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vendredi 10 juin 2011

Construction de maisons en bois: l'élan de générosité stoppé par l'ACDI

L'élan de générosité des industriels québécois de la forêt pour venir en aide aux victimes du séisme qui a ravagé Haïti, en janvier 2010, sera sans suite. Leur projet d'y assembler des centaines de maisons en bois ne se réalisera jamais.
Haïti: Les promoteurs de l'idée ont cessé d'y consacrer temps et énergie depuis quelques semaines, a appris Le Soleil. Après un long examen, l'Agence canadienne de développement international - l'ACDI - leur a indiqué que l'habitation ne fait pas partie de ses mandats.
Le concept d'expédier des maisons préfabriquées en bois est né d'un mouvement spontané de com­passion. Deux semaines après le tremblement de terre qui a fait 250 000 morts et beaucoup plus encore de sans-abri, les industriels d'ici qui vivent de la forêt se sont mobilisés pour faire leur part dans la reconstruction des secteurs dévastés de la «Perle des Antilles».
Au départ, il a été question d'expédier 2000 résidences. Le projet aurait coûté 56 millions $. Ottawa et Québec auraient avancé près de 40 millions $, notamment pour le transport du matériel. Les propriétaires d'usines auraient fait le don du bois d'oeuvre et usiné les pièces nécessaires à l'assemblage sans en tirer de profit.
Au centre de recherche privé FPInnovations, Hervé Deschênes a confirmé que «le projet, tel que présenté, ne se fera pas». De concert avec les autres partenaires, «nous nous sommes dits qu'à partir de la fin du mois de mars, nous ne mettrions plus d'efforts» à sa réalisation.
Parmi les instigateurs se trouve l'ex-pdg du Conseil de l'industrie forestière du Québec (CIFQ) Guy Chevrette. Il trouve d'autant plus regrettable l'abandon de l'initiative que «le besoin le plus crucial est justement l'habitation. J'ai cru jusqu'au mois dernier que ça pourrait se faire», aménager un petit quartier avec des maisons faites avec un matériau plus résistant aux séismes que l'acier ou le béton.
C'est Développement international Desjardins qui aurait hérité de la responsabilité de coordonner les efforts sur le terrain, à Haïti. Pierre Giguère, responsable du dossier, n'a pu cacher une certaine déception. «Ce qui est dommage, c'est que cela ait été aussi long» pour que l'ACDI communique son verdict.
M. Giguère s'est empressé de signaler qu'il comprend cependant les motifs de l'Agence. En bout de ligne, a-t-il écrit dans un courriel, la décision d'allouer leurs fonds leur appartient. En entrevue, il a ajouté qu'il est légitime que l'ACDI veuille «opérer sur d'autres types de problématiques» que le logement.
Guy Chevrette, qui a quitté la direction du CIFQ en 2010, a suggéré que l'abandon de l'idée n'est «peut-être pas la faute de l'ACDI, mais la faute au gigantisme» des efforts de tous les pays pour aider Haïti à se relever du désastre.
La Commission internationale de reconstruction d'Haïti, co-présidée par l'ancien président des États-Unis Bill Clinton, est une immense affaire, devant coordonner des projets valant au-delà de 10 milliards $...
Tout n'est pas perdu
Hervé Deschênes, de FPInnovations, a mentionné que tout n'est pas perdu dans cette aventure qui n'a pas abouti. Une réflexion a débuté pour «regarder quel modèle d'affaires serait le meilleur» pour acheminer une aide que les industriels voudraient apporter à la «suite d'un cataclysme».
Le Conseil de l'industrie forestière se donne un moment de réflexion avant d'aviser ses membres de l'abandon formel du projet, a laissé entendre son nouveau président, André Tremblay. «Nous laissons le dossier ouvert», a-t-il mentionné en convenant que son organisation n'y travaille plus depuis quelques semaines.
À l'ACDI, Scott Cantin, des relations avec les médias, n'a pas voulu confirmer officiellement que l'idée sera sans suite. M. Cantin a insisté pour dire que l'Agence s'est engagée dans des projets d'habitation sur l'île.
Mais il s'agit de «logements temporaires», totalisant une trentaine de millions de dollars, contrairement à la proposition des industriels québécois de construire des maisons. Les priorités de l'ACDI sont d'accroître la sécurité alimentaire, d'assurer l'avenir des enfants et des jeunes et de favoriser une croissance économique durable, a indiqué M. Cantin par courriel.
Michel Corbeil
Le Soleil

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=93595&PubDate=2011-06-09

Commentaire
C'est quand même dommage qu'une telle initiative soit abandonnée! Mais si l'ACDI en a décidé ainsi après toutes les promesses faites, il doit y avoir eu une raison de force majeure. Pourquoi ne pas nous dire cette raison? Car il n'est pas encourageant pour les gens qui souffrent de recevoir des promesses, qui ne s'accomplissent pas (ce qui peut avoir des explications parfaitement légitimes) mais d'ignorer ces raisons-là. On pourrait même aller plus loin. La plupart du temps, des projets importants ne sont pas réalisables même s'ils ont été promis dans un élan trop précipité. Dans ce même contexte, c'est parfois l’incompétence de ceux qui sont sur le terrain et prennent des initiatives inacceptables sous prétexte de travailler au nom des intéressées. Est-ce le cas? Alors pourquoi ne pas nous permettre d'en juger objectivement? La bonne foi de l'ACDI ne pourrait que se renforcer.

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