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jeudi 7 avril 2011

La reconstruction va-t-elle suivre les élections ?

Les Nations unies sont apparemment soulagées suite à la publication des résultats préliminaires du second tour de l'élection présidentielle consacrant la victoire de Michel Martelly. Une étape importante qui, d'après les intervenants à une réunion spéciale du Conseil de Sécurité de l'ONU sur Haïti, devrait conduire à l'accélération du processus de reconstruction.

Haïti: Le chef de l'Etat haïtien, René Préval, et le coprésident de la Commission intérimaire pour la reconstruction, Bill Clinton, ont participé, à côté du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, à la réunion spéciale sur Haïti. Les différents intervenants ont fait le point sur la situation qui prévaut en Haïti plus d'un an après le séisme du 12 janvier 2010. « 20% des 10 millions de mètres cubes de décombres créés par le tremblement de terre de 2010 ont été déblayés », s'est félicité Ban Ki-moon dans son intervention. Le nombre de personnes affectées par le tremblement de terre et vivant dans des camps, a-t-il ajouté, est passé de 1,5 million en juillet 2010 à 680 000 aujourd'hui. Ban Ki-moon a toutefois reconnu que la plupart des sans-abri ont été forcés de vider les lieux.

L'ancien président des Etats-Unis a, de son côté, fait le bilan du travail de la Commission intérimaire pour la reconstruction depuis sa création. « A ce jour, 87 projets sont en cours d'exécution en Haïti, et chacun d'eux sera assorti d'un audit de performance en fin d'exercice », a indiqué le coprésident de la CIRH, précisant que la priorité était maintenant de lancer des projets de construction à grande échelle en dehors des zones touchées par le séisme.

Approuver les projets est une chose, trouver les financements en est une autre. « La Commission a besoin de financements supplémentaires, a déclaré Ban Ki-moon. 87 projets ont été approuvés pour un montant total de 3,26 milliards de dollars, mais la plupart d'entre eux demeurent sous-financés. »

Enlever les déblais qui jonchent encore les rues des zones détruites par le séisme reste, d'après Bill Clinton, l'une des priorités de la CIRH. « On ne pourra pas reconstruire des écoles et de nouveaux logements avant de s'être débarrassé de tous les décombres », a-t-il avancé.

Selon le ministre des Travaux publics haïtiens Jacques Gabriel, qui est intervenu mardi lors d'une présentation sur la reconstruction du pays au profit d'un groupe de journalistes, le gouvernement et les ONG ont enlevè jusqu'ici 3 des 10 millions de mètres cubes de gravats laissés par le séisme dans les zones dévastées. En attendant de trouver les financements, le gouvernement va prochainement enlever un autre million de mètres cubes de déblais. Ce projet qui sera financé par le Trésor public coûtera 180 millions de gourdes, soit 4,5 millions dollars américains. Même si l'argent éait disponible, à raison de 180 millions de gourdes pour 1 million de mètres cubes, il faudrait deux ans pour débarrasser complètement le pays des déblais du séisme.

Ne pas décider à la place des Haïtiens
Le président de la Colombie, qui assure actuellement la présidence du Conseil de Sécurité a, dans son intervention, invité la communauté internationale à fournir une aide efficace et cohérente à Haïti. Ainsi, a dit Juan Manuel Santos CALDERÓN, la Minustah et les agences de l'ONU doivent axer l'essentiel de leurs activités sur l'aide au développement d'Haïti. « La Minustah doit comprendre davantage de personnels civils que militaires, a-t-il insisté. L'appui à Haïti doit se concentrer sur le renforcement des secteurs agricole, de la santé, de l'éducation, et sur celui des infrastructures ».

D'après le chef d'Etat colombien, la voix des Haïtiens doit être écoutée dans le cadre de la reconstruction. « Une communauté internationale qui ne tient pas compte des vues des Haïtiens ne peut pas servir Haïti », a-t-il déclaré. Le point de vue du président Calderón est partagé par l'ancien président américain. « Il faut laisser au gouvernement haïtien le soin de fixer lui-même ses priorités nationales, avec le soutien de la Commission », a plaidé Bill Clinton.

A quoi sert l'intervention de l'ONU en Haïti ?

Le président René Préval, qui passera l'échappe présidentielle en mai prochain à son successeur, a conseillé aux Nations unies, et particulièrement au Conseil de Sécurité, l'organisation d'un débat sur l'efficacité de l'intervention de l'ONU en Haïti depuis 1993. Comme il le réclame depuis le début de son second mandat, le président Préval estime que les chars, les blindés et les militaires auraient dû céder la place aux bulldozers et aux ingénieurs, à davantage d'instructeurs de police et d'experts en appui à la justice et au système judiciaire et pénitentiaire.

D'après René Préval, l'instabilité en Haïti est principalement due au sous-développement, soit, en d'autres termes, à l'insatisfaction des droits socioéconomiques les plus élémentaires de la population. « La dissuasion militaire n'est qu'un des aspects de la quête de stabilité, mais elle ne saurait se confondre avec elle, a-t-il dit. La stabilité ne sera conquise que par les Haïtiens eux-mêmes, avec la solidarité de la communauté internationale qui pourra les accompagner dans l'édification des institutions spécialisées indispensables à l'Etat de droit. »

Vivant ses dernières semaines de chef de l'état, René Préval, a rappelé qu'il est le seul président haïtien, depuis 25 ans, et depuis la fin de la dictature duvaliériste en 1986, à avoir pu accomplir deux mandats constitutionnels sans connaître la prison ou l'exil. En guise de conseils, le président Préval a invité son successeur à pratiquer une gouvernance d'apaisement, d'ouverture, d'inclusion, de dialogue, de respect des droits d'association et d'expression. C'est sans doute le secret pour ne pas connaître l'exil ou la prison.

Les promesses tenues à 37,2% pour l'année 2010/2011

Des informations communiquées par le bureau de l'envoyé spécial pour Haïti aux Nations Unies révèlent un taux de déboursement de 37,2% pour la période 2010/2011parmi les donateurs du secteur public. « L'analyse est basée sur les engagements de 55 donateurs du secteur public lors de la Conférence internationale des bailleurs de fonds, tenue le 31 Mars 2010, a indiqué un communiqué de l'ONU.

Ces donateurs, a précisé la note, ont promis $4,6 milliards pour les activités de redressement de ce pays en 2010/2011. (Ce chiffre n'inclut pas les engagements d'allégement de la dette, totalisant $1 milliard.) Des $4,6 milliards promis, $1,71 milliards (37,2%) ont été décaissés. Les donateurs ont pris l'engagement d'accroître l'aide avec un soutien supplémentaire de $1,58 milliards.

Ces $1,71 milliards ont été versés à travers quatre filières. Il s'agit de $255,6 millions à l'appui budgétaire du gouvernement d'Haïti; $272 millions en subvention mis dans un fonds commun pour l'Organisme des Nations unies, la Banque interaméricaine du développement et la Banque mondiale, à travers le Fond de Reconstruction d'Haïti; $1,16 milliards en subvention au gouvernement d'Haïti, aux agences multilatérales, aux ONG et aux entrepreneurs privés ; $23,3 millions de prêts au gouvernement d'Haïti.

Ces bailleurs de fonds, a conclu le communiqué, ont décaissé un montant supplémentaire de $272,9 millions pour le développement général en Haïti, en dehors des engagements de dons pris lors de la conférence sur la récupération à New York. Cette analyse ne contient pas les fonds promis pour les activités de secours humanitaire. Elle est également en dehors des promesses faites par les organisations privées lors de la conférence des donateurs de New York.
Jean Pharès Jérôme
pjerome@lenouvelliste.com

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=91103&PubDate=2011-04-06

Commentaire
Comment se fait-il que Préval sait d`avance qu`il ne connaîtra pas la prison? A propos de la reconstruction, il faut admettre que le changement de gouvernement n`est qu`un premier pas et qu`il faudra attendre pour voir comment va se comporter le président élu. Quoi qu`on prétende, sa façon de faire, de gouverner, de respecter les libertés publiques auront un impact sur l`aide internationale. Souhaitons donc qu`il donne le meilleur de lui-même pour aider ce pays à éviter sa chute dans le néant.

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