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jeudi 30 juin 2011

Le cadre légal haïtien inapproprié au développement de l'immobilier en Haïti

Haïti: « Une législation inappropriée, des surtaxes, des délais de déguerpissement longs...en somme, un environnement non favorable à l'investissement dans l'immobilier », c'est ce que relève en substance le P.D.G. de la Unibank Carl F. Braun qui intervenait, mercredi 29 juin, à une session co-organisée par la Banque interaméricaine de développement (BID) et la Banque mondiale à Port-au-Prince.
« Le cadre approprié pour la promotion immobilière n'existe pas en Haïti. La loi du 14 septembre 1947 interdit l'augmentation des loyers. 64 ans depuis qu'il est interdit d'augmenter les loyers pour tout type d'immeubles », a lâché le patron de la Unibank, sous l'oeil ébahi des nationaux et des expatriés. Et qui pis est, dit-il, sous Duvalier en 1959 et 1961 le prix des loyers a été diminué de 25% au total, soit en deux occasions (20 puis 5 %).
« Aujourd'hui, un promoteur immobilier qui veut respecter la loi, va-t-il investir des millions et se retrouver devant la justice? », s'est interrogé Carl Braun qui n'y est pas allé par quatre chemins pour répondre que c'est une réalité et un gros problème. Selon lui, les délais de déguerpissement sont extrêmement longs; 2 à 4 ans pour un immeuble résidentiel et 3 à 5 pour un immeuble commercial ou industriel. A ses yeux, de telles situations découragent tout investisseur.
« Si l'on prend en compte l'inapplication de la loi sur la copropriété, l'arrêté d'application de 2009 n'a permis d'arranger quoi que ce soit. En plus, fait remarquer le P.D.G. de la Unibank, l'absence de plans de zonage, la question d'entreprises de promotion et de développement immobilier et les normes de construction n'ont pas toujours été mis à jour, en dépit des dégâts causés par le séisme du 12 janvier 2010.
A l'attention de l'international, Carl Braun souligne que les banques commerciales haïtiennes accordent des prêts au logement sur 20 ans avec des taux d'intérêt variant entre 8 et 12 %. « On peut arriver à 4-9% si on arrive à maintenir le cadre macro-économique », a confié M. Braun qui appelle à l'utilisation des surplus de dépôts disponibles dans le secteur bancaire.
La population de déplacés vivant encore dans les sites a diminué de 7% par rapport aux chiffres de mars 2011, selon une enquête de l'Organisation internationale pour la Migration. La plus forte baisse a été enregistrée entre juillet 2010- lorsque l'apogée a été atteinte- et mai 2011, soit 59 % dans plus de mille camps après le séisme du 12 janvier. 634 000 personnes vivent encore dans les camps selon l'OIM. D'où l'importance d'aborder les grands dossiers relatifs au logement, à l'immobilier.
Dieudonné Joachim
djoachim@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=94381&PubDate=2011-06-29

Commentaire
Une nouvelle invitation à travailler. Les autorités haïtiennes actuelles ne sont pas responsables de l’état de ce qui se passe, mais un point de départ peut être conçu maintenant pour changer les choses. Un homme, un seul, ne peut pas non plus tout assumer. Ni le président, ni le premier ministre qui n'a même pas encore été nommé. C'est un travail collectif qui peut sauver ce pays. Et les attrape-chèques du parlement doivent le comprendre aussi. Car il n'y a plus de temps à gaspiller. L'urgence, plus que le patriotisme, exige un geste, un effort soutenu. Sinon, malgré les apparences, malgré l’idée que cela ne peut pas être pire, il le sera. La législation sur l'immobilier peut servir a redonner espoir à ceux qui attendent.

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