Nombre total de pages vues

samedi 15 janvier 2011

Flou politique et échauffourées

Des politiques voient rouge, d'autres rose tandis que la rue sent le pneu brûlé, moins de 24 heures après la remise du rapport des experts de l'OEA au président René Préval. Officiellement, le chef de l'Etat n'a encore rien pipé sur les conclusions de ce rapport recommandant de repêcher Michel Martelly au détriment de Jude Célestin, le candidat du pouvoir. Entre-temps, l'énervement de certains diplomates accrédités au pays transpire une crainte : que le président Préval ne demande pas une « révision » du rapport des experts.
Haïti: Le rapport de la mission de vérification des résultats préliminaires du premier tour des élections du 28 novembre 2010 a été remis au président René Préval le jeudi 13 janvier 2011, a confié Fritz Longchamp, secrétaire général de la présidence. M. Longchamp a également confirmé la tenue la veille d'une réunion entre le chef d'Etat et les experts de l'OEA autour du document recommandant, selon des agences de presse internationale, un second tour entre Mirlande H. Manigat et Michel Martelly repêché au détriment de Jude Célestin, le candidat du pouvoir.
Le rapport n'a pas encore été acheminé à l'institution électorale et la présidence n'a émis aucun commentaire sur le dossier. « Le président n'a pas fait de déclaration. Ce ne peut être que des rumeurs si on dit qu'il a demandé une révision des recommandations du rapport », a tranquillement ajouté M. Longchamp joint par téléphone, vendredi 14 janvier en fin d'après-midi.
Quelques heures plus tôt, au lever du jour, des tirs nourris ont été entendus à Martissant et des barricades de pneus enflammés ont été érigées aux rues Monseigneur Guilloux, Oswald Durand, à la Grand-Rue, à Sans-Fil. « La situation a été plus corsée à Martissant où l'un des individus qui semaient le trouble connu sous le nom de Robenson, membre d'un gang de Grand-Ravine, a trouvé la mort dans un échange de tirs avec la police », a confié une source policière sous couvert de l'anonymat.
Le porte-parole de la PNH, le commissaire Frantz Lerebours, a rapporté l'interception de plusieurs véhicules et l'arrestation de 14 suspects ayant leur possession des pneus usagés, de la gazoline et l'un d'eux plus de 100 000 gourdes en liquide.
Coïncidence ou action planifiée ?
Le Réseau de défense de droits des haïtiens (RNDDH), dans un communiqué de presse rendu au courant de la journée, a noté que la situation de tension qui sévit aujourd'hui dans certaines zones de l'aire métropolitaine coïncide avec des allégations de distribution d'argent et d'armes à feu aux partisans du pouvoir en vue de porter les autorités à rejeter les recommandations faites par la mission d'experts de l'OEA sur les élections.
Le RNDDH, selon le communiqué, a recommandé aux autorités d'appliquer la loi contre tous ceux qui sont impliqués dans les actes de dérapages enregistrés tôt dans la matinée du 14 janvier. ''Des officiels du gouvernement, poursuit le RNDDH, sont en train de mener des démarches en vue de procéder à la relaxation de ces individus arrêtés en flagrant délit."
Flou politique et échauffourées
Le RNDDH, qui a rappelé que la mission d'experts de l'OEA a été sollicitée en dehors de la Constitution et de la loi, a cependant indiqué qu'il « croit que les conclusions de la mission d'experts peuvent être utiles à la nation pour adresser un certain nombre de problèmes électoraux ».
Si l'organisme de défense des droits humains croit que les conclusions de ce rapport, une fois approfondies par les autorités, peuvent aider à une sortie de « crise durable » et au respect de la volonté du peuple haïtien,certains s'interrogent sur la méthodologie du travail des experts tandis que d'autres estiment qu'il faut une « annulation de la mascarade électorale du 28 novembre 2010 ». Continuer > « Je m'interroge sur la méthodologie, les bases techniques ayant guidé le choix de l'échantillon des procès-verbaux analysés par les experts de l'OEA », s'est interrogé un membre de l'équipe de campagne de Jude Célestin sous-couvert de l'anonymat. « On n'a pas de position officielle sur le rapport. On aura une réunion le samedi 15 janvier au cours de laquelle on analysera le rapport et après on communiquera notre position », a ajouté cette source.

« La seule solution est l'annulation de la mascarade électorale telle que Mme Manigat, M. Martelly et les autres candidats l'avaient réclamé le 28 novembre 2010 », a indiqué Me Jean-Henry Céant, candidat à la présidence membre du Groupe des 12. Selon M. Céant, l'accès aux procès-verbaux par des experts de l'OEA est une « atteinte à la souveraineté nationale ».

Incisif, il a indiqué que les fuites dans la presse des conclusions du rapport des experts de l'OEA est un écart grave. « C'est un écart grave, qui dénote que l'OEA avait d'autres desseins que l'évaluation des élections du 28 novembre », a enchaîné le candidat du parti « Renmen Ayiti ».
« L'OEA sera responsable d'avoir traîné le pays dans le chaos », a renchéri l'homme de loi pour qui il y a une machination politique, un complot ourdi par une frange importante de la communauté internationale dont l'OEA, certains secteurs de la vie nationale, le CEP, le gouvernement pour faire avaler à ce peuple, d'après Me Céant, une pilule que le peuple n'a pas choisi.
La communauté internationale sur la même note
Alors qu'un certain flou persiste sur le comportement du CEP et de l'Exécutif sur les recommandations du rapport des experts de l'OEA, plusieurs représentants de la communauté internationale font bloc.
On ne peut pas solliciter une mission d'évaluation et ne pas tenir compte de ses recommandations, a indiqué l'ambassadeur de la France en Haïti Didier Le Bret à l'émission « Panel Magik » sur la radio Magik 9.
La chancellerie française un ton au-dessus de l'ambassadeur Lebret a appelé, vendredi, les autorités haïtiennes à "tirer toutes les conséquences" du rapport de l'Organisation des États américains (OEA) sur le premier tour de l'élection présidentielle, remis jeudi et qui recommande l'éviction pour le deuxième tour du candidat du pouvoir.
"Nous saluons le travail effectué par cette mission qui visait à évaluer objectivement le scrutin du 28 novembre. Il s'agit maintenant d'en tirer toutes les conséquences pour que les résultats définitifs du premier tour reflètent le choix exprimé par les électeurs", a déclaré lors d'un point de presse le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero.
M. Valero a jugé "essentiel de restaurer la confiance des citoyens haïtiens". "C'est à cette condition que le processus électoral pourra se poursuivre dans des conditions de transparence et de sécurité", a-t-il poursuivi.
Outre la France, le patron de la MINUSTAH Edmond Mulet, l'ambassadeur d'Espagne à Port-au-Prince Juan Fernandez Trigo, et madame Luth Faber, représentante de l'Union européenne en Haïti, ont apporté leur soutien au travail des experts de l'OEA et souligné la nécessité de sortir de la crise et de doter le pays d'élus légitimes.

Roberson Alphonse
ralphonse@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=87839&PubDate=2011-01-14

Commentaire
L'avenir de ce pays est désormais entre les mains de Préval qui, on ose l'espérer, n'est pas aveugle au point de ne pas tirer des leçons de ce que vivent d'autres pays où le chef d'état n'agit pas différemment. Je pense au cas spécifique de la Tunisie. La différence, c'est qu'il y eut un moment de progrès économique avec le chef d'état tunisien mais l'haïtien lui, n'a aucun bilan positif à présenter. Il y a donc un cas plus grave entre les deux. Qu'une vie entière ne soit marquée que par l'échec et un échec qui affecte tout un peuple, voilà qui n'est pas encourageant pour s'imposer là où l’on n’est pas démocratiquement invite à le faire! C'est une question de décorum personnel plus que de prestige.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire