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jeudi 28 avril 2011

La face cachée de la lutte pour les législatives

EDITO

Haïti:
Le scandale provoqué par la publication des résultats définitifs des législatives du 20 mars 2011 pourrait avoir de lourdes conséquences sur le fonctionnement du Parlement. A la Chambre des députés aussi bien qu'au Sénat, les groupes parlementaires seront à couteaux tirés, comme ce fut le cas au cours des 45e et 46e législatures. Le bloc Constitutionnaliste s'opposait à toute initiative de l'Alliance pour la Cohésion parlementaire de 1991 à 1994. Il en est de même entre le groupe Anti-néolibéral face au bloc parlementaire OPL de 1996 à 1999. Les deux législatures étaient dysfonctionnelles pendant plusieurs sessions, ce qui paralysa les travaux législatifs.

A la Chambre des députés, l'élection d'un nouveau bureau mardi a déjà provoqué des gorges chaudes au sein d'un groupe minoritaire. Après avoir remporté les différents postes avec ses alliés au sein du bureau de la Chambre basse, le groupe parlementaire pour le Renouveau (INITE) va sans nul doute disposer de tous les postes au niveau des présidents des Commissions permanentes. Ce groupe majoritaire va devoir s'affirmer à la Chambre haute lors de l'élection des membres du bureau. Si le GPR parvient à dominer les bureaux des deux Chambres, il sera en mesure de faire des exigences dans la formation du prochain gouvernement.
Cependant, les résultats de l'enquête de la commission de l'Organisation des Etats américains sur les 19 parlementaires contestés peuvent changer la donne quant au rapport entre le président élu et le parti majoritaire dans les deux Chambres. Si l'enquête confirme que les résultats publiés par le Conseil électoral provisoire ont été trafiqués au Bureau du Contentieux électoral national (BCEN) en faveur du parti politique INITE, cela peut contribuer à détériorer les rapports entre le nouveau président et le parti majoritaire. Le parti INITE perdra tout son prestige et ne pourra faire aucune exigence dans la formation du prochain gouvernement. La plupart des députés alliés pourraient tourner le dos à INITE qui sera dans l'impossibilité d'honorer ses promesses. Si c'est le contraire, INITE sortirait renforcé et engagera une difficile cohabitation avec Michel Martelly qui avait appelé le président sortant à prendre ses distances avec les résultats controversés du Conseil électoral provisoire.

La démission de la conseillère Ginette Chérubin en signe de contestation à ces résultats et la neutralité affichée par le directeur général, Pierre-Louis Opont comme quelqu'un qui s'en lave les mains, enfoncent davantage le couteau dans la plaie.

La lutte engagée par le parti au pouvoir pour remporter par tous les moyens les législatives, après son échec dans la présidentielle au premier tour, s'explique en fonction des engagements du parti avec ses alliés sur le terrain et au Parlement et en prélude à l'organisation à la fin de l'année des élections des collectivités territoriales qui devront probablement déboucher sur la formation du Conseil électoral permanent.

Que deviendra INITE sans une présence significative au prochain gouvernement ?

Lemoine Bonneau
bonneau@lenouvelliste.com

Commentaire
Il deviendra ce qu`il mérite de devenir compte tenu des manipulations. Il disparaîtra. Comme d`autres partis ont disparu avec leur fondateur ou leur chef. C`est la norme en Haiti. Exception faite des très rares partis ayant survécu à la retraite ou au décès de leur chef. Le parti de Madame Mirlande Manigat peut se compter parmi ces exceptions.








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