est la ronde dans les hôpitaux, qui l'amène à la maternité de Pétion-Ville où il passe 3 jours en soins intensifs, refusé de départ à l'aéroport International de Port-au-Prince, jugé trop mal en point. Il parviendra à quitter le pays et se rendra en Guadeloupe où il se fera amputer d'une jambe.
Sur son lit de douleur, jamais il ne cessera de faire des blagues. Sa bonne humeur a été son meilleur médicament.
Son histoire n'est peut-être ni meilleure ni pire que la vôtre, mais elle mérite d'être lue. En l'honneur de ceux qui savent se battre, en l'honneur de ces milliers d'inconnus qui ont remporté une grande victoire ce mardi après-midi et qui, comme Ricky, croient que s'ils sont encore en vie, c'est qu'ils ne vivent que pour le bonheur de ceux qu'ils aiment.



Propos recueillis par
Gaëlle C. Alexis
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Quelle leçon tirer de cette situation spéciale ?

Les autorités retardent la publication des résultats Origine : Haïti

Haïti: Le Conseil électoral haïtien (CEP) a annoncé dimanche soir qu'il avait décidé de surseoir à la publication prévue pour le 20 décembre des résultats définitifs du premier tour des élections présidentielle et législatives.
La publication des résultats préliminaires avait provoqué des manifesfations violentes en Haïti soldées par la mort de plusieurs personnes et la destruction de plusieurs bureaux publics.
"En attendant la fin de la phase contentieuse du processus électoral, l'arrivée et l'accomplissement des travaux d'une mission d'experts de l'OEA sollicitée par le président René Préval, le CEP a décidé de surseoir à la publication des résultats définitifs du premeir tour", lit-on dans un communiqué du Conseil.
Le chef de l'état haïtien avait demandé à l'Organisation des Etats américains (OEA) de dépêcher une mission en Haïti afin d'assister les autorités électorales dans la vérification des procès verbaux et la phase de contentieux électoral.
En retour, l'organisation avait demandé un report de la date de publication des résultats contestés par la majorité des candidats dont le chanteur populaire Michel Martelly arrivé en troisième position et non qualifié pour un second tour.
Les résultats préliminaires avaient placé en première position la candidate Mirlande Manigat avec 31% des suffrages devant le candidats du pouvoir Jude Célestin, 22%.
Un groupe de 12 candidats à la présidence continue d'exiger l'annulation des élections accusant le pouvoir d'avoir organiser des fraudes en faveur du protégé du président René Préval.

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=86907&PubDate=2010-12-19

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Cette mission de l'OEA fera quoi exactement? D'abord, ils sont partialisés car ils ont affirmé avant vérification que les élections étaient correctes. Ensuite, ils veulent recompter mais recompter quoi? Si les urnes ont été remplies avant les élections, ils ne feront que confirmer la prétention du gouvernement. Les gens de la rue, plus sages que ces spécialistes ont demandé et demandent encore (avec le candidat Martelly) "comment recompter ce qu'on n'a pas compte?" Alors?

dimanche 19 décembre 2010

Haiti-Élections : Publication définitive des résultats du premier tour reportée, selon divers médias

P-au-P., 18 déc. 2010 [AlterPresse] --- Le président haïtien, René Préval, a demandé au Conseil Électoral Provisoire (CEP) de surseoir à la publication, initialement prévue le 20 décembre, des résultats définitifs des élections présidentielles et législatives du 28 novembre, entachées d’irrégularités et de fraude, annoncent les médias haïtiens.
Le chef de l’État a pris cette décision sur demande de l’Organisation des États Américains (OEA), indiquent les mêmes sources. L’organisation hémisphérique a demandé que les résultats ne soient pas publiés avant tout recomptage des voix.
Le Secrétaire général adjoint de l’OEA, Albert Ramdin, a effectué une visite cette semaine en Haïti, où il a rencontré le président Préval et d’autres personnalités politiques.
Selon Ramdin, cité par les médias haïtiens, Préval a décidé de requérir du CEP la non-publication des résultats définitifs, puisque l’OEA n’a pas pris part au processus de vérification, décidé par l’institution électorale.
Dans un communiqué transmis ce 18 décembre à AlterPresse, la Mission d’Observation Électorale Conjointe OEA/CARICOM (MOEC) souligne que la Commission spéciale de vérification « ne s’est pas concrétisée ».
Entre-temps, Préval a demandé à l’Organisation hémisphérique d’envoyer deux nouvelles missions en Haïti pour aider aux tâches de vérification des résultats.
Selon le communiqué, le CEP a confié à la MOEC qu’il « s’est trouvé dans l’obligation de surseoir à la mise en place de la Commission qu’il se proposait de créer afin de prévenir toute éventuelle duplication entre le mandat de celle-ci et celui de la mission commandée par le Chef de l’Etat ».
En ce qui concerne la période de contestation qui a pris fin mercredi, l’OEA a noté que « plusieurs (contestations présentées) sollicitent l’annulation du processus électoral sur la base que les irrégularités, les cas de violence et la fraude ont entaché le premier tour des élections en privant de nombreux électeurs d’exercer leur droit de vote ».
La mission de l’OEA a réitéré sa demande au CEP « afin que (…) ces plaintes soient traitées avec la transparence, la rigueur et l’équité qu’elles méritent ».
Le pays est plongé dans une crise depuis la proclamation des résultats préliminaires des élections, violemment rejetés par la population lors d’émeutes qui ont fait au moins 4 morts.
Selon les données officielles, Mirlande Manigat est arrivée en première position dans les résultats avec 31,37 % des voix contre 22.48 % au candidat officiel Jude Celestin. En troisième position figure le chanteur Michel Martelly, qui a remporté 21,84 % des voix. [gp apr 18/12/2010 19 :00]

http://www.alterpresse.org/spip.php?article10428

Commentaire
Cet organisme a quand même commis la légèreté d’offrir son appui à Préval avant même de savoir ce qui s'était passé sur le terrain lors des élections. A moins qu'elle l'ait fait exprès sous prétexte de retenir ce qui, dans son intérêt semblait le moindre mal. Mais alors, on peut se demander quel aurait été le pire.

samedi 18 décembre 2010

Des millions jetés dans la distribution gratuite de l'eau

Depuis le séisme du 12 janvier dernier, les ONG financent à coup de millions de dollars américains des projets d'urgence de distribution d'eau gratuite dans les camps d'hébergement et dans certains quartiers défavorisés du pays. Des inquiétudes s'installent déjà avant même la fin de ces programmes qui suppléent à l'incapacité de l'Etat haïtien à étancher la soif de ses citoyens.
Haïti: Si l'administration Préval/Bellerive a jugé bon de ne pas autoriser les ONG à poursuivre la distribution d'aide alimentaire aux survivants du séisme du 12 janvier, tel n'est pas le cas en ce qui concerne l'eau potable. A moins d'un an depuis la terrible catastrophe, de l'eau, supposément chlorée, continue de couler dans les réservoirs installés dans divers camps d'hébergement.
Projets d'urgence et après ?
L'épidémie de choléra qui prend sa source dans la consommation de l'eau polluée sert de prétexte aux ONG pour ne pas laisser tomber le secteur de l'eau potable. Les projets d'urgence vont, sans aucun doute, continuer au-delà du 31 décembre de cette année, la date que les ONG retenaient pour s'arrêter avec la distribution gratuite de l'eau.
S'il est certain que de l'eau chlorée va continuer à couler gratuitement dans les récipients des survivants du séisme dans les camps, il est aussi certain que ces programmes vont s'arrêter un jour. Les responsables des ONG disent travailler de concert avec les autorités haïtiennes en vue de ne pas laisser aux abois la population à la fin des programmes d'urgence. « On veut que les gens aient toujours accès à l'eau potable, même à la fin des projets d'urgence de distribution d'eau. C'est pourquoi les ONG, notamment l'OXFAM, travaillent de concert avec la DINEPA à la réparation des kiosques et des réservoirs endommagés par le séisme », a fait savoir Raïssa Azzalini, responsable de la promotion d'hygiène attachée au camp du terrain de Club de Pétion-Ville
Seule, la réparation des infrastructures hydrauliques endommagées par le séisme du 12 janvier dernier ne peut pas permettre à toute la population haïtienne d'avoir accès à l'eau potable. D'importants investissements sont aussi nécessaires dans le secteur. Le directeur de la CAMEP, l'ing. Pétion C. Roy, qui s'apprête à laisser son poste le 31 décembre le sait bien. « Il existe sept forages déjà identifiés à Pernier. On doit les équiper en vue d'agrandir le réseau d'adduction d'eau potable dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince », a-t-il suggéré. Il existe aussi, dit-il, une source à Mariani ainsi que des forages dans la zone de Léogâne qu'on doit aussi exploiter ».
Des millions pour l'eau gratuite
L'ONG Action contre la faim (ACF) distribue à elle seule 68 camions, soit 2.5 millions de litres d'eau par jour dans les 177 points d'eau qu'elle approvisionne. « Nous travaillons sous l'égide de la (Direction nationale d'eau potable et d'assainissement (DINEPA), en vue de permettre à un plus fort taux de la population haïtienne d'avoir accès à l'eau potable », a précisé Lucile Grosjean, responsable de la communication et du plaidoyer à l'ACF. Elle a, par ailleurs, rappelé que seuls 30% de la population de Port-au-Prince avaient accès à l'eau potable avant le meurtrier séisme du 12 janvier 2010.
L'OXFAM est aussi impliquée à fond dans la distribution de l'eau dans les camps. Plus de 45 camps d'hébergement sont approvisionnés en eau par l'ONG qui a commencé à travailler dans le secteur avant même la catastrophe. Quelque 31 camions d'eau sont distribués quotidiennement au camp situé sur le terrain de Pétion-Ville Club, l'un des plus importants camps de sinistrés dans le pays. Une somme de 1860 dollars américains est investie par jour par l'ONG pour cette opération.
L'ONG Secours islamique France, qui s'est installée dans le pays à la faveur du séisme de janvier dernier approvisionne 18 camps en eau potable. « Nous comptons fournir 620 camions d'eau au total sur 31 jours dans les camps », a indiqué Nadica Rinic, coordonnatrice de l'ONG islamique en Haïti.
La DINEPA, au lendemain du séisme du 12 janvier, était aussi impliquée dans la distribution de l'eau gratuite dans les camps. « La DINEPA a dépensé plus de $US 2 millions pour la fourniture quotidienne et gratuite de l'eau potable dans 200 sites de rassemblement et dans plus de 200 kiosques répartis sur toute l'aire métropolitaine, atteignant ainsi environ 800 mille personnes », a fait remarquer un rapport mis en ligne sur le site de l'institution appelant à remplacer la CAMEP et le SNEP.

Qui contrôle la qualité de l'eau distribuée?

Toutes les ONG évoluant dans le secteur de l'eau potable interrogées dans le cadre de ce travail jurent par les grands dieux que l'eau qu'elles fournissent dans les camps d'hébergement est potable. Les règles pour la distribution de l'eau sont fixées par le groupe de travail sur l'eau (Wash cluster), piloté par la DINEPA. « Nous distribuons de l'eau traitée, et demandons un certificat sur la qualité de l'eau comme recommandé par la Cluster Wash - DINEPA », a affirmé la responsable de Secours catholique France.
Les responsables de l'OXFAM donnent aussi la garantie que l'eau fournie aux sinistrés est potable. « Nous traitons l'eau au chlore depuis la source », a affirmé Raïssa Azzalini. Nous prendrons toujours le soin, a-t-elle ajouté, d'effectuer un 2e test après avoir déversé l'eau dans les réservoirs placés dans les camps pour s'assurer de sa potabilité.
Sûre de la potabilité de l'eau fournie par l'OXFAM dans les camps, Raïssa Azzalini dit n'avoir aucune crainte pour la santé des gens consommant l'eau distribuée par son organisation. « Notre crainte, c'est pour les gens vivant dans les bidonvilles et qui n'ont pas accès à l'eau potable », a-t-elle déclaré, soulignant que l'hygiène et l'assainissement sont les deux principaux champs d'intervention de l'OXFAM.
Comme toutes les autres organisations, Action contre la Faim donne toute la garantie que l'eau qu'elle distribue dans les camps et dans certains quartiers populaires ne représente aucun risque pour la santé des bénéficiaires. L'ACF puise une bonne quantité de l'eau distribuée quotidiennement dans le forage de la CAMEP à Turgeau. Un système de traitement au chlore, a constaté Le Nouvelliste, est installé sur le site par les responsables de l'ACF dans le cadre d'un partenariat avec la CAMEP. Huit millions de dollars américains sont dépensés depuis janvier 2010 par l'ONG pour son programme eau, assainissement et hygiène au profit des survivants du séisme.
Une pompe d'eau brute, une autre pompe doseuse et un filtre à charbon permettent à l'ONG de contrôler le chlore résiduel dans l'eau. « Un deuxième contrôle du chlore est effectué après la livraison de l'eau dans les camps », a assuré Clifford Primot, technicien-opérateur travaillant pour le compte de la CHF. Une partie de l'eau traitée par l'ACF est distribuée à la population vivant dans les parages du forage de Turgeau.
De doute en doute
Avec l'apparition de l'épidémie du choléra dans le pays, les responsables des ONG disent augmenter leur vigilance dans le traitement de l'eau fournie dans les camps. Malgré tout, l'eau des ONG ne gagne pas totalement la confiance des bénéficiaires. « La plupart des gens ne veulent pas consommer l'eau distribuée au camp, a reconnu Raïssa Azzalini. « L'eau qu'on nous donne est de mauvais goût, on ne la boit pas », a affirmé Régis, un jeune dans la trentaine, habitant le camp de sinistrés dans les parages de la Hasco.
Au camp de Pétion-Ville Club où Oxfam est en charge de l'eau potable et de l'assainissement, c'est un mini système qui est installé pour distribuer le précieux liquide dans tous les recoins de ce vaste camp où vivent environ 60 000 personnes. Alors que le réservoir principal alimenté régulièrement est installé au sommet d'une colline, des tuyaux en PVC bleu parcourent les corridors entre les tentes faites de bâches pour amener l'eau là où les gens en ont le plus besoin. Pourtant bon nombre de bénéficiaires s'entêtent d'ajouter du chlore à l'eau déjà chlorée, quand d'autres la boivent sans se poser de question.
Peu habitués au goût de l'eau chlorée, bon nombre de gens vivant dans les centres d'hébergement préfèrent l'eau traitée par la méthode d'osmose inversée. Si les gens ne consomment pas l'eau fournie par les ONG, ce n'est pas simplement pour une question de goût. « L'eau qu'on nous donne n'est pas potable. C'est pourquoi on ne la consomme pas », a dit Auguste, une victime du séisme réfugiée au Camp de la Place Fierté à Cité Soleil.
Il n'y a pas que les refugiés internes vivant dans les camps qui émettent des doutes sur la potabilité de l'eau distribuée dans les camps. « Même si l'eau est chlorée, le nettoyage des camions-citernes utilisés pour le transport reste un sujet préoccupant », a lancé, sous couvert de l'anonymat, un spécialiste de l'eau potable qui prête ses services à une institution publique évoluant dans le secteur. Pas étonnant que la plupart de ces camions-citernes étaient affectés avant le 12 janvier dans le transport de produits pétroliers. « Ce qui représente un risque pour la santé de la population », a jugé le spécialiste.
« Nous avons la certitude que les compagnies que nous embauchons pour le transport de l'eau évoluaient toujours dans le secteur, a réagi Lucile Grosjean de l'ACF. En plus, nos camions sont nettoyés de fond en comble tous les deux mois. » « Nous n'avons jamais reçu de plaintes relatives à ce sujet », a enchainé la responsable de la promotion d'hygiène au camp du terrain du Club de Pétion-Ville pour le compte de l'OXFAM. Elle a, par ailleurs, rappelé que l'eau distribuée par l'OXFAM est traitée avec soin.
Des affirmations rassurantes, mais insuffisantes pour convaincre les bénéficiaires à consommer l'eau des ONG en toute quiétude, surtout par ces temps de choléra.

Cet article est publié avec le support de « International Center for Journalists »

Jean Pharès Jérôme
pjerome@lenouvelliste.com

Dieudonné Joachim
djoachim@lenouvelliste.com

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=86868&PubDate=2010-12-17

Commentaire
Où est le gouvernement? Où est le président Préval qui certainement reçoit encore un chèque mensuel (de ces gens qui mangent à peine), malgré le délit majeur (frôlant le crime) que représentent les dernières élections?

Agir pour reconstruire Port-au-Prince

Reconstruire en mieux la ville de demain. Tel est l'objectif d'un plan local d'urbanisme dont la présentation du diagnostic territorial a eu lieu ce vendredi au Ritz Kinam, à Pétion-Ville. Un projet d'une importance capitale pour l'avenir de la ''République de Port-au-Prince'', puisqu'il définira comment sera aménagé l'espace communal pour les années à venir, en anticipant le développement socio-économique de la ville et en protégeant le milieu environnemental.
Haïti: Dans le contexte de la reconstruction de la République d'Haïti, le Conseil municipal de Port-au-Prince a donné mandat au Centre haïtien de recherche en aménagement et en développement (CHRAD) pour élaborer un document de vision, un schéma de cohérence territoriale de la région métropolitaine et un plan local d'urbanisme de la commune de Port-au-Prince. De ce fait, le diagnostic du Plan local d'urbanisme (PLU) de la région métropolitaine de Port-au-Prince réalisé au cours des cinq derniers mois a été présenté ce vendredi à une pléiade de personnalités de différents secteurs afin d'avoir une vision de la ville du Port-au-Prince d'aujourd'hui pour pouvoir dégager les orientations et les priorités pour l'avenir.
A travers une analyse détaillée, les intervenants ont évoqué les différentes caractéristiques communales tant au niveau de l'économie que de l'habitat ou encore de l'environnement. Ce diagnostic est un élément obligatoire dans la démarche PLU et constitue la première partie du rapport de présentation.
La mise au point de ce projet local tient compte des stratégies engagées à l'échelle supracommunale sur la base de diagnostic régional. La stratégie de planification de l'échelle globale à l'échelle locale, de la région métropolitaine à la commune de Port-au-Prince jusqu'au centre-ville est incontournable. Elle permet de mieux appréhender le projet de reconstruction d'une ville grâce à de nouveaux outils de planification dont le schéma de cohérence territorial (SCT) est en substitution au schéma directeur (SD), le plan d'urbanisme en remplacement du plan d'occupation du sol (POS).
Le président du conseil d'administration du CHRAD, Jean Lucien Ligondé, a, dans son discours de circonstance, estimé que cette démarche, de l'échelle locale à l'échelle globale, se fixe deux principaux objectifs. Il s'agit de redonner de la cohérence à des entités urbaines qui, en se développant, risquent de se disperser et de penser à des projets expansibles à différentes échelles.
Pour M. Ligondé, la reconstruction d'une région ou d'une ville est une opportunité favorable à l'émergence de nouvelles entreprises et à la création d'emplois. "Aujourd'hui, urbaniser c'est attirer les investissements et multiplier les activités afin de promouvoir la croissance économique ; de tester la capacité du produit-projet à s'insérer dans le marché local national, régional et mondial ; de tendre vers la valorisation foncière et immobilière, mais aussi de valoriser les infrastructures naturelles telles que les bords de mer", a dit le numéro un du CHRAD en présence de l'argentier de la République, Ronald Baudin ; du ministre des Travaux public, Jacques Gabriel ; de la mairesse adjointe de Port-au-Prince, Nadège Augustin ; de l'ingénieur-architecte Elisabeth Coicou ; de l'économiste Yolande B. Eugène ; du Dr en génie électrique spécialisé, François Rigaud ; du socilogue Vernet Larose, pour ne citer que ceux-là.
Il faut dire que la démarche méthodologique adoptée dans le cadre de cette étude est basée sur une approche participative et analytique qui permet aux acteurs de la région d'approprier le projet de reconstruction. La concertation s'appuie spécifiquement sur une approche holistique intégrant toutes les dimensions du développement humain durable, à savoir les facteurs économiques, sociopolitiques, culturels, environnementaux et technologiques. Sans oublier les opportunités et les menaces qui constituent des facteurs externes qui peuvent soit propulser le développement, soit le ralentir si aucune mesure n'est prise.
Pour sa part, l'édile titulaire de Port-au-Prince, Jean-Yves Muscadin Jason, a indiqué que le projet de construction via le diagnostic vise à résoudre les enjeux majeurs qui se posent à Port-au-Prince. Ce projet répond aussi à la volonté d'action exprimée par le Conseil municipal et nécessitera un engagement soutenu, d'une part, de son outil de travail, les services municipaux et, d'autre part, la signature avec le gouvernement central d'un pacte de relance pour la ville sur une période de 12 ans. Ce pacte engagera réciproquement la ville et le gouvernement central sur un programme pluriannuel de développement social urbain en y associant d'autres partenaires et plus particulièrement les villes jumelées à Port-au-Prince.
A quoi voulons-nous réellement que ressemble la capitale d'Haïti et que voulons-nous qu'elle devienne ? a interrogé le maire Jean-Yves Muscadin Jason. Il a rappelé que pour le Conseil municipal, il n'est pas question de reproduire à Port-au-Prince l'anarchie dont les quartiers et leurs habitants sont aujourd'hui victimes. Il s'agit bien au contraire d'exploiter au maximum les chances qui se présentent pour répondre aux enjeux de développement urbain durable de la capitale d'Haïti.
"Agir passionnément pour reconstruire Port-au-Prince. C'est pour moi la plus belle des ambitions inscrites au coeur même des principes politiques qui m'animent, mais aussi redonner à mes concitoyens le plaisir de vivre dans leur ville d'origine ou d'accueil, leur redonner confiance, leur redonner enfin la fierté et la joie d'être citoyens de Port-au-Prince", a-t-il poursuivi.
Un projet aussi vaste et ambitieux que l'élaboration d'un plan local d'urbanisme concerne tous les citoyens et les acteurs d'une commune. C'est pourquoi il nécessite l'implication de chacun, à chaque instant de la procédure, pour en assurer le succès. Les choix proposés seront ainsi soumis à la plus large concertation, l'objectif n'étant pas uniquement d'informer les habitants de Port-au-Prince de l'état d'avancement du projet, mais également de les associer aux réflexions, de leur permettre de donner leurs opinions.

Amos Cincir

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=86880&PubDate=2010-12-17

Combien de projets de reconstruction ont déjà été élaborés? Ou sont les autres? Qui les a élaborés en collaboration avec qui? Ou nous mène tout cela si aucun signe de concertation n'apparait à l'horizon? Qui finalement va décider: le gouvernement qui s'oppose à la ville, la CIRH qui - avec raison - ne fait pas confiance au gouvernement?
La fondation du Prince Charles qui n'attend qu'un signal du gouvernement? Bref où nous mène tout ce désordre
?