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jeudi 9 juin 2011

Orages dans le ciel de l'Environnement

Le chef de l'Etat et son Premier ministre désigné veulent des résultats et ne s'accrochent pas nécessairement à la dénomination d'un ministère. Celui de l'Environnement, sauf surprise, sera intégré à une superstructure censée s'occuper des collectivités territoriales, de l'aménagement du territoire, entre-autres. Des verts, rouges de colère, rouspètent.
Haïti: Le président Michel Joseph Martelly a troqué sa veste contre des vêtements de randonnée depuis les inondations de lundi ayant provoqué la mort d'au moins 23 personnes et jeté une lumière crue sur l'extrême dégradation de l'environnement. Et, le mercredi 8 juin 2011, prêchant dans une chapelle de convertis, le chef de l'Etat a indiqué à une réunion avec des représentants d'associations membres du « réseau écolo » « qu'il y a urgence ». Une urgence qui doit, selon le président, forcer une synergie efficace entre l'Etat et la société civile en vue de sensibiliser la population à des comportements responsables face à l'environnement.
Le président Martelly, ton grave, parfois décontracté et scotché à ses arguments, a promis de créer « 100 000 emplois durables pour sauver l'environnement ». Il mise sur une augmentation de 8 % de la couverture forestière et de 25 % de la couverture végétale au cours de son quinquennat. Les législations nécessaires seront faites, celles à renforcer le seront, gage Michel Joseph Martelly qui a provoqué un mini séisme en annonçant la volonté de son Premier ministre désigné, Daniel Gérard Rouzier, de coupler le ministère de l'Environnement à celui de l'Intérieur et des Collectivités territoriales qui aura aussi juridiction sur l'Aménagement du territoire.
« Il n'y a aucune raison de s'inquiéter », a-t-il répondu aux sceptiques et à ceux qui évoquent les problèmes d'articulation entre ces entités importantes et lourdes d'attributions bien que transversales. « On veut un ministère fort et capable de délivrer », a argumenté Michel Joseph Martelly, soulignant que l'indépendance jusque là du ministère de l'Environnement « n'a rien donné ». « Il faut créer la culture du travailler ensemble », a poursuivi le président,qui croit que les moyens, les ressources humaines et financières, la volonté politique devront suffire pour réhabiliter l'environnement.
Concert de réactions
« Il faut faire attention car le volontarisme ne suffit pas », a prévenu le sénateur Maxime Roumer de la Grand'Anse. Le sénateur, vieux routier de la politique et professeur à l'université, a invité à la prudence, au tact et à un certain pragmatisme.
Tranchant, l'ingénieur David Tilus du GAFE a indiqué que ce choix posera des problèmes très sérieux. « Cela va donner beaucoup de problèmes. Je mets ma main à couper », a-t-il dit en évoquant les difficultés d'articulation auxquelles cette structure sera confrontée en Haïti où la décentralisation n'est pas effective en dépit des prescrits constitutionnels.
Les risques que le ministère de l'Environnement soit « dilué » sont grandes, a expliqué pour sa part Bruno Mentor de la Fondation Macaya, frustré par le fait que des projets pour freiner la dégradation de l'environnement sommeillent dans les tiroirs du ministère de l'Environnement.
Le pays risque d'avoir entre 4 et 5 millions de réfugiés écologiques si rien n'est fait, a prévenu Serge Cantave Junior de la Fondation Seguin, favorable à des discussions avec l'équipe technique du président Martelly sur l'opportunité ou non de créer cette superstructure.
Percutant, le docteur Hilaire Jean-Vilmond de la Fondation Audubon Haïti a souligné que les discussions sur le sujet ne seront pas uniquement techniques mais aussi politiques.
Véritable pied de nez
« Le renforcement du ministère de l'Environnement pour lui permettre de valider les Etudes d'Impact Environnemental, de coordonner les UTES, de superviser le SNAP, de définir des normes en liaison aux conventions endossées et d'orienter l'éducation relative à l'Environnement », est pourtant la première mesure d'ordre structurel proposé par le manifeste du « réseau écolo ».
« C'est dommage. Le réseau n'a pas parlé d'une seule voix à cette réunion», a déploré sous le couvert de l'anonymat un représentant d'une des organisations membres de ce réseau. « C'est un véritable pied de nez », a-t-il dit.
Politique et ouvert aux observations contradictoires, le président Michel Joseph Martelly a souligné que le dernier mot revenait au Premier ministre désigné. « Faites la bataille avec le Premier ministre. Si vous gagnez, je serai content pour vous », a indiqué le président qui dit croire dans l'action coordonnée, dans la volonté de bien faire et non dans les dénominations des ministères, avant de s'éclipser. Car, a-t-il souligné, il y avait d'autres rencontres à faire, d'autres curages de canaux obstrués d'alluvions et de détritus à superviser...à un moment où dans le ciel du ministère de l'Environnement et ailleurs dans le pays il y a « alerte orange »...

Le Rézo Ekolo souhaite qu'elles puissent influencer les décisions à prendre dans le cadre de la reconstruction nationale.
Mesures d'ordre structurel
1) Renforcement du Ministère de l'Environnement pour lui permettre de valider les Etudes d'Impact Environnemental, de coordonner les UTES, de superviser le SNAP, de définir des normes en liaison aux conventions endossées et d'orienter l'éducation relative a l'Environnement
2) Mise en application du décret de septembre 2005 et mise en place des structures qui y sont recommandées dont les Unités Techniques Environnementales Sectorielles (UTES) dans les diverses administrations publiques y compris les municipalités et le Conseil National pour l'Aménagement du Territoire et l'Environnement (CONATE).
3) Mise en oeuvre du système national d'informations pour l'environnement et la diffusion de ces données via l'internet
4) Mise en pratique du PAE et des résolutions des divers colloques sur les problématiques des aires protégées, des déchets et de l'aménagement du territoire.
5) Application effective des divers traités internationaux en relation à la protection de l'environnement ratifiés par Haïti
6) Etablissement et signature dans le cadre de la reconstruction post-séisme d'un Pacte sur l'Environnement
7) Campagne agressive de réduction du taux de croissance démographique
Mesures de court terme
8) Education civique et environnementale dans le cursus scolaire à partir d'octobre 2011
9) Vulgarisation de mesures de sécurisation des familles vivant sous des abris de toile par rapport à la saison cyclonique
10)Subvention des équipements énergétiques appropriés au niveau des familles sur 10 ans
11)Imposition d'une taxe de 100% sur les produits ligneux d'origine nationale provenant de l'exploitation non contrôlées de la coupe des arbres pénétrant dans les agglomérations urbaines du pays
12)Appui au développement d'exploitations forestières durables en bois de chauffe, charbon de bois et bois d'oeuvre
13) Promotion agressive de l'utilisation du gaz propane par l'adoption de technologies de stockage et de commercialisation adaptées et la subvention de ce combustible supportée par l'instauration d'une fiscalité des carburants à plus fort potentiel de pollution environnementale
14)Financement de Recherches avancées sur des matériaux de construction alternatifs, en vue de réduire la pression sur le sable et de gravier
15) Aménagement du territoire selon la vocation naturelle des terres
16) Etude et application d'une planification urbaine et de normes urbaines protégeant l'environnement
17) Mise en place des assemblées de collectivités territoriales de second niveau, déconcentration de moyens financiers et mise à disposition de cadres compétents, pour la réalisation, au plus pressé, des Schémas Directeurs pour l'Aménagement et la Gestion de l'Environnement (SDAGEs) prévus dans le Décret-cadre pour la gestion de l'environnement d'octobre 2005
18) Poursuite du programme du Cadastre National.
19) Incitation au recyclage avec encouragement/renforcement du tri sélectif à domicile, sur les lieux de travail et les aires collectives avec incitatifs économiques.
20) Mise en place de la Caisse Nationale des Résidus (pour le recyclage, la gestion des ordures et la promotion de politiques visant à la réduction à la source)
21) Imposition d'une redevance sur les emballages de plastic ainsi que les résines importées à cette fin aux fins de financer un réseau de consignes d'emballages de plastic
22) Constitution du corps de surveillance pour l'environnement avec des branches intégrées aux municipalités et aux autres entités de l'Etat, en liaison à la structuration des UTES signalée plus haut
23) Réalisation systématique d'études d'impacts sur l'environnement ou d'évaluations environnementales stratégiques pour tous les projets de décisions d'investissements soumis à la CIRH ou ses organes subalternes
24) Organisation de la protection des châteaux d'eau naturels (la Visite, Macaya, etc.) et de la restauration des châteaux d'eau dégradés
25) Déplacement des populations vivant autour des sources
Suivent les signatures
Société Audubon Haïti

Fondation Seguin

Fondation Macaya

Fédération des Amis de la Nature (FAN)

REPIE

Fondation Ecosophique Caonabo

FONDTAH

CUSM

Fondation Haïtienne de l'Environnement

GAFE

Organisation pour la Réhabilitation de l'Environnement

Roberson Alphonse
ralphonse@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=93532&PubDate=2011-06-08

Commentaire
Palabres! Si toutes ces mesures devaient être appliquées, on n'oublierait facilement que ce pays occupe 28 000 kilomètres carrés alors qu'Israël n'en a que 21 000. Mais plus grave encore, que près de 60% des 21 000 kilomètres carrés d’Israël sont couverts par le désert du Néguev. Alors on comprendrait qu'un tout petit peu de bonne volonté, mais surtout de volonté politique, aurait fait des miracles en Haiti. Evidemment, il faudrait pour cela qu'on ne soit pas orphelins d'imagination!

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