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mardi 26 avril 2011

Contre la « privatisation sauvage de l'ED'H »

Le directeur général de l'ED'H, l'ingénieur Serge Raphael est contre la « privatisation sauvage » mais pour un contrôle de l'Etat dans la modernisation de ses entreprises. L'ED'H qui perd plus de 50 % de sa production et englouti, rien qu'en 2010, 150 millions de dollars de subvention compensation du trésor public,a fait quelques bonds en avant, a confié M. Raphael dans une interviews au journal Le Nouvelliste.
Haïti: L'ingénieur Serge Raphael est contre la « privatisation sauvage » de l'ED'H. Il le dit haut et fort en citant l'échec de l'expérience de la République Dominicaine où l'Etat, après avoir privatisé ses installations de fourniture d'énergie électrique, s'est trouvé dans l'obligation de les racheter à prix fort. Et, en Haïti où l'ED'H est dans le viseur du Centre de modernisation des entreprises publiques (CMEP), l'ingénieur Serge Raphael prévient : « il est important que l'Etat haïtien contrôle la modernisation de ses entreprises ». « Il n'y a pas assez d'ouverture sur le secteur privé », a relevé Serge Raphael, favorable,en revanche, à « un changement du cadre légal en vue d'ouvrir l'entreprise ».
Malgré la perte de plus de 50 % de la production de l'ED'H résultant de vol d'électricité, de problèmes techniques (vétusté du réseau) et une subvention/compensation de l'Etat ayant atteint 150 millions de dollars américain en 2010, l'ingénieur Serge Raphael a, à ses yeux, des indicateurs encourageants qu'une modernisation responsable et des législations contre la fraude pourraient aider à fructifier. « A mon arrivée en septembre 2006, l'ED'H avait 40 mégawatts de puissance. Actuellement, on a réalisé 82 mégawatts avec des pics de 115 mégawatts », a-t-il dit, satisfait d'une alimentation de 17 à 18 heures sur Port-au-Prince, sans oublier quelque 80 communes ayant désormais accès à l'électricité.
Cette augmentation de puissance sur le réseau de l'ED'H est due à l'installation de trois centrales thermiques à Port-au-Prince (30 mégawatts), aux Gonaïves (15 mégawatts), au Cap-Haïtien (15 mégawatts) et à l'achat d'électricité de producteurs indépendants. Sogener fournit 20 mégawatts et E-power 30 mégawatts, a expliqué l'ingénieur Serge Raphael qui a rejeté les allégations selon lesquelles l'ED'H achète le kilowatt/heure à un prix élevé comparativement à la tarification en cours sur le marché international.
Le prix du kilowatt/heure acheté par l'ED'H varie de 20 à 26 centimes (us). Et cela dépend du combustible utilisé par le producteur privé, l'état de ses installations et sa distance par rapport au réseau, a expliqué l'ingénieur Raphael qui garantit la production du kilowattheure dans les installations de l'ED'H coûte plus chère. Le kilowatt/heure acheté par l'ED'H est revendu à ses clients à 13 gourdes en moyenne. Les petits consommateurs paient 6 gourdes par kilowatt/heure et le commerce et l'industrie,entre 12 et 13 gourdes.

Faut-il s'attendre une hausse du kilowatt/heure à cause de la flambée des cours du pétrole consécutive aux mouvements de protestation populaire contre des régimes dictatoriaux au Moyen orient ?

A l'avenir, il faut s'attendre à une augmentation du prix du kilowatt/heure si les coûts des produits pétroliers continuent de grimper. Mais, a assuré Serge Raphael, le passage au mazout pour produire de l'électricité dans plusieurs centrales repousse cette probabilité. 20 % de la production thermique se fait à base de mazout à la centrale de Port-au-Prince, des Gonaïves, de Cap-Haïtien et à E-power, a-t-il expliqué en pointant du doigt l'autre problème majeur de l'ED'H : un système d'information fiable permettant de facturer les clients même si entre-temps le nombre d'agences commerciales a doublé passant de 15 à 31 et la légère augmentation de la clientèle passant de 187 500 à 211 500 abonnés en 2011, sans compter l'installation en cinq ans de plus de 75 000 compteurs.
« Malgré tout, les indicateurs commerciaux sont à la baisse à cause principalement d'un système d'information adéquat », a reconnu Serge Raphael en pourparlers depuis des années avec la Banque mondiale en vue d'établir un système d'information capable d'aider à résoudre les problèmes de facturation des clients.
Si le directeur général de l'ED'H attend toujours la Banque mondiale pour monter ce système d'information et sur un autre front 38 millions de dollars us pour fiabiliser le réseau vétuste, il a indiqué avoir des acquis au niveau du fonctionnement interne de l'entreprise. « La trésorerie pratiquement nulle en 2006 a été reconstituée et se situe maintenant à un niveau adapté aux exigences de fonctionnement d'une telle société », s'est réjoui Serge Raphael. « Les dette envers nos fournisseurs ont été grandement réduites. Les redevances légales et fiscales sont désormais régulièrement payées aujourd'hui », a-t-il ajouté,fier également du renforcement des moyens techniques de l'ED'H.
Le parc véhicules est passé de 80 à 217 véhicules de travail dont 169 sont en parfait état de marche. A cela s'ajoutent 12 véhicules lourds spécialisés, tels que nacelles élévatrices et des grues pour l'implantation des poteaux et l'installation de transformateurs, a confié l'ingénieur Serge Raphael. « Toutes ces évolutions ont été conduites avec une totale maîtrise des effectifs, puisque le nombre d'agents rémunérés, égal à 2416 en 2006 a été ramené à 2316, bien que la quasi-totalité des agents temporaires ait été régularisés au cours de cette période », a-t-il dit, heureux de la réduction du nombre de jours de travail dus à des débrayages d'employés.
« Les résultats financiers et techniques des dernières années sont des signaux intéressants qui appellent l'apport d'investissement importants, l'appui d'un Etat fort et la sensibilisation citoyenne pour permettre aux acteurs du secteur électrique de remplir pleinement leur mission et jouer leur rôle de moteur du développement économique et social d'Haïti », soutient le directeur général de l'ED'H qui dit attendre les choix de développement et de reconstruction en vue de mieux peaufiner la politique énergétique, sans négliger le développement de l'hydroélectrique avec, outre Peligre (54 mégawatts), le barrage Artibonite 4 C dont la capacité, une fois construite sera de 32 mégawatts.

Roberson Alphonse
ralphonse@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=91682&PubDate=2011-04-25

Commentaire
L`expérience dominicaine est réellement celle dont Haiti peut apprendre le plus. En effet, cette compagnie qui a appartenu tour a tour a l`état puis a des compagnies privées, a fait l`affaire de plus d`un politiciens de ce pays. Tout dépend de quelle compagnie est liée à quelle clientèle politique. Et le reste peut être deviné. Ces derniers temps, certaines améliorations bien localisées surtout à la capitale et dans les grandes villes ont été observées, ces derniers temps. Cela constitue-t-il une solution définitive? Il faut hésiter avant de le prétendre. Le plus important, c`est que le coût d`une erreur dans ce sens en Haiti est plus élevé qu`en R.D. Ce pays, malgré tout, est beaucoup mieux gouverné qu`Haiti. Tout au moins, jusqu`au dernier gouvernement sortant.


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