L'impasse Préval
Haïti: Ne cherchez pas à Delmas, à Pétion-Ville ou à Carrefour, ni dans aucune ville du pays où se situe cette petite voie. Vous y êtes. Nous y sommes tous parqués, comme des sardines qui attendent d'être mises en conserve.
L'impasse Préval, c'est Haïti même en ce début de 2011. Un pays qui a gâché l'an I de sa reconstruction parce que son président, son gouvernement, sa société civile, son secteur privé, ses intellectuels, sa population se sont enfermés, depuis Port-au-Prince la Défigurée, dans une chimère en croyant que le salut viendrait de l'étranger, de nos amis, comme un cadeau.
Un pays qui a laissé aux ONG et aux institutions internationales le beau rôle après le 12 janvier 2010, comme pour prouver au monde qu'ici tous les experts sont inefficaces, dépensiers et incapables du moindre résultat, récolte, un an plus tard, le fruit amer de ses erreurs.
L'impasse Préval est ce pays qui a à sa tête un gouvernement qui était inefficace avant la catastrophe, qui l'a été pendant et qui n'a pas l'intention de changer ni de stratégie ni de mode opérationnel. On n'a qu'à prendre connaissance du dernier budget concocté pour l'exercice 2010-2011 pour comprendre que rien ne va changer. On n'a qu'à voir l'évolution de la Commission intérimaire pour la Reconstruction d'Haïti (CIRH) pour ne pas être quiet. Nulle part ne s'organise un avenir serein.
L'impasse Préval est un pays qui a une société civile qui échoue d'élections en élections à donner une chance plus viable au processus démocratique parce que son implication se résume chaque fois à barrer la route à ses ennemis. Qui s'occupe d'implanter la démocratie dans nos pratiques depuis l'école ? Pas ceux qui se contentent d'observer à la fin, le jour des élections, ce qui, en fait, débute longtemps à l'avance.
L'impasse Préval est un pays qui a un secteur privé qui manque d'ambition, qui refuse de voir les opportunités à la grandeur du pays et se satisfait de peu dans une société où peu est déjà beaucoup. Ce secteur privé qui se tire une balle dans le pied, dans son faible pied à chaque fois qu'il n'élargit pas sa base, son assise en proposant le rêve du mieux-être à plus de personnes chaque jour, peut-il nous sortir du trou ?
A l'impasse Préval, nous aimons les boucs-émissaires. Chaque cinq ans, et même avant, avec ferveur nous nous inventons un dictateur. Nous nous désignons un ennemi. Un croque-mitaine. Nous intronisons un responsable de nos maux aussi souvent que nous le pouvons pour nous épargner l'autocritique et la flagellation.
En 2011, l'impasse Préval c'est notre impasse. Car si celui dont elle porte le nom s'en va bientôt, nous, nous resterons dans cette voie sans issue.
Frantz Duval
duvalf@hotmail.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=87415&PubDate=2011-01-04
Commentaire
Alors, tant mieux! Qu'il s'en aille! Choisissons quelqu'un de plus capable, de mieux qualifié. Tant qu’il sera à, les problèmes ne peuvent que s’aggraver. Il n’a que le don de tout gâcher.
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