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mardi 14 juin 2011

Leslie Péan scalpe Rony Gilot

Haïti: Leslie Péan n'y va pas avec le dos de la cuillère. Sans ménagement, l'économiste - auteur de l'ouvrage « Entre savoir et démocratie » retraçant les luttes de l'Union nationale des étudiants haïtiens sous le gouvernement de François Duvalier, attaque le Dr Rony Gilot. « Rony Gilot aurait dû faire son mea culpa et exprimer ses regrets d'avoir trahi la grève pour 100 dollars par mois. Mais il ne le fera pas », crache Leslie Péan, revenant, lundi 13 juin 2011, à l'émission «Panel Magik» (Radio Magik 9 100.9 mhz), sur l'arrestation de 18 étudiants de l'UNEH, en septembre 1960, et leur libération le 1er décembre de la même année, au terme de la grève des étudiants, considérée dans les milieux de gauche comme le Mai 68 haïtien.
Cinquante ans après, le courroux de Leslie Péan est loin de s'étioler. « Le gouvernement utilisa la corruption financière et l'idéologie noiriste pour diviser l'UNEH. Son fer de lance fut Roger Lafontant, membre de l'Association des étudiants de médecine et de pharmacie (ADEM) qui, assisté de Robert (Bob) Germain, de Rony Gilot et d'autres comparses, organisa une milice tonton macoute estudiantine. Les étudiants duvaliéristes reçurent un chèque de cent dollars par mois du ministère de l'Intérieur (p. 63) », a écrit Leslie Péan, en culottes courtes, lors de cette grève qu'il dit avoir vécue au quotidien au contact de son cousin, membre de l'UNEH.
« Vingt textes originaux de l'UNEH ayant échappé à la censure ont dénoncé la trahison de Lafontant, de Germain, de Gilot », souligne Leslie Péan. Acide, il déplore le fait que les bourreaux d'hier puissent continuer à répandre des informations biaisées, atténuant la férocité de la dictature de François Duvalier». L'un des objectifs de « Entre savoir et démocratie » est de lutter contre l'amnésie », ajoute l'économiste, pour qui le duvaliérisme a abêtit le peuple.
Incisif contre le Dr Rony Gilot, auteur de François Duvalier le mal-aimé, Jean-Claude Duvalier ou l'ingénuité captive et d'un dernier, Jean-Claude Duvalier ou la chance galvaudée, Leslie Péan a cependant nuancé; il est, à la limite, complaisant quant à la contribution de certains leaders du mouvement d'étudiants sous Duvalier et des vieux routiers de la politique, au cours des dernières décennies dont Déjean Bélizaire, Serge Gilles.
« Le bilan de cette génération n'est pas statique. Il est dynamique », soutient-il. « Le bilan, c'est la continuation de la lutte du savoir contre l'ignorance. Et cette lutte continue actuellement. Le relais a été donné à d'autres générations », argumente-t-il, citant la démocratie, le respect des libertés individuelles comme des acquis.
Et, à propos du retour en Haïti de l'ex-dictateur Jean-Claude Duvalier, Leslie Péan, dédaigneux, souligne : « Il y a des choses qu'il faut laisser dans les poubelles de l'histoire.» « Je ne vais pas tomber dans l'insignifiance », ajoute l'auteur de « Economie politique de la corruption », qui dit refuser d'utiliser ses méninges pour réfléchir sur Jean-Claude Duvalier. « Jean-Claude Duvalier doit répondre de ses actes devant la justice », lâche-t-il, fier de dire qu'il a le «coeur à gauche».
Leslie Péan sera en signature à Livres en folie avec Rony Gilot, le 23 juin 2011, au Parc historique de la Canne à sucre. Leurs oeuvres, contradictoires, évoquent une période importante de l'histoire récente d'Haïti, avec ses ombres et ses lumières, ses acteurs face à la victoire ou à la défaite qui, au fait, est temporaire..
Roberson Alphonse
ralphonse@lenouvelliste.com

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=93720&PubDate=2011-06-13

Commentaire
Leslie Péan est de ces intellectuels haïtiens qui ne chôment pas. Aucun détail ne lui échappe de l'aventure (la mésaventure!)politique haïtienne. Un homme qui se bat pour ses principes. Il aime son pays et ne se laisse pas aveugler par la poudre aux yeux des anciens tortionnaires convertis en agneaux. Heureusement qu'il y a un petit changement qui fait que tandis que du temps ou rayonnaient les Gilot, les Lafontant (qui s'est fait abattre comme conséquence de son coup d’état de janvier 91)Leslie n'aurait pas parlé sans encourir l’exécution alors que Gilot peut aujourd'hui répliquer sans courir de risque! Ce qui montre sans conteste, où pourrait se trouver la vérité.

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