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samedi 11 juin 2011

Haïti/USA : Wikileaks balance

Wikileaks est la peste pour les diplomates, les services de renseignements occidentaux voulant garder leurs câbles secrets. Il balance des infos sur le "rôle secret joué" par les Etats-Unis dans deux dossiers importants en Haïti : Petrocaribe et le salaire minimum. Indexé, le département d'Etat américain, à travers Jon E. Piechowsky, révèle qu'il « ne se prononce pas sur les documents qui sont censés contenir des informations confidentielles et condamne fermement toute divulgation illégale de ce genre d'informations. »
Haïti: Quelques-uns des 1 918 câbles diplomatiques américains sur Haïti obtenus par Wikileaks couvrant la période 2003-2010 ont été publiés exclusivement par deux hebdomadaires : Haïti Liberté et The Nation. Selon ces câbles, les efforts de l'administration de Georges Walker Bush et de compagnies pétrolières américaines, dont Exxon Mobil et Chevron, pour saboter la mise en oeuvre de l'accord Petrocaribe ont été infructueux. La signature par le président René Préval de cet accord avec le Venezuela en vertu duquel Haïti achèterait du pétrole en ne payant dans l'immédiat que 60 % au Venezuela avec le solde payable sur 25 ans à 1 % d'intérêt a provoqué l'ire de Washington, ayant accordé peu d'importance aux avantages indiscutables pour le gouvernement haïtien qui, sur une base annuelle, «économiserait 100 millions de dollars US grâce aux paiements différés», selon ces câbles.
Les deux hebdomadaires doivent publier des articles sur les pressions exercées par le département d'État américain pendant l'administration de Barack Obama pour empêcher le gouvernement haïtien de faire passer le salaire minimum de 24¢ à 61¢ de l'heure, ou 5$ par jour. Intervenant à la demande des compagnies américaines Hanes et Levis, Washington a réussi à convaincre le gouvernement haïtien de fixer le salaire minimum à 3$ par jour dans les usines textiles, a rapporté le journaliste Richard Hétu dans son blog.cyberpresse.ca
Le département d'Etat ne se prononce pas
« Question de politique, le département d'État ne se prononce pas sur les documents qui sont censés contenir des informations confidentielles et condamne fermement toute divulgation illégale de ce genre d'informations », a confié au journal Le Nouvelliste Jon E. Piechowski, porte-parole de l'ambassade des Etats-Unis à Port-au-Prince, vendredi 10 juin 2011.
« En Haïti, nous continuons notre engagement, dans plusieurs domaines, en collaboration avec le gouvernement haïtien, pour aider le peuple haïtien »,a ajouté Jon E. Piechowski, soulignant « qu'environ 80% de la population est au chômage et 78% gagne moins de 1 dollar U.S. par jour ».
« Le gouvernement américain, a-t-il poursuivi, travaille avec le gouvernement haïtien et les partenaires internationaux pour aider à la création d'emplois, supporter la croissance économique et promouvoir l'investissement étranger direct dans les domaines de l'industrie, de l'agriculture, et autres ». « Dans le secteur de l'industrie du vêtement, nous supportons la création des emplois qui offrent des conditions conformément aux normes de l'Organisation internationale du travail », a conclu le porte-parole de l'ambassade des Etats-Unis.
Rien de l'ex-président René Préval
Les démarches pour obtenir les commentaires de l'ex-président René Préval ont été infructueuses.
Au terme d'âpres discussions, de tractations, de manifestations violentes en faveur des 200 gourdes proposées par le député Steven Benoit, de revirements au Parlement, les objections du président René Préval ont finalement été votés, établissant le salaire minimum à 125 gourdes dans la sous-traitance et à 200 gourdes dans les secteurs commercial et industriel.
« Le salaire minimum à payer reste et demeure 200 gourdes en fonction de la taille et de la localisation de l'entreprise. Cependant, à cause de la fragilité des petites et moyennes entreprises, il incombe au Conseil supérieur des salaires de réaliser une étude dans un délai ne dépassant pas 45 jours visant à catégoriser les entreprises commerciales en fonction de leur chiffre d'affaires, du nombre total d'employés et de leur investissement total, ce, en vue de fixer de manière rationnelle le salaire minimum de référence respectivement applicable aux petites, aux très petites et aux moyennes entreprises », avait recommandé fin 2009 une commission formée par la Chambre des députés.
Wikileaks, fondé par Julian Assange,est le fameux site qui balance les gros dossiers, comme ces vidéos de militaires américains tuant des journalistes en Irak, des informations confidentielles sur la guerre en Irak et en Afghanistan. Il est devenu en quelques années un asile pour les informateurs de tout poils, idéal pour diffuser des documents confidentiels. Selon Clay Shirky, journaliste spécialiste du Web, le site peut revendiquer "plus de scoops en trois ans d'existence que le Washington Post en trente".
Roberson Alphonse
ralphonse@lenouvelliste.com
Avec le Blogueur Richard Hétu et l'Express
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=93639&PubDate=2011-06-10

Commentaire
Wikileaks a pris tellement d'ampleur depuis qu'ont commencé les révélations que nous savons et touchant pratiquement tous les gouvernements de la planète, ne pas y faire allusion devient une tache de plus en plus difficile. Tout en condamnant, quand c'est le cas, l’inutilité d'exposer des vies humaines par certaines révélations, des nuances sont à apporter sur ce média bien particulier. Les affirmations sur Petro-caribe sont extrêmement importantes pour qu'on se rende compte de certaines caractéristiques des gouvernements haïtiens. Chavez, agitateur et tout ce qu'on veut, mais fidèle à ses promesses, offre d'immenses possibilités de faire de l’économie à des pays caribéens:Cuba, Haiti, la République dominicaine, etc. mais si dans les cas de Cuba et de la République dominicaine la gestion de ces fonds est claire, tel n'est pas la situation en Haiti. En effet les accusations de malversation des fonds ainsi obtenus pleuvent depuis des années et Préval n'a jamais voulu toucher publiquement le sujet. Ce serait si facile de faire taire les rumeurs! De prime abord, on pourrait penser que c'est une bonne chose qu'un chef d’état d'un petit pays comme Haiti brave la désapprobation d'une nation puissante pour défendre ce qui convient aux intérêts de son pays. Mais dans ce cas, il n'est pas clair s'il travaille à défendre ses intérêts propres ou ceux de la nation. Demain, peut-être, un supplément de fierté le porterait-il à se lever et à nous forcer à nous taire en nous crachant la vérité en face. Ce serait un geste plein d’héroïsme au milieu de tant de doute sur sa rectitude morale en plus de sa lucidité de chef d’état.

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