Martelly ferme et ouvert promet un changement de direction

Haïti: Celui qui prêtera serment le 14 mai prochain comme le 56e Président de la République d'Haiti, Michel Martelly, a annoncé cette semaine une chaine de mesures visant à marquer une rupture, qu'il souhaite évidente, avec les pratiques de gestion et d'intervention traditionnelles pour permettre au pays - appauvri par des décennies de corruption, de crimes financiers, d'absence de conscience patriotique et d'abnégation politique - de faire un saut vers le progrès socio-économique.
La tache s'annonce ardue et les défis herculéens, mais Martelly semble vouloir prendre le taureau par les cornes. Aux grands maux, les grands remèdes, a-t-il confié.
En effet, dans une interview cette semaine à l'agence mondiale, Reuters, le président élu a promis, une fois aux commandes effectives de l'Etat, de changer le pays de direction et de prendre des mesures appropriées pour, entre autres, rétablir la confiance, relancer l'économie par les investissements et la création d'emplois, garantir l'accès universel à l'éducation, et promouvoir une meilleure image du pays.
« C'est une priorité pour nous de rétablir cette confiance, puisque cette confiance une fois rétablie nous permettra de recevoir un soutient concret et les résultats seront aussi concrets, » a fait savoir Martelly qui déclare s'être déjà penché sur la situation des survivants du tremblement de terre qui vivent sous les tentes.
« La situation des gens qui vivent sous les tentes est une priorité pour nous. Nous avons rencontré des membres du secteur privé et de grands propriétaires terriens qui sont prêts à s'engager dans un partenariat avec l'Etat haitien pour mettre en place des projets sociaux, » a indiqué le Président élu.
Martelly dit vouloir identifier, avec la Commission Intérimaire pour la Reconstruction d'Haiti (CIRH), des fonds qui pourraient être utlisés pour la construction de logements sociaux.
« Nous avons compris d'agir dans les meilleurs délais. C'est pourquoi nous avons des équipes qui travaillent sur différents dossiers, de telles sortes que nous puissions commencer à agir dès les premiers jours, » a expliqué.
Le nouvel élu dit avoir une solution à l'épineux problème des conflits terriens qui, souvent, constituent un élément de blocage aux investissements générateurs de croissance et créateurs d'emplois.
L'organisation des Etats américains (OEA) et la France travaillent actuellement sur un projet relatif à la solution du problème cadastral qui doit se faire sur le long terme. Toutefois, à court terme, le Président Martelly propose une solution qu'il qualifie de très simple.
« S'il y a un projet d'investissements de grande envergure qui va créer beaucoup d'emplois et si ce terrain fait l'objet de conflit, l'Etat déclarera ce terrain d'utilité publique et l'Etat facilitera l'établissement de l'entreprise, » a-t-il fait savoir.

« Entretemps, le gouvernement acheminera le dossier par-devant la justice et quand la justice aura tranché, l'Etat dédommagera le propriétaire, » a prévenu Martelly 48 heures après la proclamation des résultats des élections dont il est sorti vainqueur.
L'administration Martelly entend faire des iles adjacentes des points stratégiques de développement touristiques et économiques.
« si le développement économique pouvait passer par le développement de ces iles, ce serait déjà beaucoup, » a déclaré Michel Martelly. « Nous avons les plus belles plages du monde, nous avons le soleil le plus chaud, nous avons le peuple le plus docile, » a-t-il fait comprendre, se basant sur le fait que la population demeure encore paisible, en dépit de la situation inhumaine dans laquelle elle se trouve dans les camps. « c'est bon signe, » a-t-il lancé.
Le nouvel homme fort d'Haiti veut être à la fois ferme, ouvert, attentif, réceptif et coopératif.
En ce qui a trait aux éventuels conflits entre son administration et le Parlement, Michel martelly déclare n'avoir aucune inquiétude à ce sujet.
« L'approche du Président Martelly sera telle qu'on ne parlera plus de conflit. On parlera de collaboration. Une collaboration harmonieuse, efficace et fructueuse, » a-t-il rassuré, expliquant que ses équipes politiques étaient déjà en contact avec des groupes politiques ayant des sénateurs et députés élus.
« Nous avons reçu un mandat du peuple pour lui apporter un certain bien-être. Nous nous devons de nous mettre ensemble, de collaborer pour lui apporter ce bien-être. Il ne s'agira de nous lancer dans des conflits, » a souligné Martelly.
Le nouvel élu promet également d'oeuvrer à mettre un terme aux mauvaises images qu'on veut du pays à l'extérieur. Selon lui, on a toujours vendu les misères du pleuple Haitien, ses malheurs, son choléra et les images du tremblement de terre, pendant que la beauté et les richesses du pays ont constamment été occultées.
« Je veux faire du jour de l'investiture du gouvernement le jour à partir duquel la vente de cette mauvaise image d'Haiti prend fin, » a annoncé Martelly.
Martelly promet d'agir autrement que les politiciens traditionnels en donnant des résultats. « Pour n'être pas politicien, je ne réfléchirai pas comme les politiciens. Ils ne parlaient pas de réconciliation mais de division. Ils ne priorisaient pas les intérêts de la nation, » a -t-il déploré.
« Je me vois comme l'opposé de ces équipes politiques qui ont servi dans le passé. Le profile que nous avons maintenant, les traits de caractère que nous avons maintenant sont des des caractères qui appellent à des résultats
différents, » a-t-il assuré. « Maintenant que nous allons être aux commandes, nous allons changer de direction » a conclu le Président élu Michel Martelly, dans cette interview à Reuters.

Joseph Guyler C. Delva
josephguylerdelva@gmail.com

Commentaire

Déclaration intéressante pourvu qu`elle entre en accord total avec les faits. Nous avons dit et répétons que nous ne croyons pas au fatalisme. Aucune situation n`est définitive. Aucun homme n`est défini une fois pour toute. C`est en mettant en action sa volonté qu`il choisit lui-même son destin. Que M. Martelly ait cette sagesse, cette flexibilité si nécessaire pour que cela arrive. Il est, devons-nous le répéter, trop tôt pour le juger en tant que président mais demain peut faire de lui un cas sui generis, positif, extrêmement positif. L`avenir du pays, mais aussi le sien est entre ses mains. Qui empêche qu`il fasse positivement ce que les autres ont volontairement évité de faire ou ont fait négativement? Personne! Alors attendons impatiemment, non point son échec, qui serait l`échec de dix millions d`êtres humains, mais le plus grand succès de cette entreprise inattendue. D`ailleurs, c`est peut être cela qui lui donne une possibilité unique et même plus considérable que celle d`Aristide, de Preval et même de Duvalier. Car il a les exemples de ces derniers et ces derniers.... trop concentrés sur leurs propres personnes, ne pouvaient voir d`exemple nulle part. Et quand je dis exemple, je sais qu`il y en a de deux sortes. Ceux dont il est bon de s`inspirer et ceux qu`il serait avantageux d`éviter.