vendredi 27 mai 2011
Correspondance : Wedlyne Jacques
P-au-P, 27 mai 2011 [AlterPresse] --- Des individus non identifiés ont récemment emporté, au monument de Vertières (Nord d’Haïti), deux sabres ainsi que la bride du cheval de François Capois, surnommé “Capois La mort”, grande figure héroïque de l’indépendance d’Haïti, apprend l’agence en ligne AlterPresse.
Les objets dérobés faisaient partie du monument historique « Les Héros de Vertières » au Cap-Haïtien, deuxième ville du pays à 248 kilomètres au nord de la capitale Port-au-Prince.
Vertières est le lieu témoin de l’ultime bataille, le 18 novembre 1803, au cours de laquelle les troupes haïtiennes ont terrassé l’armée française et scellé la fondation de la nation.
Le monument, élevé à la gloire des Héros de cette bataille, en 1953 (sous le gouvernement de Paul Eugène Magloire) et classé patrimoine national selon le décret-loi du 23 août 1995, représente quatre (4) Héros et deux (2) Héroïnes.
Il s’agit également d’un site touristique.
Le vol, enregistré au monument historique de Vertières, doit être lié à l’augmentation de la demande de ferraille (débris de pièces de fer, de fonte, d’acier et d’autres métaux) sur le marché national, considère Eddy Lubin, ancien directeur régional de l’institut de sauvegarde du patrimoine national (Ispan) et actuel chargé de mission du ministère du tourisme dans le Nord.
Au même titre qu’à Port-au-Prince et ses banlieues, la récupération d’objets métalliques est une activité courante au Cap-Haïtien, depuis quelques années.
Une fois ces objets métalliques récupérés, leur destination demeure inconnue.
Cependant, cette activité conduit a des actes de sabotage et de vandalisme, visant notamment les câbles installés par la nouvelle compagnie de télécommunication Natcom, notamment dans le Nord et l’Ouest (particulièrement Port-au-Prince et ses périphéries).
Aujourd’hui, même les monuments historiques et touristiques ne seraient pas épargnés dans cette quête aux objets métalliques, attrait d’une demande en hausse sur le marché national.
Vertières n’est pas le premier site, dans le Nord, à subir des actes d’agressions.
La citadelle Lafferrière, érigée par Henri Christophe sur le Bonnêt-à-l’Evêque à Milot (à quelques kilomètres du Cap-Haïtien) est aussi affectée. Des vols subtils de petits boulets de canon (datant de l’époque de l’indépendance nationale en 1804) sont perpétrés, de temps à autre, par des touristes, selon des informations fournies à AlterPresse.
Le marché public (de distribution de biens essentiels à la consommation et autres), dénommé “Cluny” (ancien marché des esclaves à l’époque coloniale), le fort Magny, la place Bréda (sur l’habitation du même nom qui a vu naître le précurseur de l’indépendance d’Haïti, Toussaint Louverture), le centre ville historique du Cap-Haïtien, entre autres, sont victimes d’un phénomène accéléré de bidonvillisation, alors que les habitants vivent sous la menace d’un tremblement de terre qui pourrait être accompagné de tsunami.
« C’est une preuve de la déliquescence de la société, de la faiblesse du sentiment d’appartenance et de l’identité. Cela découle également de la précarité des conditions de vie de la population, condamnée à la survie », relève Eddy Lubin, en guise d’explications.
Pour sa part, Mario Brunache, actuel directeur régional de l’Ispan, impute cette situation aux autorités municipales, qui ont la responsabilité de surveiller et de nettoyer les lieux de patrimoine dans le chef-lieu du département géographique du Nord d’Haïti.
Brunache indique avoir déjà alerté la branche départementale de la police nationale d’Haïti (Pnh), le parquet du tribunal civil et la mairie du Cap-Haïtien, afin de prévenir les actes de vandalisme, d’appréhender et de poursuivre en justice les voleurs, autres auteurs et complices de ces forfaits contre le patrimoine historique du pays dans le Nord.
Un rapport de constat, des forfaits perpétrés, sera dressé avant que des mesures de clôture du site soient envisagées, annonce Brunache. [wj kft rc apr 27/05/2011 12:49]
http://www.alterpresse.org/spip.php?article11092
Commentaire
Des monuments vandalisés. Avons-nous besoin d'indices plus pertinents pour comprendre jusqu’à quel point nous sommes en danger? La société entière manque de repère, le sentiment d'appartenance là où il fait défaut, ne peut générer que monstruosité et vandalisme. Chacun en vient à se croire la victime de tous, donc autorisé à satisfaire ses besoins aux dépens de n'importe qui et dans n'importe quelle condition. C'est triste,mais où trouver la force morale pour leur demander mieux quand l'ex-président de ce pays publie une fausse constitution pour se ménager un espace malgré la fin de son mandat. L’édifice du banditisme doit commencer à se démanteler de haut en bas, c'est plus facile que le contraire. C'est plus logique et moins périlleux. A moins que la société haïtienne ne veuille se complaire dans cette médiocrité de la vie quotidienne qui rend la vie sous ces latitudes plus inacceptable que la mort. Si du moins il y avait dans ce pays des juges dignes de ce nom, prêts à poursuivre les criminels, qu'ils soient cravatés ou en uniforme!
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