La pension de retraite du professeur

CARTE BLANCHE À JEAN-CLAUDE BOYER
Après avoir pris connaissance des dernières dispositions adoptées au niveau de la revalorisation de la pension de retraite, je m'étais laissé dire que tout le monde était désormais satisfait. Mais, après la rencontre, le samedi 9 avril courant, d'un professeur retraité, je compris que la question n'avait pas évolué d'un iota, l'attention (la revalorisation) concerne les anciens hauts dignitaires de l'administration publique, pas les moins gradés. Justement, en septembre dernier, à l'écoute de la fréquence de Kiskeya, j'avais suivi avec attention la plaidoirie de Gesner Jean-Paul. Conscient de la précarité de la situation du professeur retraité, j'y avais consacré la réflexion qui suit. Haïti: Si je comprends bien et comme je l'appréhendais, le revenu de retraite est rachitique. Un professeur retraité vous confiera que la pension de retraite suffit à payer le bordereau d'électricité, d'eau et rien d'autre. Les retraités de la banque sont mieux lotis, leur pension est confortable. Le professeur retraité est cavalièrement reçu dans un bureau public, pourtant il forme ceux qui occupent maintenant le devant de la scène. Il vit des situations discriminantes, on a l'exemple du gouvernement qui accorde une subvention aux employés du secteur public et parapublic, pour cause de séisme. Malheureusement, les retraités sont oubliés, ils ne sont pas concernés par cette mesure exceptionnelle. À écouter Gesner Jean Paul, professeur retraité sur Radio Kiskeya le samedi 25 septembre 2010, je réalise que l'enseignement est plus que jamais un chemin de croix. Si, avec sa modeste pension de retraite, il n'arrive pas à joindre les deux bouts, il éprouve pourtant une satisfaction. Les enfants ont grandi ; devenus adultes, ils volent de leurs propres ailes. Donc, ils ne sont plus à sa charge. Comme dans un jeu de tiroir, une entrée débouche sur une sortie. La dépense assumée dans le temps n'est plus une obligation. J'ai aussitôt compris ce qu'il faut de jongleries pour vivre la condition de retraité. Cependant, tout serait plus simple si la pension de retraite était ajustée en fonction du niveau général des prix. Au fur et à mesure que les prix (à la consommation) s'élèvent, la pension est revue à la hausse. Dans un souci d'équité et de justice. De la manière dont les professeurs sont traités (sur leurs vieux jours), on a l'impression que leur sacerdoce n'a pas été compris. Ce n'est pas rien que d'avoir choisi la formation des générations montantes. Au moment de partir à la retraite, leurs appréhensions sont vives puisqu'ils se demandent comment fonctionner avec une valeur modique. La complainte de ce professeur retraité ne me fait pas oublier que, dans les écoles privées, le professeur est plus mal loti. Ne rêvons pas, qui pensera à monter un plan de retraite en faveur de cette catégorie-là ? Qui le financerait ? L'inégalité n'est pas identifiée que dans le secteur public. Pour la corriger, la redresser, il faudrait généraliser. Là, une concertation est souhaitable entre les institutions de l'État et le secteur privé de l'éducation. On dirait que tout doit être débattu pour une avancée significative sur l'avenir de cette catégorie socioprofessionnelle, la généralisation de la revalorisation rassurerait et apporterait un baume au coeur. Jean-Claude Boyer Jc2boyer@yahoo.com http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=91225&PubDate=2011-04-13

	Commentaire Voilà l`un des sujets les plus inquiétants dans le milieu haïtien: la pension. Qui se souvient que cela existe dans ce pays? Apres que l`état a passé sa vie à prélever sur les maigres salaires des gens tout ce qu`il pouvait et même davantage encore, les victimes sont lancées sur le pavé et abandonnées à leur sort. Souhaitons que le système puisse subir les améliorations qu`il faut afin que ces personnes qui ont donné le meilleur de leur vie à ce pays ne soient plus oubliées, laissées pour compte au moment ou elles sont le plus vulnérables!