dimanche 9 janvier 2011
P-au-P, 09 janvier 2011 [AlterPresse] --- Au seuil de la nouvelle année 2011 et à quelques jours du premier anniversaire du séisme dévastateur du 12 janvier 2010, de nombreux secteurs forment des vœux pour une reprise en main de la direction d’Haïti par les nationaux et une meilleure gestion des contingences naturelles, sociales et politiques, sur une base de souveraineté et d’autodétermination qui fixe les balises de la coopération internationale, selon les informations dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Plusieurs associations nationales et internationales essaient, dans leurs sphères d’actions, d’encourager des activités de développement durable, lesquelles se heurtent à un véritable vide institutionnel en termes de vision, de plan et d’orientation vers le futur.
Un an après le tremblement de terre, est encore attendue une visibilité des projets de reconstruction, approuvés par la structure transnationale dénommée commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (Cirh).
Parmi la multitude d’organisations internationales d’aide humanitaire, ayant envahi le terrain, certaines ont tenté d’aménager des abris en vue de soulager la souffrance des personnes sinistrées du séisme.
L’Etat national reste malheureusement absent en termes d’initiatives concrètes, susceptibles d’initier une relocalisation des personnes déplacées, toujours confinées dans des camps de fortune.
Outre la promiscuité ainsi que des conditions indécentes de vie (bâches en plastique pouvant tromper le soleil et non la pluie), sont constatés différents problèmes sociaux complexes, comme des cas de grossesse précoce, de prostitution, de déperdition scolaire d’un nombre croissant d’enfants, de femmes actives réduites à l’oisiveté après la disparition de fonds de commerce et d’autres biens (immobiliers et mobiliers).
La problématique fondamentale consiste à savoir quelles sont les orientations globales à donner dans le pays, en ce qui concerne notamment l’aménagement du territoire conforme aux aléas sismiques. Malgré les opportunités et les potentialités existantes, les données manquent sur les dispositions institutionnelles prises, au cours de l’année écoulée, pour aboutir à une politique cohérente et pertinente de gestion publique au profit de l’intérêt collectif.
Comme un avion à pilotage automatique, Haïti semble avoir trouvé des ressources insoupçonnées d’autorégulation sans aucune identification de prise institutionnelle et administrative nationale sur l’évolution des réalités.
En 2010, la production agricole nationale a, tout de même, maintenu un niveau de rendement ayant permis à différentes couches de subsister, malgré les risques de crise alimentaire et nutritionnelle.
L’extension de l’épidémie du choléra, qui a fait depuis le 19 octobre 2010 plus de 3 400 morts, après avoir touché 157 mille personnes et suscité une quantité quotidienne de 22 décès, constitue une évidence des efforts à déployer pour tenter de garantir une protection sanitaire stricte en divers points du territoire. Les informations disponibles font état d’un nombre de personnes décédées de la maladie, qui serait plus élevé que les chiffres officiels avancés à date.
Autre indicateur des nouvelles inquiétudes pour 2011 : c’est la crise post-électorale, née d’un scrutin présidentiel et législatif du 28 novembre 2010 vicié et controversé, marqué par des fraudes et irrégularités massives, pour lesquelles une commission technique d’évaluation de l’organisation des États américains (Oea) a été appelée à la rescousse, sur le chapitre des procès-verbaux de l’élection présidentielle ratée.
Des bouleversements politiques pourraient également se produire au 7 février 2011, date constitutionnelle de fin de mandat du président René Garcia Préval qui affirme vouloir remettre le pouvoir à un président élu (et non à un président provisoire) ou quitter la scène politique seulement le 14 mai 2011 [il avait été investi le 14 mai 2006 comme chef d’Etat], au cas où un processus d’élection d’un nouveau président n’aurait pas abouti.
Dans ce contexte, les bailleurs de fonds et les pays de la communauté internationale ont-ils conscience de la partition à jouer afin de prévenir une explosion sociale [un cataclysme social, économique et politique] que pourrait vivre Haïti devant la somme de frustrations et de promesses non tenues ?
La situation actuelle « est une démonstration que la reconstruction n’avance pas », relève Ernesto Bafile, coordinateur de Médecins du Monde Haïti (Mdm Haïti).
« Seules quelques centaines de millions ont été décaissés » sur les 10 milliards de dollars américains [US $ 1.00 = 41.00 gourdes ; 1 euro = 55.00 gourdes aujourd’hui], promis en mars 2010 par la communauté internationale en vue d’avancer vers la reconstruction et résoudre les problèmes du pays, rappelle Mdm Haïti dans un entretien à AlterPresse.
« Si, derrière l’aide humanitaire, il n’y a pas une action de reconstruction - économique, sociale et politique- Haïti se retrouvera (à la longue) dans la situation d’avant le séisme » sans connaître de véritable progrès, craint Bafile.
Selon Oxfam international, « les pays donateurs sont plus occupés à porter en avant leurs programmes partiels d’action humanitaire au lieu de promouvoir un plan global articulé ».
Ce qui a occasionné un manque de coordination entre eux, puis avec le gouvernement haïtien. [rc apr 09/01/2011 0:00]
http://www.alterpresse.org/spip.php?article10502
Commentaire
Le malheur n'est plus les désastres naturels, c'est maintenant l'absence de gouvernement, l'absence de volonté de ceux qui devraient laisser ce pays fonctionner normalement et qui s'accrochent à un pouvoir qu'ils ont cessé de mériter depuis si longtemps. C'est honteux, c'est révoltant!
Ce décrochage vis-à-vis de sa responsabilité politique ne devrait-il pas être puni (par un organisme prévu à cet effet) comme un crime quand ses conséquences sont la mort de milliers voire de millions d'êtres humains?
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