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jeudi 30 juin 2011

Haiti-Politique : Fanmi Lavalas soupçonne Martelly de « totalitarisme » et de « martellisme »

mercredi 29 juin 2011
P-au-P, 29 juin 2011 [AlterPresse] --- Le coordonnateur de la commission de mobilisation de Fanmi Lavalas, Ansyto Félix, dénonce une attitude autoritaire de la part du président Michel Martelly, lors d’une conférence de presse donnée ce 29 juin à la capitale haïtienne.
« Le président - Martelly - accède de manière brutale (créole haïtien : an chango) à la présidence et ses actions présagent d’un totalitarisme et d’un martellisme tèt kale (slogan de Martelly) », accuse Ansyto Félix.
Fanmi Lavalas exprime ainsi ouvertement son « désaccord » avec le pouvoir en place, selon l’ancien député lavalassien, Lyonel Étienne, membre de la 47e législature, qui prenait part à la conférence de presse.
« Fanmi Lavalas ne participe jamais à des gouvernements où il est question de partage de gâteau politique », soutient-il.
Le directoire du regroupement politique entend continuer d’accompagner les revendications populaires haïtiennes en ce qui à trait au respect des droits fondamentaux de la population.
Dans une critique du « bilan » que Martelly a présenté sur ses 30 premiers jours de pouvoir, dans la soirée du 14 juin dernier, le parti de l’ancien président Jean Bertrand Aristide décèle, entre autres, de l’incohérence.
Le parti d’Aristide estime également que certaines actions mentionnées par Martelly, comme le nettoyage de canaux d’évacuation d’eaux usées, la réparation de certaines voies de communication, ne s’inscrivent que dans une continuité étatique.
Selon Ansyto Félix, l’ancien chanteur surnommé Sweet Micky « danse et chante », alors que le peuple continue de « se plaindre de la misère ». [rh gp apr 29/06/2011 15 :45]

http://www.alterpresse.org/spip.php?article11225

Commentaire
Pour mettre les choses au clair, disons rapidement que celui qui parle représente l'ex-président Aristide. Il fait évidemment de la politique. C'est peut-être la stratégie choisie par Aristide pour revenir sur la scène politique (avancer à pas de loup). Mais ce discours n'a pas à être pris au sérieux. Ces gens, Aristide-Préval, ont passé vingt ans à drainer ce qu'ils pouvaient d'Haiti. Ils pourraient attendre de voir ce qui va se passer avant de se lancer à l'attaque. Ils pourraient attendre qu'il y ait une erreur plus visible que leurs nombreuses fautes graves, alors et alors seulement ils pourraient nous jeter un peu de poudre aux yeux. Qui sait s'ils n'auraient pas la chance de faire mouche, la mémoire étant si courte. En attendant,l'autorité morale leur fait défaut.

Jean Henry Céant en route vers la Primature?

Les discussions se sont poursuivies jusqu’à ce mercredi entre l’équipe de liaison de la présidence et des groupes de parlementaires. Après épuration, la longue liste d’une dizaine de personnalités pressenties pour la primature, a été réduite à deux noms: Me Bernard Gousse et Me Jean Henry Céant. Ce dernier serait le grand favori à cette étape qui précède la désignation officielle
Les discussions se sont poursuivies jusqu’à ce mercredi entre l’équipe de liaison de la présidence et des groupes de parlementaires. Après épuration, la longue liste d’une dizaine de personnalités pressenties pour la primature, a été réduite à deux noms: Me Bernard Gousse et Me Jean Henry Céant. Tous deux professionnels du droit, le premier a dirigé le ministère de la Justice sous le gouvernement de transition (2004 – 2006), tandis que le second était l’un des concurrents de Michel Martelly à la dernière présidentielle. Le notaire Jean Henry Céant serait le grand favori à cette étape qui précède la désignation officielle.
Des parlementaires du groupe majoritaire se refusent déjà à voter en faveur de l’ancien ministre de la justice. On reproche à Me Gousse, les arrestations enregistrées après le départ de Jean Bertrand Aristide en 2004 en pleine opération “Bagdad”, vaste mouvement de protestation lancé par les partisans du président déchu.
Par contre, le notaire Céant, s’est toujours présenté comme un lavalassien, allié sûr de Jean Bertrand Aristide. Placé en 4e position suite aux résultats de la dernière présidentielle, il avait promis de réconcilier les duvaliéristes et les lavalassiens. Tenant principal du groupe des 12, il a réclamé l’annulation du premier tour des élections du 28 novembre avant de rejoindre, en catimini, le camp de Michel Martelly au second tour.
Sauf pour des questions politiques ou problèmes de négociation, le notaire Jean Henry Céant pourrait passer sans casse-tête l’étape de dépôt et d’analyse de ses pièces au parlement, vu que la constitution exige presque les mêmes critères pour devenir premier ministre que pour être candidat à la présidence.
Eddy Laguerre
edgu85@yahoo.fr

Commentaire
Les parlementaires ont eu amplement le temps de réfléchir sur un candidat. Ils ont eu l'occasion de réduire une très longue liste à deux personnes. Le moment est donc venu de se décider. Le président étant hors du terrain de jeu, ils n'ont plus l'excuse de sa trop grande proximité pour éviter d'agir sous prétexte qu'ils subiraient des pressions. Alors, messieurs, donnez une chance à cette population désespérée. Pensez à vos propres familles qui ne sont pas nées au pouvoir et qui certainement n'y resteront pas éternellement. C'est vrai que la politique n'est pas le terrain de jeu de la morale, mais un peu, un tout petit peu de noblesse, s'il vous plait!

Le cadre légal haïtien inapproprié au développement de l'immobilier en Haïti

Haïti: « Une législation inappropriée, des surtaxes, des délais de déguerpissement longs...en somme, un environnement non favorable à l'investissement dans l'immobilier », c'est ce que relève en substance le P.D.G. de la Unibank Carl F. Braun qui intervenait, mercredi 29 juin, à une session co-organisée par la Banque interaméricaine de développement (BID) et la Banque mondiale à Port-au-Prince.
« Le cadre approprié pour la promotion immobilière n'existe pas en Haïti. La loi du 14 septembre 1947 interdit l'augmentation des loyers. 64 ans depuis qu'il est interdit d'augmenter les loyers pour tout type d'immeubles », a lâché le patron de la Unibank, sous l'oeil ébahi des nationaux et des expatriés. Et qui pis est, dit-il, sous Duvalier en 1959 et 1961 le prix des loyers a été diminué de 25% au total, soit en deux occasions (20 puis 5 %).
« Aujourd'hui, un promoteur immobilier qui veut respecter la loi, va-t-il investir des millions et se retrouver devant la justice? », s'est interrogé Carl Braun qui n'y est pas allé par quatre chemins pour répondre que c'est une réalité et un gros problème. Selon lui, les délais de déguerpissement sont extrêmement longs; 2 à 4 ans pour un immeuble résidentiel et 3 à 5 pour un immeuble commercial ou industriel. A ses yeux, de telles situations découragent tout investisseur.
« Si l'on prend en compte l'inapplication de la loi sur la copropriété, l'arrêté d'application de 2009 n'a permis d'arranger quoi que ce soit. En plus, fait remarquer le P.D.G. de la Unibank, l'absence de plans de zonage, la question d'entreprises de promotion et de développement immobilier et les normes de construction n'ont pas toujours été mis à jour, en dépit des dégâts causés par le séisme du 12 janvier 2010.
A l'attention de l'international, Carl Braun souligne que les banques commerciales haïtiennes accordent des prêts au logement sur 20 ans avec des taux d'intérêt variant entre 8 et 12 %. « On peut arriver à 4-9% si on arrive à maintenir le cadre macro-économique », a confié M. Braun qui appelle à l'utilisation des surplus de dépôts disponibles dans le secteur bancaire.
La population de déplacés vivant encore dans les sites a diminué de 7% par rapport aux chiffres de mars 2011, selon une enquête de l'Organisation internationale pour la Migration. La plus forte baisse a été enregistrée entre juillet 2010- lorsque l'apogée a été atteinte- et mai 2011, soit 59 % dans plus de mille camps après le séisme du 12 janvier. 634 000 personnes vivent encore dans les camps selon l'OIM. D'où l'importance d'aborder les grands dossiers relatifs au logement, à l'immobilier.
Dieudonné Joachim
djoachim@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=94381&PubDate=2011-06-29

Commentaire
Une nouvelle invitation à travailler. Les autorités haïtiennes actuelles ne sont pas responsables de l’état de ce qui se passe, mais un point de départ peut être conçu maintenant pour changer les choses. Un homme, un seul, ne peut pas non plus tout assumer. Ni le président, ni le premier ministre qui n'a même pas encore été nommé. C'est un travail collectif qui peut sauver ce pays. Et les attrape-chèques du parlement doivent le comprendre aussi. Car il n'y a plus de temps à gaspiller. L'urgence, plus que le patriotisme, exige un geste, un effort soutenu. Sinon, malgré les apparences, malgré l’idée que cela ne peut pas être pire, il le sera. La législation sur l'immobilier peut servir a redonner espoir à ceux qui attendent.

mercredi 29 juin 2011

Haïti-Adoption : Le Groupe de Montréal souhaite la modernisation des lois relatives à l’adoption

mardi 28 juin 2011
P-au-P, 28 juin 2011 [AlterPresse] --- Le regroupement international de l’adoption « Groupe de Montréal » incite les dirigeants haïtiens à adopter une politique de modernisation des lois sur l’adoption tout en promettant son aide au pays en la matière.
« Nous encourageons vivement les autorités haïtiennes à moderniser leurs législations – sur l’adoption- », a déclaré Jean Paul Monchau, ambassadeur de l’adoption en France et membre du groupe.
Jean Paul Monchau, qui participait à la fin de la semaine dernière à une rencontre du groupe à Port-au-Prince, rappelle que le dernier texte de loi haïtien relatif à l’adoption date de 1974.
Selon lui, « Il faudra adapter les structures haïtiennes notamment l’Institut du Bien-être Social et de Recherches (l’IBESR), qui est l’autorité haïtienne de l’adoption ».
Reconnaissant les difficultés que cela représente, Monchau promet que les dirigeants haïtiens « peuvent compter sur l’appui des pays d’accueil », officiellement une dizaine, dont les représentants ont participé à la récente rencontre sur l’adoption.
Les envoyés de ces pays membres du Groupe de Montréal affirment leur engagement à « coopérer avec le gouvernement d’Haïti », en vue de faciliter la mise sur pied « d’un système, d’un dispositif pour l’adoption, beaucoup plus sécurisé qu’au par avant, -plus- respectueux des normes internationales ».
Près de 4 000 mille enfants haïtiens ont été adoptés par des pays membres du groupe après le séisme dévastateur du 12 janvier 2010.
Aujourd’hui faute d’une législation, le nouveau président haïtien, Michel Joseph Martelly a publié un décret présidentiel « rendant obligatoire le passage des demandes d’adoption par des organismes agréés, en attendant la soumission d’un projet de loi y relatif au parlement haïtien. [rh gp apr 28 /06/2011 12 :00]

http://www.alterpresse.org/spip.php?article11219

Commentaire
Le nouveau gouvernement semble occupé par d'autres priorités. Il serait bon que le sort du peuple entre dans l'ensemble de ses préoccupations. Car ce serait dommage que les dernières élections que plusieurs rechignaient, ne profitent, comme toujours, qu'à un petit groupe. Des lois qui permettent un petit nombre d'enfants haïtiens d'avoir un meilleur avenir, c'est si peu important pour ceux qui ne pensent qu'à des actions fulgurantes, spectaculaires, à répercussion universelle immédiate! Merveilleuse excuse pour ne rien faire du tout! Tout cela, nous l'avons dit mu par un refus catégorique de nous autoriser à penser qu'une iniquité se cache derrière cette perte de temps: utiliser ces enfants pour faire de l'argent.

Steven Benoit conseille le président

Haïti: La sortie du chef de l'Etat Michel Martelly, sur la scène où se sont produits des groupes musicaux haïtiens dans le cadre du festival de compas baptisé Kreol fest, à Brooklyn, dans l'Etat de New York, le week end écoulé, suscite des remous.
En effet, après avoir sollicité la participation de la diaspora haïtienne au développement du pays et expliqué le bien-fondé des « taxes » prélevées sur les transferts d'argent et les appels téléphoniques en provenance des Etats-Unis, le président de la République en a profité pour amuser le public en interprétant plusieurs extraits de ses anciennes compositions. Fringant dans son costume, le chef de l'Etat a aussi donné libre cours à sa spontanéité en effectuant quelques pirouettes sous les applaudissements du public qui criait « Micky Micky... », son nom d'artiste. Micro en main, l'ancien chanteur a dansé allégrement. Une attitude qui gêne le premier sénateur de l'Ouest, Steven Benoit, intervenant ce mardi à « Panel Magik », le magazine matinal de Radio Magik 9.
Tout cela n'était pas nécessaire, rechigne le parlementaire. Michel Martelly aurait pu préenregistrer l'essentiel de son message dans lequel il préciserait qu'il est occupé à faire avancer des dossiers très importants en Haïti et le faire tourner au moment de la prestation des formations musicales, a poursuivi Steven Benoit. Le sénateur se dit davantage humilié par le comportement du premier citoyen de la nation quand, raconte-t-il, un policier étranger qui était sur place s'est montré surpris et a dévisagé le président avec dédain.
Loin de vouloir s'en prendre au chef de l'Etat le parlementaire explique qu'il entend par ses propos aider ce dernier à éviter tout comportement qui peut, dit-il, ternir davantage l'image du pays. et compromettre son avenir. Il en a profité pour attirer l'attention du président de la République sur le caractère extravagant de son cortège constitué de près d'une vingtaine de véhicules.
Ce n'est pas nécessaire d'avoir un cortège aussi long, dit le sénateur de l'Ouest. Plus c'est long, plus le VIP s'expose au danger, explique le parlementaire faisant aussi référence au manque d'infrastructures routières dans le pays. Le senateur de l'Alternative propose au chef de l'Etat de réduire son cortège à environ six véhicules.
Quant aux motards, précise-t-il, ils peuvent être utilisés dans les grandes occasions, c'est-à-dire lors des sorties officielles, les jours de fêtes nationales et au moment des voyages dans les villes de provinces.
Steven Benoit pense que le chef de l'Etat devrait trouver une entente avec les victimes qui occupent la cour de la primature depuis le tremblement de terre pour les déloger et y aménager son bureau il ne faudra à ce moment au chef de l'Etat que quelques minutes pour gagner son bureau s'il décide d'habiter la résidence officielle achetée pour loger le Président René Préval à Musseau . Ce qui lui permettrait d'économiser le temps perdu généralement dans le trafic, explique le sénateur, ajoutant que deux heures perdues dans les allers et retours au bureau représentent beaucoup de choses pour un chef d'Etat qui a tant de dossiers à traiter.
« Je ne souhaite que la réussite de Michel Martelly, affirme Steven Benoit. La réussite du chef de l'Etat est la condition sine qua non du décollage du pays ».
S'agissant du choix du prochain Premier ministre haïtien, le sénateur Benoit suggère au président d'y mettre un peu plus de coeur. Michel Martelly devrait surseoir pour un bout de temps à ses voyages à l'étranger et entamer les discussions en vue d'éviter la répétition de l'échec de Daniel Gérard Rouzier.
Selon le parlementaire, les négociations doivent être menées d'abord avec les responsables des partis politiques. Stratégie qui, selon lui, devrait augmenter la possibilité pour Michel Martelly d'obtenir la majorité au Parlement haïtien. « Avec les députés et les sénateurs, les discussions viendront après ».

Danio Darius
daniodarius001@yahoo.com

Commentaire
Ces remarques justifiées de M.Steven Benoit, nous les avons faites aussi hier en signalant la nouvelle de l'intervention du président de la république. Elles trouveront certainement beaucoup d'approbation au sein d'une population qui a beaucoup plus de choses sérieuses et urgentes à faire. Les dirigeants haïtiens actuels ont en leur faveur qu'ils n'ont pas eu de bons exemples à suivre. Le problème, c'est qu'en plus de bons conseillers à sa portée (dont il n'utilise évidemment pas les services), le président de la république, un député, un sénateur, même un ministre trouvera avec facilité tout ce auquel il pourrait avoir pensé pour bien faire son travail sur Internet, entre autres. La communication a atteint un niveau de développement trop avancé pour que nous ayons des excuses en communiquant de la pire façon possible. "...un homme qui souffre n'est pas un ours qui danse" (Aimé Césaire)

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DECKY LAKYEL a ajouté un nouveau commentaire sur votre message "Steven Benoit conseille le président" :

Cependant nous autres les haïtiens nous semblons être plus que tout autre citoyen de ce monde des partisans d'un pseudo eugénisme politique qui fait du chef d'état un "sur-homme". Steven Benoit et ceux qui critiquent l'attitude de Michel Martelly savent-ils que le président comme tout être humain, mange, rote, chie et pète?. Bill Clinton à l'habitude de s'exercer au saxophone dans certaines de ses apparitions. Si on avait vu Michel Martelly entrain de "louer l'éternel" pendant une de ces sessions de "veille de prière" ou durant une neuvaine de l'église catholique, les opinions auraient été différentes.
Certaines postures du chef d'Etat doivent être prises dans leur contexte sans se lancer dans des conjectures politico-politiciennes oiseuses. Il faut surtout s'accrocher à l'essentiel de sa politique et pouvoir discuter et débattre sur des problèmes de fonds.
Par exemple il serait beaucoup plus utile et judicieux de se poser des questions sur l'aspect fonctionnel et "exécutoire" de ce fameux fonds pour l'éducation; plus utile et plus judicieux de se demander par quelle magie, Michel Martelly va-t-il créer d'ici septembre des structures capables d'accueillir et d'injecter sur le marché de l'éducation déjà moribond, plus de 100.000 petits haïtiens.
La démocratie regorge de ces aspects vertueux qui nous permettent de critiquer tout et n'importe quoi. La démocratie utile nous recommande certes une certaine rigueur dans l'élaboration de la pensée mais aussi aussi une vision pratico-pragmatique de notre réalité!
Jonas Jolivert
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Renos Dossous a ajouté un nouveau commentaire

Je comprends mal qu'un citoyen haïtien ne puisse pas critiquer Michel Martelly, surtout s'il s'agit d,un autre politicien, comme on critique beaucoup d'autres politiciens professionnels ou improvisés. Si la noblesse la plus élémentaire nous impose le respect, particulièrement envers quelqu'un qui occupe la présidence de ce pays, pourquoi ne peut-il être critiqué pour ses actions. Et même, pour aller plus loin, les critiques et les apologistes ne devraient d'ailleurs pas se trouver dans l’extrême de s'entre-déchirer sur des idées. Les idées sont ce qu'elles sont et ce n'est pas en évitant d'y avoir recours, sans passion, que nous résolvons quoi que ce soit. Au contraire! J'oserais même avancer qu'Haiti, où les gens n'ont pas dans leur grande majorité le privilège de faire des études, ils ont compris cette situation. En tout cas, ils sont sur la bonne voie. Car la diminution des persécutions politiques ne fait que démontrer ce progrès. Heureusement! Finalement, quel que soit le chef d’état d'un pays, un citoyen de ce pays - et pas seulement lui - a toujours le droit de critiquer surtout si sa critique se justifie par des faits qu'il n'a pas inventés. Et si cette critique ne se justifie pas, tant mieux pour l'innocente victime, sa réussite même servira de leçon a un critique peu averti et injuste. Tout le monde a le droit d’éprouver de la sympathie envers un homme politique ou tout autre que lui, mais cela n'est pas un empêchement pour que les autres perdent automatiquement la faculté de déceler des erreurs de ce politicien. Quand ce qui est pour certains une erreur représente une vertu pour d'autres, cela aussi est légitime. Car dans les jugements politiques, on ne peut nier la présence de passion et ce, de part et d'autre. Mais cela est-il un crime? C'est précisément cette relativité dans le jugement qui fait la force des grandes démocraties du monde! Le danger, c'est de croire que la raison ne peut se trouver que d'un côté.

Une affaire à rebondissements

Une affaire vieille de 12 ans fait des gorges chaudes dans les hautes sphères. Entre suspicions,insinuations, doutes, dénonciations..., elle jete une lumière crue sur un pan de l'histoire de la PNH et sur la faiblesse de la justice qui n'a jamais pû établir qui est blanc ou noir, qui a une "moralité douteuse" ou pas.
Haïti: Le porte-parole de l'ambassade des Etats-Unis en Haïti, Jon E. Piechowsky est clair comme de l'eau de roche : « Nous ne faisons pas le vêting. C'est au gouvernement haïtien de déterminer ceux qui peuvent travailler pour la police et la justice », a-t-il confié au journal, quelques jours après que le président Michel Joseph Martelly eut révélé, le 15 juin 2011, avoir contacté la DEA, la CIA et des ambassades dans le cadre de sa propre enquête afin de savoir s'il pouvait ou non s'attacher les services d'ex-policiers indexés par le RNDDH pour « moralité douteuse », bien avant la réception de la lettre de l'organisation de défense des droits de la personne.
Rien pipé
Selon Jon E. Piechowsky, « les informations au sujet des investigations de la DEA sur le trafic de stupéfiants ne peuvent pas être partagées en dehors des conditions établies par la loi américaine ». « Il y a beaucoup de restrictions sur les sujets que nous pouvons discuter. Les questions d'immigration et d'investigation, par exemple », a-t-il ajouté. « Je ne vais pas parler de tous les contacts que nous avons avec le gouvernement haïtien. Je ne vais pas rentrer dans les détails», a-t-il dit, suite à une question sur la rencontre que le président Martelly dit avoir eue avec la DEA, la CIA et l'ambassade en vue de collecter des informations et non des on-dit sur des ex-policiers attachés à sa garde rapprochée.
La DEA n'est pas instrumentalisée
« Nous avons une coopération très active dans le domaine de la sécurité et de la justice. Nous allons la poursuivre pour aider au développement des institutions haïtiennes », a par ailleurs indiqué Jon E. Piechowsky qui a précisé que la DEA est « invitée » par le gouvernement haïtien. « Nous sommes les invités du gouvernement. Nous avons une coopération étroite avec la PNH », a-t-il dit, rejetant les allégations d'instrumentalisation de la DEA à des fins politiques, comme le prétend l'ex-commissaire de police Guy Phillipe.
Selon une lettre du RNDDH au président Martelly citant l'IGPNH,une réunion préparatoire à laquelle prirent part des ex-policiers attachés à la sécurité du chef d'Etat avait été organisée le 8 septembre 1999 à la résidence de Guy PHILIPPE, située à Pèlerin 6, aux fins de préparer l'atterrissage d'un petit avion en provenance de la Colombie avec à son bord une cargaison de 450 kilogrammes de cocaïne.
Guy Philippe est recherché et il le sait.
Guy Philippe, promu commissaire principal et transféré au Cap-Haïtien après cette affaire de 450 kilos de cocaïne, a confié dans la presse avoir été lui et ses amis « persécutés » politiquement. Il n'y pas de dossier à l'Inspection générale de la PNH pour étayer les accusations, avait expliqué Guy Philippe.
« La DEA n'effectue pas d'opérations et d'arrestations en Haïti. Ses agents assistent aux opérations du BLTS », a confié, laconique, un haut responsable de la DCPJ sous le couvert de l'anonymat. « Guy Philippe est recherché pour son implication présumée dans le trafic de stupéfiants. Il le sait », a ajouté ce responsable qui a réagi après des interviews à la radio de Guy Phillipe qui clame son innocence et dénonce un complot politique ourdi contre lui et contre les ex-commissaires de police indexés par le RNDHH.
Le dossier est là.
« Contrairement à ce que croit Guy Philippe, le dossier de l'enquête menée par l'IGPNH existe. En dépit du vol de dossiers et de la mise à sac de l'IGPNH après le départ de Jean-Bertrand Aristide le 29 février 2004 », ont révélé des sources concordantes. « Des organisations de défense des droits de l'homme travaillaient en étroite collaboration avec l'IGPNH et elles ont la copie du « dossier des 450 kilos de cocaïne », a précisé une source gouvernementale, au courant de la gestion faite de ce dossier à l'époque.
Le dossier de l'enquête a été remis au ministre de la Justice de l'époque, Me Camille Leblanc, au Premier ministre Jacques-Edouard Alexis et au président René Préval. Aucune suite n'a été donnée et l'inspecteur général Luc Eucher Joseph avait été contraint de laisser le pays en avril 2000 pour un poste diplomatique en Europe. Les policiers trouvés à l'hôtel « Le Voyageur » le 9 septembre 1999 lors d'une perquisition, dont Didier SEIDE, commissaire municipal, alors responsable de l'Unité de sécurité générale du palais national (USGPN); Godwork NOEL, commissaire municipal, responsable alors du commissariat de l'Arcahaie ; Lewis BOURGOUIN, Commissaire Commissariat de Pétion-Ville; Dragon GILBERT, commissaire municipal, responsable du commissariat de la Croix-des-Bouquets; Patrick DORMEVIL, commissaire municipal, responsable du commissariat de l'Aéroport de Port-au-Prince; Jean Frislet François, inspecteur municipal, affecté au Commissariat de l'Aéroport de Port-au-Prince... avec Roger Momprevil et des trafiquants de drogue avaient organisé une fronde contre Eucher», a révélé cette source gouvernementale.
« Le CSPN n'avait pas donné de suite à ce dossier. C'était dans une période de transition politique entre Préval et Aristide, et personne n'avait levé le petit doigt », a ajouté cette source.
Officiellement et contrairement à la lettre du RNDDH, Guy Philippe, Jacky Nau, Gilbert Dragon ont été révoqués de la police pour abandon de poste, selon notre source. On n'avait pas fait le suivi de l'enquête de l'IGPNH. Cependant, Patrick Dormevil et Noël Goodwork ont été renvoyés de la PNH pour affaire de stupéfiants, a confié cette source, préoccupée aujourd'hui face aux prémices d'une politisation de la PNH comme c'était le cas sous Jean-Bertrand Aristide.
Inquiétudes quant à la politisation de la PNH
"L'insistance du président Martelly à s'entourer de ses amis indexés, le transfert sans avis du CSPN du responsable de la DCPJ, Frantz Thermilus inquiètent. Ce tranfert serait lié à des arrestations de personnes aux bras longs effectuées récemment par la police judicaire", croit notre source.
Quelque peu préoccupés, des coopérants étrangers, sous le couvert de l'anonymat, ont appelé au respect du "principe d'indépendance" de la PNH et de la reprise du vêting.
Le président Michel Joseph Martelly s'est-il trompé d'adresse en recherchant des informations de la DEA, de la CIA et dans les ambassades dans le cadre, selon lui, de sa propre enquête avant de savoir s'il pouvait ou non s'attacher les services d'ex-policiers indexés par le RNDDH d'avoir « une moralité douteuse » ?
La question est brûlante d'actualité autant que la nécessité de sérénité au sein de la police, croient ces coopérants qui sont pour la conservation des acquis des dernières années en termes de respect des droits de la personne et de lutte contre le trafic de stupéfiants.
Roberson Alphonse
ralphonse@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=94320&PubDate=2011-06-28

Commentaire
Un dossier très chaud en effet. Le président Martelly, par prudence et respect des lois haïtiennes, ne devrait-il pas, ne serait-ce que momentanément, écarter les personnages incriminés afin que la justice, sans pression, suive son cours? C'est du moins ce que la logique semble suggérer. Car comment prétendre qu'une justice soit objective si ceux qui font l'objet de doutes, d’enquêtes, de poursuites, sont haut placés dans le gouvernement même qui opère ces recherches? Une comédie de plus? Une tentative réelle d'instrumentaliser la DEA ou même l'ambassade américaine? Ce serait le comble dans une démocratie qui commence à peine ses premiers balbutiements! Car tout le monde sait que l'ambassade, pour protéger ses installations et ses fonctionnaires, ne dirait rien qui puisse déplaire à des individus dont elle sait qu'ils ont malgré leur niveau d'implication présumée dans toute sorte de crimes, un immense pouvoir de nuisance. Que le président donc parle publiquement de sa conversation avec l'ambassade, c'est clairement du chantage (à l’encontre de l'ambassade) et de la manipulation (aux dépens de la population). A moins que ses conseillers aient oublié de lui dire qu'il y a une manière diplomatique, protocolaire de traiter les questions délicates et fragiles entre institutions.

mardi 28 juin 2011

Bellerive et Supplice : les 2 favoris pour la primature

Dans certains milieux politiques, le débat prend de l’ampleur, avec ou sans controverse, sur le nom du prochain Premier ministre après le rejet du choix de Daniel Gérard Rouzier par la chambre des députés. Des sources proches de la présidence et du parlement ont fait savoir que le nom du prochain premier ministre désigné sera connu avant la fin de cette semaine

Le premier ministre démissionnaire, Jean Max Bellerive
Dans certains milieux politiques, le débat prend de l’ampleur, avec ou sans controverse, sur le nom du prochain Premier ministre après le rejet du choix de Daniel Gérard Rouzier par la chambre des députés. Des sources proches de la présidence et du parlement ont fait savoir que le nom du prochain premier ministre désigné sera connu avant la fin de cette semaine.
Les rumeurs enflent. Le prochain gouvernement se fait attendre. Plusieurs noms circulent autour de la ville. Le président Martelly vient de nommer une commission pour faire le pont avec le parlement. D’ailleurs, une première rencontre s’est déroulée ce lundi au palais national entre des représentants du président de la République et certains leaders de la 49e législature.
Cette commission formée de messieurs Calixte Valentin, Pierre Pompée, Grégory Mayard Paul et Thierry Mayard Paul, directeur de cabinet du président Martelly, a eu des pourparlers, pendant plusieurs heures, avec un groupe de parlementaires (toute tendance confondue). Certains noms qui ont été cités au cours de la dernière rencontre entre le président de la chambre des députés, Sorel Jacinthe et le président Martelly ont été également mis sur la table aujourd’hui.
Le nom du premier ministre démissionnaire, Jean-Max Bellerive, dont le président Michel Martelly a toujours fait l’éloge du leadership et de la capacité de gestion a été cité parmi les premier ministrables. M. Bellerive, qui sera chargé par le président de la République de mettre en œuvre certains grands projets, peut être reconduit à la tête de la primature.
Le nom du conseiller politique de Michel Martelly, Daniel Supplice, semble être également sur le papier. Le sociologue, un des poids lourds de cette équipe, garde encore toutes ses chances pour devenir le prochain chef de la Villa d’Accueil. Cependant, depuis l’accession de M. Martelly au pouvoir les marges de M. Supplice semblent être constamment réduites. Certains proches du président lui auraient barré la route.
Le choix paraît encore embarrassant pour le camp Martelly. Il semble que ce camp n’a pas les coudées franches, vu le poids et le rôle de l’international dans l’accession au pouvoir de l’ex-chanteur qui semble préférer M. Bellerive à toute autre personne. Michel Martelly serait peut-être contraint d’embrasser la continuité vu le contexte dans lequel le pays est plongé depuis son accession au pouvoir.
Le temps ne joue certainement pas en faveur du néophyte. Les tractations se sont intensifiées et des promesses seraient concrètement faites au bloc majoritaire, GPR, contrôlé en grande partie par la plateforme de l’ex-président René Préval pour le partage des responsabilités. Pour mettre en œuvre le plan du changement annoncé, M. Martelly semble être condamné à faire des concessions.
Joseph Chanoine Charles
http://www.lematinhaiti.com/contenu.php?idtexte=24243&idtypetexte=

Commentaire
Est-ce que la personnalité du premier ministre importe? Oui, jusqu’à un certain point. Mais au fond, c'est l'orientation générale qu'imprimera Michel Martelly au gouvernement qui va se sentir. Dans un système comme le nôtre, le premier ministre n'aura qu'un rôle de tampon, une simple éponge qui absorbe les mauvais coups. Ses actions, s'il en adopte, seront noyées dans la mer des impromptus du président Martelly. Et c'est là que ses conseillers devraient se montrer habiles. Car Après Aristide, après Préval, ce serait terrible que nous retombions dans le même ravin! Un politicien peut se faire au jour le jour, mais les dommages causés par son manque de tact, son déficit de réflexion-planification ne sont pas toujours réversibles. Nous pensons précisément à Préval, se moquant de toute velléité de protocole, se leva pour embrasser le président Leonel Fernandez de la république dominicaine(lors de son premier mandat) en plein milieu du discours de ce dernier. Était-il lucide? Une telle réaction ne peut se concevoir que dans une "gaguere", au moment d'un combat de coqs. C'est le président par qui nous avions l'honneur d’être gouverné.

EDITO

Artiste pour artiste
Haïti: A Livres en folie jeudi dernier, Franketienne réclamait, en présence du président de la République, l'émergence d'une République des artistes. Le père de Pèlin tèt a été entendu. Ce week-end, on a cru retrouver, sous le costume du président Martelly, un peu et même beaucoup de notre Sweet Micky national, lors du passage de la délégation présidentielle, dimanche, au Kreyol Fest, cette kermesse qui depuis 13 ans fait le bonheur de la communauté haïtienne de New York.
La veille, le président avait visité la foire Femmes en production au Miami Beach Convention Center de la ville balnéaire de Floride. Son passage a apporté un réconfort supplémentaire aux nombreux artisans et distributeurs qui tenaient salon à l'étranger, une grande première après le succès de cette foire en Haïti.
Certains disent que le président Michel Martelly, déjà à Livres en folie, avait réussi un numéro d'artiste pour le plus grand plaisir de la foule du Parc Historique de la Canne à Sucre. Il faut dire qu'il a son rôle d'amuseur dans le sang, le Président! On ne fait pas l'artiste pendant 22 ans pour tout oublier parce qu'on tient un nouveau rôle. D'autant que cela ne doit pas être rose tous les jours d'être président, responsable de tout après avoir été porté aux nues.
Le ratage avec Daniel Rouzier, son Premier ministre rejeté, la découverte des pouvoirs de la majorité parlementaire, la controverse avec le RNDDH sur les membres de sa sécurité rapprochée, la réception amusée du bilan de son premier mois, le retour à la case Bellerive, la mort de Guiteau Toussaint pendant que le président chantait sur scène en même temps que le chef de la police au gala d'anniversaire de la PNH, tout cela et quelques autres petits hics, méritent bien une salve d'applaudissements pour guérir les bleus à l'âme.
Hier, chanter était si simple et si naturel. La politique, aujourd'hui, si compliquée.
Le président Martelly, combatif comme lui seul, montre son sourire et joue le fier et fort indifférent au temps qui passe, alors que l'on sent qu'il bout de ne pas pouvoir bousculer la réalité comme il le souhaite et comme il l'a promis.
Comment lui faire admettre que la politique a ses raisons que même la raison ignore? Surtout la raison.
Dans les jours qui viennent, le président prévoit de prendre l'avion : privé (cela fera jaser) ou les lignes commerciales (pour faire comme tout le monde dans un pays pauvre), pour un long séjour en terre étrangère. Certains de ses alliés trouvent le voyage déplacé alors qu'il peine à nommer un Premier ministre et ne pourra donc pas se faire accompagner d'une équipe pour assurer les suivis des retombées de son périple. D'autres pensent que mieux vaut qu'il soit loin du terrain des négociations pour donner une marge de manoeuvre à son équipe de quatre mousquetaires chargée des tractations.
Si tout va vite, le président partira auréolé d'une victoire. Si tout va bien, il récoltera les fruits à son retour. Si les pourparlers achoppent, il reviendra en sauveur obligé.
Un seul petit conseil au parlement : le président élu est bien celui qui l'a été pour conduire les destinées du pays. Personne par son appétit ne doit feindre de l'oublier au risque de manger l'amer pain blanc des déceptions.
Les maladresses et tâtonnements de Martelly n'entament pas son crédit. Ils ne lui permettent que de rejoindre la longue liste de nos chefs d'Etat. En fait, il est bien comme les autres avant lui.
Artiste pour artiste, allez savoir qui fera chanter l'autre dans la nouvelle ronde de négociations qui s'ouvre pour trouver un successeur à Jean-Max Bellerive, celui que les mauvaises langues présentent comme le meilleur candidat à sa propre succession.

Frantz duval
duval@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=94290&PubDate=2011-06-27

Commentaire
Un chef d’état encensé, cela s'est déjà vu! Qu'il le soit dans la situation précise que vit le pays, plongé dans une crise dont on ne voit pas clairement l'issue, cela révolte. Comme chacun est maître de ses opinions, peut-être le journaliste, que nous ne connaissons pas, a-t-il ses raisons. Le problème, c'est que nous les ignorons. Nous serons donc conséquent en admettant que, de notre point de vue, il est trop tôt pour laisser sa verve prendre son envol avec autant de chaleur alors que rien de sérieux ne semble le justifier. A moins que l'auteur n'ait écrit en état d'ivresse.

lundi 27 juin 2011

99% de l'aide post séisme versée aux ONG, indique Bill Clinton

Dans un nouveau rapport publié jeudi sur l'aide en Haïti, Bill Clinton estime que les flux financiers de l'aide internationale doivent davantage passer par l'Etat afin d'accélérer la reconstruction, renforcer les institutions, créer des emplois et améliorer les services publics.
Selon le rapport, environ 99% de l'aide d'urgence post-séisme à été décaissé au profit des agences humanitaires bilatérales ou multilatérales, la Croix-Rouge, et des fournisseurs de services non étatiques, y compris des ONG et des contractants privés.
Pour les experts du rapport, davantage de ces fonds devraient transiter par l'Etat afin que les Haïtiens soient en mesure de disposer de ces fonds.
« Le fait que 99% du financement de secours contourne les institutions publiques haïtiennes rend par exemple le leadership du gouvernement d'autant plus difficile », a déclaré l'Envoyé spécial adjoint pour Haïti, Paul Farmer, en introduction du rapport.
Intitulé « L'aide-t-elle changé ? Acheminement de l'aide en Haïti avant et après le séisme », le rapport a pour objectif de comprendre comment l'aide a été acheminée en Haïti avant et après le tremblement de terre.
Le Bureau de l'Envoyé spécial plaide pour le renforcement « des secteurs publics et privés, créant ainsi plus d'opportunités pour les citoyens haïtiens, en commençant par changer les modalités et les bénéficiaires de l'aide ». HPN

http://www.radiotelevisioncaraibes.com/nouvelles/haiti/99_-de-l_aide-post-seisme-versee-aux-ong.html

Commentaire
L'hypocrisie joue un rôle trop important dans les relations internationales. Mais le plus grand mal, c'est surtout les intérêts particuliers, les fonds soi-disant alloués à des pays qui n'en sauront jamais rien, qui n'en entendront jamais parler en réalité. Il y a trop de mains intermédiaires, trop de proches de ces mêmes donateurs qui doivent avoir un poste à l’étranger. Ils passent pour être moins attirés par l'argent que les ressortissants des pays BÉNÉFICIAIRES (?). Cela aussi devrait s'appeler corruption. Mais cela dépendra surtout de celui qui rédige le dictionnaire.

Mission spéciale pour le démissionnaire

Après le rejet de Daniel Gérard Rouzier par la Chambre des députés, le président de la République a vite compris que le pays ne devrait pas mourir pour autant. Il a donc fait appel au service du Premier ministre démissionnaire, Jean-Max Bellerive, pour l'aider dans l'exécution de son programme de campagne avant la désignation et la ratification par le Parlement d'un nouveau gouvernement. En participant à la 17e édition de Livres en folie, jeudi, Michel Martelly a promis de désigner sous peu son prochain Premier ministre.
Haïti: Son échec avec Daniel Gérard Rouzier n'a pas changé pour autant les principes et la philosophie du président Martelly. « Je reste accroché à mes principes. Je ne vais pas y renoncer à cause de l'échec de M. Rouzier », a-t-il déclaré à la 17e foire du livre tenue jeudi dernier au Parc Historique de la Canne à Sucre. Le chef de l'Etat a promis de désigner sous peu un nouveau Premier ministre. Son nom est déjà là, a précisé Michel Martelly. Mais avant d'y arriver, il a convoqué le chef du gouvernement démissionnaire et lui a confié la mission de faire un inventaire des ressources et des moyens disponibles au niveau de l'Etat pour commencer à mettre son programme à exécution.
Bellerive, le bras exécutant de Martelly en attendant
« Je vois cette mission comme une nécessité », a répondu, vendredi, Jean-Max Bellerive sur les ondes de Radio Magik 9. « Avec l'équipe en place- les ministres démissionnaires- des mesures relatives aux priorités nationales vont être prises», a-t-il promis. Sa première réunion cette semaine avec le président Martelly était spécifiquement axée sur un partage de préoccupations et de vision relativement à ce qui peut être fait avec le budget de l'année fiscal 2010-2011
En outre, M. Bellerive s'est réuni vendredi avec son équipe dans le but de présenter à Michel Martelly un plan d'action et d'opérer certains changements dans le système. Il a promis de mettre le Parlement- qu'il considère comme un élément important dans le fonctionnement du pays- au courant des mesures prises par l'exécutif.
Interrogé sur les informations faisant croire que le président Martelly serait en passe de le désigner comme son Premier ministre, Jean-Max Bellerive a rappelé que le choix d'un chef de gouvernement est la prérogative du chef de l'Etat en consultation avec les présidents des deux branches du Parlement. Il a toutefois reconnu qu'il entretient de bonnes relations avec M. Martelly.
Pour Bellerive, il ne doit pas y avoir de doute là-dessus: il sera toujours prêt à servir son pays, sa patrie. « Quel que soit l'endroit où on me demande de servir, je serai toujours prêt à servir », a-t-il dit.
Le Premier ministre Jean-Max Bellerive, coprésident de la Commission intérimaire pour la reconstruction d'Haïti (CIRH) et ministre de la Planification et de la Coopération externe, est considéré comme quelqu'un qui s'est fait beaucoup d'amis au Parlement, et il le reconnaît.
Cinq ans ministre de la Planification, chef de gouvernement depuis le 11 novembre 2009, responsable de la CIRH...,il est toujours en contact avec des parlementaires. « Comme ministre et Premier ministre, pendant 36 fois j'ai été obligé de me présenter au Parlement pour donner des réponses à des questions. Oui, effectivement j'ai de bonnes relations avec beaucoup de parlementaires. J'ai une facilité de contact avec eux... », a-t-il avancé.
Par ailleurs, un membre influant de l'équipe de Martelly, sous le couvert de l'anonymat, a confié au journal Le Nouvelliste, jeudi, que le président Martelly n'avait encore rien dit sur le nom de celui qu'il va désigner comme Premier ministre. « Cela pourrait être fait la semaine prochaine. Pour l'instant, il n'a encore rien dit... », a confié notre source.
Plus d'un pense que le chef de l'Etat devrait tirer leçon de son échec avec Daniel Gérard Rouzier et partir à la recherche de sa majorité au Parlement. Avec M. Rouzier, la tension était très tendue entre l'exécutif et le Parlement, puisque le premier n'a pas voulu négocier, dialoguer ou discuter avec le second. Résultat : un mois et demi après son investiture, Michel Martelly peine à atterrir et tourne sur lui-même.
Le vice-président du Sénat, le sénateur Jean-Hector Anacacis, lui a sévèrement rappelé que, nous citons: « M. Martelly doit comprendre qu'il n'est pas dans une compétition de groupes musicaux. Il s'agit de la politique; il doit y avoir des compromis et de l'entente. Il n'a pas d'autre choix que de négocier avec les parlementaires », fin de citation.
Robenson Geffrard
rgeffrard@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=94204&PubDate=2011-06-24

Commentaire
En démocratie, la déclaration du sénateur Anacacis est indiscutable. Mais l'arrogance est-elle obligatoire quand on sait que ceux que ces donneurs de leçons doivent se rendre recommandables aussi aux yeux de la population. Ils n'ont pas toujours eu un comportement louable. On n'a qu'a se rappeler la falsification de la constitution amendée au sein même du parlement. Jusqu'à présent, aucune explication. Et quand M. Anacasis parle de "négocier", il serait tellement intéressant de connaitre sa propre définition d'un tel mot venant de lui ou de son équipe. Ces paraboles la plupart du temps ne servent que les intérêts d'une petite minorité. Le discours aussi doit être réhabilité en Haiti pas seulement les infrastructures. Peut-être nous dira-t-il la prochaine fois ce que veut dire "négocier" dans le contexte haïtien d'aujourd'hui. La continuité démocratique? Oui! Mais la continuité dans la médiocrité n'est pas une solution.

Haïti-Reconstruction : Les Nations-Unies réclament l'octroi direct de l'aide internationale à l'Etat

Haïti: L'envoyé spécial adjoint de l'ONU pour Haïti Paul Farmer, plaide en faveur de l'octroi direct de l'aide internationale à l'Etat haïtien afin d'accélérer la reconstruction, de renforcer les institutions, de créer des emplois et d'améliorer les services public, apprend AlterPresse.
« Le fait que 99% du financement de secours contourne les institutions publiques haïtiennes rend par exemple le leadership du gouvernement d'autant plus difficile », souligne Paul Farmer dans l'introduction d'un rapport publié le jeudi 23 juin.
Pour lui, le flux financier de l'aide devrait « se concentrer sur la création d'un secteur public robuste et d'un secteur privé sain, de façon à offrir des opportunités significatives aux citoyens ».
Ainsi le flux de l'aide financière devrait « transiter par l'Etat Haïtien afin que les haïtiens soient en mesure de disposer de ces fonds », poursuit-il.
« Près de 99% de l'aide d'urgence post sismique a été décaissée vers des agences humanitaires bilatérales ou multilatérales, la Croix-rouge, des fournisseurs de services non étatiques, des ONGs, et des contractants privés », précise le rapport.
Plus de 60% des fonds promis pour les exercices cumulés 2010 et 2011 demeurent non décaissés, souligne-t-il.
« Au cours de l'année passée, les bailleurs ont décaissé plus de 1,74 milliard de dollars pour des activités de reconstruction, mais plus de la moitié (2,84 milliards de dollars) de ce qu'il avait promis pour 2010 et 2011 demeurent entre leurs main », déplore Farmer.
Le rapport indique que l'aide à Haïti a triplé entre 2009 et 2010, augmentant de 1,12 milliard de dollars (142,1 millions en secours et 977,6 millions de dollars en aide au développement) à environ 3,27 milliards de dollars au total (1,55 milliard de dollars en secours et 1,73 milliard en reconstruction et aide au développement).
L'aide des bailleurs bilatéraux et multilatéraux demeure une ressource beaucoup plus importante que les recettes internes du gouvernement haïtien, approximativement 130% des recettes internes du gouvernement en 2009 et 400% des recettes internes du gouvernement en 2010, selon les estimations.

AlterPresse
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=94235&PubDate=2011-06-26

Commentaire
Une évaluation rapide mais objective de l'aide internationale aux pays sous-développés indique clairement que la plupart des fonds nominaux reste aux mains des ONG qui servent de médiatrices entre les NÉCESSITEUX et les institutions internationales. Les gouvernements ont toujours été écartés. Est-ce pour mieux valider la thèse de la corruption? C'est vrai qu'en général, il y a beaucoup de corrompus dans nos murs, mais n'est-ce pas aussi (quand on leur confie l'aide promise)une manière de les surveiller de près et de leur ôter le prétexte de l'insuffisance de fonds. Ce qui, paradoxalement, leur permet de s'approprier ce dont ils disposent comme ne pouvant rien résoudre. Nous n'ignorons pas que le problème, tel qu'il se pose n'est pas obligatoirement facile à résoudre, mais dans le cas d'Haiti, n'y a -t-il pas un comité de reconstruction dont fait partie l'ex-président Bill Clinton lui-même? Alors qu'est-ce qu'on attend?

dimanche 26 juin 2011

Livres en folies, gage de succès pour les auteurs haïtiens

Vendredi, 24 juin 2011 09:38
Le coup d'envoi de la 17 eme édition de Livres en folies a été donné hier au Parc historique de la canne à sucre.
Pour la première fois un chef d'Etat a participé à cette grande fête du livre organisée par Le Nouvelliste en collaboration avec plusieurs partenaires dont Unibank.
134 auteurs étaient en signature dont l'invitée spéciale Edwige Danticat. Le président Michel Martelly s'est entretenu notamment avec M. Danticat ainsi que les organisateurs de cet événement culturel haïtien.
La première journée a été un succès indique l'un des membres du comité organisateur Frantz Duval. Il révèle que plusieurs titres dont ceux de Kelie Mars et Rony Gilot étaient en rupture de stock.
Livres en folies était présent sur plusieurs fronts. Outre les 16 villes de province livre en folies se traduit également par la vente d'ouvrage sur Internet. Dans une capitale où moins d'une demi-douzaine de librairie fonctionnent timidement, livre en folies demeure la plus grande plateforme pour la vente d'ouvrages.
M. Duval encourage les medias à accorder une place de choix à ces auteurs qui proposent des thèmes de réflexions aux citoyens. Dans le même il se réjouit de l'effort de la presse haïtienne à l'occasion de la 17 eme édition de Livres en folies. La chaine 52 de télé Métropole et plusieurs autres medias avaient réalisé des émissions spéciales au cours de cette semaine. Livres en folies se poursuivra jusqu'au 1 juillet avec des activités spéciales notamment à l'Institut Français.

LLM / radio Métropole Haïti
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=19254

Commentaire
Livres en folie est un geste de ses organisateurs qui les honore. En effet que dans un pays au taux d’alphabétisme négligeable que nous connaissons, des promoteurs de la culture n’hésitent pas à investir temps et argent dans l'effort de changer les choses, cela mérite d'être encouragé. Que votre intérêt pour l'esprit, et tout ce qui peut l'alimenter, soit récompensé, messieurs! Vous le méritez!
Cependant, une chose qu'on ne devrait pas passer sous silence. Rony Gilot, l'apologiste des Duvalier, est par ailleurs accusé dans le livre de Leslie Péan d'avoir servi la cause de cette dynastie dans les années 50-60 en faisant réprimer ses condisciples, alors qu'il était étudiant en médecine. Que le livre d'un tel auteur soit épuisé, ne parle pas en faveur du système d'aujourd'hui. La nostalgie de la stabilité dictatoriale pousse les gens à lire sur les Duvalier pour oublier le désordre majeur d'aujourd'hui? C'est une simple question.

Haiti/Cinéma

Une étrange cathédrale dans la graisse des ténèbres

Annoncé depuis quelques mois, le film de Charles Najman, inspiré du séisme du 12 janvier 2010, est à l’écran. Pour sa grande première à Le Vilatte, l’acteur principal Frankétienne a été chaudement applaudi.
24/06/2011
Plusieurs dizaines de personnes ont assisté, mercredi, à Le Vilatte, au long métrage de Charles Najman, « Une étrange cathédrale dans la graisse des ténèbres ». Le grand poète et dramaturge haitien, Frankétienne, est l’acteur principal de ce film tourné durant 22 jours sur les ruines de la Cathédrale de Port-au-Prince.
« Une étrange cathédrale dans la graisse des ténèbres » évoque le séisme du 12 janvier 2010 qui a ravagé la zone métropolitaine. Ce désastre , annoncé par Frankétienne dans sa pièce « Melovivi » ou Le piège, a provoqué la mort d’environ 200.000 personnes. « C’aurait été mieux de compter ces victimes dans le cadre d’une grande révolution politique et sociale qui aurait pu enfanter une nouvelle Haiti », a lâché le poète, regrettant que cette montagne de cadavres ait été enregistrée pour rien.
Dans le film, Frankétienne ne cesse de s’interroger sur le mal chronique d’Haiti. Le poète se demande sans répit ce que les élites ont fait de ce pays indépendant depuis 1804. Les vains discours des politiciens assoiffés de pouvoir, les promesses non tenues, n’ont jamais diffusé la lumière dans la République ténébreuse. Un profond désespoir, inspiré au fond d’un grand sentiment de révolte et de frustration, marque le discours du poète. Les séquences, montrant les enfants de sept à douze ans qui s’amusent innocemment à l’intérieur de la Cathédrale en ruines, renvoient à l’image d’un pays insouciant de l’avenir de ses fils.
Haiti, c’est la terre dotée d’une grande richesse culturelle. Le peuple haitien est foncièrement religieux. Une catégorie, en quête d’une vie meilleure dans l’Eglise chrétienne, communique avec le Dieu suprême. Alors que le reste de la population espère, célèbre, chante, danse le vodou. Une séquence mettant en valeur le « Gede » montre à quel point l’Haïtien maîtrise sa relation avec le Dieu de l’univers dans ses multiples formes d’expressions.
Au-delà du désespoir, l’espoir renait. « Une étrange cathédrale dans la graisse des ténèbres » convie les Haïtiens à se ressaisir afin d’instaurer une meilleure organisation des espaces sociétal, politique, culturel et environnemental. Franketienne et Charles Najman, respectivement acteur principal et réalisateur, tous deux présents à Le Vilatte lors de la grande première du film en Haiti, n’ont pas voulu faire des déclarations suite à la projection du long métrage. Par contre, certains invités ont applaudi le documentaire qui se veut la radiographie d’une société en ruine. « C’est dramatique ! Cependant, il y a de l’espoir. Nous pouvons et nous devons changer Haiti », a déclaré l’historien Michel Hector en sortant de Le Vilatte. La Cathédrale en ruines fait penser à Haiti détruite qui doit renaitre de ses cendres.

Long métrage : Une étrange cathédrale dans la graisse des ténèbres
Autre titre : Franketienne, le poète au milieu des ruines
Pays Concerné : Haïti
Réalisateur : Charles Najman
Pays du réalisateur : France
Avec : Frankétienne
Production : Fondasyon Konesans Ak Libète (FOKAL), Huit Production (La)
Pays de production : France, Haïti
Distribution : Huit Distribution (La)
Durée : 78'
Genre : portrait
Type : documentaire

Hudler Joseph

josephudler@yahoo.fr

http://www.lematinhaiti.com/contenu.php?idtexte=24186

Commentaire
Oui, l'art! Et toujours l'art. C'est mieux que la religion puisqu'il est action. Attendre dans la passivité n'a jamais sauvé personne. Il ne manquera certainement pas de faux prophètes pour nous faire accroire que passivité égale patience. Comme si la patience signifiait insouciance, lâcheté, abandon et attente tranquille de la mort. "Tout homme doit mourir un jour, mais toutes les morts n'ont pas la meme signification" (Mao Tsé Toung)

Un directeur d’orphelinat en Haïti inculpé aux Etats-Unis

Matthew Andrew Carter, 66 ans, également connu sous les noms de William Charles Harcourt et Bill Carter, directeur d’orphelinat en Haïti, a été inculpé jeudi soir d'agression sexuelle sur mineurs
24/06/2011
Matthew Andrew Carter, 66 ans, également connu sous les noms de William Charles Harcourt et Bill Carter, directeur d’orphelinat en Haïti, a été inculpé jeudi soir d'agression sexuelle sur mineurs, a précisé le ministère américain de la justice dans un communiqué.
L'homme, arrêté le 8 mai 2011 à Miami, est originaire de Brighton (Michigan, nord) et devra répondre de quatre chefs d'inculpation. Il a notamment voyagé à l'étranger dans le but d'avoir des relations sexuelles avec des mineurs.
Selon l’agence France presse (AFP), le suspect dirigeait depuis le milieu des années 1990 à Port-au-Prince un orphelinat baptisé "Morning Star Center", qui lui sert également de résidence privée. WPC/LM
http://www.lematinhaiti.com/contenu.php?idtexte=24210&idtypetexte=

Commentaire
Ce n'est pas le premier cas et ce ne sera certainement pas le dernier. Les pays qui, comme Haiti, dépendent de la bienfaisance, s'exposent à tout. D'abord, à la corruption des mineurs. Malheureusement, ces cas d'agression sexuelle de plus en plus nombreux dans le pays ne font pas prendre conscience aux autorités du danger représenté par les bienfaiteurs mal connus ou tout simplement toléré. Tout dépend la plupart du temps de qui, sur le terrain, pour cacher certaines réalités, se corrompent et s'enrichissent, sur le malheur de la grandes majorités des enfants du pays entre autres.

samedi 25 juin 2011

"La Walkyrie de Wagner : une leçon de courage" ou "Défier les dieux"

Par Renos Dossous

Comme pour faire écho à Victor Hugo pour qui «La musique est dans tout », Verlaine exigeait « de la musique avant toute chose ». Dans sa propre vision du monde, dans sa propre version du monde, le compositeur allemand Richard Wagner va au delà de cette exigence superficielle. C’est l’art en général qu’il place au centre de l’existence. Et s’il choisit l’opéra pour marquer cette conviction, c’est essentiellement parce que, contrairement à la démarche de ses prédécesseurs, il transforma ce genre en un lieu de convergence de différentes manifestations artistiques : le chant, la poésie, le théâtre, la danse, la musique et les arts plastiques. « L’œuvre d’art totale », pour répéter ses propres mots.

La représentation récente1 de son opéra « Die Walküre » (La Walkyrie) par le Métropolitan Opera de New York, ce monument grandiose à la dimension du génie du compositeur, nous a fait découvrir une œuvre émouvante. Il s’agit de l’un des quatre opéras qui forment L’anneau du Nibelung, une œuvre inspirée de la mythologie scandinave.

La fascinante vierge guerrière, la walkyrie, Brunhilde, fille de Wotan2 et d’Erda, reçoit un ordre de son père. Elle doit faire mourir son demi-frère afin qu’une promesse de Wotan à sa deuxième femme, la déesse Fricka, soit honorée. Elle descend sur le champ de bataille où son frère va affronter un rival. Attendrie par son amour fraternel, la Walkyrie tente de sauver Siegmund. Irrité, Wotan arrive en toute hâte sur le champ de bataille, exécute lui-même son fils. Mais il pourchasse sa fille préférée, Brunhilde, afin de la punir de sa désobéissance. Elle est condamnée à redevenir mortelle pour se soumettre à la volonté d’un homme courageux qui deviendra son époux. Toute la force, toute l’éloquence de ce troisième et dernier acte, se concentre dans les répliques de Brunhilde dont les arguments les plus émouvants n’arrivent pas à attendrir Wotan, son père.

Cet opéra de Wagner représente essentiellement une confrontation entre la liberté et le pouvoir. C’est une œuvre jeune où il célèbre passionnément le libre arbitre face à la terreur de l’arbitraire. Elle est née d’un tempérament énergique et combattif. Et ce sont précisément ces caractéristiques qui allaient rapprocher ce compositeur du philosophe Friedrich Nietzsche. Qui ignore, en effet, que l’auteur de Zarathoustra, charmé par l’élégance, le style grandiose de l’opéra de son compatriote avait pris la décision (dans un premier temps) de le suivre partout pour le faire connaitre dans toute sa majesté?

Trop souvent, forcé de s’exiler, ce révolutionnaire appelé Richard Wagner ne l’était pas strictement sur le plan artistique. Son engagement politique faisait de lui le plus redoutable adversaire des conservateurs de son temps. Sa passion pour la liberté n’avait d’égale que son impatient désir de voir l’Allemagne s’unifier pour devenir une grande nation. Ce n’est pas par hasard qu’il se souleva contre toute forme de despotisme et même hébergea chez lui des anarchistes russes dont Mikhaïl Bakounine. Tout comme Nietzsche, l’auteur de La Walkyrie, avait étudié la philosophie. Et pour surprenant que cela paraisse, il était aussi bon philosophe que Nietzsche (était) compositeur. Et ils avaient tous les deux adopté le même maitre à penser : le brillant philosophe allemand Arthur Schopenhauer.

L’art ne s’est jamais contenté d’être une fin, il a toujours été un moyen, une arme de combat pour vaincre ce qu’il y a d’inacceptable, d’inhumain chez l’homme et la femme de tous les temps. C’est grâce à lui qu’on a pu conquérir l’espace au sens propre et au sens figuré. C’est lui qui a inspiré ces individus nés au milieu des forces adverses de la nature, les forêts les plus hostiles ou les galets les plus inhospitaliers, au bord des eaux ou des abimes, menacés par les océans infinis. C’est lui qui a motivé les sauvages, ceux du moins que notre ignorance et notre présomption ont baptisé comme tels, à lancer leur imagination à l’assaut de tous les obstacles, les plus grands qu’aient connus l’humanité. L’anthropologue français, Claude Lévi-Strauss, a su si bien traduire ce phénomène dans son livre « La pensée sauvage »! Sur le piédestal où ces soi-disant sauvages nous ont placés, qu’est-ce qui nous paralyse? Qu’est-ce qui fait que nous sommes incapables de nous approprier la même arme puissante de l’imagination pour nous lancer à la conquête de nous-mêmes, de ce qu’il y a de noble en nous? Avons-nous cédé si facilement à ce que Georges Méliès appelle « l’anesthésie des instincts3 »? Pourquoi avons-nous opté pour faire de notre époque celle du misérabilisme spirituel et mental au point de sombrer dans ce chaos collectif que nous appelons civilisation? N’est-ce pas plutôt une décivilisation, une dévirilisation lamentable, qui nous conduisent à accepter n’importe quoi? L’effritement de tout ce dont nous avons hérité de solide, de grand, de fort pour retomber dans l’enfance que nos pères avait pourtant surmontée, n’est-ce pas un signe de décadence? Avons-nous encore, pauvres victimes d’une vie de plus en plus risible, la capacité de reprendre possession de la vie par l’action, pour notre propre ré-humanisation? Cette régénération passe aussi obligatoirement par le rééquilibrage de ce que nous sommes, ce que nous avons et combien nous serons à le partager. Cela s’appelle le contrôle de la natalité. En effet les rues, les vêtements, les chaussures, les ponts, toutes ces choses banales pour l’esprit paresseux qui est la principale caractéristique de cette époque, n’ont pas été placées là, comme ça, par une main invisible, comme la manne qui tombe du ciel.

Conclusion

« Sans la musique, la vie serait une erreur », selon Nietzsche. Mais c’est tout l’art qui est une source inépuisable d’énergie. On a beau en faire une activité périphérique, un luxe qui doit suivre la satisfaction des besoins les plus pressants, les faits refusent de se plier à ce préjugé. L’art authentique va toujours au delà de la réalité. Il s’insinue dans votre vie quotidienne là où vous vous y attendez le moins, peu importe que vous soyez riche ou misérable. L’antiquité gréco-romaine couvrait d’une auréole de transcendance cet être exceptionnel que représentait l’artiste. Il est difficile de nier qu’il y a dans l’art une force qui fait de nous les instruments de toutes les émotions. Et ces multiples leçons susceptibles d’alimenter l’esprit viennent tous azimuts. Si les dettes, l’exil, les persécutions et même la prison n’ont pas empêché Wagner de nous offrir « La Walkyrie », il en a été de même d’Haendel qui a composé le Messie entre deux attaques de paralysie dont la deuxième s’accompagna d’une cécité incurable. Beethoven, bravant le destin de misère auquel semblait le condamner sa surdité, sut trouver le moyen de continuer à produire et, comme une espèce de vengeance contre l’adversité, imprima à ses œuvres toute la joie de vivre et tout l’héroïsme dont son génie était capable. Qui a décrété qu’avec l’inépuisable source d’énergie que représente l’art, l’être humain devait accepter d’être misérable? L’art, aussi bien que l’écriture pour cette minorité d’écrivains qui en font une vocation sacrée, l’art existe pour apprendre à cette génération placée au milieu des ruines, d’une caricature de civilisation, qu’il y a toujours un moyen de rester « debout parmi les ruines »4. Les Haïtiens, mes compatriotes, les Africains, ont la réputation d’être de grands artistes et ils le sont. Ces mêmes Haïtiens, ces mêmes Africains, auront-ils l’intelligence et la capacité, ce reste d’instinct qui subsiste dans l’homme même quand il n’y a plus rien, d’entendre un tel message, de le comprendre, afin d’en faire l’arme la plus puissante de la conquête de leur avenir?


Notes
1. La représentation a eu lieu le jeudi 5 mai 2011 au Metropolitan Opera du Centre Lincoln de New York.
2. Wotan : dieu principal de la mythologie scandinave.
3. Georges Méliès, cité par Alain de Benoist, Vu de droite anthologie critique des idées contemporaines, Copernic, Paris 1977, p. 428
4. Julius Evola cité par Alain de Benoist, idem p.432

vendredi 24 juin 2011

L’ancien président René Préval invité par la Commission sénatoriale

La Commission sénatoriale charge d’enquêter sur les circonstances de la publication d’un amendement constitutionnel différent de celui voté par le parlement le 9 mai dernier, a lancé une invitation à l’ancien président René Préval le lundi 20 juin pour qu’il apporte des précisions au sujet du dossier.
La sénatrice du Centre, Edmonde Supplice Beauzile (Alternative), membre de la commission, estime que celui-ci jouit de la capacité d’inviter quiconque est en mesure de l’édifier sur l’objet de sa mission.
Le président de la Chambre basse, Sorel Jacinthe (Moron-Chambellan, INITE) a décliné une invitation que lui avait lancée la commission. La commission n’est pas compétente pour inviter le président de la Chambre des députés, écrit-il dans une lettre adressée à celle-ci.
Le sénateur Joseph Lambert (Sud-Est, INITE), rapporteur de la commission, a annoncé jeudi que de nombreuses personnes seront auditionnées, dont le président du Sénat, Jean Rodolphe Joazile (Nord-Est, INITE) et son collègue des Nippes, Jocelerme Privert (INITE).
Lambert avait également fait part du projet de la commission de s’adresser à l’ancien président René Préval pour qu’il lui propose les noms de fonctionnaires du Palais national susceptibles d’éclairer sa lanterne.
A rappeler qu’avant la fin de son premier mandat en 1996, l’ancien président Jean Bertrand Aristide avait promulgué une loi garantissant la protection et la sécurité des chefs d’Etat 5 ans après l’expiration de leur mandat. [jmd/Radio Kiskeya]

http://www.radiotelevisioncaraibes.com/nouvelles/haiti/rene-preval-invite-par-la-commission-senatoriale.html

Commentaire
Incroyable qu'un chef d’état n'ayant rien à cacher promulgue une telle loi! C est vrai que dans un pays ou tout est prétexte à persécution politique, certaines précautions sont à prendre. Mais quelqu’un qui, étant au pouvoir est capable de changer les choses et ne le fait pas, devrait savoir qu'il soulèverait des suspicions. Et c est le cas ici.

Inauguration d'un atelier au Centre Polyvalent de Formation Professionnelle à Carrefour

Le Président de la République, Michel Joseph Martelly, a procédé ce 23 juin à l'inauguration d'un atelier de construction bois et d'un atelier d'électricité au Centre Polyvalent de Formation Professionnelle à Carrefour. C'est ce qu'annoncé le bureau de la présidence dans un communiqué.
Selon ce communiqué, la cérémonie s'est déroulée en présence de l'Ambassadeur de France, M. Didier Le Bret, du Maire de la commune de Carrefour, Yvon Jérôme, des recteurs de l'Académie de Guadeloupe et de l'Université Quisqueya, et du Député de Marchand-Dessalines, Gracia Delva.
Ce projet est le fruit de la coopération agissante entre les secteurs privés et publics de la République française et Haïti à travers l'ONG Aide et Action, les Ministères haïtien et français de l'Education Nationale, la Fondation Schneider Electric/France et l'Université Quisqueya.
« En se présentant personnellement à cet évènement, le Président Martelly a souhaité renouveler l'importance qu'il accorde à la filière technique qui doit occuper une place fondamentale dans le contexte actuel où il est question de reconstruire les infrastructures physiques du pays », peut –on- lire dans ce communiqué.
« La reconstruction s'impose comme l'une de nos priorités majeures. Il est donc impératif que nous nous attachions à former des ouvriers et cadres de bon niveau dans le secteur du bâtiment. Car il faut empêcher que le non-respect des normes dû à un manque de professionnalisme, contribue à nous endeuiller davantage comme cela s'est produit le 12 janvier 2010. », a fait savoir le Chef de l'Etat.
Il encourage les jeunes à apprendre un métier technique afin de contribuer à leur épanouissement personnel et à la reconstruction de leur pays.
Le Président de la République promet d'encadrer et de promouvoir toutes les initiatives qui permettent aux jeunes de se doter d'une profession et s'engage à prendre les mesures qui s'imposent pour multiplier pareilles expériences à travers le pays.

EJ/Radio Métropole Haïti
http://www.ambafrance-ht.org/spip.php?article309

Commentaire
Oui, c`est une excellente initiative! Mais on continue de se demander si parce qu'on est président on doit tout présider. Des prétextes pour présider...il y en aura tous les jours. Cependant comme le disaient souvent les Romains, une leçon que nos chefs d`état auraient intérêt à ne pas perdre de vue, ``de minimis praetor non curat``.

Gaillot Dorsinvil revient en grande pompe

Haïti: Alors que les informations laissaient croire qu'il avait pris la fuite suite aux graves accusations de corruption dont il faisait l'objet, le président du CEP, Gaillot Dorsinvil a annoncé en grande pompe son retour à la tête de l'institution électorale. Gaillot Dorsinvil se dit victime d'une persécution politique et indique qu'il n'a jamais pris la fuite.
« Je suis quelqu'un responsable. Le terme prendre la fuite n'est pas approprié pour parler de moi. Cela faisait longtemps que je n'avais pas pris de vacance et ma santé n'était pas stable. Vu qu'après les résultats des élections il n'y avait pas trop d'activité, j'avais décidé de prendre un peu de repos sur les recommandations de mon médecin. Je suis là et je vais faire ce qui mérite d'être fait au sein du CEP », a expliqué Gaillot Dorsinvil à la presse.
Selon le président du CEP, il n'y a aucun mandat d'amené émis contre lui. « Il était bruit d'une interdiction de départ, mes avocats vont voir de quoi il en retourne », a-t-il dit.
M. Dorsinvil veut qu'on ne parle plus de lui comme quelqu'un qui a pris la fuite. « J'ai parlé à beaucoup de personnes. Elles savent que je suis là », a-t-il avancé.
Sans donner de précisions, le président du CEP se dit victime de persécution politique pour avoir publié les résultats du 4 avril qui ont consacré Michel Martelly comme le 56e président du pays.
La proclamation, lundi dernier, par le Conseil électoral provisoire (CEP), des résultats définitifs du second tour des élections législatives déroulées le 29 mai 2011 dans les circonscriptions de Fond-Verrettes/ Ganthier, La Vallée de Jacmel et Verrettes, vient mettre un terme au long processus électoral.
Robenson Geffrard
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=94167&PubDate=2011-06-22

Commentaire
C'est vraiment étrange qu'après toutes ces rumeurs, il n'ait choisi que ce moment pour se manifester! Puisque rumeurs de fuite il y en avait, on va attendre voir qui a fait circuler ces rumeurs, pourquoi mais surtout pourquoi l’intéressé a opté pour le silence. N’était-ce pas la meilleure occasion pour revendiquer ses mérites précisément après tous les avatars connus par ces élections dont les retombées nous poursuivent encore?

jeudi 23 juin 2011

Funérailles nationales pour Guiteau Toussaint

Haïti: L'église Saint-Pierre de Pétion était parée aux couleurs nationales ce mercredi pour accueillir les cérémonies funéraires du président du Conseil d'administration de la Banque nationale de crédit (BNC), M. Guiteau Toussaint, et rendre un hommage bien mérité à ce personnage illustre qui a marqué en lettres d'or son passage dans le milieu bancaire haïtien.
Malgré la solennité de l'événement qui a réuni en cette matinée du 22 juin dans l'enceinte de l'église Saint-Pierre des personnalités de haut rang comme le président Michel Martelly et sa femme, plusieurs membres du gouvernement, le directeur général de la Police nationale, Mario Andrésol et quelques uns de ses ouailles, des représentants du secteur privé des affaires et la grande famille BNC, on ne pouvait s'empêcher de lire sur chaque visage ce trait mélancolique qui symbolise généralement les départs prématurés.
Le cercueil de M. Toussaint drapé dans les couleurs du Bicolore haïtien suscitait des pleurs, de l'indignation et de la vénération de la part d'une assistance diversifiée mais assoiffée de voir la fin de l'impunité récurrente qui alimente l'insécurité, endeuille les familles et entraîne chaque jour davantage le pays dans les affres du sous développement.
L'attachement de Guiteau Toussaint au pays et surtout à son travail à la BNC lui a coûté de vivre loin de ses êtres les plus chers, sa mère, ses enfants (au nombre de quatre), ses frères et soeurs, etc. Ces derniers n'étaient pas présents ce mercredi à l'église pour les funérailles du regretté M. Toussaint. Résidant à Boston, ils y attendent les dépouilles pour un dernier hommage à leur héros décoré à titre posthume de l'Ordre national honneur et mérite au grade de Grand Officier par le chef d'Etat haïtien.
Officiant comme célébrant à cette cérémonie funéraire, monseigneur Pierre André n'a pas trouvé de mots pour qualifier l'assassinat de M. Toussaint. Selon lui, c'est une mort affreuse et brutale. « C'est une tragédie déplorée par toute âme sensible », soutient le prélat devant une assemblée consternée et abattue par cette perte.
Comme une tribu ayant perdu son gourou, le clan BNC restera marqué longtemps encore par la disparition de Guiteau Toussaint, ce magicien qui a fait renaitre la BNC de ses cendres. Employés et cadres sont unanimes à reconnaître et à honorer cet homme, a contribué grandement à la réforme de cette institution s'érige désormais en modèle à suivre dans le système bancaire haïtien.
Cyprien L. Gary
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=94180&PubDate=2011-06-22
Commentaire
Le président de la république, M. Michel Martelly, fait bien de récompenser ainsi celui qui a immolé sa vie pour son pays. Evidemment aucun hommage ne remplacera la justice, ce moyen des plus nobles et des plus efficaces d'indiquer au peuple le chemin à suivre. Dans de tels contextes, l'exemple du comportement personnel du président peut considérablement renforcer son discours et accroître sa propre autorité morale.

La littérature n'a pas à changer le monde

Haïti: A l'initiative de la Direction nationale du livre, l'écrivain Lyonel Trouillot a donné une conférence jeudi sur « Littérature et société », au lycée Alexandre Pétion.
Un parterre d'élèves des classes humanitaires a assisté à cette conférence qui s'inscrit dans le cadre de la 17e édition de Livres en folie et de la Quinzaine du livre. De nombreux thèmes ont été abordés et discutés lors de la conférence : l'engagement et le rôle de l'écrivain, et de la littérature; la rupture du créateur par rapport à sa classe sociale ou à sa société.
Lyonel Trouillot a exhorté les jeunes, notamment ceux-là qui désirent devenir écrivains ou poètes, à opérer « une rupture » avec certaines pratiques sociales, avec certains modes de pensée et avec certains types d'écriture poétique ou écoles littéraires. « Le véritable écrivain décide de par lui-même. Il est un solitaire. Et il faut qu'il assume sa solitude », conseille l'écrivain à l'assistance.
Le conférencier s'est référé à l'écrivain tchèque Franz Kafka et à l'écrivain et poète haïtien Jacques Roumain qu'il considère parmi les modèles d'écrivains révoltés, qui avaient divorcé d'avec leurs origines sociales, d'avec leurs familles. « Jacques Roumain est l'un des rares écrivains mulâtres haïtiens à rompre avec son origine sociale bourgeoise, avec son identité. D'ailleurs, il a été le premier à inventer le concept de mulâtraille, en écrivant : le mulâtre incohérent que je suis », rapporte Lyonel Trouillot.
La conférence, qui a tourné en un dialogue entre l'écrivain et l'assistance, a été l'objet de débats sur l'engagement de la littérature. Ce sujet a donné lieu à des mésinterprétations du rôle de l'écrivain et de la littérature. Si, pour certains assistants, la littérature est « le miroir fidèle de la société qu'elle doit changer, transformer », Lyonel Trouillot, lui, pense le contraire. « Ce n'est pas à l'écrivain de changer le monde, il revient plutôt au citoyen de le faire », rétorque Lyonel Trouillot. « Car, ajoute-t-il, la littérature ne fait que montrer les choses, la situation, le monde et non les changer. Pour l'écrivain, « la littérature, à l'instar des beaux-arts, est l'utilisation du langage à des fins esthétiques », mais tout en évoquant le réel ou tout en dénonçant des situations inacceptables, révoltantes. « On écrit parce qu'on a quelque chose en soi qui a besoin d'un canal pour s'exprimer. Voilà l'objectif de la création littéraire. Donc on ne va pas à la littérature pour changer la réalité mais pour la dire », a insisté Lyonel Trouillot.
Par ailleurs, il a déploré l'absence de nombreuses thématiques sociales dans le roman haïtien, telles l'insécurité, le rapatriement. Des phénomènes qui font partie de la réalité haïtienne. Très peu de romans haïtiens ont comme cadre spatial les bidonvilles. Par contre, certains des romans du conférencier (« Les enfants des héros », « Rues des pas perdus », « Les fous de saint Antoine ») se déroulent dans des bidonvilles. Le roman d'Henri Kénol, « Le désespoir des anges », est, estime Lyonel Trouillot, l'une des rares oeuvres à se dérouler dans un bidonville.
Lyonel Trouillot, dont les romans ont pour personnages principaux des petites gens, des éléments de la classe moyenne (intellectuels et professionnels), annonce la sortie, en août, chez Actes Sud, de son nouveau roman « La belle amour humaine ».
Ce récit a pour personnage principal un chauffeur-guide. Cet ouvrage ne sera pas disponible à Livres en folie, mais d'autres titres de l'auteur y seront en vente.

Chenald Augustin
caugustin@lenouvelliste.com
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=19244

Commentaire
Lyonel Trouillot, qui est un excellent écrivain, aurait pu être plus modeste. En disant ce que l’écrivain est ou fait, il a oublié de dire "ce que l’écrivain est ou fait" selon lui. C'est une faute presqu’aussi grave que de d'exiger de lui qu'il porte un revolver à la ceinture. Encore que cette possibilité ne soit pas à écarter.

Edmonde Beauzile critique le comportement des députés de l'Inité

Mardi, 21 juin 2011 09:47
La sénatrice Edmonde Supplice Beauzile (Alternative) condamne le refus des députés de l'Inité de valider les pouvoirs des nouveaux élus. Le chef de l'Etat avait publié dans le journal officiel Le Moniteur les noms de 13 députés et 2 sénateurs dont l'élection avait suscité une controverse.
Le député Descolines Abel avait sollicité la validation des pouvoirs des nouveaux élus avant le vote de la ratification du Premier Ministre. Après le rejet de leur proposition, les députés minoritaires avaient tenté d'infirmer le quorum.
Selon Mme Beauzile les 12 nouveaux élus ont été une nouvelle fois victime de l'Inité qui avait été à l' origine des fraudes électorales.
La sénatrice élu dans le Centre confirme avoir encouragé plusieurs députés à quitter la salle. C'était une aberration de refuser de valider les pouvoirs des élus durant la séance d'hier, insiste Mme Beauzile arguant que les députés respectueux du vote populaire ne peuvent s'opposer à l'entrée en fonction d'élus du peuple.
Des membres de l'Inité seraient opposés à la validation des pouvoirs des nouveaux élus de l'opposition. Ils craignent que la nouvelle configuration change la donne en ce qui concerne le vote.
Toutefois le groupe minoritaire ne comptera que 33 députés avec l'entrée en fonction des nouveaux élus. Edmonde Supplice Beauzile exhorte les membres de l'Inité à suivre l'exemple du sénat en trouvant un consensus pour le fonctionnement du Parlement.

LLM / radio Métropole Haïti

http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.php?id=19244

Commentaire
En d'autres termes, les députés du parti de Préval, forts de la fraude qui leur a permis d'imposer d'autres membres de leur clan comme députés au pays, refusent de ratifier ceux qui ont été réellement élus? S'ils ne sont pas satisfaits, il n'y aura pas de gouvernement? Et l'on nous fera accroire que les prisons ne sont pas nécessaires, indispensables dans ce pays ou le délinquant est roi!

Des fonds du MENFP « subventionnent » des écoles fantômes

21 662 750 gourdes ont été drainées des caisses du MENFP pour « subventionner » des écoles fantômes. Deux personnes, dont un cadre du ministère, sont interpellées dans cette affaire qui met sous les feux de la rampe les programmes de subvention d'écoles détruites ou endommagées après le séisme du 12 janvier 2010.
Haïti: Ingride Figaro et Jean-Pierre Mignard ont été interpellés dans le cadre de l'enquête sur le détournement de 21 662 750 gourdes des caisses du ministère de l'Education nationale pour accorder des subventions et autres dons à des écoles fictives, a révélé au journal le patron de la DCPJ, Frantz Thermilus, mercredi 22 juin 2011.
La Police judiciaire, selon Frantz Thermilus, recherche activement 12 suspects dans le cadre de cette même affaire pour faux, usage de faux, escroquerie, détournement de fonds, blanchiment d'argent et association de malfaiteurs. Ces gens ont utilisé des chèques de la BNC et des chèques contrefaits, de fausses pièces d'identité, a indiqué le cadre de la PNH. Ils ont aussi tenté de détourner 7 900 000 gourdes, a ajouté Frantz Thermilus.
Monsieur Mignard est responsable de la sécurité au ministère de l'Education nationale et est membre du cabinet du ministre Joël Desrosiers Jean-Pierre, a précisé Frantz Thermilus. L'enquête est menée depuis quelques mois sur instruction du parquet de Port-au-Prince saisi par la BRH, a-t-il souligné.
Des infos du BAFE
Selon l'enquête du Bureau des affaires financières et économiques (BAFE), Jean Pierre Rose Margareth Ingrid Figaro, propriétaire de l'entreprise « Service Bouchara » a joué un rôle important dans ces transactions frauduleuses en déposant sur son compte 200-00090 à la Banque populaire haïtienne des « chèques contestés » par la BRH.
Lors d'une perquisition effectuée au « Service Bouchara » à Pétion-Ville, Jean Pierre Rose Margareth Ingrid Figaro, en présence de ses avocats, a remis aux autorités judicaires des copies de chèques, dont un de « Service Bouchara » à l'ordre de Mignard Jean Pierre totalisant 540 000 gourdes.
Monsieur Mignard, selon le BAFE, a nié, lors de sa première audition, être parmi les gérants du programme « Appui Relance Activités scolaires 2010-MENFP » et avoir reçu des chèques de subvention. Une première posture qui s'est achoppée aux déclarations du directeur administratif du MENFP, Max Ludger Lorvinsky, qui a révélé que ce programme était géré par les membres du cabinet du ministre Joël Desrosiers Jean Pierre, dont Jean Pierre Mignard, Latry Ismaille, avec l'approbation du ministre.
Le ministre, informé que certains chèques ont été encaissés alors qu'ils ne sont pas encore signés audit ministère, a informé la BRH. Une démarchue qui a provoqué des investigations ayant permis de constater que sa signature a été contrefaite, selon le BAFE.
Le ministère de l'Education nationale ne s'est pas encore prononcé sur ces interpellations. Après le séisme du 12 janvier 2010, beaucoup d'établissements scolaires ont été soit détruits, soit endommagés. Selon des gens du milieu éducatif, il y a eu différents programmes de subvention à des écoles pour les aider à reprendre leurs activités. Cette affaire, a souligné l'un d'eux, ne serait qu'une toute petite partie de l'iceberg des fonds détournés et engloutis dans le secteur, tant par le ministère que par des ONG du sérail

Roberson Alphonse
ralphonse@lenouvelliste.com

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=94161&PubDate=2011-06-22

Commentaire
Encore une bande qui profite de la situation calamiteuse du pays! Une bonne occasion, une fois de plus, pour que la justice nous donne une idée de ce qu'elle fera tout au long de cette administration. Essayons d’être optimistes, mais souhaitons surtout que ce nettoyage se fasse de haut en bas. C'est le seul salut de ce pays.

mercredi 22 juin 2011

Haiti : Entre Savoir et Démocratie

Leslie Péan nous parle
mardi 21 juin 2011
Entretien avec Leslie Péan à propos de l’ouvrage « Entre Savoir et Démocratie - Les luttes de l’Union Nationale des Étudiants Haïtiens (UNEH) sous le gouvernement de Duvalier » [1]

Pourquoi ce livre sur la grève des étudiants de 1960 ?

Leslie Péan. 1960-2010 : à folle allure, 50 ans ont filé. La société haïtienne est prise dans un tourbillon qui lui fait perdre de sa sérénité et de son harmonie. Apprécier cette situation et la comprendre demandent le détour par Entre Savoir et Démocratie — Les luttes de l’Union Nationale des Étudiants Haïtiens (UNEH) sous le gouvernement de Duvalier . L’ouvrage consacré aux luttes menées par cette organisation estudiantine créée en 1959 évoque, avec l’apport de quatorze acteurs de l’époque, le courage d’une jeunesse qui a refusé d’accepter les conditions de précarité de l’école haïtienne et qui n’a pas voulu vendre son âme aux tontons macoutes. C’est l’histoire de l’esprit de résistance de la jeunesse universitaire haïtienne contre le processus d’abêtissement mis en marche par le duvaliérisme. Plus de 450 pages pour ne pas oublier la résistance contre la crétinisation de masse et le champ de ruines humaines. Une résistance commencée avec les maitres de l’Union nationale des membres de l’enseignement secondaire (UNMES) et poursuivie par leurs élèves. Résistance contre la reddition de soi et contre les tentatives d’anéantissement de l’agitation créatrice organisée par les étudiants.

Avec un répertoire riche qui ne s’arrête pas uniquement et strictement aux problèmes de l’éducation, c’est-à-dire ayant à voir avec les professeurs et les étudiants, l’UNEH se penche sur maintes questions importantes de la vie haïtienne. Son expérience couvre les années 1960 au cours desquelles les premiers signes de relâchement physique et moral se sont donnés à voir dans la société haïtienne occupée par les tontons macoutes. Deux ans d’activité ouverte et sept ans d’activités clandestines. Un temps vraiment court dans la vie nationale. Mais un temps qui permet la diffusion à l’échelle nationale d’un savoir indéracinable. Il importe de reconnaître et de souligner la vraie grandeur de ce combat en faisant découvrir le foisonnement créé par les éclaireurs de l’UNEH. Ce livre est une invitation à un éclairage que la dislocation du fascisme duvaliérien n’a pas altéré, malgré les confusions et les incompréhensions que cette dictature tenace a développées.

Quels ont été les motifs exacts de cette grève ?

Duvalier avait procédé à l’arrestation d’une vingtaine de jeunes étudiants et lycéens parmi lesquels Joseph Roney, le trésorier de l’UNEH. Ils ont été gardés en prison pendant deux mois et demi malgré les démarches entreprises par leurs camarades étudiants pour obtenir leur libération. Devant cette violation de leurs droits les plus élémentaires, la direction de l’UNEH en accord avec ses différentes sections, lance une campagne de soutien afin d’obtenir leur libération ou leur traduction en justice. Ayant épuisé tous leurs ressorts y compris celui d’aller voir François Duvalier au Palais national pour demander l’élargissement de leurs camarades injustement arrêtés, les dirigeants de l’UNEH déclenchent le 22 novembre 1960 une grève général et illimitée pour obtenir leur libération. Devant leur détermination, malgré la répression des tontons macoutes, Duvalier est obligé de reconnaître sa défaite et de libérer les étudiants le 1e décembre 1960. La crise est donc en voie de trouver une solution et les étudiants se préparent à retourner dans leurs salles de classe. Mais Duvalier ne démord pas. Il dissout l’UNEH et prend coup sur coup trois décrets fascistes, deux le 8 décembre 1960 et le troisième le 16 décembre 1960 macoutisant l’Université. Alors les dirigeants de l’UNEH décident de continuer une grève illimitée jusqu’au retrait de ces décrets fascistes. C’est alors que rentreront en action les traitres et les briseurs de grève connus sous les noms de Roger Lafontant, Robert Germain et Rony Gilot qui organiseront la répression contre les étudiants en introduisant les tontons macoutes dans les milieux universitaires. La grève dura quatre mois jusqu’au 16 mars 1961.

Quels ont été les effets de ce type de pratique sur la diffusion des connaissances en Haïti ?

Le duvaliérisme a envahi le champ du savoir en imposant le macoutisme à la société. Les tontons macoutes et leur progéniture rentraient de force dans les écoles secondaires et à l’Université. Peu importe s’ils étaient capables de suivre le cycle dans lequel ils s’imposaient. En envahissant les écoles secondaires, les tontons macoutes forçaient les enseignants à placer la barre très bas. Les directeurs d’établissement scolaires et universitaires étaient dans l’obligation d’accepter que leur enseignement soit suivi par des élèves et étudiants n’ayant pas le niveau requis. De plus ces resquilleurs devaient réussir aux examens et recevoir leurs diplômes. La mission duvaliériste a été celle de former ainsi les nouvelles générations dans l’université macoutisée où tous les cursus d’enseignement supérieur étaient accessibles aux rejetons du régime. La capacité d’un élève se mesurait par ses accointances macoutes. Tel était le niveau requis pour l’admission.

De plus, la logorrhée noiriste devait être enfoncée à coups de marteaux dans les têtes des étudiants. Il fallait faire allégeance à Duvalier. Et même certains de ceux qui l’avaient fait n’étaient pas à l’abri des dénonciations et autres tracas venant du pouvoir. On s’explique donc que la bougie de l’intelligentsia haïtienne se soit éteinte au pays avec ce nivellement par le bas qui a fait école. L’agit-prop duvaliériste bombarde les consciences haïtiennes avec une propagande insidieuse qui installe une culture reposant sur l’idée que tout se vaut (tout voum se do), tout en propageant la hargne et la haine contre le différend au lieu de mettre en valeur sa nature complémentaire. Le système de symboles et de significations véhiculés par le duvaliérisme impose une culture de la force et de l’arbitraire, de la soumission et de l’ésotérisme.

Le nationalisme culturel duvaliériste propage des valeurs rétrogrades dans leur essence. Des valeurs de mauvaise qualité qui ont conduit tant à la crise de l’agriculture qu’à celle de l’éducation et enfin à la désintégration nationale. La société haïtienne a été soumise à cette dictature qui a concouru à la diminution de son humanité. Le dérèglement du comportement haïtien part de cette dérive. Les faits historiques sont dénaturés dans la problématique noiriste qui confisque l’identité haïtienne. C’est la corruption de la connaissance et du savoir. Une corruption qui s’est infiltrée dans les manuels d’histoire, de littérature, dans les cours de science politique et de science économique. Le besoin de reconnaissance sociale est détourné vers une situation d’anomie sociale génératrice de toutes les dérives.

Quel âge aviez-vous à l’époque, quels étaient vos modèles et avez-vous participé personnellement à la grève ?

J’étais un adolescent à l’époque. J’avais un cousin, Max Péan, qui était à la faculté de génie et membre de la direction qui a préparé le premier Congrès de l’UNEH en 1960 et un frère ainé consanguin, Yvon Piverger, qui fut arrêté au cours de la grève en 1960 avant d’être tué par Duvalier en 1963. La conscience politique de ma génération d’adolescents était très élevée. Le niveau de compréhension des jeunes sortis du certificat d’études primaires que nous étions nous permettait de construire un sens critique de notre réalité politique. Non seulement nous lisions les Trois Mousquetaires avec D’Artagnan, mais également nous écoutions tous les soirs l’épopée de Fidel Castro et Che Guevara sur Radio Rebelde. Nous avions suivi quotidiennement avec joie la progression des forces révolutionnaires de la Sierra Maestra jusqu’à la victoire de la bataille livrée à Santa Clara sous la direction du Che le 29 décembre 1958 et qui a pavé la voie à la conquête de La Havane trois jours plus tard.

La révolution cubaine offrait donc un exemple à suivre par les jeunes en lutte contre le fascisme duvaliérien. La pensée politique va bénéficier d’un nouvel imaginaire pour peupler ses rêves de lendemains meilleurs pour le peuple haïtien. L’arme de la grève interprofessionnelle était dans l’air comme moyen de lutte contre la tyrannie. Même quand elle échouait comme ce fut le cas à Cuba lors de la grève lancée par Castro en avril 1958. La résistance haïtienne faisait face à la tyrannie duvaliériste. Les problèmes étaient similaires, mais la connaissance de l’autre pour permettre une ouverture sur le vrai passait par une connaissance de soi qui a fait défaut. Nous avons donc participé à la grève en signe de solidarité avec les étudiants et élèves arrêtés par les tontons macoutes en septembre 1960. Comme nombre d’opposants à la dictature, les jeunes ont cru à l’immédiateté du résultat de leurs actions. En effet Duvalier a capitulé et libéré les étudiants emprisonnés, mais il a aussi macoutisé l’Université avec ses décrets fascistes. Le mouvement social avait d’autres médiations à acquérir dans les milieux patronaux, syndicaux et paysans pour gagner son pari. Ce qui n’a pas été fait.

Sans vouloir sortir du sujet qu’est la grève de l’UNEH, croyez-vous aujourd’hui 50 ans plus tard que ces idéaux symbolisés dans la bataille de Santa Clara du 28 décembre 1958 valaient la peine ?

Les idéaux de justice et d’équité sont toujours d’actualité. C’est aussi le cas pour les luttes révolutionnaires contre l’oppression et la dictature. Dans ce combat, la violence populaire devient légitime pour faire avancer l’histoire. Les luttes de pouvoir ne trouvent une porte de sortie que dans la reddition d’un camp et la victoire de l’autre. Cela s’est fait au bout du fusil en 1776 aux États Unis d’Amérique, en 1804 en Haïti, en 1865 lors de la guerre de Sécession aux États Unis d’Amérique ou en 1988 lors de la bataille de Cuerto Cuanavale en Angola. Partout, la guerre est une étape dans la recherche de la paix durable. Les bourreaux et les victimes acceptent de s’asseoir ensemble seulement après que l’un des deux s’est rendu compte qu’il disparaitra sans sa reddition. Che Guevara l’avait bien dit au commandant de la garnison de Santa Clara le 29 décembre 1958. Vous vous rendez ou vous disparaissez. C’est exactement ce que les Américains ont dit aux Japonais et aux Allemands en 1945. La politique, c’est la guerre et les Américains l’ont bien compris en mettant sur pied la plus grande armée du monde et en la dotant de plus de 800 bases militaires disséminées autour de la planète. La force de l’État est justement dans l’établissement de la violence masquée à travers les lois qui consacrent la victoire des gagnants sur les perdants.

Dans la conjoncture actuelle, y a-t-il des enseignements à tirer ?

Le duvaliérisme s’enracine dans la fraude électorale de 1957 qui l’a rendu imperméable à la démocratie. L’UNEH est avant tout le vivant refus de cette politique. On ne peut éclairer les directions potentielles que peut prendre Haïti après le séisme du 12 Janvier 2010 sans la maîtrise du mouvement d’idées qui s’est épanoui en 1960. Sans la connaissance des actions des créateurs de l’UNEH qui ont voulu baliser la société haïtienne avec des marqueurs de sens reflétant les idéaux de la démocratie et du savoir. Les parcours de ces créateurs peuvent servir, car les repères de fraternité humaine et de solidarité auxquels ils renvoient sont indépassables. Leur journal « Tribune des Étudiants » contient des textes d’un regard décapant sur la société haïtienne. Ces témoignages ont traversé le temps et gardent une grande fraîcheur. Leur saveur a même crû considérablement avec les témoignages des acteurs 50 ans plus tard.

Le Mai 1968 haïtien a eu lieu du 22 novembre 1960 au 16 mars 1961. Quatre mois de grève qui sont l’expression de l’intériorisation par les étudiants haïtiens de la nécessité d’orienter la société dans une autre direction. Quatre mois de grève qui sont la manifestation de la solidarité de la jeunesse avec une vingtaine d’étudiants arbitrairement emprisonnés trois mois auparavant. Les étudiants contestent la perte de repères dans laquelle le duvaliérisme plonge la société haïtienne. En tant que creuset des idées nouvelles, l’Université gênait Duvalier et il a voulu la caporaliser à ce moment charnière de l’histoire de la perpétuation de la dictature qui va se donner un autre mandat frauduleux de six ans en avril 1961, dissoudre le Sénat et proclamer la présidence à vie le 1er avril 1964. Dernière étape dans l’émergence et la consolidation du fascisme tropical de François Duvalier qui nommera également son fils âgé de 19 ans président à vie en 1971, avec la bénédiction de la communauté internationale.

En donnant la parole à ceux qui ont des souvenirs qui dorment en eux, nous avons levé le voile sur le combat mené par les jeunes de l’UNEH pour changer un système politique qui, malheureusement, perdure encore. C’est à un devoir de mémoire que nous nous soumettons pour briser la loi du silence et donner des béquilles à un pays en perdition pour qu’il puisse se relever. Les occurrences des années soixante prennent racines au sein du mouvement d’idées qui commence avec l’UNEH. C’est un ouvrage pour faire échec à l’arbitraire des gate-keepers (portiers) de l’information sur un mouvement social unique dans l’histoire d’Haïti. Un ouvrage pour penser autrement. Pour découvrir des horizons inconnus dans le dédale de l’actualité.

Quels échos devrait avoir ce livre aujourd’hui en Haiti ?

« Entre savoir et démocratie » résonne avec beaucoup de force dans une jeunesse qui a soif de comprendre le cheminement qui a conduit à la catastrophe actuelle. C’est un bon signe. Cela fait partie du projet d’éducation que les pouvoirs publics voudraient mettre en œuvre. La mystification consistant à vouloir mettre ensemble bourreaux et victimes dans un embrouillamini permanent participe du complot pour abêtir les Haïtiens en les stérilisant, du moins au niveau de la pensée. L’éducation n’est donc pas neutre. Toutefois, il ne s’agit pas de détruire l’autre, de le scalper, comme Le Nouvelliste a titré récemment. Les tournures élégantes pour amorcer des échanges de qualité doivent aider à fixer les responsabilités. Je comprends le titre aguicheur « Leslie Péan scalpe Rony Gilot ». Cela peut séduire les lecteurs et les inciter à y voir de plus près, mais ce titre ne traduit pas mon état d’esprit. La méchanceté n’est pas mon fort, mais c’est aussi le cas pour la complaisance. Pour sauver la jeunesse de son innocence, il faut l’aider à sortir de l’isolement de connaissance dans lequel les bourreaux l’ont enfermé. Des bourreaux qui démontrent par leurs écrits qu’ils ne font pas le mal accidentellement mais plutôt qu’ils aiment le mal. Dire la vérité n’est pas vouloir éliminer physiquement l’autre, le scalper, et être sans ménagement. Pour remettre les pendules à l’heure, il faut sonner le glas des semi vérités. L’approche scientifique nécessaire demande de la rigueur. On ne saurait taire les noms des responsables de la descente aux enfers d’Haïti surtout dans le domaine de l’éducation et de la connaissance, à un moment où le savoir est le moteur de la croissance et du développement.

[1] Mémoire d’Encrier, Montréal, 2010

http://www.alterpresse.org/spip.php?article11201

Commentaire
Quiconque n'a pas encore lu une seule ligne des livres ou des articles de Leslie Péan risque de laisser passer l'occasion de combler une lacune importante dans ses connaissances de l'histoire d'Haiti. Que ce soit dans le domaine de la corruption, de la violence militaro-macoute ou de la répression intellectuelle, tout y est. Alors ne perdons pas notre temps à deviner quand nous pouvons savoir.