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lundi 29 août 2011

Les professeurs sont-ils assez compétents ?

Plus d'un se félicite de la volonté du chef de l'Etat de faire de l'éducation l'une des priorités de son programme de gouvernement. Ne serait-ce pas également l'occasion de valoriser la condition enseignante dans le pays ? Car sur les 60 261 enseignants évoluant dans l'enseignement fondamental, 79% (soit 47 678) n'ont reçu aucune formation initiale de base. Environ 40% de ces 79% n'ont pas le niveau académique de la 9e année du fondamental. Et que dire de l'offre scolaire à travers le pays ?
Haïti: Michel Martelly vient d'annoncer que 250 000 enfants iront à l'école gratuitement dès la prochaine rentrée scolaire fixée au 3 octobre, initialement prévue pour le 5 septembre. En visite jeudi à Mirebalais, le président a précisé que 100 000 enfants déjà intégrés dans le système éducatif fréquenteront gratuitement 200 établissements de Port-au-Prince, il en est de même pour 141 000 autres qui, pour la première fois de leur vie, se rendront à l'école.
L'inquiétude de plus d'un sur cette initiative louable, c'est la capacité d'accueil des écoles et le problème d'enseignants qualifiés pour la formation de tous ces enfants. Car selon le rapport du Groupe de travail sur l'éducation et la formation (GTEF) intitulé : « Pour un pacte national sur l'Education en Haïti, soumis en août 2010 à l'ex-président René Préval, sur les 60 261 enseignants évoluant dans l'enseignement fondamental, 79% n'ont reçu aucune formation initiale de base. Environ 40% de ces 79% n'ont pas le niveau académique de la 9e année du fondamental.
Les autres, poursuit le rapport, sont des universitaires (2 789 ou 4,84%), des normaliens (6 136 ou 10, 64%) et des « capistes », c'est-à-dire détenteurs d'un certificat d'aptitude à l'enseignement (3 658, soit 6 34%). Moins de 35% des enseignants du niveau préscolaire ont les compétences requises pour exercer leur métier, et seulement 14 62% de ceux qui sont au niveau fondamental ont les profils de compétences académiques et professionnelles requis.
« Pourtant, au cours des vingt dernières années, il y a eu beaucoup d'argent investi dans la formation des maîtres et des directeurs d'école en Haïti sous forme de séminaires, à travers les projets et les programmes financés par la communauté internationale. Le problème est que ces heures de formation n'ont pas été administrées de façon systématique, suivant un plan bien établi », fait remarquer le rapport.
« La question aujourd'hui est de savoir quel dispositif mettre en place, d'une part, pour assurer efficacement la formation initiale et continue des enseignants à tous les niveaux du système éducatif, et attirer, d'autre part, plus de gens vers cette carrière souvent identifiée comme peu valorisante et très difficile », poursuit le document. Et dire que les conditions de travail ne sont pas non plus attractives pour les professionnels dotés des qualifications pour l'enseignement.
Quelle école pour produire quel citoyen et pour quel pays ?
En effet, les membres de cette commission présidentielle - qui a été coordonnée par le professeur Jacky Lumarque, recteur de l'Université Quisqueya - admettent que dans tous les pays qui sont parvenus à améliorer leur éducation, la valorisation de la condition enseignante est une exigence stratégique incontournable. Selon eux, la question qui est à l'ordre du jour en Haïti est de savoir quelle école mettre en place pour produire quel citoyen et pour quel pays.
« Le type de citoyen que nous choisissons de former est en fait une réponse au type de société que nous choisissons de produire. En ce sens, le véritable projet de société du pays est largement déterminé par son projet éducatif », soutient cette commission, qui a été mise sur pied par René Préval.
Le problème de l'offre scolaire
Par ailleurs, mis à part la question d'enseignants, la mauvaise répartition de l'offre scolaire sur le territoire est l'une des principales causes du faible accès des enfants en âge scolaire à une école. Le GTEF a recommandé que la politique éducative nationale soit tendue à un accroissement graduel de l'offre publique d'éducation.
« Il existe actuellement 143 sections communales dépourvues d'écoles publiques, dont 23 ne possèdent pas d'école du tout ; de plus, ces sections communales correspondent à celles les plus démunies sur le plan des équipements sociaux », confie le document.
Il y a du pain sur la planche, car il faudra créer l'offre scolaire là où la demande est exprimée ou incitée.

Valéry DAUDIER
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=96470&PubDate=2011-08-27

Commentaire
Le vaste programme nécessaire à la modernisation de l’école en Haiti ne semble pas proche de se réaliser. Pourtant, il ne s'agit pas de modernisation, on ne modernise que ce qui existe déjà, mais de création. Comment parler de créer des écoles sans former les maîtres qui devront s'en charger? Comment prétendre encourager les parents à envoyer leurs enfants à l’école, s'ils n'ont pas d'emploi pour les nourrir, les vêtir, bref les y maintenir? C'est un immense projet et très louable, mais comme tout projet sérieux, il faut de la planification. Rien ne saurait se faire de positif dans ce système déjà chaotique, si aucun plan à long terme n'est tracé! L'auteur de ces lignes sait par une expérience personnelle que des stages de formation sont souvent organisés non pas pour avoir les enseignants qu'il faut en vue d'un travail à venir, mais pour justifier un prêt ou un don d'un organisme international. Mais la "formation"une fois terminée, chacun rentre dormir chez soi. Point final. La continuité est la sauvegarde de de tout investissement. Autrement, c'est de la démagogie, de la corruption, tout simplement.

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