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jeudi 2 juin 2011

Daniel Rouzier stoppé par un imbroglio constitutionnel

Le Parlement conditionne l'ouverture de la session extraordinaire convoquée par le chef de l'Etat, Michel Martelly, à la publication de la version corrigée de l'amendement constitutionnel. Sous l'empire de quelle constitution le président nous a convoqués pour décider du sort de son Premier ministre désigné, s'interrogent députés et sénateurs?
Haïti: L'Assemblée nationale annoncée pour ce mercredi a été boudée par les parlementaires. Les sénateurs jusqu'à la fin de la journée sont restés confinés au salon diplomatique du grand corps pour guérir leurs maux internes et les quelques dizaines de députés remarqués étaient éparpillés sur la cour et à la salle des séances du Palais législatif. Signe d'une rébellion à peine voilée contre le nouveau chef de l'Etat qui traîne les pieds avant de décider d'une éventuelle correction de la version erronée de l'amendement constitutionnel dans Le Moniteur, journal officiel du pays. « Sous l'empire de quelle Constitution le chef de l'Etat nous a convoqués pour décider du sort de son premier ministre désigné, Daniel-Gérard Rouzier ? », s'interroge Ronald Larèche, vice-président de la Chambre des députés. Cette préoccupation s'empare de presque tous les parlementaires interrogés sur la tenue de l'Assemblée nationale nécessaire à la ratification du choix de M. Rouzier.
Le représentant de Petit-Goâve à la 49e législature, Stevenson Thimoléon évoque de graves dangers qui menacent l'Etat dans ses fondements. « S'il s'avère que la Constitution du 29 mars 1987, dans sa forme originelle, cesse de produire ses effets dès la passation de pouvoir au citoyen Michel Martelly, il y a lieu de reconnaître que la barque nationale navigue dans l'inconnu, depuis le 14 mai 2011 », estime le député Thimoléon dans une lettre ouverte au président de l'Assemblée nationale. Tout en rappelant le contexte dans lequel une version erronée de l'amendement constitutionnel a été publiée, Stevenson Thimoléon exhorte le bureau de l'Assemblée nationale à « travailler, de concert avec le chef de l'Etat, en vue du retour à la normalité constitutionnelle ».
Préoccupé, lui aussi, par l'imbroglio constitutionnel, le député Cholzer Chancy veut mettre les décisions de ses pairs à l'abri de toute poursuite judiciaire. « Si nous analysons le dossier du Premier ministre désigné sans clarifier sous l'égide de quelle constitution nous agissons, n'importe quel groupe de citoyens peut attaquer l'acte en justice parce qu'il n'aurait aucune assise juridique », avance l'air prudent le questeur de la chambre basse. L'exécutif et le législatif, croit-il, doivent se mettre d'accord pour corriger les erreurs matérielles glissées dans le document publié sous la présidence de René Préval, la veille de la prestation de serment de son successeur.
Les conditions imposées aux députés et sénateurs pour lancer le processus de ratification du choix de Daniel Rouzier ont été soulevées lors d'un déjeuner de travail, dans la matinée, entre le chef de l'Etat et les sénateurs au Karibe Convention center. « Compte tenu de l'urgence du moment, le président Michel Martelly a convenu de résoudre le problème », a confié Rodolphe Joazile, président de l'Assemblée nationale quand les deux chambres se réunissent. Une fois que les obstacles seront surmontés, dit-il, nous allons fixer la date de l'ouverture de la session extraordinaire. Cette session, la première convoquée par le 56e président d'Haïti, ouvrira la voie au processus de ratification de Daniel Gérard Rouzier, désigné Premier ministre depuis deux semaines.
Autre obstacle à surmonter par la nouvelle présidence demeure les négociations engagées par le candidat à la primature avec les blocs parlementaires. Le Groupe de parlementaires pour le renouveau (GPR) constitué de INITE et de ses alliés au Parlement met en avant sa majorité conjoncturelle pour exiger un partage de responsabilités et de postes ministériels avant de garantir un vote favorable à Daniel Rouzier.

Claude Gilles

Commentaire
Où étaient ces législateurs quand le président sortant falsifiait la constitution sous prétexte d'y introduire l'amendement? Pourquoi ne disent-ils rien du faussaire et du sort que la justice devrait lui réserver? Quel prétexte cherchent-ils en imposant au nouveau président une obligation qui incombait au sortant?
Le nouveau président, pourquoi pense-t-il éviter un compromis avec ces faussaires et manipulateurs invétérés afin de corriger la falsification de la constitution? Cela ne lui donnerait-il pas plus de latitude pour agir dans le cadre d'une constitution transparente? Ne ferait-il pas ratifier plus facilement son premier ministre désigné et ne fermerait-il pas par la même occasion la porte à ceux qui utilisent ce prétexte de la constitution pour masquer leur ambition d'obtenir un poste ministériel? Qui utilise qui dans cet imbroglio pour tromper encore une fois le peuple et rester avec le gros lot que représente son élection? Trêve d'hypocrisie, messieurs, et commencez a travailler pour justifier votre salaire. Sentez pour une fois un peu de gêne de jouir de tous les privilèges dans un pays où certains se nourrissent dans les poubelles. Ce ne sont pas eux, pauvres victimes de votre bassesse à qui vous ne laissez aucun autre choix, c'est vous qui devriez avoir honte!

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