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jeudi 6 janvier 2011

Le centre-ville livré aux pillards actifs

Classés au rang de patrimoine historique national et/ou situés dans le périmètre déclaré zone d'utilité publique par l'Etat haïtien, des édifices privés font l'objet depuis quelques mois de scènes de pillage sous la vigilance défaillante passivité des autorités gouvernementales et policières. Après avoir systématiquement dévalisé des magasins après le séisme, des pillards s'activement maintenant à démolir structurellement certains immeubles historiques, dont la Maison Henri Deschamps, construite au centre commercial de Port-au-Prince en 1893.
Haïti: Des propriétaires au centre-ville, notamment ceux situés dans le périmètre déclaré zone d'utilité publique, restent toujours plongés dans le flou total quant au plan de reconstruction du centre commercial dévasté par le tremblement de terre du 12 janvier 2010. N'ayant pas l'autorisation de procéder à la réparation ou à la reconstruction de leurs édifices, des propriétaires assistent, impuissants, à la démolition de leurs bâtiments ou au pillage de leurs biens. A titre d'exemple, depuis le début de cette semaine, des malfrats sont à l'assaut de la Maison Henri Deschamps, où ils ont déjà enlevé la toiture métallique de l'immeuble qui a vécu tout un pan de l'histoire du centre commercial du vieux Port-au-Prince.
Alertés hier mardi par la situation, les responsables ont mis la police au courant. Mais vu leur inefficacité causée par un manque d'effectif, les autorités de l'institution policière ont conseillé aux responsables de la Maison Deschamps d'avoir leurs propres agents de sécurité sur place. Donc, ces derniers ont dû faire appel à une compagnie pour garantir la sécurité du bâtiment qui, selon eux, n'a subi aucun dommage structurel lors du séisme.
Pour continuer leur opération de démolition, des bandits lourdement armés, indique M. Peter J. Frisch, directeur général de la Maison Deschamps, sont encore revenus dans la soirée du mardi. « Les agents de sécurité étaient obligés de riposter par des tirs. Et, du fait qu'ils ont été moins armés que le gang, ils ont dû faire appel à des renforts pour pouvoir protéger l'édifice », a expliqué mercredi 5 janvier M. Frisch.
Avant ces attaques, a souligné le responsable, les cambioleurs ont emporté tous les matériels fixes de l'immeuble, tels que climatiseurs, appareils sanitaires... « Ce sont des bandits bien organisés et bien équipés, si en seulement une nuit ils ont pu démolir l'ossature de l'immeuble à ce point », estime M. Frisch, déçu par le laxisme des autorités d'agir au centre commercial défiguré après le séisme.
« Les autorités ne font rien pour protéger les bâtiments au centre-ville, a critiqué le directeur de la Maison Deschamps. Le centre-ville est totalement livré à lui-même. Et même l'informel est aussi livré à son propre sort », a-t-il ajouté, alertant les autorités gouvernementales et l'opinion nationale d'une manière générale sur une telle réalité.
Selon Peter Frisch, face à cette situation, il doit y avoir une action concertée pour prendre en main le centre-ville. Les réparations des édifices endommagés par le cataclysme, estime-t-il, devraient également se faire de façon concertée. Mais la lenteur du gouvernement dans ses actions provoque un pessimisme chez les propriétaires au centre commercial dont les biens se trouvent dans le périmètre de la zone déclarée d'utilité publique.
« Je suis très pessimiste. Mon pessimisme est encore plus fort quand je ne ressens même pas une tentative d'action ou une volonté des autorités de faire quelque chose au centre-ville », s'est désolé le responsable de la Maison Deschamps. « Tant que l'ordre et le droit ne seront pas rétablis au centre-ville, il sera très difficile pour les particuliers d'agir eux-mêmes », a-t-il soutenu.
En fait, dans un arrêté pris le 3 septembre 2010, le gouvernement a déclaré d'utilité publique le périmètre délimité par la rue des Césars au nord, la rue Saint-Honoré au sud, la rue Capois à l'est et la mer à l'ouest. Selon cet arrêté, toutes les propriétés qui se trouvent dans cette espace sont sujettes à être utilisées par l'Etat pour édifier le nouveau centre-ville de Port-au-Prince. Par conséquent, toutes constructions et transactions sans autorisation sur les terrains de la zone déclarée d'utilité publique sont désormais interdites.
De son côté, pour empêcher les pelleteuses de démolir certains immeubles historiques à haute valeur de patrimoine, vieux des siècles, l'Institut de Sauvegarde du Patrimoine national ( l'ISPAN) en avait identifié et interdit la démolition dans le périmètre du marché en fer, parmi lesquels la Maison Deschamps. Mais, jusqu'à aujourd'hui, aucune action concrète de reconstruction au centre commercial n'a été déclenchée...


Valéry DAUDIER
daudiervalery@yahoo.fr

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=87448&PubDate=2011-01-05

Commentaire
Un pays livre a lui-même ne peut se reconstruire, s'institutionnaliser, se civiliser et offrir l'opportunité d'avoir une vie décente à ses habitants. Que ce gouvernement inefficace laisse la place à un autre! Le changement apportera au moins un nouvel espoir. Qu’y a-t-il de sorcier dans un tel souhait que Préval ne puisse pas comprendre ? Cet homme fatigué, démoralisé, inutile contamine par son inaction et son pessimisme toute une génération. Que demande-t-il pour s’en aller et donner sa chance au pays ? Pourquoi imposer l’amertume de son écroulement moral personnel a toute une nation, toute une génération ? Peut-on parler de cet homme sans éprouver de la colère ? J’en doute ! A moins qu’on n’ait plus de sang dans les veines. Le premier ministre dont il est constamment flanqué, fait-il mieux ? Peut-il faire mieux ? Il peine à le démontrer. Certains religieux fanatiques, fondamentalistes dangereux, parlent de malédiction en Haiti. En fait, il y n'y en a qu'une, et elle s'appelle René Préval.

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