Nombre total de pages vues

mercredi 13 avril 2011

Yvon Neptune a-t-il vendu la mêche?

Yvon Neptune, un des éléphants de Fanmi Lavalas qui s'est dit « exploité », a claqué la porte et remis officiellement sa démission à Jean-Bertrand Aristide, le représentant national. Neptune, sans prendre des gants, a dénoncé le non-respect de la charte du parti, la concentration des pouvoirs entre les mains d'Aristide et les « manipulateurs » déguisés en « apôtres du changement et de l'inclusion de la majorité pauvre ».
Haïti: L'ex-Premier ministre Yvon Neptune n'est plus membre du Parti Fanmi Lavalas (FL). Il a officiellement coupé les ponts dans une correspondance cinglante, sans langue de bois, à l'ex-président Jean-Bertrand Aristide, représentant national du parti, le 29 mars 2011. M. Neptune, revenant sur sa volonté de contribuer à jeter les bases d'une société plus juste,à l'érection d'un État plus humain en rejoignant (Fanmi Lavalas), a confié qu'il a été « exploité ».
« Mes 14 années de promotion de cette rupture ont été, selon Yvon Neptune, exploitées à d'autres fins par ceux qui ne sont mûs que par leurs bas et manipulateurs instincts de pouvoir et d'argent, tout en se faisant passer, dans leur discours, pour des apôtres du changement et de l'inclusion de la majorité pauvre ».
Sans ménager l'ex-président Jean-Bertrand Aristide pour qui il dit n'avoir cependant ni « sentiment d'animosité » ni « rancune », M. Neptune, dans une interview accordée au journal le mardi 12 avril 2011, a indiqué qu'il est inacceptable que tous les pouvoirs soient concentrés entre les mains de ce dernier.
« Jean-Bertrand Aristide centralise tout le pouvoir. Il n'y a pas de démocratie et de respect des normes au sein de Fanmi Lavalas qui fonctionne à l'image de la rue », a indiqué Yvon Neptune. Le ton posé pour égrener ses paroles, M. Neptune a révélé « qu'il a toujours très clairement dit au représentant national que les structures telles que prévues dans la charte doivent être mises en place ».

Créé en 1996, le parti, jusqu'au départ d'Aristide le 29 février 2004, n'a jamais eu de coordination nationale montée par les coordinations départementales telles que prévues dans la charte, a cité M. Neptune.
Fanmi Lavalas a fait des congrès ! « Comment peut-on avoir des congrès sans l'existence d'une coordination nationale coiffée bien sure par le représentant national? », s'est demandé Yvon Neptune.
Neptune un traitre? « Évidement que les gens qui m'ont accusé de toutes sortes de choses, incluant d'avoir trahi Jean-Bertrand Aristide en 2004, l'ont fait avec l'assentiment de ce dernier. Jean-Bertrand Aristide envoyait des messages à la fin de chaque année. Il aurait pu dire aux gens d'arrêter de dire cela parce que cela ne va pas faire honneur ni à moi ni à lui », a expliqué M. Neptune, avant d'ajouter que « Jean-Bertrand Aristide sait que ce que ces gens racontent est archi-faux ».
29 février 2004 : démission ou kidnapping de Jean-Bertrand Aristide ?

« Ce n'est pas à moi de le dire », a répondu Yvon Neptune, qui indique en revanche avoir choisi de rester au pays et à la primature par respect pour ses propres convictions et les déclarations faites avant le 29 février 2004. « La note signée par Jean-Bertrand Aristide ne m'avait pas été remise par lui. C'est à lui de dire à qui il a remis cette note et dans quelle situation », a ajouté M. Neptune, qui souligne que « M. Aristide, à part de dire qu'il a été kidnappé, n'a jamais nié avoir signé cette note en créole dans laquelle il dit préférer partir afin d'éviter un bain de sang dans le pays ».
« C'est le président de la Cour de cassation, Me Boniface Alexandre, qui est venu à la primature avec l'enveloppe décachetée contenant la note », a révélé plus loin M.Neptune, qui dit avoir eu une conversation téléphonique avec Jean-Bertrand Aristide au lendemain du 29 février 2004 après son arrivée en République Centrafricaine.
Est-ce que Jean-Bertrand Aristide a été victime d'un coup d'Etat ?
« On peut avoir démission et coup d'Etat en même temps. C'est Jean-Bertrand Aristide qui doit réconcilier la question : coup d'Etat ou démission », a expliqué M. Neptune, qui plaide en faveur de l'établissement de la « vérité historique » dans ce dossier. « Je ne peux pas mentir. Je suis comme ça », a-t-il indiqué en confiant par ailleurs qu'il n'a absolument aucun regret d'avoir fait l'expérience de ces 14 dernières années l'ayant conduit à la primature (2002-2004), à la présidence du sénat et de l'Assemblée nationale et en prison.
« Ce sont les expériences qui m'ont formé et me forment aujourd'hui. Je ne peux pas avoir de regret », a-t-il dit, philosophe, en évoquant son avenir politique : « Je considère que toutes les activités que je mène en tant qu'être humain et en tant que citoyen ont un contenu politique, à un niveau ou à un autre (...) Mon avenir, c'est ce que je fais tous les jours », a ajouté cet architecte né à Cavaillon le 8 novembre 1946, candidat malheureux à l'élection présidentielle du 28 novembre 2010 sous la bannière du Parti Ayisyen pou ayiti.
M. Neptune a remis sa démission officiellement moins d'un mois après le retour de l'ex-président et représentant national de Fanmi Lavalas, Jean-Bertrand Aristide, le 18 mars 2011. « En 1804, la Révolution haïtienne a marqué la fin de l'esclavage. Aujourd'hui, nous le peuple haïtien, marquons la fin de l'exil, des coups d'Etat », avait indique Aristide. L'ex-prêtre de Saint-Jean Bosco - qui s'est enfermé depuis dans un total mutisme - avait soutenu qu'il faut, dans ce pays rongé par une misère amplifiée depuis son départ, « faire la transition pacifique de l'exclusion à l'inclusion sociale ». « Le problème, c'est l'exclusion. La solution, c'est l'inclusion », avait-il dit.
La démission et le grand déballage de M. Yvon Neptune permettront-ils d'établir la vérité historique sur les évènements du 29 février 2004 ? L'avenir de nouveaux faits le diront...

Roberson Alphonse
ralphonse@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/

Commentaire
C`est au moins une bonne chose que quelqu`un au sein de ce parti dise ce qu`il y observe. Personne d`autres n`ose parler de ce qui s`y fait. Personne ne connaissant rien de l`intérieur. Sauf évidemment ses inconditionnels mais ceux-là ne courraient jamais le risque d`une désapprobation du Chef. Oh, démocratie, si tu pouvais punir ceux qui galvaudent ton nom sur tous les toits sans jamais avoir eu l`honneur, ni la volonté de te rencontrer!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire