La ruée vers l'or

EDITO
Haïti: Une nouvelle dépêche de Wikileaks traitée par les hebdomadaires haïtiens de la diaspora qui ont l'exclusivité de cette source d'information parle ce mercredi de la ruée vers l'or. Une expression qu'aurait employée avec raison l'ambassadeur américain Kenneth Merten pour qualifier l'engouement des entreprises américaines pour Haïti après le séisme du 12 janvier 2010.
Dix-sept mois plus tard, nous sommes bien dans une situation semblable à cette période euphorique qu'a connue une partie des Etats-Unis, il y a deux siècles. Beaucoup d'aventuriers et un peu d'or. Pas assez d'or cependant pour changer la face du pays, mais des projets fantômes en masse comme ces villes abandonnées que l'on voit dans les westerns américains.
La Commission Intérimaire pour la Reconstruction d'Haïti (CIRH) a frappé un grand coup ce mercredi en lançant, de concert avec le Fonds d'Assistance Economique et Social (FAES) et la Banque Interaméricaine de Développement (BID), la première phase de son projet de logements sociaux. 400 unités d'habitation seront construites en 100 jours sur un total de 2000 prévues. Ce projet est un de ceux approuvés par la CIRH.
Sous le haut patronage du président de la République Michel Martelly et du coprésident de la CIRH, Bill Clinton, cette cérémonie est venue raviver l'image un peu terne de cette Commission qui, au début de la nomination de Daniel-Gérard Rouzier et à l'écoute des toutes premières déclarations du Premier ministre désigné, semblait vouée à une mort rapide. Peu d'observateurs auraient osé parier une gourde sur cette structure mal aimée. La CIRH ne passera pas l'hiver, chuchotait-on.
C'était mal évaluer la force de frappe de Clinton. Des Clinton. Rouzier a dû faire machine arrière. Apprendre vite que la politique est un rapport de forces et rien que cela. Pas de place pour les bonnes intentions ni pour les images pieuses qui séparent le monde entre ce qui est bon et ce qui ne l'est pas.
C'est comme cette cohabitation difficile avec le Parlement. L'équipe de Martelly si elle ne trouve pas un accord avec les parrains de la majorité constituée au Parlement, si elle n'achète pas au prix fort un levier pour négocier avec eux ou si elle ne constitue pas sa propre majorité, le président va s'épuiser à réclamer la fin de l'éloge de la lenteur qu'appliquent les madrés parlementaires. Rapport de force.
Des deux côtés, on tire sur la corde. A un bout, les demandes, en face de l'incompréhension. Elle finira par se rompre cette corde.
Pour revenir sur la ruée vers l'or, le nord, ce département un peu oublié depuis des lustres, va-t-il voir sonner son heure de gloire. Celle de sa renaissance tout au moins. Le Nord, le grand Nord qui comprend le Nord-Est qui a les pieds en République Dominicaine et le Nord-Ouest qui à la tête aux Etats-Unis, a un formidable potentiel et moins de problèmes que la région métropolitaine de Port-au-Prince.
Avec le tourisme de croisière, des sites historiques, des zones franches, des terres agricoles, des ressources minières, assez de main-d'oeuvre pour toutes les tâches, le Nord sera-t-il le nouveau pôle de croissance ?
Les Etats-Unis et d'autres amis parient sur cet Eldorado. Faisons la route avec eux de façon consciente pour réussir cette nouvelle expérience.
Qui dit ruer vers l'or voit des mines, des fois, les niches suffisent.
Frantz Duval
duval@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=93859&PubDate=2011-06-15

Commentaire
Tout en n’étant pas aussi optimiste que M. Duval, nous croyons le moment favorable pour entreprendre des choses intéressantes. Mobilisons toutes nos forces pour obtenir des résultats. C'est cela qui compte!