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mercredi 18 mai 2011

Le secteur des télécoms va être bouleversé

Haïti: Le Conseil National des télécommunications (Conatel) est en train de multiplier des rencontres avec les opérateurs du secteur des télécoms, particulièrement les opérateurs téléphoniques et les fournisseurs d'accès internet, en vue de lancer le Fonds National sur l'éducation tel que promis par le président Michel Martelly, a appris Le Nouvelliste.
Le Nouvelliste a obtenu la copie d'un email émanant du directeur général du Conatel, Jean Jaunasse Élysée, proposant que d'ici le 15 juin 2011 le tarif des appels internationaux entrant sur Haïti soit fixé au prix plancher de US 23 centimes la minute.
Cette nouvelle grille de tarification, si elle entre en vigueur comme proposé par le Conatel, va doubler le prix moyen de la minute pour ceux qui appellent Haïti depuis l'étranger, particulièrement les membres de la diaspora haïtienne.
Le directeur du Conatel, contacté par Le Nouvelliste, n'a pas voulu faire de déclaration sur le dossier.
« Il y a une réunion de finalisation prévue jeudi avec les opérateurs, nous nous prononcerons après cette réunion », a promis Jean Jaunasse Elysée.
Selon les informations obtenues par Le Nouvelliste, les opérateurs qui ont participé aux réunions déjà tenues sont tous pour l'établissement du fonds pour soutenir le projet du gouvernement Martelly en vue d'offrir l'éducation gratuite à la population, mais sont divisés sur l'imposition d'un prix plancher.
Pour certaines compagnies, les intentions du Conatel sont bonnes ; pour d'autres, cela va tuer la concurrence entre les acteurs du secteur et privilégier celles qui ont déjà d'importantes parts de marché.
Selon les informations obtenues par le journal, le Conatel envisage aussi de fixer des prix planchers pour les appels entre les opérateurs au niveau local et des prix planchers pour les appels entre les clients d'une même compagnie.
« Aujourd'hui un client de la Haitel, s'il souscrit à un plan, peut parler gratuitement aux autres utilisateurs de Haitel. Si cette décision du Conatel entre en application, il devra payer entre 2 gourdes 50 et 4 gourdes par minute pour un appel Haitel vers Haitel, ce qui ne lui coûte rien dans l'état actuel du marché », nous a expliqué un analyste.
Pour la Natcom, qui n'est pas encore officiellement sur le marché, la décision d'introduire un prix plancher est encore plus pénalisante.
« Nos stratégies pour offrir de meilleurs prix lors de notre introduction seront impossibles, si le Conatel oblige tous les opérateurs à pratiquer les mêmes prix », dénonce Yves Armand, directeur général adjoint de la Natcom.
« Nous sommes pour le Fonds National sur l'Education, pour l'introduction de la taxe de US 5 centimes par minute sur les appels internationaux entrants, mais nous sommes contre les prix planchers que le Conatel veut imposer sur les appels internationaux, mais aussi sur les appels locaux - aussi bien entre les opérateurs (Voila vers Haitel ou Digicel vers Natcom, par exemple) que sur le même réseau (les appels Natcom vers Natcom)», a poursuivi le directeur général adjoint.
« Nous à la Natcom, nous sommes pour la libre concurrence, contre la fixation des prix. D'ailleurs en treize ans que les compagnies privées de télécommunications existent cela n'a jamais été fait. Pourquoi l'introduire maintenant ? », se demande Yves Armand.
Le Nouvelliste a tenté en vain de rentrer en contact avec des représentants de Voila et de Haitel, ce mardi.
Le PDG de la Digicel, Maarten Boute, rentré de voyage ce mardi, a promis de parler au journal sitôt qu'il aura les dernières informations sur le sujet.
« Il y a de la précipitation dans ce dossier. Le Conatel a commencé les réunions avant même que le président Martelly prête serment et a déjà une date, le 15 juin, pour lancer les nouveaux tarifs alors que le Fonds sur l'éducation n'existe pas encore, la loi sur la création de la taxe n'est pas encore votée, il n'y a pas de cadre légal ni de gouvernement. C'est bizarre », estime l'analyste cité plus haut.


Frantz Duval
duval@lenouvelliste.com

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=92646&PubDate=2011-05-17

Commentaire
C`est la une mesure qui, si on l`applique tel qu`on menace de le faire, sans discussion avec les représentants du secteur, reflétera une fois de plus la manière arbitraire de procéder des dirigeants haïtiens. Et cela serait mauvais pour les consommateurs, mauvais pour l`avenir du pays surtout son avenir économique. Qu`on ne commence pas si tôt avec ces mesures non entérinées par le parlement sous prétexte qu`il n`est pas fonctionnel. On devrait agir de manière a rendre évident pour nous tous qu`il ne l`est pas. Alors on verra. En attendant, un gouvernement non encore établi, en tout cas, a peine installé ne peut pas s`annoncer sur un ton aussi autocratique. Cela serait vraiment mal partir.

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