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samedi 4 juin 2011

Alerte orange maintenue, nuits d'enfer pour les sans-abri

Les responsables du Centre national de Météorologie (CNM) maintiennent jusqu'à nouvel ordre l'alerte orange sur le pays. Avec de fortes pluies qui continuent de s'abattre sur différentes régions du pays et qui ont déjà fait deux morts, les sans-abri de plusieurs camps de fortune de Port-au-Prince, dont les tentes sont abîmées, vivent un calvaire en passant des nuits blanches. Par ailleurs, des familles dans le Grand Sud, notamment dans les Nippes, menacées d'inondations, ont fui leurs maisons.
Haïti: Depuis l'ouverture de la saison cyclonique le mercredi 1er juin, le soleil ne se lève que pour quelques heures sur le pays. Le jeudi 2 juin a été une journée totalement pluvieuse. Selon les responsables du Centre national de Météorologie (CNM), cette situation est due à une large zone de basse pression localisée sur la mer des Caraïbes et qui menace de se transformer en dépression tropicale.
A cet effet, le directeur du CNM, Ronald Semelfort, dans un bulletin spécial, maintient jusqu'à nouvel ordre l'interdiction des opérations de cabotage, particulièrement sur toute la côte sud du pays, ainsi que les vols en provenance et à destination de Jérémie, des Cayes et de Jacmel. « Ce système dépressionnaire va encore générer de fortes averses et des orages isolés sur Haïti durant les prochaines 72 heures », a précisé M. Semelfort.
En fait, ces averses ne sont pas sans conséquences. Selon les premières données de la Protection civile, après les deux jours de pluie, au moins deux personnes ont été tuées à la suite d'un éboulement dans le département du Centre. Il s'agit d'une adolescente de 14 ans et d'un sexagénaire. « Nous demandons particulièrement à la population des zones à risques d'éboulements, de glissements de terrain et d'inondations de rester vigilante », conseille la directrice de la Protection civile, Alta Jean-Baptiste.
Avec la saison cyclonique qui vient juste de débuter, l'inquiétude est palpable dans des régions menacées d'inondations. Selon des correspondants de presse dans les Nippes, beaucoup de familles ont déjà abandonné leurs maisons dans des sections communales de Fonds-des-Nègres, de Baradères et de Miragoâne à cause des eaux qui commencent à inonder leur demeure. A en croire les responsables de la Protection civile, des risques d'inondations, d'éboulements, de glissements de terrain et d'effondrements planent également sur la Grand'Anse, le Sud-Est, l'Artibonite, l'Ouest ainsi que le Nord-Ouest du pays.
Les sans-abri aux abois
Il suffit de visiter quelques camps pour constater la situation dans laquelle vivent les sinistrés du séisme du 12 janvier 2010, qui attendent toujours des solutions venant des autorités gouvernementales.
Il est 10 h 46 a.m. Nous sommes à la place Boyer, à Pétion-Ville, occupée depuis le séisme par des sans-abri. Manotte, une dame dans la cinquantaine, passe au soleil son linge qui a été trempé sous sa tente abîmée par la pluie. « Voyez notre situation. Nous avons dormi sur l'eau hier soir », dit-elle en montrant du doigt l'intérieur de sa tente crottée de boue où elle dort avec ses cinq enfants et son mari.
Demandant à Manotte qui vivait à Morne Lazarre (quartier de Pétion-Ville) si avant le séisme elle aurait accepté qu'on la reloge, elle répond : non. Elle dit préférer que les autorités lui donnent de l'argent pour lui permettre d'affermer un nouveau logement. Toutes les personnes questionnées à ce sujet sur cette place publique sont du même avis.
Son bébé de quatre mois sur les bras, Marie Danielle vit aussi une calamité sur cette place avec les averses qui s'y abattent depuis mercredi. Tous ses effets sont également mouillés sous sa tente qui ne peut pas tromper la pluie. Malgré tout, à l'instar de ses voisines, elle ne souhaite pas non plus se déplacer, vers Corail par exemple où de nombreux sans-abri ont trouvé refuge.
En fait, mis à part les espaces publics, les personnes déplacées occupent également des propriétés privées. Outre les menaces d'expulsion, le stress de ces sans-abri a augmenté avec la saison cyclonique. C'est le cas des milliers de familles qui vivent dans un vaste camp à Delmas 33, dénommé Camp Acra, dont la boue fait le décor. Beaucoup d'entre elles confient avoir passé la nuit blanche hier soir. « J'ai dormi debout », marmonne Micheline, 22 ans, mère de deux enfants âgés de cinq et trois ans.
« Nous ne savons quoi faire avec l'arrivée de la saison cyclonique. Si l'on pouvait nous donner de nouvelles bâches, nous serions satisfaits, car nous ne pouvons plus vivre de cette manière », enchaîne Marienne, inquiète de la pluie.
Par ailleurs, le président de la République, Michel J. Martelly, a promis d'accompagner les différentes instances du système de la protection civile afin que le pays puisse mieux faire face à la saison cyclonique. Il a annoncé l'ouverture prochaine de 20 centres d'opération d'urgence communaux et l'opérationnalisation du système national d'alerte aux inondations. Le président du pays a aussi informé que depuis plus d'une semaine, des mesures préventives ont été mises en branle, y compris le curage des canaux dans plusieurs régions du pays. Il appelle toutefois au respect des consignes des mesures préventives.
Selon le coordonnateur humanitaire des Nations unies en Haïti, Nigel Fisher, un budget de 21 millions de dollars américains a été élaboré pour la saison cyclonique 2011. 8 millions, a souligné M. Fischer, ont déjà été collectés.
Valéry DAUDIER
daudiervalery@yahoo.fr

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=93356&PubDate=2011-06-03

Commentaire
Du pareil au même. Nouveau gouvernement, mêmes problèmes, mêmes incertitudes. Mais encore plus graves. Rien n'est stable de manière absolue. Que faut-il faire pour vraiment aider Haiti? Il y longtemps que les discours ont perdu leur valeur, leur efficacité. Seules des actions concrètes, sincères et honnêtes pourraient donner un autre cours à ce qui se fait dans ce pays. Avouons que le mot même de pays est déjà un abus. Haiti symbolise le comble de tout ce qu'il y a d'inacceptable dans tout le continent.
Si M. Martelly veut vraiment aider Haiti, il doit commencer par s'aider lui-même. Il s'agit d'abord de se chercher des collaborateurs, des gens recommandables, qui aiment le pays, et qui ont suffisamment d'argent ou d’intégrité ou, mieux encore, les deux, pour ne pas se laisser attraper dans le tourbillon corrupteur qui ne semble épargner que très peu de gens sur son passage. Mais surtout, ils doivent être entourés d'une petite élite de conseillers eux-mêmes recommandables moralement, pour surveiller ce qui se fait et protéger ces serviteurs de l’état contre eux-mêmes, c'est à dire, contre toute forme de tentations:abus de pouvoir, abus des deniers publics, abus de leur position, pour s'enrichir et enrichir leurs proches sans que le pays ne bénéficie de leur travail. C'est un programme difficile? Mais bien sur! Et que veut-on proposer de mieux à un président dont on ne sait pas encore où il va? Ne répondre qu'aux urgences, ce n'est pas une politique gouvernementale. Rien de grand, rien de sérieux ne se réalise dans le rafistolage. Aux grands maux, les grands remèdes! Evidemment, cela prend quelqu'un pour que ces remèdes-là soient administrés. C'est ce que nous attendons encore!

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