Nombre total de pages vues

samedi 27 août 2011

Comme une prise en charge

EDITO
Haïti: Les réunions entre le secteur privé des affaires, la société civile, l'ambassade américaine, les parlementaires et la présidence se sont multipliées cette semaine.
Objectif : sortir de l'impasse. Booster le dialogue. Rompre l'apathie qui s'est abattue sur le processus de mise en place d'un nouveau gouvernement.
Ces réunions se tiennent pendant que la ville bruit de rumeurs. Des parlementaires dénoncent, alors que se poursuivent les négociations, une propension dans les rangs des conseillers du président Martelly de passer outre les Chambres et de nommer de nouveaux responsables gouvernementaux en absence d'un Premier ministre ratifié par le Parlement.
Deux fers aux feux ? Fuite en avant ? Tentatives de déstabilisation ? Allez savoir...
Pendant ce temps, une dépêche de radio Métropole rapporte des informations faisant état de l'élaboration d'un pacte de gouvernabilité au Parlement. Cette initiative a été confirmée par le sénateur Youri Latortue.
Le chef de file de AAA révèle que des négociations sont en cours entre les groupes minoritaire et majoritaire en vue de conclure cet accord.
Le pacte de gouvernabilité doit être antérieur à la désignation d'un Premier ministre, selon plusieurs leaders parlementaires. Les sénateurs de INITE qui sont favorables à ce pacte émettent des points de vue différents sur certains thèmes dont celui relatif au renouvellement du mandat de la Commission Intérimaire pour la Reconstruction.
Un des leaders du groupe minoritaire, William Jeanty, estime qu'il faut intégrer le retrait de la Minustah dans le pacte de gouvernabilité. Il soutient que la mission onusienne est une entrave à la souveraineté nationale, selon la dépêche de radio Métropole.
Lorsque les pères conscrits auront trouvé un accord, ils devront impliquer les députés, peut-on lire sur le site de la radio.
Les parlementaires, en cherchant à s'entendre sur ce pacte de gouvernabilité, ne sont-ils pas en train d'outrepasser leurs prérogatives ?
Revient-il aux députés et sénateurs de faire le travail de l'Exécutif ? De décider de l'orientation de la coopération internationale, de la diplomatie ?
Sommes-nous devant un cas de force majeure qui oblige à ce coup de pouce ?
Dans tous les cas de figure, toutes les bonnes volontés sont utiles dans la recherche d'une solution à l'impasse politique.
Les grands amis d'Haïti ont fait les premiers pas cette semaine, suivis par les acteurs locaux, eux qui ont concocté aux dernières élections la formule politique « Martelly président-Inite au parlement ».
La présidence et les parlementaires seraient bien inspirés de trouver un accord minimal de gouvernement.
Cela nous éviterait une prise en charge plus importante... Mieux vaut des béquilles à l'immobilisation.




Frantz Duval
duval@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=96500&PubDate=2011-08-26

Commentaire
Si nous nous faisons l'écho de cet éditorial de Frantz Duval, c'est parce que nous sentons qu'il traduit l'impatience qui nous caractérise tous face à l'immobilisme pratiquée comme une tactique de dissuasion de l'adversaire de part et d'autre du spectre politique, sans tenir compte du peuple et de ses souffrances. Il faut dire aussi, puisque l’honnêteté oblige, que le parlement tient ou prétend tenir le premier violent dans toutes les initiatives. C'est comme si, à défaut d'un pouvoir réel (d'abord moral), il voulait tout saboter, tout détruire. Cette tactique-là, un autre l'avait déjà appliquée et obtenu d'excellents résultats aux dépens, évidemment, du peuple haïtien. Ce fut le moment du premier mandat de Préval (son prestige moral ne suscitait pas encore de doute) où il avait tellement de bâtons dans les roues qu'il n'a littéralement rien fait. Et, ce qu'il fallait démontrer, le messie indispensable qui veillait, le libérateur s'est présenté au devant de la scène. Malheureusement qu'il ignorait cette leçon de l'empereur Maximilien pour qui "quand on a joué son rôle, il faut savoir quitter la scène à temps" (cité de mémoire). Les conséquences ont été désastreuses pour ce petit pays qui tarde encore à recouvrer ne serait que son état d'avant 1986.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire