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jeudi 11 août 2011

Haiti : Des matières fécales déversées par la Minustah près d’une rivière à Hinche

mardi 9 août 2011
Correspondance - Ronel Odatte
La population de la région du Plateau Central (est) réprouve les actes de la mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) qui a déversé en fin de semaine dernière des matières fécales prés de la rivière Guayamouc. Les autorités locales dénoncent ces pratiques, qualifiées de « vagabondage », moins d’un an après le déclenchement dans cette région de l’épidémie de choléra qui a déjà fait plus de 5000 morts à travers le pays.
Hinche, 9 août 2011 [AlterPresse] --- Les habitants du quartier de Sully à Hinche (est) sont en colère après que plusieurs camions de la mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) ont déversé, le 6 août 2011, des matières fécales dans des trous creusés à quelques mètres de la rivière Guayamouc.
Les riverains ont été alarmés, mais n’ont pas pu stopper l’opération, selon des témoignages recueillis sur place par AlterPresse.
Pour l’heure, c’est l’inquiétude qui règne, et personne ne veut emprunter la route menant vers cette partie du quartier de Sully, où les matières fécales dégagent une odeur nauséabonde.
Le maire de la ville, André Renard, qui s’est rendu sur les lieux en compagnie de plusieurs journalistes, n’a pas caché son indignation devant ce qu’il appelle « une atteinte à la dignité humaine ».
« Je réclame, une fois de plus, le départ du contingent népalais. Ce sont des porteurs de la bactérie Vibrio cholerae, ils viennent nous exterminer, il est temps qu’ils partent », ajoute-t-il.
André Renard exhorte la population a s’organiser en brigade de vigilance en vue d’empêcher toute action visant à utiliser leurs quartiers comme dépotoirs de matières fécales.
De son côté, le premier sénateur du Plateau Central, Franscisco Delacruz (Alternative), qualifie le déversement de matières fécales près de la rivière Guayamuc d’acte de « vagabondage ».
L’élu du centre se propose de s’entretenir avec les autorités compétentes de de l’organisation des Nations Unies (Onu) en vue de corriger cette situation.
Par ailleurs, des jeunes qui habitent le village Kiskeya (Hinche) demandent à lÉtat haïtien de prendre des dispositions pour débarrasser le sol national des forces étrangères. Ils menacent de créer des troubles, si leur voix n’est pas entendue.
Des membres de diverses organisations sociales, interrogés par AlterPresse, expriment leur réprobation des actes posés par la Minustah.
Pour eux, les forces onusiennes n’accordent pas d’importance à la vie des Haïtiens. Ils critiquent aussi l’attitude, apparemment insouciante, des responsables de l’État.
Jusqu’à dimanche dernier (7 août 2011), aucun responsable local de la Minustah ne s’était prononcé sur les actions reprochées à la force onusienne.
La thèse, selon laquelle les casques bleus népalais basés à Mirebalais (toujours dans le Plateau Central) ont importé en Haïti la souche de choléra, a été confirmée par des scientifiques, entre autres le Francais Renaud Piarroux.
L’argumentation - accusant la force onusienne dans la propagation du choléra en Haïti - est développée dans le numéro de juillet 2011 de la revue “Emerging infectious diseases”, une publication des centres nord-américains de contrôle et de prévention des maladies (Cdc).
Les scientifiques ont présenté des “preuves solides”, “suggérant fortement” l’implication d’un contingent de militaires onusiens, originaires du Népal, ayant contaminé une rivière haïtienne à cause des mesures sanitaires inappropriées sur leur base.
Mais cette thèse a été réfutée par la Minustah.
Dès octobre 2010, les riverains de la rivière de Mirebalais avaient pointé du doigt les militaires népalais dans l’introduction de l’épidémie du choléra, à partir de matières fécales jetées dans le fleuve de l’Artibonite qui traverse les départements géographiques du Centre et du Nord d’Haïti.
Il s’en était suivi plusieurs manifestations de protestations contre la force onusienne déployée en Haïti depuis juin 2011. [ro apr 09/08/2011 17:00]

http://www.alterpresse.org/spip.php?article11380

Commentaire
L'indignation qui devrait marquer les manifestations des habitants des zones contaminées par la MINUSTAH n'a rien de comparable avec l'audace dont font montre ceux qui persistent à croire qu'une fois en Haiti, tout leur est permis. D'abord les autorités établies qui ne savent pas se faire respecter en faisant respecter les citoyens, ensuite les citoyens qui ne sont pas suffisamment motivés dans la défense de leurs droits. Trop habitués à des dictatures qui imposent tout, y compris la façon de penser, on n'a pas eu le temps d'apprendre à se défendre, à se faire respecter. Ce n'est pas par hasard que des ressortissants haïtiens se font humilier, vexer hors d'Haiti sans que quiconque se fasse jamais inquiéter. Ne pouvant compter avec aucune institution haïtienne de poids, ils sont généralement abandonnes à leur propre sort, frustrés, déconcertés. Mais l'heure devrait être désormais à la détermination, à la volonté ferme de ne plus se laisser intimider. Car la soi-disant sauvagerie dont on affuble les Haïtiens fait partie de l'ensemble des paralogismes (des méthodes d'intimidation) utilisés pour les bafouer, les utiliser, les complexer. Dans quel autre pays au monde, ces opportunistes oseraient-ils se présenter dans la même posture de colons qui les caractérise sans provoquer des réactions très musclées? Des politiciens, des policiers, des soldats, des coopérants, des individus de toute provenance, masqués derrière un titre, une fonction, une institution violent, volent, assassinent, insultent et continuent d’épater en affichant ce vernis d'humanisme que polluent les comportements les plus grotesques et les plus arrogants. Il faut les dénoncer, les affronter, leur faire comprendre que les Haïtiens savent qu'ils doivent respecter les autres et le font. Ils ont le droit d'être respectés eux-aussi. Aucun message ne peut être plus simple ni plus clair. Trêve de démagogie gratuite et inutile! LE TEMPS EST À L'ACTION, ET À L'ACTION CONCRÈTE!

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